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une teinture des fciences & des arts. Saiil exalte
la puiffance de leurs rois ; le tableau qu’il fait de
leur luxe, fait prèfumer qu’ils connuandoient à
une nation opulente. Ce furent eux qui opposèrent
l ’armée la plus nombreufe, & quiétoit commandée
par cinq rois, d’où l’on a droit de conclure
que chaque tribu avoit fon chef, qu’on qualifioit
de roi. Jofué les vainquit, les prophètes annoncèrent
que toute cette nation , plongée dans la
diffolution , feroit un jour effacée de la mémoire
des hommes. Cette prédiâion eut fon accomplit '
fement fous Saiil, q u i, à la tête de deux cens
mille hommes , ravagea leurs poffeflions. Tous les
Amalefcites qu’il eut en fon pouvoir furent maffa-
crés; les enfans furent égorgés dans leurs berceaux
ou dans les bras de leurs mères : ceux qui s’étoient
fauvés du carnage, profitèrent des troubles qui di-
vifoient les Ifraélites pour rentrer dans leur pays
dévafté, David qui connoiffoit leur averfion naturelle
pour fon peuple, crut devoir en prévenir
les effets par une irruption qu’il fit fur leurs terrés.
Il en fit un horrible carnage fans diftinôion,ni d’âge,
ni de fexe. Les Amalefcites, plus furieux qu’abattus,
raffemblent leurs forces pour venger leur injure.
Ils fe rendent maîtres de Ziglag ou Siceleg, patrie
de David , qu’ils réduifent en cendre , & dont ils
refpeâent les habitans. Cette modération leur ve-
no.it d’une fource d’avarice ; ils aimoient mieux
conferver les vaincus , pour en faire des efclaves,
que de les immoler fans fruit. David tira une
prompte vengeance de cet affront ; il les furprit
lorfquils étoient plongés dans la débauche : tous
furent maffacrés, excepté quatre cens jeunes gens
qui formèrent encore l’ombre d’une nation fans
pouvoir, jufqu’au temps d’Ezechias. Ils furent enfin
entièrement détruits par les defcendans de Siméon,
& l’Amalefcide fubit dans la fuite la même defti-
lïée que les Juifs.
Les Philiftins, égyptiens d’origine, s’établirent
dans la contrée que les Grecs & les Romains dé-
-fign oient par le nom de Paleftine. Les Juifs en ont
beaucoup exalté la fertilité ; & les voyageurs modernes
affurent que ce pays, couvert de rochers
& de fables, offre le fpeclacle de la plus affreufe
indigence. Ces différens témoignages font une nouvelle
preuve des révolutions qui arrivent dans la
nature ; -& l’on ne voit aujourd’hui que des fables
dans des plaines couvertes autrefois de moiffons.
Ses villes principales étoient Afcalon, qui eut la
gloire de donner la naiffance à Sémiramis ; Gaza,
qui n’eft plus qu’une vile bourgade , mais dont les
ruines attellent l’ancienne magnificence; Azoth,
fameufe par un temple confacré à Dagon ; Gath,
qui fut pendant quelque temps la réfidence des
rois; Ekron, où Belzébut avoit un temple fameux.
La Paleftine eut fes rois , dont l’adminiftration
étoit foumife à l’examen & à la cenfure du tribunal
de la nation. L’hofpitalité fut une vertu qui
les rendit amis de tous les hommes, excepté des
Juifs qu’ils connoiffoient pénétrés de mépris
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pour tous côux qui n’étoient pas nés fournis à leur
loi.
Ils tombèrent dans tous les excès de l’idolâtrie.
Chaque ville avoit fon idole particulière : ils met-
toient beaucoup de magnificence dans leur culte.
Leurs temples étoient fpacieux, & richement décorés.
Lovfqu’ils alloient à la guerre, ils tranfpor-
toient leurs idoles avec eux, & ils leur confacroient
la plus riche partie du butin. On leur a fait le
reproche de facrifier des enfans ; mais ce qui femble
réfuter cette calomnie, c'eft que les Juifs ne leur
ont jamais imputé cette inhumanité. Ils furent tout
à la fois guerriers & commerçans. Les Grecs les
préféroient à tous les autres peuples pour la fidélité
, & l’intelligence dans le commerce. Leur langue
étoit un diale&e de l’hébreu. Ils cultivoient les
arts & les fciences, qui étoient en honneur chez
tous les peuples de Canaan. Ils furent regardés
comme les inventeurs de l’arc & des flèches, ispi CANAYE. Voye^ Fresne.
CANDAULE , ( Hift. anc. ) roi de Lydie , &
defcendant d’Hercule, eut l ’indifcrétion de faire
voir fa femme nue dans les bains à fon favori Gy-i
gès. La reine offenfée d’une imprudence qui avoit
fa fource dans l’excès de la paffion, ne put. lui
pardonner l ’attentat fait à fa pudicité. Ce fut Gygès
qu’elle choifit pour être l’inftrument de fa vengeance
; elle l’appella dans fon appartement, & ne
lui laiffa que l’alternative d’affaffiner fon mari, ou
, d’être égorgé fur le champ. » En me regardant
a nue , dit-elle, tu t’es rendu criminel, autant que
» le maître qui t’a commandé cette indignité, &
. » comme tu as découvert ce qui ne doit être vu
» que d’un mari, je t’offre ma main & le trône
» des Lydiens ; c’eft le feul moyen qui me refte
» de réparer la tache imprimée à mon honneur
Gygès ne balança point dans le choix, & Candaule
fut affafliné environ 716 ans avant Jéfus-Chrift;
cette hiftoire, qu’on peut ranger parmi les fables „
nous a été tranfmife par Hérodote. ( T—N. )
CANDIAC. Voyeç Montcalm.
CANDIDI CE RF I ARGENTUMg ( Hiß. mod.}
tribut ou amende payée à l’échiquier par certains
cantons du dedans ou des environs de la forêt de
Whitehart dans le Dorfetshire. Cette amende eft
la continuation de celle que Henri III avoit impofée
à Thomas de la Lende & à d’autres, pour avoir
tué un cerf blanc d’une beauté fingulière que ce roi
avoit excepté de la chaffe. (G )
GANGE. ( du) F o y e i Fresne, (du)
C AN J ARES ou CRICS, f. m. {Hiß. mod.) ce
font des poignards larges de trois doigts à la lame ,
de la longueur de nos bayonnettes, qui s’emmanchent,
pour ainfi dire , dans la main , par une
poignée terminée en pointe d’échelle : on pofe les
doigts fur le premier rayon, & le pouce fur le
fécond. Ces inftrumens, communément empoifon-*
nés. jufqu’à la moitié de la lame , font les armes
déloyales les plus dangereufes qu’on puiffe imac
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gtner. Ce font cependant les armes communes dans :
la péninfule du Gange , à Malaca , à Pégu, fur
les côtes de la Chine., dans les ifles de Java & de
Sumatra. Quand les pèlerins Indiens ou Mahomé-
tans ont, au retour de la Mecque ou de la pagode
de Jagr.enate, la tête démontée par la vapeur de
l’opiuRi & du fanatifme, ils faififlent ces canjares
envenimés, & immolent tout ce qu’ils rencontrent
d’Européens & d’étrangers infidèles ou incirconcis,
par une fureur qu’on ne fauroit comparer qu’à
celle de ces anciens fcélérats d’Orient, connus fous
le nom à'ajfajfîns. Cette barbarie religieufe a beaucoup
diminué depuis que les Anglois dominent
dans l’Indoftan, faifarit tuer ces enthoufiaftes à coups
de fufil, pour leur enfeigner la tolérance, dont ce
inonde a tant befoin.
! On foupçonne que la plupart de ces armes indiennes
font enduites du venin des ferpens profanes
, ou qui ne font pas partie du culte idolâtre ,
comme les vipères à Calicut : c’ëtoit au moins la
pratique des anciens Brachmanes, dont les moder-r
nés defcendent inconteftablement. (-J-)
CANISIUS, ( Hift. litt. mod.) eft le nom de
deux favans., l’un jéfuite, nommé Pierre, auteur
de quelques ouvrages théologiques ; l’autre, Henri,
fon neveu, profeffenr de droit canon à Ingolftad,
auteur de plusieurs ouvrages fur le droit ; le premier,
mort.en 1597, le fécond, en 1603.
C A N IT Z , (le baron de) poète allemand célèbre
, nommé le Pope de l’Allemagne , mort
en 1690 à Berlin , où il étoit né en 15 64. Il étoit
d’une ancienne & illuftre famille de Brandebourg.
11 étoit lui-même confeiller-privé d’état. La dixième J
édition de fés poéfies eft de 1750.
. CANTACUZENE, ( Jean ) {Hift. du Bas-
Empire ) eût été un des hommes les plus recommandables
de fon fiècle, fi l’ambition n’en eût point fait
un ufiirpateur. Riche de tout ce que les fciences &
les arts offrent de plus précieux , né dans une famille
opulente , généreux & compatiffant, il adou-
ciffoit par fon affabilité l ’envie acharnée contre les
hommes fupérieurs. Andronic le jeune le choifit en
mourant pour être le tuteur de fon fils. Il gouverna
l’empire avec une autorité qui accoutuma le peuple
à le refpeâer comme fon fonverain. Le jeune empereur
étoit prefqu’ignoré, & l’on ne fe fouvenoit
de lui que quand on employoit fon nom pour mettre
de nouvelles impofitions. Cantacurftne, familiarifé
avec le commandement, prit des moyens pour le
perpétuer dans,fa famille. Il defcendoit d’un Canta-
cuçène qui avoit été créé Céfar par Ifaac Comnène ;
ainfi fa naiffance ne pouvoir oppofer un obftacle à
fon élévation. Les peuples , las de révérer un enfant
qui n’àvoit qu’un titre ftérile , appelèrent au
trône celui qui s’en étoit montré digne par la fageffe
de fon a.dminiftration. Ce projet fut découvert ; les
gens de bien furent indignés contre un ambitieux
qui vouloir s’enrichir des dépouilles de fon pupille.
Cantacuçcne fut condamné à l’exil ; mais par un
fçfte de reconnoiffance pour la fageffe de fon gou- i
Hiftoire. Tom. I. Deuxième Part,
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vernement, on lui conferva la jouiffânce de fes
biens. Il fut chercher un afyle à Nicée, où il s’îh-
finua dans la faveur d’Orcan qui étoit alors l’arbitre
de l’Afie. Cantacuftne, facrifiant la religion à la
politique, donna fa fille en mariage à ce prince
infidèle, pour s’en faire un proteâeur. Orcan fe mit
. à la tête d’une armée pour le rétablir fur le trône ;
ce fut le premier prince Mufulman qui porta la
guerre en Europe. Conftantinople afliégée pendant
cinq ans , oppofa la plus vigoureufe réfiftance. Les
Mufnlmans, rebutés de leurs pertes & de leurs fatigues
, levèrent le fiége après avoir dévafté toutes
les terres de l’empire. L’inconftance naturelle des
Grecs fut plus utile à Cantacwftne que les armes de
fon allié, ils lé rappellèrent pour les délivrer du
. joug de Jean Paléologue qui, pour fe faire refpec-
ter, ofa tout enfreindre. L’empire mieux gouverné,
prit une face nouvelle. Les hommes de néant qui
n’étoient pour la plupart que des favoris fans tablent
, furent dégradés de leurs emplois. La naifo
fance & le mérite furent les feuls degrés pour s’élever
aux dignités. Les fciences & les arts fleurirent,
& quiconque avoit des vertus & des lumières,
étoit accueilli & récompenfé. Tandis qu’il faifoit
renaître les beaux jours de la Grèce , les Génois ,
les Vénitiens & les Arragonois lui enlevoient la
Morée. Cantacuiftnè, foutenu d’Orcan, marcha pour
leur ravir leurs conquêtes. Paléologue le voyant
embarràffé dans cette guerre, trouve le moyen de
lever une armée de vingt mille chevaux & de foi-
xante-douze mille hommes de pied qu’il joint aux
forces des Génois & des Vénitiens. Cantacu^ene ,
environné d’ennemis fi puiffans , fe fortifie par de
nouvelles alliances ; il affocie à l’empire Matthieu,
fon fils aîné, à qui il fait époufer la fille du duc
de Servie qui lui apporta pour dot l’Albanie. Manuel
, fon autre fils, eft élu duc de Sparte ; & ce
titre met fous la domination toute l’ancienne Laconie.
Ce furent de foibles reffources contre les forces
réunies de fes ennemis, qui Confervèrent leur fu-
périorité ; il fe renferma dans Conftantinople où il
fut bientôt afliègé. Paléologue avoit dans cette
ville de nombreux partifans qui lui en facilitèrent
l’entrée. Il s’y comporta moins en conquérant
Irrité qu’en prince bienfaifant qui vient prendre
poffeflion de fes nouveaux états. Il étendit fa clémence
jufques fur Cantacu^ène qui, dégoûté des
grandeurs de la terre ou plutôt effrayé de l’avenir,
prit l’habit monaftique au pied du mont Athos.
Ce prince, pour fe confoler de l’ennui de fa retraite
, fe livra entièrement à l’étude, & de fouve-
rain devenu théologien, il compofa plufieurs ouvrages
contre la feéle Mufulmane & les fuperftitions
Judaïques. Ses réflexions fur la philofophie d’Arif-
tote, décèlent un efprit net & cultivé. Il compofa
quelques traités pour applanir les obftacles qui fé-
parent l’églife grecque d’avec la latine. Après la
I prife de Conftantinople , tous ces ouvrages furent
tranfportés à Vienne , où ils font conferyés dans
la bibliothèque impériale. Son fils Matthieu fu$
Cccçc