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Afpafie » laquelle fe nommoit Milto ; elle fut la
maîtreffe de Cyrus le jeune, frère d’Artaxercès
Mnemon ; ce prince eut pour elle la même ten-
dreiTe que Périclês avoit eue pour Afpafie de Milet,
dont il voulut qu’elle prît le nom , il ne faifoit rien
uon plus, fans fes confeils. Lorfque le jeune Cyrus
eut péri dans fa malheureufe expédition contre
Artaxerces fon frère , Artaxercès, qui avoit beau-'
■ coup entendu parler des charmes ‘ 8c des talens
à Afpafie & qui entendoit beaucoup parler de fa
douleur, voulut la voir pour la confoler,il la confcla
ai bien qu’ils refièrent attachés l’un à l’autre pendant
trente-fept ans, au bout defqueîs , Afpafie,
dit-on , confervoit encore afièz de charmes, pour
que Darius, fils d’Artaxercès, en devînt amoureux
& engageât fon père à la lui céder, & pour qu’en-
.luite Artaxercès devenant jaloux du'bonheur de
ion fils & fe repentant de fa condefcendance, reprît
Afpafie a Darius $ mais il ne la garda pas longtemps;
il la confacra au fervice des autels , il la
fit prêtreffe du Soleil ou de Diane, d’autres difent
de Vénus & c’eft un mot qu’il faut ici entendre
au propre. Le jeune Cyrus avoit été tué la quav
trième année de la 94 Olympiade , qui tombe à
l ’an 401 avant J. C. &, c’eft, dit-on , vers la première
année delà cent quatrième Olympiade, 364
ans avant j> C. que Darius obint Afpafie d’Arta-
xercês ion père.
La première ■ Afpafie, étoit fille‘d’un milèfien ,
nommée Axiocus, la fécondé d’un phocéen nommée
Hermontïne.
ASPENDIUS, ( Hifi. anc. ) célèbre joueur de
ly r e , ainfi nommé, d’Afpende en Pamphilie lieu'
de fa naiffance, a donné lieu .'à, divers proverbes
chez les anciens»par le fingulier, talent qu’il avoit
de toucher les cordes de la'main gauche avec
tant de délicateffe qu’il n’étoft prefque entendu que
de lui feul, ce qui faifoit dire de lui mihi & fidï-
bus cano , en eonféquence on difoit de ceux qui
ne travailloient que pour eux-mêmes & qui ne
fongeoient qu’à leurs intérêts particuliers : défi le mu-
ficien Afpendius, il ne joue que pour lu i, & on. appela
i t les voleurs,fur-tout les filoux,joueurs Afptndiens,
parcequ’ils tâchent toujours de n’être entendus de
perfoniie en volant.
ASSADLok Ass: di , nom d’un célèbre poète
Perfan , dont parle d’Herbelot, dans i a “bibliothèque
orientale.
ASSÀRHADDON. Voyeç As a rhaddon.
. ASS A S, (le chevalier d’) guerrier, dont la France
n’oubliera jamais le généreux dévouement à l’affaire j
de Cloftercamp en Allemagne en 1760, il étoit
capitaine* au régiment d’Auvergne ; ce régiment |
étoit pofté près d’un bois ; de peur de furprife , le j
cheyalier crut devoir fonder ce bois, pour s’affurer !
qu’aucun détachement ennemi n’y étoit caché, |
il y entra feul pendant la nuit avec précaution, I
pour voir s’il n’entendroit & «’appercevroit rien I
de fu.peft. A peine eut-il fait quelques pas, qu’il J
fut environné d’une troupe d’ennemis y qui lui |
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appuyant leurs bayonnetes fur la poitrine, le me»
nacèrent de le tuer à l-’inftant, s’il pouffoit un
cri. Il ne leur répondit qu’en criant de toute fa
force : Auvergne ,, faites feu , ce font les ennemis , &
il tombe percé de coups. Ce dévouement digne-
des plus beaux temps de la Grèce & de Rome *
etoit tombé dansl’oubli ; il fut réfervé à Louis X V I ,
d’honorer dignement la mémoire du chevalier à'Af-
fi a cr^é une penfion de mille livres, héréditaire
de mâle en mâle à perpétuité dans la famille
du chevalier & qu’on peut appeller la penfion dit
dévouement ; c’eft line forte de fubftitution graduelle
& perpétuelle, la plus noble qui ait jamais été.
faite.
L’avanture du chevalier â'Afias. rappelle l’hif-
toire moins connue d’un foîdat francois qui , en-
1525, dans les guerres de Charles-<J>uint & de
François I , s’expofa plus volontairement & avec
bien moins de nécefïité à un danger à peu près;
femblable & s’en tira beaucoup plus heureufement
pour lu i, quoi que fon projet eût mal réuffi à quelques
égards. C’étoit un foldat de lagarnifon d’Hef-
din , nommé Bâtard ; il avoit été pris par les
foldats impériaux & conduit à Béthune ; le comte?
de Fiennes , gouverneur de Flandre , & le duo
d Arfcot, commandant des troupes impériales dans
les Pays-Bas, tentèrent de le corrompre ; ils lui;
' donnèrent là liberté & lui promirent une grande
recompenfe s il .pouvoir leur livrer le château-"'
d Hefclin. Bâtard s’y engagea ; il leur dît que les clefs
.. fie ce château font entre les mains d’un de fes amis ».
qu’il le mettra facilement dans fes intérêts ; qu’il va?
, concerter cette entreprife avec lui,, que les François-
ne pourront rien foupçonner & le croiront envoyé.
à. Hefdin pour,traiter de fa rançon avee^fa famille,.
Bâtard étoit fidèle, 8c n’employoit cet artifice
que pour furpréndre les. ennemis. Arrivé à Hef-
din , fon premier foin fut d’avertir Créquy de;
Pontdormi, qui commandoit en Picardie fous le
duc de Vendôme, gouverneur de la province,..
& de lui rendre compte de la propofition qu’on-,
lui avoit faire & de ce qu’il avoit répondu. Pont-
dormi lui ordonne d’entretenir fa fauffe intelligence-
avec les Impériaux, & de les amener , s’il peut y.
dans Hefdin, fur l’efpérance de les rendre maîtres;
du château. Pontdormi remplit le parc de troupes-
choifies, il fait faire une herfe derrière la porte Y
pour la faire tomber, quand une partie des enne--1
mies feroit entré dans le parc; un ravelin placé
près de fe porte, & par lequel les Impériaux-
dévoient néceffairement paffer, fut rempli de barils,
de poudre & d’artifices couverts de paille oûv
Ion çlevoit mettre le feu, quand les ennemis fe--.
roienr entres dans le ravelin. Pontdormi fe place
au-cjefTus de la porte près de la herfe , & attend l’ef— •
fet des intrigues de Bâtard ; celui-ci.ay a nt affur é les..
Impériaux.'du fuccès de l’entreprife, arrive.pen- .
dans la nuit -avec le comte de Fiennes , le duc
d’Arfcot , & un detfchement conlîdérable d’Impé- :
riayx» Le duc dArkot prit les plus grandes p r é - ,
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cautions. Bâtard marchoit au . premier rang, lié ,
entouré, de quatre foldats, qui avoient ordre de
le poignarder, s'ils appèr ce voient quelque trahifon.
Bâtard .lionne un coup de fifflet ; on lui répond;
il demande à voix baffe : efi-il temps? on répond :
oui. La porte fe trouve ouverte, & les foldats
Impériaux entrent avec lui à la file. Quand Pontdormi
cnit qu’il en étoit entré un affez grand
nombre, il ordonna de bàiffer la herfe, mais le
bois s’étant apparemment déjetté, la herfe ne
tomba qu’à moitié, & ne ferma point le paffage.
Pontdormi ordonne aufii-tôt qu’on mette le feu aux
poudres du ravelin,qu’on jette lés fufées & les faucif-
fes ; on veut lui obéir, on fe preffe en tumulte , Com-
rae dans toutes les expéditions nofturnes ; une
fufée échappe des mains de l’ingénieur , eft portée
à la fenêtre où étoit Pontdormi, crève &. lui
brûle le vifage. Pour comble de malheur, Pontdormi
parloit en ce moment pour donner fes
ordres, le feu lui entre par la'bouche avec tant
de violence qu’il eut auffi les inteftins- tout brûlés
, il tomba fans connoiffànce ne recouvra
le fehtiment que pour expirer au bout de deux
jours dans des douleurs inexprimables.. Canaples,
fon neveu, ne put le remplacer, le même coup
.lui ayant brûlé une partie du vifage & l’ayant
prefque aveuglé ; les autres officiers,confternés .de ce
malheur, n’étant peut-être point d’ailleurs dans le fe-
cret? n’ofent ou ne peuvent donner les ordres nécef-
fairés ; on 4e contente de faire prifoimiers ceux
des Impériaux qui étoient entrés dans -le parc,
on ne pdurfuit point ceux qui étoient reftés au dehors,
& qui fe voyant trahis, avoient pris la fuite.
Bâtard, au travers de tout ce défôrdre, fut éviter
la mort, en promettant la vie aux quatre foldats
qui le gardpient, & qui fe rendirent à lui. C ’étoit
un fpe&acle affez fingulier que quatre hommes !
bien armés, qui s’avouoient les prifonniers d’un !
homme,qu’ils tenoient défarmé & garotté.
ASSASSINS, ( Hifi. mod. ) l’ufage a tellement
fixé ce mo,t à la lignification de meurtriers , qu’on
a oublié & qu’ôn ignore affez communément qu’il
défignoit dans l’origine, un peuple,, qui a donné
fon nom à l’affamnat, comme les Bulgares ont
doniié le leur au péché contre nature ; ce n’eft ;
pas que parmi les innombrables étymologies qu’on
a- données de ce nom ÜAJfaJfins ,il n’y en ait plu-
fieurs qui fuppôfent qu’il avoit,. dès l’origine , la •
même fignification qu'il a aujourd’hui ; auffi des
favaiis doutent-ils que les AJfafiins s’appellaffent eux-
mêmes de ce nom ; c’eft plutôt, difeut-ils, celui que
leur donnoientjeurs ennemis ; pour eux, il paroît
qu’ils prenoient celui de Bathéniens, qui figninç
illum in é sou celui d’Ifmaëliens, comme tenant
leur doéîrine d’Ifmaël , fils de Giafar. Ils étoient
d'une feifte mahometane. Ce qui les diftinguoit,
étoit une obéiffance aveugle oc fanatique aux: ordres
de leur-chef, qu’on appelloit Xancien ou le
vieux de la Montagne, apparemment^ parce que
ce chef qui étoit électif, étoit ordinairement choifi
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| parmi les vieillards, à caufe de fon expérience. Le>
j mot arabe Schéik/i, qui eft le titre de ce chef, répond
au mot latin Senior, dont nous avons fait
celui de Seigneur, qui n’a rapport qu’à la puiffance.
& à l’autorité, & nullement à l’âge. Quant an
au nom de la Montagne, il défignoit la réfidence
de.ce chef & de fon. peuple dans les montagnes du
Liban. On diftingue, autant qu’on peut voir clair
dans ces obfcijrités, les AJfajfins de Syrie , ceux-là
étoient établis dans les montagnes du Liban &
de l’anti-Liban, & les AjJâJfins de Perfe ; & on
croit que ceux de la Syrie étoient venus
de la Perfe & même que le chef des Afiâfiins
de la Syrie , n’étoit que le lieutenant du v.érica-.
ble Senieur de la montagne , qui étoit celui.de
Perfe. Quoiqu’il en foit, le dévouement des
Affaffîns à leur . Schéikh étoit t e l , que quand il
avoit befoin ou de leur bras ou de leur vie»
jamais il n’éprouvoit de réfxftance. Plufieurs hifto-
riens rapportent qu’un député du calife étant
venu l’exhorter à fe foumettre, pour toute ré-.
; ponfe, il fit venir en prefence de ce député,
deux ou trois de fes fujets, donna ordre à l’un
de fe tuer d’un coup de poignard, à , l’autre de
fe précipiter du haut d’une montagne ou d’une
toûr. n J’ai, lui dit-il enfuite, foixante & dix mille
n hommes animés du même elprit ; dites à votte
;• v maître qu’avêc de tel fujets on ne fe foumet à
‘ « perfonne. » Henri II,comte de Champagne,paffant
fur les terres deâ AjJâJfins & à la cour de leur
chef , vit ce chef faire lin figne, 8c auffi-tôt
trois jeunes gens, vêtus de blanc, fe précipitèrent
d’une' tour voifine. Un hiftorien grec du Bas-Empire,
Nicétas Choniate , dit que les AJfajfins, au
fimple mouvement des fourcils de leur prince,
fe jettoient dans l’eau, dans le feu, ou fur la
pointe des armes qu’-on leur préfentoit.
Le principe de ce dévouement, eft dit-on, que
; leur Schéikh lès enivroit par des breuvages iin-
; guliers, qu’il les faifoit tranfporter pendant leur
i fommeil dans des jardins cbarmans , où il leur
1 dohnoit un avant goût des délices du paradis qu’il
leur promettoit après leur mort t, pour prix de
I l’obéiffance fans bornes qu’il exigeoit deux.
Il les/ employoit ordinairement à fe défaire par
le poignard , de tous fes ennemis & dès fouve-
; rains qui lui déplaifoient. Par-là il s’étoit rendu re-
; doutable à tous, d’autant plus que les divers.
; fouverains avoient recours à lui pour être défaits.
; auffi de leurs ennemis. Le Schéikh, bien payé, leur
donnoit quelques-uns de fes obéiffans AJfajfins,
> & ils étoient feirvis à fouhait. Les croifades fur-
i tout, en faifant voir de plus près au vieux de la
s Montagne divers fouverains de l’Europe & de
| l’A fie , & en lui fournifiànt des occafions d’entrer
dans leurs intérêts & dans leurs affaires, donnèrent-
1 lieu à plufieurs de ces affaffinats. Ce frirent les
j fujets .du vieux de la Montagne qui -affaffinèrent
[ en i 1-48- Raimond II comte dé Tripoîy, en 119a
C onrard, marquis de Montferrat ; ce furent eux
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