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rotonde qui le conduifit au tombeau en 1310. '
M. d e S a c r . )
BIRON, ville de France dans le Périgord , une
des anciennes baronies du pays , titre du duché de
la maifon de Gontault-Biron, érigée en duché-
pairie par Henri IV en faveur de Charles de Gontault
, maréchal de France, décapité le 31 juillet
1602. Cet homme fi célèbre en bien & en mal,
& , malgré fon fupplice , un des plus grands orne-
mens du nom de Biron, n’ayant pas laiffé de postérité
, le duché fut éteint, & Biron porta le titre
de marquifat jufqu’en 172.3 , que Louis XV l’érigea
de nouveau en duché-pairie pour Armand-Charles
de Gontault-Biron , fait maréchal de France en
1734, père de M. le maréchal de Biron d’aujour-
dhui.
Les plus célèbres perfonnages de ce nom , après
les quatre maréchaux de France qu’a produit cette
maifon, font, i° . Jean de Gontault, gentilhomme
de la chambre, employé en differentes négociations
auprès de Charles-Quint & du roi de Portugal.
Il étoit à la bataille de la Bicoque en 1322 3
il fut bleffé & fait prifonnier à la bataille de Pavie
en 1325. Il Servit au fiége de Metz & mourut prifonnier
à Bruxelles, des bleflures qu’il avoit reçues
à la bataille de Saint-Quentin le 10 août 1557.
20. Foucault, tué à la bataille de Montcontour
en 1560, fils du précédent, frère du premier maréchal
de Biron.
3®. Armand, feigneur de Saint-Blancart, fils du
premier maréchal & frère du fécond , tué à la fur-
prife d’Anvers en 1583.
Mais les deux qui doivent le plus nous arrêter
ic i, font les deux premiers maréchaux de Biron ,
père & fils.
Le premier, nommé Armand, refta boiteux
toute fa vie d’une bleflùre qu’il avoit reçue à la
jambe à un fiége en Piémont ; il étoit aux batailles
de P reu x , de Saint-Denis, de Montcontour, il
fut tué d’un coup de canon au fiége d’Epernai en
Champagne,le 26 juillet 1392.
Le fils fe nommoit Charles. Tous les deux
avoient rendu de fi grands Services à Henri IV ,
qu’on difoit communément que ce prince leur de-
voit la couronne.
Ils étoient tous deux diftingués par de grands
talens pour la taâique & par une profonde con.-
noiflance des lieux où ils fàifoient la guerre. « Je
n l’ai v u , dit Brantôme en parlant du père, con-
» naître mieux des pays & contrées que plufieurs
n autres gentilshommes , même de la contrée , juf-
» ques à nommer des petits ruifleaux qu’ils ne
r> favoient & ne connoifloiem pas. » Il avoit composé
des commentaires que le préfident de Thou
regrette. Il étoit le parrain du cardinal de Richelieu
, & il lui avoit donné fon nom, Armand.
Le fils avoit le même talent & les mêmes cou-
noifiances.
4. C ’eft, dit Brantôme, le pins digne maréchal-
9 ftp-çamp auj fjjt çn Europe» Ç-eft aufli après
b 1 R
)> notre roi ( Henri IV ) , le plus grand capitaine
» de toute la chrétienté. » Henri IV & toute la cour
ne l’appelloient que monjîeur le maréchal, comme
s’il eût été le Seul.
Il" paroît que le premier maréchal de Biron fe
permettoit de mettre à Ses Services des reftriétions
lin peu contraires à la fidélité & à l’humanité.* Son
fils lui repréfentoit qu’à la retraite de Caudebec,
on auroit pu détruire entièrement l’armée du duc
de Parme & terminer la guerre ; il s’étonnoit que
la propofition qu’il avoit faite devant le roi,-d’attaquer
le duc de Parme, & que le roi avoit approuvée
ou même prévenue, eût été combattue par
fon père.
On connoît la réponfe du père, elle eff reftée
comme un monument du machiavellifme militaire :
« O u i, mon fils, la guerre étoit terminée, & il
» ne nous reftoit plus qu’à nous en aller planter
« des choux à Biron. » Ce mot, il faut l’avouer ,
n’eft ni d’un Sujet, ni d’un citoyen , ni d’un homme.
On n’imaginera jamais, quelle eff fur cette réponfe
la réflexion de Brantôme. « Voilà, d it- il, que
» c’eft que d’un coeur généreux, qui a une fois
» Sucé du lait de la dame Bellone, jamais il ne
y s’en faoule, >>
Voilà le pur efprit de guerre dont nous avons été
fi long-temps animés.
Au refte, le crime qu’annonce le mot du maréchal
de Biron, n’eft ni nouveau, ni rare dans l’hif-
toire en général, & en particulier dans l’hiftoire
de France, Le maréchal de Lautrec, dans la guerre
de 1521 fous François I , parut jufqu’à quatre fois
éviter, ayec une affeâation marquée, de terminer
la guerre. On put lui appliquer ce que Tacite,
Hiflor.l. 4 , c. y y , dit d’un certain Vocula , cor-
ruptâ totiens viEloiiâ nonfalso fufpeBus bellum malle.
Il paroît que le fécond maréchal de Biron ufii
quelquefois dans la fuite de ces exemples, & de la
leçon de fon père.
Il eut long-temps la faveur de Henri IV ; ce fut
lui que ce prince montra au corps-de-ville de
Paris qui venoit le féliciter fur les vi&oires :
« Voici , dit-il, un homme qiie je préfente volontiers
» à mes amis & à mes ennemis, n C ’eft avec cette-
grace Sublime que Henri favoit remercier fès Sujets
d’avoir fait leur devoir. Quels Services un tel mot
ne payeroit-il pas ? Mais Henri eut le bonheur de
s’acquitter plus particulièrement avec Biron, en
lui Sauvant la vie dans l’expédition périlleufe du
paflage de l’Aifne en 1590. Biron , fapvé par Ses
mains, lui en devint plus cher, il le combla d’honneurs
& de biens ; mais l’orgueîl de Biron mettoit
Ses Services à fi haut prix, que les payer n’étoit
plus une chofe qui fût au pouvoir de l’amitié, ni de
la royauté. Henfiétoit obligé de partager Ses grâces
entre ceux qui l’avoient Servi ; Biron les vouloit
toutes pour lui Seul, on ne pouvojt récpmpenfer
ue lui; il étoit mécontent de tout, jaloux de tout.
on coeur étoit ulcéré de la jufte préférence que
Henri acccrdoit au duc de Sully, Sujet bien plus utile
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&plus vertueux que Biron ; il éclatoit en reproches
, en menaces, en imprécations contre le roi ;
Henri fouffroit & diflimuloit tout ; Biron alla plus
loin ; aveuglé par le dépit, il s’égara dans des projets
criminels, il voulut démembrer la France, il
afpira follement à la Souveraineté, il traita Secrètement
avec les Efpagnols & avec le plus dangereux
& le plus perfide ennemi de Henri, le duc
de Savoye. Henri le fut, il eut pitié des égaremens
de Son ami, & ne lui en parla que pour les lui
pardonner. Un nouveau vertige jetta encore Biron
dans la révolte ; cette Seconde confpiration, plus
combinée , plus dangereufe, avoit des racines plus
profondes, Henri voulut encore la pardonner ; il
mit feulement à cette nouvelle grâce une condition
, c’eft que Biron prouvèroit fon repentir par
l ’aveu lè plus Sincère & le plus circonftancié de tous
les détails de la confpiration ; l’orgueil de Biron fut
inflexible, il croyoit Son fecret en sûreté, il avoit
vu jetter au feu l’original du traité qu’il avoit fait
avec les ennemis ; original qui, écrit tout entier
de fa main, auroit été contre lui un titre convainquant
; mais il n’avoit pas vu que Laffin, fon
confident ’, qui le trahifloit, avoit adroitement tiré
cet aâe-du feu & l’avoit confervé ; ce même aéle
étoit entre les mains des juges, lorfque Biron
nioit tout à fon maître qui le conjuroit de fe Sauver
en avouant tout. Les premières inftances de Henri,
fes demi-mots qui annonçoient une parfaite con-
rioiflance du complot qui montroient à Biron
tout Son danger & qui auroient dû lui ouvrir les
yeux ; tant de marques de bonté qui auroient dû
toucher fon coeur, ne lui arrachèrent que des imprécations
coutre ceux qu’il appelloit fes calomniateurs
, & qu’il vouloit, dit - i l , voir l’épée à la
main ; le roi ne fe rebuta point, il renouvella fes
avertifiemens & fes prières jufqu’à quatre fois, &
enfin, à la quatrième , Biron lui ayant dit du ton
d’un homme qui fe trouve infulté : Ce f l trop preffer
un homme de bien, le roi terminant l’entretien, lui
dit d’un ton ferme & trifte : Puifljue vous ne vouleç
rien dire, adieu baron. Ce mot fut fon arrêt ; dans
ce moment il fe rendit encore coupable, en voulant
faire de fa caufe une affaire de parti & fou-
lever les catholiques , dont il avoit toujours paru
être le chef : MeJJîeurs, s’écria-t-il, vous voyeç
comme on traite ici les bons catholiques. Le refte de
fa conduite, jufqu’au moment où fa tête tomba
fous le fer du bourreau, n’eft plus qu’un honteux
mélange de foibleffe & de fureur.
Henri n’avoit point de reproche à fe faire,, il
avoit Satisfait à la juftice , il avoit fatisfeit à l’amitié,
Malgré la néceflité de couper la racine des
confpirations toujours renaiflantes, & d’éteindre le
feu des faéiions, il avoit pardonné à Biron , il lui
auroit pardonné encore, fi Biron l’avoit permis,
c’eft plus qu’on n’auroit pu efpérer d’un prince ordinaire
; mais n’avoit-on pas droit d’attendre quelque
chofe de plus du clément, du tendre, du généreux
Jffeari? Le maréchal de Biron Armand, père du
Hifloire, Torn, I. Deuxième Paru
B I R Gif
coupable, avoit été tué, au fervice de Henri ; le
fils avoit été fon ami, Henri fans doute ne lui devoir
plus rien ; mais ne fe de voit-il pas à lui-même
de refpeâer du moins les jours d’un homme qu’il
avoit aimé ? Ne devoit-il pas fuivre pour ainfi
dire de l’oeil cet infortuné dans fa prifon, devant
fes juges , jufqu’à l’échafaut même, s’il étoit né-
ceflaire de l’y conduire pour l’humilier & le confondre
? mais’ alors inftruit de fes foiblefles, de
fes larmes, de fes tranfports, de fes fureurs, ?1
eut eu pitié d’un homme plus fou , plus bifarre que
méchant , il lui eût dit : « Malheureux, tu as
» voulu te perdre, je veux te fauver ; tu m’as re-
» fufé ta grâce, je me l’accorde malgré toi; ta
” fureur ne l’emportera pas fur ma bonté, ni tes
» crimes fur le fouvenir de notre amitié î n
Croit-on que ce trait de clémence eût été fu-
nefte à Henri IV ? Croit-on même que le fupplice
d’un homme tel que le maréchal de Biron , regardé
comme le chef- des catholiques, n’ait pas fervi
d’aliment à ces fureurs mal éteintes de la ligue ,
dont Henri IV fut enfin la viâime ?
Le maréchal de Biron avoit fini fa carrière par
deux ambaflades célèbres , où il avoit repréfenté
avec beaucoup d’éclat le roi contre lequel il conf-
pirôit dès-lors : l’une eft l’ambaflade de Suifle pour
le renouvellement des anciennes alliances ; l’autre,
l’ambaflade d’Angleterre. Celle-ci eut de remarquable,
relativement à Biron, la leçon que la reine
Elifabeth daigna, dit-on , lui faire fur fes mauvais
defîeins dont elle avoit connoiflance. Elle lui montra
le portrait du comte d’Eflex , & lui tint à ce
fujet, fur l’ingratitude & fur l’orgueil, fur l’intérêt
qu’auroit Henri IV de fuivre l’exemple de févérité
qu’elle lui avoit donné, des difeours dont elle laif-
foit l ’explication à fa confcience.
Selon le duc de Sully, ce fut Biron lui-même
qui s’attira cette leçon, par l’indifcrétion qu’il eut
de rappeller à la reine l’aventure du comte d’E flei ,
& d’exagérer les fervices de ce général pour accufer
la reine, d’ingratitude & de cruauté ; car l’erreur
de ce malheureux fut toujours de croire que les fer-
vices qu’on rendoit aux rois ne pouvoient être
aflez payés, & on dit que celle des rois eft de
croire qu’ils ne doivent rien pour les plus grands
fervices.
BISCITE, ( Hifl. mod. ) c’eft un lieu couvert
à Conftantinople où font une infinité de boutiques
, remplies de toutes fortes de marchan-
diles, & fur-tout d’équipages pour les chevaux-
{ J . R .)
BISNOW , ( Hiß. mod. ) nom d’une fefle de
lanjans , dans les Indes. Es appellent leur dieu
ram-ram, & lui donnent une femme. Es parent
leurs idoles de chaînes d’o r , de colliers de perles
& de toutes fortes de pierreries. Es chantent dans
leurs agoges ou mofquees, des hymnes err l’honneur
de ces divinités, accompagnant leurs chants
de danfes, du fon des tambours, des flageolets.
• dos bafltns de cuivre . Sc d’autres inflrumeas .
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