
-de l’À fie , 5c qui, le premier, prit le titre de roi
au lieu de celui de Jdtrape, dont s’étoient contentés
les lieutenans du héros Macédonien. Ce prince,
célèbre par fa tendrefle pour fes enfans , étoit inquiet
de la fanté de Ton fils qu’il voyoit tomber
de jour en jour dans le dépériffement. Erafiftrate,qui
étoit ion médecin Si fon favori , lui révéla que
cette maladie avoit fa fource dans un amour violent
, dont le jeune prince brûloit pour Stratonice,
époufe chérie du vieux monarque ., qui en avoit
déjà un fils. La tendrefle paternelle, étouffa tout
autre fentiment, & ce père complaifant lui fit le
facrifice de ce qu’il avoit de plus cher. Stratonice
paffa dans le lit du jeune Antiochus, 5c il en eut
uin fils qui régna après lui. (Cette avanture que
tous les auteurs modernes, fur la foi des anciens,
rapportent comme fi elle étoit fans difficultés &
qu’il n’y eût rien de plus fimple, paroît appartenir
plutôt à la fable qu’à l’hiftoire. Chez quelle nation
, même barbare, & pourvu feulement qu’elle
ne foit pas entièrement fauvage , a-t-on vu jamais
une femme paflèr ainfi du lit du père dans celui
du .fik , & avoir des enfans de l’un & de l’autre ?
Q u ’elles lo ix , quelles moeurs ont jamais pû au-
torifer ce renverfement monfirueux de toutes les
Idées du mariage ?
Quod genus hoc hominum , çuceve hune tain larbitra morem
IPermittit patria ? )
Séleucus, quelque temps après, fut aflaflinédans
une terre étrangère ; fon fils tendre & reconnoiffant
recueillit fes cendres, les dépofa dans un temple
qu’il fit bâtir à fon honneur, & où il lui fit rendre
un culte & les honneurs divins. Après avoir
ainfi fatisfait à la piété filiale , il fe prépara à tirer
vengeance de Ptolomée Ceraunus, meurtrier de
Séleucus, & ufurpateur du trône de Macédoine.
C ’étoit dans le temps, que Pyrrhus méditoit
fon expédition contre les Romains. Ce prince,
dont la puiffance étoit refpe&ée de tous fis voifins ,
crut devoir prévenir une guerre dont le feu
pouvoit fe communiquer à fes états pendant fon
abfence. Il s’érigea .en arbitre des querelles
des deux rois , qu’il força de faire la paix,
fans pouvoir les rendre amis. A la mort de^ Seleucus,
plufieurs provinces s’étoient foufiraires à la domination
des rois.de S y r ie , & la.defeefion avoit
été prefqüe univerfelle dans les pays fitués au-delà
du mont Ta unis, où étoit le fiège de la rébellion.
Antiochus voulant recueillir la. fucceffion entière
de fon père, leva une puiffante armée dont
il confia le commandement a Patrocle , capitaine
courageux & expérimenté. Ce général tourna fes
armes contre Héraclée, dont les habitans previn-.
rent leur ruine par une prompte foumifiion. Il tra-
verfa enfuite la Phrygie pour entrer dans laBythi-
nie ; & comme il ne connoiffoit point le pays, il
tomba dan«* des embûches ou il périt avec toute
fon armée. Antiochus, humilié de ce revers , ne
fongeaqu’à le réparer. Nicomède, roi de Bythinie,
fe fortifia de l’alliance des Héracléens. Àntigorte J
qui avoit des prétentions fur la Macédoine ,
ox£Antiochus reclamoit comme le patrimoine de
fon père, prit parti pour fes ennemis. Cette que-'
relie embrâfa l’Afie ; Antiochus, par-tout vainqueur,
recula les limites de. fes états, & fe trouvant affez:
puiffant, il abandonna, la Macédoine à Antigone,
dont il fe fit un ami. Ces deux princes réconciliés,
unirent leurs forces contre les Gaulois qui infef-
toient l’Afie de leurs brigandages, & qui faifoient
acheter la paix à tous les fouverains. Antigone
aima mieux les combattre que d’être leur tributaire.
Il marcha contr’eux , & ces barbares , étonnés de
fes forces, tâchèrent de fe rendre les dieux favorables
*par un facrifice inhumain. Avant d’engager
l’aâion, ils égorgèrent, au pied de l’autel, leurs
femmes & leurs enfans. La nature indignée de cette
atrocité , reprit bientôt fes droits ; revenus à eux-
mêmes , ils s’imaginèrent que les hommes qu’ils,
avoient à combattre étoient autant de furies armées
pour les punir, & tous fe laiffèrent maffacrer fans
oppofer de réfiftance. Cette viétoire, qui purgea;
l’Afie d’un effain.de,brigands, fit donner à Antie~
chus le furnom de Soter, qui fignifîe Libérateur.
L’hiftoire rapporte au1 Antiochus exécuta de grandes
chofes en Afie pendant plufieurs années ; mais elle
ne nous en a point tranfinis le détail. Il fut le fon-.
dateur de deux villes ; favoir, Antioche dans la
Margiane, province de la Parthie, & Apamée dans
la Phrygie, à laquelle il donna le nom de fa mère;
il y tranfporta tous les habitans dë, Célenne, Ce
monarque, chargé d’années & de: gloire-, mourut-
à Ephèfe après un règne de-vingt ans. Les Athé-.
niens établis à Lemïios. 1m décernèrent les honneurs
divins, conjointement avec fon père Séleucus.
Les habitans de .Smyrne érigèrent un temple
à l’honneur de fa femme Stratonice , qui fut ado- ,
rée fous le nom • de* Vénus Stratonice. L oracle d’Apollon
fit jouir .ee temple du droit d’afyle. Après la
mort de Stratonice, il époufa une autre femme
dont il eut une fille nommée Laodice.
Dans les médailles qui nous reftent de ce
prince , il n’eft défigné que par ces mets Antiochus
, roi. Sur le revers il eft repréfenté en
Apollon , parce que tous les Séleucides fe glori-.
fioient de tirer leur origine de ce dieu. Laodice , .
ayeule d'Antiochus, pendant que fon mari étoit-
occupé à la guerre, publia qu’en dormant elle
avoit eu commerce avec Apollon ; & fur ce
témoignage , on ne contefta pas aux Séleucides
une origine célefte.. Antiochus I I , fils d’Antiochus Soter, & dé
Stratonice, monta fur le trône de Syrie après la
mort de fon père. Les Miléfiens qu’il affranchit
de la tyrannie: de Timar.que , lui déférèrent le
furnom.de Dieu , par une adulation facrilège. A
fen avènement au,trône , il tourna fes armes
contre Byfance ; mais le fecours que les Héracléens
envoyèrent à cette ville, la mirent en état.,
de défenfe ; il fe contenta d’éclater en menaces;-.
Contre un peuple qu’il étoit dans l’impuiffance de
punir. Ce prince, conformément aux dernières
volontés de fon père, renouvella la guerre commencée
contre Ptolomée, roi d’Egypte , & il
marcha contre lui avec toutes les forcesüe l’Orient.
Le commencement de cette guerre lui fut glorieux
, & la fin lui devint funefte. Ptolomée lui
donna fa fille en mariage, & cette union, formée
par la politique, fufpendit leurs haines fans
les éteindre. L’empire de Syrie étoit déchiré par
des rebellions toujours punies & toujours renaif-
fante?1. Arface, iffu des anciens rois de Perfe, fe
révolta contre Agatocle , qu’Antiochus en avoit
fait gouverneur. Les peuples,.pleins de refpeél pour
le fang de fes anciens maîtres, fe rangèrent en
foule fous fes drapeaux. Ce fut lui qui fut le fondateur
de l’empire des Parthes , l’an 63 de l’ère
■ des Séleucides. Dans le même temps Théodote fit
révolter mille villes de la Baâriane , & cet
exemple fut fuivi de prefque tous les peuples de
l ’Orient. Les Grecs, chaffés de ces provinces où
ils avoient des établiffemens , n’eurent de ref-
fources que dans leur courage. Ils formèrent une
armée qui pénétra jufqu’aux- extrémités de l’Inde,
& qui conquit des pays, qui avoient été ignorés
d’Alexandre. Antiochus ayant appris la mort de
Ptolomée , dont il avoit époufé la foeur, rappella
auprès -de lui Laodice, fa première époufe. "Cette
princefle, moins fenfible au plaifir de fon rappel
qu’à la crainte d’être la vi&ime d’une nouvelle
inconftance, égorgea fon mari pour affurer le
trône à fon fils. Ce fut ainfi que périt Antiochus
après un règne. de quinze ans. Quoiqu’ennemi
d’Eléazar , pontife des Juifs, il n’étendit point fa
haine fur eux ; il les fit jouir du droit de citoyens
dans toutes les villes de l’Ionie, & il leur permit
de vivre félon leurs lo ix , leurs ufages & leurs
rites facrésà ou plutôt il leur confirma ces privilèges
qui leur avoient été accordés par Séleucus
Nicanor. Il mourut l’an 66 de l’ère de Séleucides.
Les habitans de Smirne lui décernèrent les honneurs
divins , &L chaque particulier l’honora d’un
culte qui étoit un témoignage de fes bienfaits.
On n’a point gravé le furnom de dieu fur fes
médailles , & on ne le diftingue des autres
princes de fon nom., qu’à fon nez court & recourbé.
Antiochus IÏL, fut de fon vivant furhommé
le grand, & ce titre lui a été confirmé par la
poftérité-, qui. feule a droit de le déférer aux rois.
Il étoit fils de Séleucus fécond & de Laodice. Il
fuccéda à fon frère Séleucus I I I , qui ne fit que
paroître fur le trône. L’empire des Séleucides étoit
alors en proie à la rébellion ; chaque province
fourniffoit un ambitieux qui afpiroit au pouvoir
•fouverain. C ’étoit fur-tout dans les pays fitués
-au-delà du mont Taurus, que l’efprit de révolte
étoit le plus répandu. Antiochus eut fes propres
fujets à conquérir ; & ceux qu’il honora le plus
de fa confiance furent fes plus dangereux ennemis.
Deux frères, dont l’un nomme Môlon & l’autre
Alexandre, avoient obtenu les gouvernemens de
la Perfe & de la Médie ; dès qu’ils furent armés
du pouvoir , ils s’en fervirent pour fe rendre
indépendans d’un prince dont ils méprifoient la
jeuneffe. Antiochus, inftruit de leur révolte, envoya
contr’eux Hérodote & Xénon , & ne voulant
point avoir de fujets à combattre, il fe mit à la
tête d’une autre armée pour faire la conquête de
la Célé-Syrie, dont Théodote, qui en étoit gouverneur
, avoit promis de le mettre en poffemon.
Le monarque Syrien fut reçu dans T y r & Pto-
lémaïde comme un libérateur. Il fut arrêté dans
le cours de fes profpérités par l’inondation du Nil
qui fervit de barrière à l’Egypte. Il Ce retira à
Séleucie, fur l’Oronte, où il accepta la paix qui
lui fut offerte par Ptolomée, & qui lui étoit nécef-
faire- pour réunir toutes fes forces contre fes fujets
rebelles. Ses lieutenans avoient été taillés en pièces.
Zenate, qui leur fut fubftitué dans le commandement
, effuya des revers qui laiffèrent Molon
maître de plufieurs provinces. Antiochus fentit
alors la nécefîité de fe montrer lui-même aux
rebelles. Il les joignit dans les plaines d’Apollo-
nie. Sa préfence pénétra de refpeâ les foldats de
Molon, qui paffèrent dans fon camp , & ce chef
fe vit abandonné. Le monarque, vamqueur fans
effufion de fang, tourna fes armes contre plufieurs
peuples barbares qui faifoient des in valions
dans fes états. Ses premiers coups tombèrent finie
chef d’un de ces peuples, nommé Artabazane ,
vieillard qui, trop foiblepour réfifter aux forces de
l’A fie , fouferivit à toutes^ les conditions qui lui
furent preferites. Son petit empire fubfiftoit depuis
plufieurs fiècles. Alexandre en avoit dédaigne là
conquête.
Tandis qu'Antiochus étoit occupé à cette guerre,
Acheus , fon parent, qu’il avoit établi gouverneur
des provinces fituées au-delà du Taurus, s’en fit
proclamer roi dans la ville de Laodice en Phrygie.
Antiochus différa de le punir pour marcher contre
le roi d’Egypte , qu’il regardoit comme l’artifan de
cette révolte. Ces deux princes formoient des prétentions
fur la Célé-Syrie, la Phénicie, la Judée &
Samarie ; & comme il n’appuyoient leur demande
fur aucun titre, il n y avoit que la force qui pût
en décider.. Antiochus fe mit à la tête de fon
armée, les Egyptiens l’attendirent dans une chaîne.
des montagnes du Liban. Ce fot-là que s’engagea
une fcène meurtrière, où les Syriens eurent tout
l’avantage. On livra , dans le même jour fur mer ,
un fécond combat, dont le fuccèsfut indécis. Les
Egyptiens vaincus fur terre, choifirent une pofition
fi avantageas, que le vainqueur ne put profiter
de fes avantages. La campagne fuivante lut mémorable
parla bataille de Gaza. Antiochus vaincu
abandonna fes conquêtes , & fe retira dans fes
états avec les débris de fon armée, qu’il employa
contre Acheus. Ce rebelle, vivement pourfiim
fe réfugia dans Sardes , ville extrêmement forn’
Y y -a