
Je premier prèfident de Harlay voulut faire fureoir
a 1 execution, jufqu’à ce qu’on eût pu recevoir
les ordres du roi ; mais un de ces zélateurs
qui troublent les compagnies & entraînent
ia multitude par leur violence, le confeiller An-
genout mena tant de bru^ , dit Mezeray, quil
fallut paffer outre ; on trama l’effigie du duc dé Aumale
a la Grève, où elle fut écartelée le 24 Juillet
ï3?95; “ Lg Roi, continue Mézeray, fut bien fa-
»> che qu’on eût dérobé ce pardon à fa clémence,
* ^ (ïue. Par-la on eût engagé ce prince & ce qu’il
0> y Aav°it encore de François déterminés & opi-
3> ” iatres » dans une haine irréconciliable contre la
» t* rance. » Le duc d’Aumale alla chercher un
alyle a Bruxelles, où il mourut en 1631.
Le chevalier d’Aumale, Ion frère, qui, dans la
Henriade, eft le héros du parti de la Ligue , fe fi-
gnala beaucoup en effet dans ce parti , & étoit
toujours à la tête des forties pendant le fiège de .
raris. Mais il eft toujours bon d’avertir ceux qui 1
ne connoiflent l’iiiftoire que par la poéfie, que le
prétendu combat fingulier du vicomte de Turenne
j “ u chevalier d’Aumale, dans le dixième chant
<Je la henriade , n’eft qu’une fi&ion. En 1591 le-
chevalier d'Aumale furprit S. Denis pendant la
mut, du 2 au 3 Janvier ; mais il y trouva le fameux
Dominique de Vie , gouverneur de la place > qui
toujours vigilant & toujours intrépide, avec une
yoignee de monde, attaqua la troupe nômbreufe
«u Chevalier d’Aumale ,- .la mit en fuite, & le
aenverfa mort fur la place avec quinze ou feize
«es liens.
La branche d’Aumale ne paffa pas la troifième
génération.
AUMONIER, ( Grand) de France (Hifl. mod. )
officier de la couronne, dont la dignité ne s’accorde
plus qu’aux eccléfiaftiques d’une naiffance diftin-
guee, & ne fè donne ordinairement qu’à des cardinaux,
quoiqu’on l’ait vue autrefois remplie par
le favant Amyot y qui étoit d’une fort baffe extraction.
Le ëran^ aumônier difpofè du fonds dèftinê
pour les aumônes du roi , célèbre le fervice divin
dans la chapelle de fa majefté, quand il le juge à
propos, ou nomme les prélats qui doivent y officier,
les prédicateurs, &c. Il eft l’évêque de la cour,
laifant toutes les fon&ions de cette dignité dans
quelque diocèfe qu’il fe trouve, fans en demander
la permiffion aux évêques des lieux ; il donnoit
autrefois les provifrons des maladreries de France,
& prétendoit qu’il lui appartenoit de gouverner;,
devifiter &d e reformer les hôpitaux du royaume ,
fur-tout quand ils font gouvernes par des -laïcs;
Les édits de nos rois & les arrêts du parlement
de Paris Font maintenu pendant quelque temps
aS ; la poffeffion de ce droit. Il a l’intendance de
l ’hôpital des Quinze-vingts de Paris. Il prête ferment
de fidélité entre les mains du- roi, & eft , à
eaufe de fa charge, commandeur né des ordres de
fa majefté., Moréry dit que ce fut Geoffroy de
.j?ompadour , éyêque d’AngouIême, puis de Pé4;
gueux & du Puy en Vêlai , quî a porté le premier
la qualité de grand aumônier. Selon du TiUet
cité par le P. Thomaflin , Difcipl. eccléfiafl. part;
IV, liv. 1. chap. Ixxviij. c’eft Jean de R e ly , évêque
d’Angers, qui prit le premier ce titre fous
Charles VIII. On ne trouve pas le nom de ce
Jean de Rely dans la lifte que donne le di&ion-
naire de Moréry. Il en compte cinquante-cinq depuis
Euftache, chapelain du roi Philippe I , en 1067 ,
jufqu’à M. le cardinal de Rohan, Armand-Gafton.
M. le cardinal de Rohan, Louis - René - Edouard
occupe aujourd’hui cette grande dignité. (G)
Il y a auffi en Angleterre un grand aumônier J
qu’on appelle lord aumônier. Les fonds qui lui font
affignés pour les aumônes du roi, font entr’autres
chofes les deodandes , & les biens des p^fonne*
qui fe font défaites.
I l peut, en vertu d’un ancien ufage, donner le
premier plat de la table du roi à un pauvre, tel
qu’il lui plaît dé le choifir, ou lui donner l’équivalent
en argent.
Il y a auffi fous le lord aumônier un aumônier eiî
fécond, unyemau, & deux gentilshommes de l’aumônerie,
tous à la nommination du lord aumônier^
m m
AUM O NT, ( Hiß. de Fr. ) d’Aumont. Nom-
d’une ancienne oc illuftre maifon françoife , qui 3
produit entr’àutres hommes diftingués, deux maréchaux
de France, Jean & Antoine. On ne doit jamais
oublier les vertueux efforts que fit le premier , pour
fauver à Henri III la honte de l’aflàffinat des Guifes^
& le généreux confeil qu’il ofa donner d’arrêter le
duc de Guifè, & de lui faire fon procès ; cet avis
du maréchal d’Aumont nous autorîfé àpenfèr qu’il
pouvoit refter d’autres reffources que le crime
qu’il ne falloir point défefpérer du pouvoir des.
loix & que Henri III n’étoît pas encore réduit à
la nêceffité d’affaffiner fes fujets, néceffité au refte.
dont il auroit fallu le plaindre , & pour laquelle il
auroït encore fallu le condamner, puifqu’il n’y auroit
été réduit, que par fa faute ; c’eft de ce maréchal
SAumont qu’il eft parlé dans la henriade :
D'Aiiment, qui fous cinq rois avoit porté l'es- armes*
Ces cinq rois étoient Henri H, fes trois fils &
Henri IV. Plufieurs autres ont pu voir la fin du
règne de Henri I I , & le commencement? de celui!
de Henri IV , & fervir ces cinq rois. Le connétable
Anne de Montmorenci avoit de même porté les
armes fous cinq rois : Louis X I I , François I ,
Henri I I , François I I , Charles IX. Le maréchal
d’Aumont étoit connu à la cour fous le nom de
Franc-Gaulois. Nous ignorons, fi , comme le difent
quelques auteurs , un peu de rudëflfe dans les
manières faifoit- prendre ce nom en mauvaife
part ; mais le confeil qu’il avoit donné au fujeî
du duc de Guïfe , méritoit qu’on le prît en
très - bonne part, & qu’on lui en fît un éloge.
Le jnaréchal ddAumo.ru fut bleffé devant 1^
Jjourg de Comper, près de Rennes, d’uil coup de
moufquet, dont il mourut peu de jours après, en
1 595 , âgé de 73 ans.
Son petit fils Antoine, pareillement maréchal de
France, ferait auflibien Louis XIV,quel’ayeulavoit
fervi Henri IV ; il eut part à la viâoire remportée
en 1750, à Réthel, fur Turenne lui-même,
par le maréchal du Pleffis-Pràflin ; il commandoit
l’aîle droite à cette affaire, & fut fait maréchal de
France l’année 'uivante. Il fut fait gouverneur de
Paris, en 1662. Il mourut en 1669.
AUMUSSE, f. f. ( Hifl. mod.') forte de vêtement
de tête & d’épaules dont on fe fervoit anciennement
en France ; il étoit à la mode fous les
Mérovingiens ; la couronne fe mettoit fur VaumuJJe ;
©n la fourra d’hermine fous Charlemagne le fiècle
d’après on la fit toute de peaux : les aumujjes d’étoffes
prirent alors le nom de chaperon ; celles de
peaux retinrent celui d’aumujje : peu-à-peu les au-
mujfes & les chaperons changèrent d’ufage & de
forme. Le bonnet leur fuccéda ; & il n’y a plus
aujourd’hui que les chanoines & les chanoineffes
.qui en ayent en été. Ils portent pendant cette
faifon fur leurs bras , ce qui fervoit jadis en tout
temps à leur couvrir la tête. Ce font les pelletiers-
fourreurs qui les travaillent ; elles font faites de
pièces de petit gris rapportées ; elles ont quatre
à cinq piés de long, -lur huit à neuf pouces de
large ; elles font herminées & terminées à un bout
par des queues de Martes ; & l’on pratique quelquefois
à l’autre bout, une efpèce de poche où
le bréviaire ou quelque livre de piété peut être
mis. (A R .')
AUNOY ou Aulnoy,Tumelle de Berneville ,( Mcoamrtieeff-eC da’t)h e{rHinifel-.
lit. mod. ) On connoît, on lit même quelques-uns
de fes ouvrages, fes Contes des Fées , fes Aventures
d'Hippolyte , comte de Douglas ; fes Mémoires
hiftoriqües de ce qui s’eft pajje de plus remarquable
en Europe, depuis 1672 , jufqu’en .1679 , fes Mémoires
de la cour d’Efpagne ,* fes Hiftoires de Jean
de Bourbon, prince de Carency , fon comte de War-
wick, 6*c, Le comte d'Aulnoy, fon mari, penfafuc-
comber dans une accufation de lèze-majefté, qui
lui fut intentée par trois Normands ; heureufement
il prit un remords à un des accufateurs qui avoua
la Calomnie.
AVOGARO , AVOGARE. {Hifl. mod.) Dans
le temps des rapides fuccès de Gafton de Foix,
duc de Nemours, dans l’Italie en 1512 , Breffe,
comme prefque toutes les villes d’Italie, étoit divi-
fée en' deux fadions : on voyoit à leur tête les
maifons rivales d'Avogaro & de Gambara. Celle-
ci , attachée aux François , jouiffoit de toute
la faveur de ces nouveaux maîtres , & félon lu-
f tg e , s’en fervoit pour accabler fes ennemis. Le
comte d’Avogaro demanda juftjce au duc de Nemours
de quelque infulte que le comte de
de Gambara lui avoit faite : ce général lui promit
fatisfadion & l’oublia 3 mais le comte d'Avogarç,
s’en fouvint trop bien 3 il' fouleva tout fon parti
contre les François, il. appella fecrètement les Vénitiens
,' alors ennemis de la France, & les ayant
introduits dans la ville, il fe joignit à eux ; Gafton,
qui étoit à quarante lieues de-là, açcourt, prend
Breffe, c’eft un de fes ^exploits les plus brillans-
(voir les articles Bayard & Gaston. ) Le
comte d'Avogaro fut pris dans la place , il paffa
pour un rebelle , l’armée françoife demandoit à
grands cris fon fupplice & celui de fon fils : il cora-
mençoit déjà dans le fond de leur coeur par le
fpectacle affreux du pillage de leur patrie, & de la
défolation de leur famille, contre laquelle tout fut
permis. En vain , pour échapper à la honte de
l’échafaud, repréfentoient-ils qu’étant nés.fujets des
Vénitiens, ils n’avoient fait que réclamer lé fecours
de leurs maîtres naturels, contre l’oppreffion dans
laquelle ils gémiffoient; on écouta plus la politique
que la juftice ; on crut qu’il falloit effrayer par un
grand exemple, des peuples nouvellement conquis
& mal fournis encore. En général, les hommes
ne connoiflent point affez le pouvoir de la clémence
fur les coeurs, la févérité leur paroît plus
fûre : cependant la crainte ne retient que ceux qui
n’ont pas actuellement le pouvoir de nuire, & que
pour le temps où ce pouvoir leur manque ; la re-
connoiffance & l’amour attachent dans tous les
temps, par les noeuds les plus forts. Au refte, le
Breflàn avoit fait long-temps partie du Milanès ,
& Louis XII étoit alors en poffeffion du Milanès,
fur lequel il avoit d’ailleurs des droits certains j
ainfi les Avogaro dévoient être regardés comme
fes fujets. Il eft vrai qu’alors le Milanès & le Breffau
changeoient fouvent de maîtres.
Le comte d'Avogaro appartenoit aux maifons les
plus confidérables de Breffe ; fon malheur acheva
de combler la défolation publique : on plaignoit
fur-tout fon fils dont la jeuneffe, les vertus & la
valeur admiree par Gafton lui-même étoient dignes
d’un autre fort. Gafton vit toute la ville tomber
à fes pieds pour demander leur grâce ; il crut
devoir être inéxorable ; il les plaignit , & les envoya
au fupplice.
Ces deux infortunés, infenfibles à leur propre
perte , fentoient avec heueur la douleur de voir
périr honteufement, l?un fon fils, l’autre fon père ;
chacun vouloit être frappé le premier & ne demandoit
point d’autre grâce ; le profond délefpoir,
l’agitation violente de leur ame éclatoient fur leur
village. Le peuple en filence entouroit l’échafaud ,
& fondoit en larmes , tournant les y eu x , en tremblant
, fur le duc de Nemoiirs , dont la grande trif*
teffe fembloit laiffer encore quelque efpérance ;
mais à ce calme douloureux fuccédèrcnt tout-à-coup
des cris perçans , lorfque le comte d’Avogaro ,
arrivé fur l’échafaud , le traîna vers fon fils pour
lui dire les derniers adieux, & qu’on vit les efforts
que faifoient ces malheureux pour s’embraffer malgré
leurs liens. Dans ce moment, le duc de Ne*
mours qui fe fentoit ému, & qui croyoit la ri«
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