
ferpent. Toute le monde eft frappé d’un étonnement
ftupide ; l’un demande la. fan té , l’autre les
honneurs & les richeffes. Alexandre enhardi par
fes fuccès, fait annoncer le lendemain que le Dieu
qu’ils avoient vu 11- petit la veille, avoit repris
fà grandeur naturelle. Les Paphlagoniens courent
eirfoule admirer ce miracle ; ils trouvent l’impof-
teur couché fur un l i t , & vêtu de fon habit de
prophète, le ferpent apprivoifé étoit entortillé à.
ion cou & fembloit lé careffer ; il n’en laiffoit voir
que la queue, & il fubftituoit à la tête celle du.
dragon, dont ildirigeoit la mâchoire à fon gré".
Cette impofture üluftra la Paphlagonie où chacun
vint apporter fes offrandes ; & commeTa
fanté eft le plus précieux dès biens, les provin-,
ces tant voifines qu’éloignées, envoyèrentconfulter
fes oracles, & Ton crut avec ce fecours pouvoir
fe pafler de médecins. Croconas , fon complice,
partageoit avec lui les applaudiffemens du vulgaire,
lorfqu’il mourut à Calcédoine de la morfùre d’une
vipère. Alexandre,deûituè de l’appui d’un impofteur:
plus adroit que lu i, fbutint cependant par lui-même
fa réputation ; les imaginations étoient ébranlées,
il n’y a quelquefois qu’une première féduâion difficile
à opérer. Les yeuxfafcinés réaliferent tous les
fantômes ; il v.endoit fes oracles à. un prix fi modique
, qu’il en avoit un grand débit. Pour dix
fols de notre, monnoie , chacun avoit d’avanee la.
connoiffance certaine de. tout ce. qui devoit arriver.
On lui envoyoit dans un billet cacheté la
queftion qu’on propofoit, & il écrivoit la réponfé
dans le même billet, fans qu’il parût qu’on, eût,
rompu le cachet. Qn voyoit un miracle dans un
fecret que le dernier commispofféde aujourd’hui:
les remèdes qu’il prefcrivoit aux malades accréditèrent
fes impoftures , parce qu’il avoit fait une
étude férieufe de l’art de guérir ..Sa. réputation s’étendit
jufqu’à Rome où il fut appeîlé. par Marc-
Aurele en l’an 174. L’accueil que lui fit cet empereur
philofophe, lui acquit la confiance dès cour-
rifans & du peuple ; on le révéra comme le drf-
penfateur- dé l’immortalité , parce qu’il promet-
toit à tous de prolonger leur vie jufqu’au-dèlà du
terme ordinaire. Il prédit.qu’il- vivroit cent c in quante
ans, & qu’alors il feroit frappé de la foudre;
il étoit de fon intérêt de faire croire qu’il mourrait
par un accident, pour ne pas décrier les -,
promeffes qu’il faifoit aux autres de prolonger leur
exiftence, & de reétifier les vices dé la nature.
Ses précüâions furent démenties par l’événement
: il mourut- d’un ulcère à' l’age: de foixante
& dix ans.’.
Le nom ti-Alexandre.. a.fbuvent été' déshonoré
par des impofteurs. Outre Alexandre Balès, qui enleva
la couronne à. Démétrius Soter , on voit en--
cf v:i un aventurier de ce nom qui fe difoit le fils de-
Perfée, & qui difputafon héritage aux - Romains..,
Les Macédoniens fédùits fê rangèrent fous fes
enfeignes; fon début fut brillant, mais Métellus
lin é ta dansie, colins de ferpro/gérités,. c’étoit vers I
' l’an 147 avant J. C . , Alexandre qui n’avoit aucune?
des qualités guerrières du prince dont il fe difoit
le fils , eftiiya de fréquens revers. Il fut pourfuivi:
jufqu’en Dardanie , ou il difparut fans qu’on pût -
découvrir fa retraite. ( T -n . .)
A l e x a n d r e , tyran de Phére, ( Hifloire de la-
Grèce. ) Ce prince réunit aux plus grands talensi
' qui honorent l’homme public, les vices qui dégradent
les plus obfcurs particuliers. Ses premiers pen-
chans fe déclarèrent pour la guerre, dont il
médita les principes. Les Theffaliens, qui.connoif-
foient fon ambition & l'a férocité'de fon caractère,.,
n’osèrent le mettre à la tête de leurs armées. Alexandre
, trop fier pour vieillir dans des emplois -
fùhaltèmes, fe fraya une route au commandement
par le meurtre du génétal Poliphron s’érigea,
en tyran de la Theffalie, dont fon crime l’avoit
rendu l’exécration. Magnifique dans fes dons , t e r rible
dans fes vengeances, il impofâ ftlence à la-,
haine, & fe fit de tous les hommes pervers d’avides
& zélés partifans. Les foldats , juges & té - -
. moins de fa valeur, fermèrent les yeux fur fes
vices , pour ne lès ouvrir que fur les récompenfes-
qu’il leur prodiguoit. Dès qu’il fe vit. à la tête de
vingt mille brigands aguerris,. il crut pouvoir
tout enfreindre avec impunité. Les plus vertueux,!,
citoyens lui parurent autant d’ennemis, & les plus
riches furent fes victimes. Leurs dépouilles furent.
le partage d’une foldatefque effrénée. Les femmes;
furent enlevées du lit de leurs époux, & les filles .
furent arrachées des bras de leurs mères. Les Thef-
falîens accablés d’un tel joug ,implorerentlè fecours^
des Thébains. Pélopidas, qui leur, fut envoyé,.,
réduifit le tyran à recevoir là loi qu’il daigna luU
prefcrire. Mais Alexandre n’avoit foufcrit au traiter
qu’avec le projet de Enfreindre. Le général Thé—
bain pouvoît Ten punir; mais :il lui parut plus digne-
de lui, d’employer la douceur, pour apprivoiferr
ce caratière farouche ; il vint le trouver fans autre -
efeorte quiun ami. Le tyran le voyant fans défenfe.
ne rougit point de fé. faifir de lui & de. le jetter
dans une prifon où i l le fit traiter, avec la plus,,
grande rigueur.
Les Thébains, indignés de l’outrage fait à leur •
général, envoyèrent en Tlieffalie, une nouvelle-
armée fous les ordres de deux généraux fans cou* ,
rage & fans capacité. Alexandre les combattit avec
avantage, jufqu’au momenfOÙ les Thébains mirent ?
à leur tête Épaminondâs , plus digne de leur -
commander.. La réputation de ce grand homme
rendit le tyran plus traitable & plus fournis : Epa- -
minondas négocia au lieu de le combattre ; il crai~-
gnoitqu’Alexandre aigripar une nouvelle défaite,ne
fit éprouver fâ férocité à l’illuftre captif qu’il tenoit :
dans fes fers ; aînfi il fut .redevable de fon falùt à .;
la.crainte qti’infpiroient fes cruautés. La paix fut,
conclue, & Pélopidas fortit de fa prifon. Dès que??
lés Thébains furent éloignés, le tyran renouvella?.
fés violences & fes injuftices, Pélopidas, rappellè;?
par les cris, d’un - peuple, fouffrant, . fe. jtnet,à..la..
stête de fept mille hommes, & marche contre "Alexandre
, qui lui en oppofe vingt mille ,exercés dans
• toutes fortes de brigandages. L’aétiôn s’engage dans
les plaines de Cynocéphale; Pélopidas, qui avoit .
fa patrie & fes injures particulières à venger » oublie
qu’il eft général ,& n’a plus que l’intrépidité
■ d’un foldat; il apperçoit le tyran , il le défie au
• combat du gefte & de la voix ; il périt accablé d une
grêle de traits, fon génie lui furvit, & préfide
après fa mort aux mouvemens de fon année. Ale- |
xandre vaincu eft forcé de rendre toutes les places,
il s’engage par ferment à ne plus porter les armes
Tous les ordres dès Thébains. Réduit à fimpuif*
fance de nuire, la débauche fut fa feule reffource -,
& ne pouvant plus exercer fes cruautés fur
les citoyens, il les fit fentir à fa femme & à fes
efclaves. Enfin devenu odieux à tous, il fut affafr
finè ’par fa femme, & par fes frères ( vèrs l’an
3 67 avant l’ère chrétienne. ) ( T-n . )
A l e x a n d r e , ( Hijl. de Pologne, ) Après la
'mort de Jean Albert, . trois fils de Cafimir IV
prétendirent au trône de Pologne, ôc partagèrent
les fuffrages de la diète. C ’étoient Ladiflas ,roi de
Bohême ôc de Hongrie; $igifmond,duc de Glo-
gaw ; & Alexandre, grand duc de Lithuanie. Le
■ premier s’-efforÇoit de fubjuguer les efprits par fa
puiffance -, & de corrompre les coeurs par fes .
ypréfens. Le fécond n’oppofoit à fes deux concur-
rens, que fes vertus & 1 eftime publique. Un plus
-grand intérêt décida la diète en faveur du troifième;
•on faifit le moment d’éteindre ces haines nationales
, fi funeftes à la Lithuanie & à la Pologne,
-& de -former un même corps politique de deux
peuples fi long-tems rivaux. Les Lithuaniens , flattés
de voir la couronne fur la tête de leur duc ,
'confentirent à la réunion, & obtinrent le droit de
voter dans les élections. Alexandre fut donc couronné
en 1501 ; mais Hélène fon époufe,fille du
«tzar ne le fut pas ; la nation lui fit un crùne de fon
^attachement au fchifme des Grecs. Alexandre cal- ^
ma les reffentimens de fon beaü-pere qui avoit
Juré d’exterminer les Lithuaniens. Ce peuple cul-
tivoit fes champs en paix, lorfque les Tartares,
qui n’étoient arrêtés ni par le fouvenir de leurs
anciennes défaites , ni par la foi des traités, vinrent
fondre tout-à-coup fur la Lithuanie. Alexandre
étoit malade, & toucboit prefque à fes derniers
momens ; il fe fit porter en litière à la tête de fon
armée, anima fes foldats d’une voix mourante,
& les conjura de donner à fes yeux Te fpeâàcle
(d’une vitioire, avant qu’ils fe fermaffent pour
jamais. On étoit déjà arrivé à la vue des ennemis ;
le général Stanillas Kiska rangea les troupes en
bataille , diftribua les poftes , & donna le lignai
-tlu combat. Les Tartares furent vaincus ; le roi
■ étoit expirant, & fon ame fembloit s’arrêter pour
•apprendre le fuccès de la bataille, On vint lui
-annoncer qu’elle étoit gagnée ; il leva les yeux
au ciel, & mourut le 19 Août 1506. C’étoit un
prince ^mélancolique & taciturne ; il lutta 3 mais
en valn^ avec le fecours de la mufique contre le
noir chagrin.qui lé rongeoit. Il étoit plus fevèrc
qu’équitable, & moins généreux que prodigue. I
régna quatorze ans en Lithuanie & cinq en Polo
gne. ( M. v e S a c y . )
Alexandre, (H ijl. de Pologne. ) fils de Jean
Sobieski, roi de Pologne. L’hiftoire de ce prince
n’eft remarquable que par une contradiftion fingulie-
re. Eni 697 il fe mit fur les rangs avec les autres pre-
tendans à la couronne de Pologne; en 1704 Charles
XII la lui offrit , & il ta refufa. Le motif de fon
refus , étoit l’exclufion qu’on avoit donnée à fon
frère aîné; mais dans la diète de 1697 il concou»
roit avec ce même frère , & s’efforçoit de le fup-
pla’nter. Il eft difficile de pénétrer les raifons de
cette conduite. ( M. d e S a c y . )
Tl y a eu huit papes du nom d’Alexandre. Le
premier a le titre de faint.
C ’eft du troifième qu’on a dit que l’empereuf
Frédéric Barberouffe étant allé fe jetter à fes pieds
à Venifè, pour lui demander pardon d’avoir fou-
tenu, contre ,lui plufieurs anti-pâpes , Alexandre eut
l’infolence de mettre à l’empereur le pied fur la
tête , en citant ce paffage : 'Super afpidem & Bafi-
lifcutn ambulabis & conculcabis leonem C draconem..
» Vous marcherez fur l’àfpic & fur lè bafilic, &
» vous foulerez aux pieds le lion & le dragon ».
Frédéric, d it-on , répondit-: Non tïbi, fed Petro.
» C ’eft a Pierre , non à vous, que ces paroles ont
» été dites , ou que je me foumets », Alexandre
répliqua-: Et mihi & Petro. En effet la diftinc-
tion de l’empereur ne valoit rien ; fi les puiffances
dévoient être foumifes à faint Pierre dans les chofes
temporelles, elles fievoient aufli l’être à fon fuc-
ceffeur. Frédéric, en faifant ainfile théologien hors
de propos , au lieu de faire le prince , réfutoit fort
mal le pape, & lui donnoit trop d’avantage. Mais
le cardinal Baronius & d’autres écrivains eccléfiaf-
tiques traitent cette hiftoire de fable , & la réfutent
par les lettres mêmes $ Alexandre I I I , contenant
la relation de cette entrevue. Alexandre III
mourut le 27 août 1181. Ce fut lui qui donna aux
doges de Venife le droit d’époufer la mer Adriatique
, en reconnoiffaïice de ce que le doge Ziani
l’avoit défendu Contre l’empereur Frédéric Barbe-
roufle, & avoit gagné pour fes intérêts un combat
naval, où le prince Othon , fils de Barberouffe,
avoit été. pris. Alexandre ÎII eft aufli le premier
pape qui ait réfervé au faint Siège la canonifation
des faints.
. Alexandre. V n’a de remarquable que d’être devenu
pontife après avoir été mendiant. Mort en
1410. , .
Mais Alexandre V I , le Néron de la papauté,
eft-un de ces hommes condamnés , comme dit Pope ,
d une renommée éternelle. Il n’y , a point de crimes
qu’on ne lui impute , le moindre eft encore l’hpr-
. rible fimonie fur laquelle on fit ces deux vers:
Vendît Alexander claves , altaria , chrîfium :
Vendere jure potejl t emeratille priùs.
l i i