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mes. Je n’en dirai qu’un mot d’après M . de Sainte-
Palaye, & feulement pour crayonner une des plus
fingulières extravagances dontrhomme foitcapable;
Les chevaliers qui formoient des entreprifes d’armes
, foit courtoiles, foit à outrance, c’eft - à - dire
meurtrières, chargeoient leurs armes de chaînes,
ou d autres marques attachées par la main des dames
, qui leur accordoient fouvent un baifer, moitié
oui, moitié non, comme celui que Saintréobtint
de la fienne.
Cette chaîne ou ce ligne, quel qu’il fut, qu’ils
ne quittaient plus, étoit le gage de l’entreprife dont
ils juroient l’exécution , quelquefois même à genoux,
fur les évangiles. Ils fe préparoient enfuite
.à cettè exécution par des abftinences & par des
aéles de piété, qui fe faifoient dans une églife où
ils fe confeffoient, & dans laquelle ils dévoient envoyer
au retour, tantôt les armes qui les avoient
fait triompher , tantôt celles qu’ils avoient remportées
fur leurs ennemis.
On pourroit faire remonter l’origine de ces ef-
peees d’enchaînemens jufqu’au temps de Tacite,
qui rapporte quelque chofe de femblable des Cattes
dans fes Moeurs des Germains. Je crois pourtant qu’il
vaut mieux la borner à des fiècles pofté rieurs, où
les débiteurs infolvables, devenant efclaves de leurs
créanciers, & proprement efclaves de leur parole,
comme nous nous exprimons, portoient des chaînes
de même que les autres ferfs, avec cette feule
diftinâlon, qu’au lieu de fers ils n’avoient qu’un
■ anneau de fer au bras. Les pénitens, dans les pèlerinages
auxquels ils fe vouoient, également débiteurs
envers l’églife, portèrent aufîî des chaînes
pour marque de leur elclavage ; & c’eft de-là fans
doute que nos chevaliers en avoient pris de pareilles,
pour acquitter ce voeu qu’ils faifoient d’accomplir
leurs entreprifes d’armes.'
Ces emprifes une fois attachées fur l’armure
d’un chevalier , il né pouvoit plus fe décharger
de ce poids qu’au bout d’une ou de plufieurs années,
fuivant les ^conditions du voeu, à moins qu’il n’eût
trouvé quelque chevalier qui, s’offrant de. faire 1
arme contre lui, le délivrât en lui levant fon em-
prife, c’eft-à-dire en lui ôtant les chaînes ou au-
tres marques qui en tenoient lieu, telles que des
ièces différentes d’une armure , des vifières de
eaumes, des gardes-bras, des rondelles, &c.
- Vous trouverez dans Olivier de la Marche les
formalités qui s’obfervoient pour lever ces emprifes
, & les engagemens des chevaliers. On croit lire
des contes arabes en lifantl’hiftoire de cet étrange
fanatifme des nobles, qui régna fi long-temps dans
le midi de l’Europe , & qui n’a ceffé dans un royaume
voifîn que par le ridicule dont le couvrit un
homme de lettres , Miguel Cervantes Saavedra ,
lorfqu’il mit au jour , en 1605 , fon incomparable
roman de' dom Quichote. Voye^ les Mémoires- de
M. de Sainte-Palaye, dans le Recueil de Vacadémie
des Belles-Lettres. { Article de M. le Chevalier de
Jau covrt. )
ENG
ENGLANTÉ, ée, adj. fe dit d’un chêne dont il
le gland eft d’un autre émail que l’arbre.
Mifîîrmen , en Bretagne ; d’argent, au chêne de E
finople, englanté d’o r , au canton dextre de gueu- I
les , chargé de deux haches d’armes ado'flées ,
d’argents
ENGOULÉ, éè , adj. fe dit des bandes, croix , I
fautoirs, &c. dont les extrémités entrent dans la •
gueule d’un lion , d’un léopard, d’un dragon , &c.
Guichenon , de gueules , au fautoir engoulé de
quatre têtes de léopard d’or mouvans des angles ,
chargé en coeur d’une autre tête de léopard du champ.
( Pl. IV. f ig . ,93. )
Il y a aufîî quelquefois des mufles de lions qui
engoulent le cafque, comme dans les anciennes armoiries
des ducs de Savoie.
ENGRÊLÉ , ée , adj. fe dit du chef, du p al, de
la bande, de la croix, du fautoir , &c. bordés des
deux côtés de petites dents à intervalles creux &
arrondis.
Ce mot engrêlé vient du latin gracilis , délié, |
mince , délicat, & il paroît que ¥ engrêlé fe diftin-
guedudanché, del’endenté, du dentelé par la fineffe
& la ténuité de fes dents. ( Voye^pï. IV . fig. 170-
1 -2 .) ' '
C o u r c y d ’argent, à la barre engrêlée d’azur. ( PL
w . f ig . i t r - ) .
Lenoncourt, d’argent, à la croix de gueules engrêlée.
ENGRÊLURE , f. f. petit liftel ou filet engrêlé ,
pofé le long du bord fupérieur de l’écu.
De Saint-Chamans du Pecher, en Limofin ; de
finople, à trois fafces d’argent, en chef une en-
grêlure de même. ( PL III. fig. rzj. )
ENGUICHÉ, ée , adj. fe dit des cors & des
trompettes dont l’embouchure eft d’un autre émail
que le corps de l’inftrument.
Bafe, en Danemarçk ; d’azur , à la fafce d’argent,
chargée d’un cor de chaffe de finople, lié,
virolé & enguiché d’or.
ENHENDÉ , Ée , adj. on appelle croix enhen-
dée celle dont le pied eft refendu, enhendido, mot
efpagnol. Ces croix à refente font communes en
Efpagne & en Allemagne. C’eft une- croix ancrée,
où il y a une pointe de plus qui fort du milieu de
chacune de fes ancres. (Voye^pl. III. fig. 138. )
ENLEVÉ, ÉE , adj. le dit des pièces qui pàroif-
fent enlevées.
Anglure, en Champagne; d’or,- à pièces enlevées
à angles ou croiflans de gueules, foutenant
des grelots d’argent, dont tout l’écu eft femé.
ENQUÈRRE, même chofe qu’enquérir. Armes à
enquerre, ( Voye^ au mot Armes , A rmes a enquérir.)
EN REPOS fe dit du lion, du cerf & de quelques
autres animaux fauvages qui fe repofent couchés
fur le ventre. On dit du lièvre qui eft dans
une paréille fîtuation , qu’il eft en forme. ( Voye£
ci-defîùs en forme. )
De Bertrand de Molleville, de Montefquieu en
Languedoc ; d’or , au cerf en repos de gueules, au
ENS
pied d’un arbre de finople ; au .chef d’azur ; char*
gé d’une étoile d’argent, à côté de deux befans I
A j champ de l’écu. ... I „
. ENSANGLANTÉ , i l > adj. fe dit du pélican &
autres animaux qui paroiflent fanglans.
Lé Camus 3 de gueules, au pélican d argent, in-
Canglmtè de gueules dans fon aire, au chef coufu
d’azur,chargé d’une fleur de lis dor. {PL VI.fig. 316.)
ENTÉ, m , adj. fe dit de quelques parties ou
pièces de Vécu qui entrent les unes dans les autres
fous des formes rondes, comme 1 emanche avec
des pointes. • .
. Frégofe, à Gènes ; coupé , ente de fable & d argent.
( Pl. II. fig. 6S - ) . Enté en pointe fe dit dune entaille qui le
fait à la pointe de l’écu par deux émaux arrondis.
Poufïemothe de l’Etoile , de Thierfanville de
Montbrifeuil, à Paris; d’azur, à trois lis au naturel,
enté en pointe de fable, à une étoile d’or.
Quelques-uns appellent fafce-enté-ondé un écu
compofé de fafces échancrées en rond, entrant les
unes dans les autres , comme dans les armes ^ de
Roche-chouart : (P/. III. fig. 132- ) maison l’appelle
plus communément nébulé, parce que ces
fafces paroiflent prendre la forme des nuages.
ENTRAVAILLÉ , ée , adj. fe dit des oifeaux
éployés , qui ont -un bâton ou quelqu’autre pièce
paflee entre les ailes ou entre les pieds.
- Il fe dit aufîî du dauphin , de la biffe, de l’aigle,
du lion & des autres animaux qui fe trouvent entrelacés
dans des cotices, des burelles & autres pièces
de longueur. é
De Quenazret, en Bretagne ; burelé d’argent &
de gueules, à deux biffes d’azur, affrontées , eti-
travaillées dans les burelles, de manière que la deuxième
& la quatrième du fécond émail brochent
fur les biffes.
ENTRELACÉ, ée , adj. fe dit de trois croiffans,
de trois anneaux & autres chofes femblables, paf-
fées les unes dans les autres.
Bourgeois, en Bourgogne; d’azur, à trois an-
nelets entrelacés l’un dans l’autre en triangle d’or.
ENTRETENU, e ,'adj.. fedit de plufieurs clefs
& autres chofes femblables liées enfemble par leurs
anneaux.
• Clugny, en Bourgogne; d’azur, à deux clefs
d’or , adoffées en pal & entretenues par le bas.
EPANOUI, E, adj. fe dit des lis , des rôfes ,
des tulipes & autres fleurs fur leurs tiges, lefquelles
paroiflent entièrement ouvertes & dans une parfaite
croiffance.
Le Fèvre, d’azur, à trois lis épanouis d’argent,
feuillés\& tigés de finople. {P l. VIII. fig.. 413. ) Epanouie fe dit aufîî d’une fleur de lis ,. dont
lè fleuron fupérieur eft ouvert-, & qui a des boutons
entre les fleurons des côtés, telle que la fleur
de lis de Florence, qui eft de gueules en un champ
d’argent;: !
EPuE ,. ordre, de chevalerie , autrefois en honneur
dans l’rle de Chypre, où il fut inftituépar Guy
Ë P É Si
de Lufignan. Les chevaliers de cet ordre portoient
un collier compofé de cordons ronds de loie blanche,
liés en lacs d’amour, entremêlés de lettres S
formées d’or. Au bout du collier pendoit un ovale
où étoit une épée ayant la lame émaillee d’argent,
la garde croifetée & fleurdelifée d’o r, & pourde-
vife ces mots, fecuritas regni. La première cérémonie
s’en fît en 1195., le roi Guy de Lufignan
conféra cet ordre a fon frere Amaurjr,
connétable de Chypre., & a trois cents barons qu’il
établit dans' fon nouveau royaume. Favin, théat.
d'honn. & de chevalerie. { G )
* Epées , l’ordre des deux épées de J. C. ou les
chevaliers du Chrift des deux épées ; ordre militaire
de Livonie & de Pologne en 1197. Dans ces temps
où l’on croyoit fuivre l’efprit de l’Evangile & fe
fancfifîer, en forçant les hommes d’embrafter le
chriftianifme, Bertold , fécond évêque de Riga,
engagea quelques gentilshommes qui reyenoientde
la croifade, de palier en Livonie , & d’employer
leurs armes à l’avancement de la religion ; mais ce
projet ne fut exécuté que par Albert fon frère ,
chanoine de Reims, & fon fuccefïeun La troupe
de nos foldats convertifleurs fut érigée en ordre
militaire. Vinnus en fut le premier grand-maître
en 1203. Ils portoient dans leurs bannières deux
épées en fautoir. Us s’opposèrent avec füccès aux
entreprifes des idolâtres. {Article refié. ) Epée, f. f. meuble quife trouve dans beaucoup
d’armoiries.
L 3épée paroît dans l’écu avec une lame , une
garde, une poignée & un pommeau , & n’a point
Ordinairement de branche à la poignée.
U épée, lorfqu’elle eft feule, eft le plus fouvent
la pointe en haut.
Une épée peut être pofée èn pal, en fafce, en
bande, &c.
Deux épées fe pofent en fautoir , les pointes tantôt
en haut, tantôt en bas.
lu épée dont la lame eft d’un émail, 1^ garde*, la1
poignée’& le pommeau d’un autre émail, s’appelle
garnie. •
Marbeuf, d’azur, à deux épées d’argent, garnies'
d’o r , pafleês en fautoir, lés pointes en bas.
Palet, en Angleterre ; de fable , à trois épées d’argent
, appointées , les gardes en haut, garnies d’or.
Ferrand, d’azur, à trois épées d’argent, garnies
d’o r , celle du milieu la pointe en haut, lés deux
autres les pointes en bas, une fafce d’or brochante*
fur le tour. { PL IX. fig. 493-4-5. ')
U épée s?emploie aufîî parmi les ornemens extérieurs
de l’écu.
EPERON , nom d’un ordre de chevalerie établi
par le pape Pie IV l’an 1560. Les chevaliers
portent une croix tiffue de filets d’or. Le pape Innocent
XI le conféra à- 'l’ambâfTâdëùr de Venifëv,:
le- 5 mai 1677.'
. Autrefois, lorfqu’on degradoit - un: dite valier de'
Véperon , ou autre ,' on le faifoit botter-, on lui Sï*
foit prendre fes éperons ' dorés, •' & ; Ori-les lui frrifoit