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dont ils^jouent pendant leurs prières. Ce dieu n’a
point de lieutenant comme celui de la fefte de
Samarath, mais il fait tout par lui-même. Ces
tant ans ne vivent ordinairement que d’herbes &
de légumes, de beurre frais , & dé lait.
Le meilleur mets eft Yatfchia, qui eft compolê
de citrons confits au fel avec du gingembre, de
l’ail , & de la graine de moutarde. Ceux dé cette
feéle fe mêlent la plupart dé marchandife , & entendent
merveilleufement bien le commercé. Leurs
femmes ne fe brûlent point fur le bûcher de leurs
maris , comme celles de la fe&e de Samarath :
mais elles demeurent toujours veuves. Mandeflo,
tom. IL £ Olearius ( G. )
BISZESTIA ou BECZESTïEi ( Hijl. mod. ) on
nomme ainfi en Rulîie la punition impofée à ceux
qui ont injurié quelqu’un : elle confine dans une
amendé pécuniaire proportionnée au rang dé celui
qui a reçu l’injure; fi ce ft un boyard, l’amende
v a quelquefois à deux mille roublès : fi celui qui
a fait l’injure eft infolvable, on l’envoie à celui
qu’il a lé fé , qui eft maître d’èn faire un efclave-,
©u de lui faire donner le khoute. { A . R .}
B I Z B A N I du Bizehami , ( Hijl. mod. ) on
nomme ainfi à la cour du grand-feigneur un certain
nombre de fourds- & muets : ils font en état
nôn-feulement de fe faire entendre par lignes ,
mais encore de tenir un difcours luivi dé cette
façon. Au refte, l’ufage de parler par figues eft
£. commun dans le ferrail, que prefque tout le
monde y entend ce langage. Ôn choifit quelques-
uns de ces bi^bànis pour fer vit de bouffons à amu*
fer la hauteffe. ( A: R. )
BIZOT , ( Pierre ) ( Hift^ litt. mod. ) auteur
de Yhijloire métallique de la république de Hollande ;
ouvrage dont il y a plufieurs éditions , entre
autres une fort belle , donnée en 1688,. à Amfter-
-dam, en 3 vol. in-8°. Cet auteur étoit un chanoine
du diocèfe de Bourges, mort en 1696,
âgé de 66 ans.
B LA K E , B LÀ A K E , W BLAAK ou B L A C K ,
( R ob ert) {Hijl. d'Anglèt.) fameux amiral d’Angleterre
, lous Cromwel, & qui par fes fuccèsTu*
|5ùêr , fit la gloire de l’Angleterre , fous cet ufur-
^pateur. La guerre qu’il plut à Cromwel de déclarer
en 1653,. à la Hollande, pour la punir de
. quelques foibles fecours qu’elle avoit fournis à
*-Charles 33, & de l’inclination qu’il lui fuppofoit
p our la maifon Stuart, eut pour principal effet
d ’annoncer à l’europe, d’un côté, l’amiral Blake,
d iï fautre, lés amiraux Tromp & Ruyter, comme
les.* plus grands hommes de mer de leur temps.
BL ake envoyé en 175 5 contre les Barbarefques,
can one Tunis , brûle neuf varffeaux turcs qui y
étoi ent à la rade, débarque douze cents hommes,
taille én pièces trois mille Tunifiens;, s’avance
vers xAlger & Tripoli, met en liberté tous les ef-
claves aaglôis; mais Cromwel ne s’éleva pas fur
ce point jufqu’à la gloire de Louis X IV , qui, en
B E K
bombardant Alger , procura la liberté aux efclaVeS
chrétiens de toute nation.
Cromwel étoit recherché par toutes les puif-
fances. La France & l’Ëfpagne , qui étôient toujours
en guerre enfemble, Ëriguoient à l’ènvi fon
alliance. Mais Cromwel n’aimoit pas l’Efpagne :
il la regardait comme un pays livré à la fuperf-
tition. Quoique tyran , if haïffoit l’inquifiiion ;
d’ailleurs le rufé Mazarin le flaftoit mieux que
les fiers Efpagnols. De plus , Cromwel, dans
l’empreffement d’illuftrer fon proteâorat, en en»
richiffant l’Angleterre, jettoit depuis long-temps
des regards jaloux fur les richeffes que les Efpagnols
poffedoient dans les Indes, cé fut'le principal
motif qui l’arma contre l’Efpagne ; l’afcendant
de l’amiral Blake & de la marine arrgloife lut
faifoit concevoir 'les plus vaftes efpérances ; en
effet Blake ruina les Efpagnols par l’enlèvement,
l’incendié ou la fubmerfion de leurs galions , tandis
que deux antres amiraux d’Angleterre, Pen &
Vénables, prenoiént la Jamaïque.
Blake avoit toujours été zélé parlementaire ; mais-
il blâmoit hautement les bourreaux de Charles I ,
Si difoit qu’il rifqueroit au fil volontiers fa vie pour
fauver celle du roi, que pour fervir la caufe du parlement.
Il avoit remis au tréfor public tout l’argent
des galions efpagnols, & n’avoit çien gardé
pour lu i.'fi mourut devant Plimouth, le 17 août
1657, au retour de fon expédition contre les Efpagnols.
-
BLAMPIN, ( T h om a s ) ( Hijl. Litt. mod. ) bé-:
nédiâin célèbre par fa belle édition des oeuvres de
5 aint-Anguftin. Né à Noyon en 1640. , mort à
Saint-Benoît-fur-Loire en 1710.
B LANC , (F rançois le ) c’eft le fameux auteur
du traité des Monnoies de France. On y joint
ordinairement- là DÎJfertation far les Monnoies de
Charlemagne &"de fes' fuccejjeurs , frappées; dans
Rome ; differtation favante & curieufe, qui établit
très-bien la fouveraineté de Charlemagne & de
fes fuccefleurs dans Rome. Le Blanc fut choifi
ponrçenfeigner l’hiftoire aux 1 enfans de France ;
mais il mourut fubitement à Verfailles, en 1698,
peu de temps après fa nomination. C’étoit un
gentil-homme du Dauphiné.
B LANC , ( C l a u d e l e ) eft auffi le nom d’un
mimftre de Louis X V ' du petit nombre des mi-
niftres foit de ce règne, foit des précédens, qui
foient rentrés dans le miniftère après en être fortis»
Il avoit été fëcrétaire d’état au département de
la guerre en 1718. Il fut mis à la baftille en 1723 ,
6 taxé à une fomme de près de huit millions; il
en fut déchargé en 1725 , rentra dans la charge de
fecrétaire d’é tat, & fut miniftre de la marine. Il
mourut en 1728.
BLANCHÂRD. Ce nom a de la réputation dans
les lettres. On diftingue i°. François Blanchard,
avocat, favaiit dans l’hiftoiré, fiir-tout dans la
partie qui concerne les généalogies. On a de lui
les Eloge? des premiers préjtdeïts à- mortier bconferl-.
B L A
Fers au parlement de Paris , 164^, in-folio. Il avoit
aufli commencé les MaîtreJ des requêtes, 1647,
Un-folio ; mais cet.ouvrage eft relié imparfait.
L’auteur vivoit encore en 1650.
. 2°. Guillaume Blanchard. , fon fils, a donùé
lin Recueil des ordonnances, édits., déclarations &
lettres-patentes des rois de France, qui concernent la
jujlice, la police & les financés , depuis Pan 897
jufyiïà préfent, c’eft-à-dire jufqu’à la fin: du règne
de Louis X IV , ‘Paris, 17 15 , deux vol. in-folip,
ouvrage qui continuera d’être, utile, jufqu’à ce que
le grand recueil des ordonnances qui s’imprime
au louvre foit entièrement achevé. Mort en 1724.
. 30, Elie Bl a n c h a r d , de l’académie des inscriptions
& bellesJettres, dont on a des rlifferta-
tions dans le recueil de l’académie, né à. Langres
le 8 juillet 1672 ., mort à Paris, en 1756 le ^ f é vrier.
C ’étoit un homme favant, moaefte; & ver-
-tueux.
BLANCHE DE CASTILLE, {Hijl. de Fr. )
Louis IX , connu fous le nom de faint Louis , ii’a-
voit pas douze ans ’ lorfqü’il monta fur le trône.
C e fut une femme , & une femme étrangère, qu’on
vit pour la première fois , fous la troifième race
de notre monarchie, ofer s’emparer de. la régence ;
jeette femme'étoit ^Blanche de Cajîille. Son mariage
.avec Louis V III, rôi de France, fils de Philippe-
Augufte , avoit été heureux & fécond: Il en étoit né
neuf fils & deux filles. Son mari tenoit-d’elle des
droits litigieux fur l’Angleterre & fur la Caftille.
'Tl eut l’imprudence de vouloir faire valoir les premiers
, & la fageffe de négliger Tes féconds ; &
Blanche, quoique ces droits lui fufîènt propres,les
négligea tous pour s’appliquer à régir & à pacifier
Ta France.
Etrangère, elle donna fa confiance à-un étranger
, le cardinal Romain Bonaventure, légat en
Trance, & l’afîocia, pour ainfi dire, au gouvernement.
Bleffés de ces nouveautés, & fe jugeant
avilis par ..l’empire d’une femme & d’un prêtre .,
les grands, que Louis le Gros & Philippe-Âugufte
^voient abainés , crurent avoir .trouvé l’ocçafien
. de reprendre leur puiffance & leur tyrannie.; ils
prirent les armes contre Blanche. On dit que cette
reine habile faifant fervir à fes deffeins la paflion
du jeune Thibaud, comte de Champagne, quelle
dédaignôit ;à quarante ans, lui ordonna d’entrer
..dans cette ligue, pour lui en révéler tous les fecrets,
& fit de fon chevalier un efpion. Quoi qu’il en
foit, la diligence de Blanche prévint tous les mou-
vemens de cette grande cabale ; elle mène fon fils
.à Rheims, & le fait facrer; elle apprend que les
rebelles s’affemblent en Bretagne ; elle marche en
Bretagne ; ils n’a voient pas fait leurs préparatifs ;
ils fe dilfipèrent & traitèrent féparément.
Blanche ne paffoit rien à fon amant ; il lui arriva ,
foit par dépit, foit par d’autres motifs , de s’écarter
quelquefois du devoir; à chaque faute, il lui .en
rcoûtoit quelques-unes de ;fes meilleures places :
.toujours châtié, toujours malheureux, Thibaud feï
L f frj
corifoloît, en chantant fes amours & les rigueurs
de fa maîtreffe ; il grava fes chanfons fur les vîtres
& fur les murs de fon château de Provins, jufqu’à
ce qu’ayant hérité du royaume de Navarre., il
s’occupa :de foins plus importants, & tranfporta
dans ce royaume de bons laboureurs de Brie Sc de
Champagne, qui le fertilisèrent & le peuplèrent.
Il n’eft pas étonnant que dans ces temps de chevalerie
, ou la galanterie étoit fi romanefque, ou
l’imagination étoit fi exaltée par la valeur & pajr
l’amour , une reine courageufe, habile, vertueùfe-,
eût fait une grande impreflion fur le coeur d’un
poëte-chevàlier,- tel que Thibaud ; cependant M.
l’évêque de la Ravalière, de l’académie des belles-
lettres,a prétendu que la reine Blanche ne fut 1 objet
ni des amours, ni des chanfons de Thibaud;-il a.
-fondé ce paradoxe fur des ràifons qui ne font pas
à dédaigner peut-être , mais qui n’empêchent pas
non plus quon ne foit encore amorifé *à fuivre
l’opinion commune.
Saint Louis fe formoit par les leçons & les
exemples de Blanche ; Thonneur de cette âdminif-
tration qui faifoit refpe&er la France , commen-
çbit à Te partager à-peu-près également entre Ta
■ mère & lui. Ce prince-, devenu majeur, règne en
effet par lui-même, mais avec toutes les déférences
qu’il devoit à une nière telle que la fienne. De
régente, elle devint premier -miniftre. Blanche ài-
moit le commandement, mais elle aimoit la gloire
de fon fils : l’accord de leurs volontés fut la fourcc
des profpérités de ce règne.
Il faut reconnoître que Blanche, qui, mâlgréTon
goût pour la domination , & malgré l’avantage de
reprendre la régence, vit avec tant de regret fon
! àfils partir pour la croifade, & le rappelloit fans
1 -ceffe avec tant d’inftances-, fe montroit plus inf-
truite que lui des devoirs de la royauté.
La mère & la femme de faint Louis ne s’aimoient
point, parce qu’elles l’aimoient trop ; l’une aurait
voulu le dominer feule, l’autre aurait voulu n’être
dominée que par lui. Louis ménagea fur ce point
leur délicateffe, par des moyens qui annoncent
une grande fimplicit© de moeurs, & des égards
recherchés. Blanche étoit jaloufe de la confiance
qu’il témoignoit à Marguerite, & toutes les fois
u’elle le trouvolt chez cette princeffe, une froideur
marquée, une aigreur involontaire atteftoit
l’altération de fon ame. Louis & Marguerite avoient
dreffé un petit chien à les avertir de l’arrivée de
Blanche , Si dès que cet animal avoit donné de
loin le fignal convenu, le roi for toit par une porte
de derrière.
Un jour Marguerite étoit mourante d’une fauiïe
couche ; Blanche , en entrant dans la chambre de
la malade, y trouve Louis qui s’empreffoit à la
fecourir ; elle craignit pour lui le fpe&acle de douleur
qui paroiffoit s’apprêter, & le prenant par la
main pour l ’emmener : Vous nave^ que faire ic i,
lnidit-elle d’un ton funelle. Eh quoi l s’écria trif*
içmeut Marguerite , ne me lai(fere^-vous jamais
ÎCkkk "a