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chercher un afyîe auprès du grand-maître'de Rhodes
, dont il follicita inutilement les fecours pour
remonter fur le trône. Quand il eut perdu tput
efpoir d’être rétabli, il fe retira auprès de fou
frère, duc de Sparte. Il y paffa le refte de fa vie
en homme privé qui fc confoloit dans le fein des
lettres des difgraces de la fortune. ( T - - n . )
CANTEMIR ou CANTIMIR, (D emetrius )
( Hifi. mod. ) connu (ous le nom du prince Canti-
mir, & plus connu comme auteur d’une hiftoire
des Turcs que comme prince. Son père étoit
prince de la Moldavie fous les Turcs, Démétrius
le fut auffi, mais fous les Ru (Tes auxquels il s’attacha
en 1710. Il mourut en 1723 dans fes terres
en Ukraine ; il étoit d’une famille illuftre parmi
les Tartares.
Antiochus , fon fils fut encore plus diftingué
que lui dans les lettres ; quelques-uns l’ont appelle
le Boileau de la Rujfie , parce qu’il a fait des fa-
tyres dont plufieurs vers font panés en proverbes ;
il a fait encore d’autres poéfies. Il a traduit quet-
ques-uns des poètes anciens, grecs & romains, &
quelques-uns des meilleurs ouvrages modernes
irançois ou italiens de Fontenelle , de Montefquieu,
d’Algarotti ; fes fatyres ont été traduites par l’abbé
de Guafco, qui a auffi écrit fà vie.
CANTHARA , ( Hiß-des Juifs. ) fils de Simon-
Boëthus , fut élevé à la dignité de grand-prêtre
dès Juifs,. par la faveur d’Agrippa. Au bout d’un
an, il fut obligé de s’en démettre en faveur dé
Matthias, fils d’Ananus. Il en fut encore revêtu
une fécondé fois après Elimée , & ne la poffédà
encore qu’un an , Hérodè , roi de Calcide, la lui
ayant Ôtée pour la donner àJofeph, fils dè Camithi
i A . R .) ! l m -
C A N TO N , f m. ( Hiß- mod.) quartier d'une
.ville que l’on confidère comme féparé de tous les
autres.
Ce mot pareît dérivé de l’italien cantone, pierter
de coin.
Le mot canton eft plus communément employé?
pour défigner une petite contrée ou diftriél fous un
gouvernement féparé.
Tels font les treize Cantons fuiffes, dont chacun:
forme une république à part. Us font cependant liés
cnfemble, & compofent ce qu’on appelle le corps
helvétique on la république des Suiffes ( G )
CANTWEL y ( André ) ( Hiß. litt:mod. ) médecin
irlandois-, connu par plufieurs ouvrages de
médecine. Mort le 11 juillet 1764. I l étoit de la
fociété royale de Londres.
CAN US, (M elchior) {Hifi. litt. mod. y dominicain
efpagnol, moine courtifan, & qui eut
trop d’empire fur l’efprit de Philippe I I , dont il.
étoit le flatteur. Comme théologien, il mérite de
l’eftime, non pour avoir été zélateur des opinions
ultramontaines, mais pour avoir fu , en Efpagne ,
& au fçizième fiècle , méprifer la fcolaftique, peut-
être aufli pour avoir mêlé la belle littérature à la
théologie. Les janféniftes en ont fait cas, parce
e a ' n
qu’il étoit ennemi des jéfuites, qu’il appelloît prefi-
curfeurs de VAnté-Chrifi- On a de lui des lieux théo-
logiques , locorum theologicorum, libri 12. Mort à
Tolède en 1360. Canus om Cano »(Jacques) portugais, découvrit
en 1484, en Afrique, le royaume de Congo,-
CANUT I , (H o r d a ) {Hifi. de Danemarck)
roi de Danemarck. Il étoit fils de Sigar, qui le laifla:
en mourant fous la tutelle de Gormon, prïrfce de
Juthland. Il paroît que le moiïhorda fignifioit majfue
Les hiftoriens ont fait de lavantes diiTertations fur
ce furnom , & n’ont pas dit un mot du caraâère
ni des aâions dii prince qui le portoit. On fait à--
peu - près la date de fa mort, vers 840 mais on
ignore l’iiiftoire de fa vie. ( M..z>£ S a c y . ),;
- CANUT n , furnommé le Grand , ( Hiß. dé Danemark
& d’Angleterre ) roi de Danemarck &
d’Angleterre. Il étoit fils de Suénon qui fournit
la Grande-Bretagne » & dut également cette conquête
à fon propre courage & à la haine publique-
qu’Ethelred avoit méritée par fa tyrannie; Canut■
âvoit füivi fon père dans cette expédition ; il avoit,
fait admirer fa fogeffe dans les conféils, fa bravoure
dans lès combats, fa clémence après la vie-*--
toire. Ces hautes qualités ne fédüifirent point' lès*
Anglois attachés aux loix de leur monarchie. Unr
prince foible & méchant, mais né dans leur patrie fs
leur parut moins odieux qu’ùn héros conquérant,
& né dans d’autres climats. Après la mort de Suénon,
en 1014, Ethelredfut rappellé, & ne tarda
pas à punir lesAnglois de leur zèle pour feperfonne.-
Canut l’àuroit vaincu fans effort; mais un foin plus-
important l’agitoit : il alloit perdre une couronne;
afîurée, tandis quïl en chercKoit une incertaine.
Harald, fon frère, qui gouvernoitle Danemarck.
en fon abfence, faifoit jouer fourdement tous les
reflorts que l’ambition peut inventer pour s’emparer
du trône. Canut abandonna fa conquête, reparut
dans fes états, & étouffa dans leur naiffance
les troubles que fon frère préparoit; Celui-ci mourut
peu dè temps après ; &• Canut n’ayant plus de
concurrent dans fa patrie , alla vaincre celui qui lui?
reftoit èn Angleterre. Il y avoit toujours confèrvé
un parti puiflant & dès intelligences fecretes dans
celui même de fon- ennemi. Stréon, général destroupes
d’Ethelred , s’étoit rendu au conquérant
Canut fe fervoit dè lui comme d’un inftrument
qu’on brife avec mépris dès qu’il devient inutile
ou dangereux. Les projets du traître furent découverts
par Edmond, fils d’Ethelred. Stréon ceffa de
dîflimuler fà perfidie , fè rangea fous les enfeignes
danoifes, & y entraîna un grand nombre de fol-
dats. Le Wèuex fe fournit de lwi-même; la Mercie
augmenta fes malheurs par fà réfiftance, & fut
conquife. Sur ces entrefaites, Ethelred mourut,
après avoir porté pendant quarante ans le nom dè
roi, fans avoir régné véritablement un foui jour.
Edmond, fon fils, fut reconnu dans Londres par
des amis fidèles. Ses malheurs le rendoient* inté-
refîànt, fon courage le rendoit redoutable. Cafiut
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fentit qu’il ne pouvoit le vaincre que dans fa capitale:
deux fois il forma le liège de Londres,
deux fois Edmond le força de le lever. Une troisième
tentative ne fut pas plus heureufe: on fe livra
cinq ou fix combats ; & fi l’on met dans la
balance les viéfoires & les défaites, les deux partis
veurent également à fe louer & à fe plaindre de la
fortune des armes. Enijm dans une bataille rangée
près d’Affeidun, l’armée d’Edmond fut taillée en
pièces l’an 1016. L’amour de fes fujets lui en donna
•encore une ; il ne voulut point la facrifier à fes
■ intérêts-, & envoya un cartel au prince Danois.
Celui-ci le refufa , parce qu’il étoit d’une confti-
tution foible , & que fon ennemi avoit reçu de la
mature & de l’éducation des forces fi extraordinaires,
qu’on l’avoit furnommé cote de fer. On en
vint à une conférence ; les deux rois prirent leurs
officiers pour arbitres : le royaume fut partagé.
Edmond conferva toutes les provinces fituées au
midi de la Tamifo, .& une partie du 'Weflëx le
-refte fut le partage de l’iifurpateur.
Edmond s’occupoit à rendre heureux le peu de
fujets que la fortune lui avoit laides , lorfqu’il fut
afiafliné par le perfide Stréon. Canut -diffimulant
l’horreur que cet attentat lui infpiroit, fe fervit
encore de Stréon pour affermir fon empire. Il
reftoit deux foibles rejetions de la tige royale :
Canut trop généreux pour leur Ôter la vie , trop -
ambitieux pour leur laiffer leur patrimoine, affem-
!bla les grands de la nation,demanda l’autre moitié
de l’Angleterre avec plus d’audace qu’il n’avoit
conquis la première , arracha le confentement des
feigneurs , éloigna les enfens d’Edmond, & fut
reconnu roi de toute la Grande - Bretagne. Dès
«jifil n’eut plus d’ennemis à combattre , il devint
le plus doux des hommes, rétablit les anciennes ;
loix Saxonnes, en fut le premier efclave, favorifa j
ragriculture, fit régner l’abondance dans les villes ,
verfa fes bienfaits fur le peuple ; & pour achever
la conquête de tous les coeurs, il fit trancher la tête à ce même Stréon qui avoit apporté à fes pieds
celle de fon concurrent, & époufa la reine Emme,
veuve d’Ethelred.
Cependant, les Danois s’ennuyoient de fon abfence;
1 abandon ou il les laifloit leur parut une
infulte : une indignation générale s’empara bientôt
de ces âmes fières que l’ombre même du mépris
révoltoit. Canut, pour les calmer , fit une apparition
dans fes états, & retourna en Angleterre, ne
laiffant à fa place en Danemarck qu’un fantôme de
roj: c’étoit Canut- Horda , fon fils.AJlfon beau-
frère de Canut , étoit chargé de la conduite du
jeune prince; celui-ci avoit les talens d’un miniftre '
& l’ambition d’un régent. Il échauffa, par de
lourdes menees , le mécontentement qu’excitoit
l’abfonce du père , & fit couronner le fils pour
■ régner fous fon nom. Canut, poffeffeur de deux
royaumes, qui ne pouvoit quitter l’un fans hafar-
der la perte de l’autre, médita cependant la conquête
d’un nouvel empire. Son père avoit fournis
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une partie de la N orvège ; Ollaüs, prince du fang
des anciens rois, y étoit rentré. Canut lui envoya
des ambaffadeurs pour lui redemander fon'patrimoine
: en le réclamant, il défirqit qu’on le lui
refusât , afin d’avoir un prétexte pour conquérir
le refte de la Norvège. Sa politique réuflit : la
guerre fut déclarée. Ollaüs fecouru par Amund ,
roi de Suède, entra dans la Zélande. Canut repaffa
en Danèmarck avec une flotte & une armée formidables
, fit affaffiner Ulfon qui avoit été l’auteur
de la révolution, pardonna à fon fils qui n’en avoit
été que Pinftrument, marcha contre les princes
ligués, leur préfenta la bataille dans la Scanie,
fut vaincu, raffembla fos troupes fugitives, détacha
Amund de l’alliance d’Ollaiis fut vainqueur
à fon tour ; & tandis que le prince détrôné cher-
choit un afyle en Ruflie, il fournit toute la Norv
ège , reçut les hommages des habitans , leur
donna un vice-roi, revint en Danemarck, & fit
couronner fon fils vers l’an 1028 , pour prévenir
une féconde révolution. Ollaüs rappellé en Nor-
wege par un parti foible que fon imprudence affoi-*
blit encore, hafarda un combat, fut vaincu, 8e
ne furvécut point à fa défaite. L’églife l’a placé au
rang des faints. On dit qu’il faifoit des miracles en
Ruflie, tandis que Canut faifoit des conquêtes en
Norwege. Dans la dernière a&ion, il renvoya
tous les payens de fon armée, de peur qu’ils n’at-
tiraffent fur elle la colère du ciel. Il fut battu le
29 juillet 1030.
Canut raffafié de triomphes & de gloire, ne trouvant
plus de plaifirs nouveaux dans une cour barbare
& dans un pays difgracié de la nature, fe
jetta dans la dévotion,peut-être pour répandre quel-»
que variété fur l’ennuyeufe uniformité de fa vie.
Le conquérant de la Norwege & de l’Angleterre
devint le courtifan des moines ; la manie des pèlerinages,
épidémique alors , s’empara de ce. prince ;
il alla à Rome ; & fes fujets qui lui avoient fait un
crime de fon féjour en Angleterre, lui pardonnèrent
un voyage long, difpendieüx, & dont il
ne rapporta que des bulles. Il répaffa en Angleterre^
8c y mourut entre les bras des prêtres en 1035.
Il efpéroit, en comblant l’églife de bienfaits, expier
tant d’injuftices ; Edmond dépouillé de la moitié de
fos états, fos deux enfans privés de l’autre moitié
, Ollaüs chàffé de fon patrimoine, Ulfon mort
fous les coups de poignard, tandis qu’on pouvoit
le foire périr fous le glaive des loix. Il en avoit
formé un code qui fe fentoit de l’ignorance de fon
fiècle ; on en peut juger par cet article : « Si un
» homme eft accufé, & qu’aucun témoin ne veuille
” dépofer contre lui, il fera condamné ou abfous
v par le jugement de Dieu , en portant le for
» chaud ». Le meurtre n’étoit puni que d’une
amende. Ayant lui-même, dans un accès d’ivreffe,
égorgé un de fes domeftiques, il joua le Lycurgue,
& fe mettant devant fes officiers dans la pofture d’un
criminel, il leur ordonna de prononcer fur fon fort.
On font que les juges étoient plus embarraffés que
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