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à la vengeance, elle facrifia le fécond à Fambition.
Elle présente à Helmige, au fortir du bain , un
breuvage empofonné ; le poifon produifit aflez
promptement fou effet , pour qu’Helmige s en
apperçût, & forçât, l’épée à la main, Rofemonde
de boire le refte. C’en ainfi que les meurtriers
d'Alboin prirent eux-mêmes le foin de le vanger.
Quant à Pérédée, il avoit, dit-on, fuivi Helmige
& Rofemonde dans leur fuite, & fut envoyé
par Longin à Conftantinople avec Albfuinde , fille
dAlboin. Le refte de l’hiftoire de Pérédée, femble
imaginé d’après celle de Samfon, avec quelques
chan'gemens. Il déchire en pièces, dans un fpec-
tacle public, en préfence de l’empereur, un lion
d’une grandeur énorme : fa hardieffe 8c fa force
le font redouter; on lui crève les yeux. Pour s en
vanger, il demande à révéler à l’empereur un fe-
cret important; l’empereur n’ofe courir les rifques
d’un entretien particulier avec lu i, 8c fe contente
de lui envoyer deux de fes plus intimes confi-
dens ; ils s’approchent, alors Pérédée tire deux
poignards qu’il tenoit cachés, 8c fait tomber a fes
pieds ces deux feigneurs. On ignore fon châti-
timent, ou la fuite de fes aventures.
À LBO N , ( Hifl. mod. ) c’eft le nom d’une ancienne
8c illuftre maifon, encore exiftante, dont
étcit ce fameux maréchal de Saint-André, 1 homme
le plus magnifique 8c le plus ruiné de la cour ,
qui fe vendit aux Guifes fous François II ; qui, fous
Charles IX , fut le Craflùs ou le Lépide du Triumvirat
François, 8c qui, fi l’on en croit Brantôme,
propofa dans un confeil fecret de ce Triumvirat, de
mettre Catherine de Médicis dans un fac , 8c de
la j etter à l’eau , ce que Catherine , félon le même
Brantôme, entendoit, à la faveur d’un trou pratiqué
dans la chambre où fe "tenoit le confeil :
le maréchal de Saint-André ayant été pris à la
bataille de Dreux ( 2.0 décembre 15&J. ) , fut tué
de fang-froid après'l’a&ion, par un particulier nommé
Bobigny-Mézïère, qu’il avoit autrefois outragé.
Il avoit montré une valeur brillante à\la bataille
de Cérifoles, fous François premier, à celle de
Saint-Quentin, fous Henri I I , où il avoit ete fait
prifonnier; à cette bataille de Dreux, fous Charles
IX , où il venoit encore d’être fait prifonnier , lorf-
qu’il fut tué de fang-froid : il montra même, en
quelques occaftons , les talens d’un général; mais
s’il eft vrai qu’il ait propofé férieufement au confeil
des Triumvirs, de jetter la reine mère dans la
rivière, on ne peut pas dire que ce fut un homme
d’état. Ce fut Marguerite de Luftrac , fa veuve ,
qui aima fi éperdument le prince de Condé', 8c
qui lui donna fa terre de Vajeri. -
ALBORNOS, ( A l v a r e s . ) archevêque de Tolède.
Voye^ l’article P i e r r e l e C r u e l .
ALBRET, ( Hiß. mod. ) c’eftle nom d’une des
plus nobles ,8c des plus illuftres maifons delaFrance,
$c elle le tire du pays d'Albret, dans les landes de
Bordeaux ; c’eft de cette maifon que font venus à
la France les droits au royaume de Navarre, par
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Jeanne d?Albret, mère de Henri IV. Cette mèmè
maifon a produit, entr’autres perfonnages diftin-
gués, le connétable d Albret, tué à la bataille d’A*
zincourt, le 25 o&obre 1415, plufieurs cardinaux
8c le maréchal dé Albret, mort en 1676, homme
d’efprit &. de coeur,qui avoit un foible bien fingulier;
il s’évanouiffoit quand il voyoit la tête d’un mar-
cafîin. Sur quoi Bufli demande s’il feroit permis
en honneur, à un homme qui fe battroit contre
le maréchal d'Albret, de porter une tête de mar-
caflin dans la main gauche. L’hôtel d’Albret, grâce
au goût du maréchal pour les lettres 8c pour l’ef-
prit, fembloit avoir fuccédé à l’hôtel de Rambouil*
let. C ’eft delà maréchale fa femme, que madame de
Caylus, dans ksfouvenirs, fait plufieurs contes aflez
plaifans
Elle allait aux fpe&acles , comme beaucoup
d’autres, fans y rien entendre , 8c elle vouloit toujours
avoir auprès d’elle madame Scarron, depuis
madame de Maintenon , pour lui expliquer toute la
pièce pendant qu’on la jouoit, au lieu d’écouter 8c de
la laifler écouter.
La maréchale aimoit le vin 8c avoit le nez rouge :
un jour fe regardant au miroir, elle s’écria : Mais
où ai - je pris ce ne^-là ? Au buffet, répondit Matha.
Le même Matha voyant que la maréchale
d’Albret , à la mort de * fon père ou de fon
frère , ne vouloit point prendre de nourriture ,
lui dit : Examinez-vous bien ; f i vous,ave% réfolu de
ne manger de votre .vie , vous ave^ raifion ; f i
vous devenu manger un jour, croyez-moi , il vaut autant
manger tout-à-Vheure. Ce difcours la perfuada,
elle fe fit apporter un gigot de mouton.
ALBUQUERQUE, gouverneur de Pierre-le*
Cruel. Voye^ l’article P ie r r e -LE-Cr u e l .
Le fameux conquérant des Indes Orientales pour
le roi de Portugal Emmanuel-le-Grand, Alphonfe
à'Albuquerque, étoit de la même famille que le
gouverneur de Pierre-le-Cruel, c’eft-à-diré de la
maifon même de Portugal ; ils defcendoient d’un
fils naturel du roi Denis. Alphonfe Albuquerque
mourut plein de gloire en 1515 au port de Goa ,
au retour de fon expédition d’O rmus, âgé de 65
ans. Blaife, fon fils, publia, fur les expéditions
d’Alphonfe, des mémoires qui furent imprimés à
Lisbonne en 1576. ~
On a aufli d’un Edouard d'Albuquerque Coëlho
comte de Fernambouc dans le Bréfil, un journal
de la guerre du Bréfil entre les Hollandois 8c les
Portugais , commencée.en 1630.
A LC AD E , f. m. ( Hifl. mçd. j en Efpagne, eft
un juge ou officier de judicature, qui répond à-peu-
près à ce que nous appelions en Francz un prévôt.
Les Efpagnols ont tiré le nom $ alcade, de Yal-
caïde des Mores, ( G. ) -
ALCAIDE ou A lcayde , fub. m. {Hifl. mod.)
chez les Mores, en Barbarie, eft le gouverneur d’une
ville ou d’un château,fous l’autorité du roi de Maroc.
Ce mot eft çompofé de la particule a l, tkd u verbe
. ifrçp, kad, ou akad, gouverner, régir, adminiftrer»
La jurifdidiâion de Yalcaide eft fouveraîne , tant
au criminel qu’au civil a 8c c’eft à lui qu’appartiennent
les amendes. (G .) ,
ALCAMENE , ( Hifloire de Sparte. ) petit - fils
cTArchelaiis, fuccéda au trône de Sparte, dontfes
vertus le rendoient encore plus digne que fa naif-
fance. Il régna dans un temps où les inftitutions
de Lycurgue étoient dans toute leur vigueur, 8c il
en obfervoit toute l’auftérité. Il fut moins fenfible
à l’ambition de faire. des conquêtes qu’à la gloire
d’être le pacificateur de fes voifins, Les Cretois,
agités de diffentions domeftiques, le choifirent pour
arbitre de leurs différends ; il leur envoya un Spartiate
intègre, qui étouffa le germe des faéfions
parmi ces infulaires. Pendant qu’il faifoit régner le
calme dans la Grèce, les habitans d’Elos , c’eft-à-
dire les Elotes ou Ilotes , tentèrent de s’affranchir
du joug des Lacédémoniens. Alcamenemarcha
contre eux, les défit, 8c pour les mettre dans une
éternelle impuiffance de fe foulever, il rafa leur
ville,, 8c appefantit encore le joug dont ils étoient
déjà accablés. ( T-N. )
ALCÉE DE MITILËNE , {Hifi. grecq.) fameux
poète lyrique grec, 8c inventeur des vers
alcaïques, étoit contemporain 8c compatriote de
Sapho, 8c vivoit vers l’an 604 avant Jéfus-Chrift.
Il refte de lui quelques fragmens dans le Corpus
poetarum. On y voit qu’il avoit pris la fuite dans
une bataille, comme fit long-temps après lui Horace
fon imitateur. On croit que le tyran Pittacus,
contre lequel Alcée avoit tant déclamé, le fit
mourir.
A LC IAT (A ndré) , {Hifl. mod.) iurifconfulte
célèbre du feizième fiècle , fils d’un riche marchand
de Milan, naquit dans cette ville en 1491, étudia
le droit àPavie 8c à Bologne ^ 8c l’enfeigna d’abord
à Avignon, puis à Bourges, où il fut attiré par
François premier ; enfin dans diverfes villes d’Italie
où il erra au gré de fon inconftance ou de fa cupidité.
Il mourut à Pavie d’indigeftion en 1550. Il
avoit de la littérature, 8c fes ouvrages même de
jurifprudence s’en reffentent : il a écrit une hiftoire
de Milan, fa patrie. Ses emblèmes 8c fes épigram-
mes peuvent le faire compter parmi les poètes ;
mais il n’a un grand nom que dans la jurifprudence.
ALCIBIADE, {Hifl. des Athéniens. ) capitaine
Athénien, defèendoit, dit-on, d’A jax , 8c fon origine
, du côté de fa mère, n’étoit pas moins glo-
rieufe , puifqu’elie étoit, dit-on encore, de la famille
des Alcméonides , la plus illuftre de FAttique. La
nature en le formant fembla réunir toutes les forces
pour en faire un homme accompli. Des traits
nobles 8c intéreffans, des grâces touchantes, foute-
nues de tous les dons du génie 8c de l’aménité du
«araftère, lui affurèrent un empire abfolu fur les
coeurs 8c les efprits. Né. avec toutes les pallions, il
les aflervit toutes à fon ambition , il fut tour-à-tour
altier 8c populaire , intempérant 8c frugal, décent
8c licentieux. Toujours différent de lui-même, il
ne fut que ce qu’exigeoit le moment. Il fut plaire
à tous 8c dans tous les temps. Il eft difficile de ne
pas abufer d’un tel avantage ; aufli fut-il le corrupteur
des moeurs publiques. Il prêta à ladébau-
che les grâces de la volupté ; 8c les vices, pour
ainfi dire-, annoblis par fes exemples , n’offrirent
rien de rebutant. Les inclinations de fon enfance
manifeftèrent ce qu’il feroit pendant tout le cours
de fa vie. Un jour qu’il luttoit contre un de fes
compagnons, il fe fentit fi vivement preffé qu’il
le mordit au bras, comme s’il eût voulu le devorer.
L’offenfé s’écrie : ah traître ! tu mords comme / une
femme ,* —— dis plutôt comme unlion, répond Alcibiaae.
Dans une autre occafion, pendant quil jouoit
aux offelets dans la rue, un chariot vint à pat-
fer , il prie le condufteur d’arrêter un moment
, mais ce charretier fans complaifance preflè
plus vivement fes chevaux : tous les compagnons
d'Alcibiade fe difperfent ; au lieu de les imiter , il
fe couche devant la roue , en difant : malheureux
pajfe, f i tu do fes. Ces détails , qui paroiffent minutieux
, font bien dignes d’être obfervéspar ceux qui
préfident à l’éducation de la jeu'neffe. Quoiqu’il fût
naturellement impérieux,l’avidité de fa voir le rendit
docile à la voix de fes maîtres ; ( mais il choifif-
foit 8c ces maîtres 8c les chofes qu’il vouloit apprendre
d’eux ; il refufa, par exemple, d’apprendre
à jouer de la flûte , difant fièrement qu’il étoit né
pour recevoir du plaifir 8c non pour en donner ;
c’étoit un trait de caraâère. ) Ce fut à l’école de
Socrate -qu’il développa le germe heureux de fes
talens. Alcibiade , beau 8c voluptueux, donna lieu
à.Ja malignité de croire que cette union 'étcit
fondée fur une paffion proferite par la nature ; 6c
la licence de- fes moeurs accrédita ces bruits calomnieux.
Ses contemporains l’ont accufé de ce vice ;
mais ( fi fa figure, fa jeuneffe 8c fes moeurs favo-
rifoient ce foupçon , il femble que la fagefîe 8c la
vertu de Socrate auroient dû l’en défendre. Le vers :
Trop équivoque ami du jeune A lc ib ia d e .
a peut-être plus nui encore chez les modernes à
la réputation de Socrate , que fes liaifons avec
Alcibiade n’y avoient nui chez les anciens. )
Quoiqu’il en foit , Socrate devint néceflàire
à fon jeune ami; il l’accompagnoit à la ville,
à la campagne, fous la tente, par-tout. Il fe trouva
avec lui à l’expédition de Potidée, où Socrate montra
que, s’il favoit differter fur le mépris de la v ie ,
il favoit aufli méprifer la mort. Le prix de la v a leur
lui auroit été adjugé, mais les généraux le
déférèrent à Alcibiade qui avoit montré autant de
courage, 8c qui lui étoit fupérieur par la naiflànce;
8c dans une autre occafion où l’armée Athénienne
fut défaite, Socrate à pied fut rencontré par A lcibiade,
qui, ne voulant point abandonner fon ami,
lui fervit de rempart contre une troupe d’aflail-
lans. Quoique Féleve eût beaucoup d'attachement
pour fon maître, il fe déroboit qudqueiois à fa
vigilance pour fe livrer fécrétement à la licence de
fespenchans. Socrate alors le pourfui, oi comme an