
inconfolable de fa mort; la feule idée qui parût alors
avoir pour lui quelque douceur , étoit le témoignage
qu’il lui rendoit 8c qu’il fe rendoit,que pendant
le cours d’une fi longue vie , leur tendrefîe réciproque
n’avoit éprouvé aucune altération. Il eut le
inême attachement pour fa foeur Pomponia , avec
laquelle il fe fit un devoir de partager fa fortune :
tel fut cet homme opulent ,qiii n’ufa de fesricliéf-
ïes que pour foulager les malheureux ; ce favori
des maîtres du monde qui n’ambitionna que de les
rendre des hommes de bien; ce favant fans orgueil
, qui ne connut jamais l’envie ; ce philofo-
phe, qui ne fit fervir cette fcience qu’à régler fes
moeurs. ( T -n . ) Atticus eft èncore le nom ges, père, fils & petit-fils, dodnet tirlo fiasu tp edrifroen nuan- mot. •
Le premier étoit préfet de toute l’Afie fous l’empire
de Nervà, l’an 97 de J. C. Il trouva un tréfor
dans fa màifon ; il en avertit l’empereur , en lui
demandant ce qu’il en feroit. L’empereur répondit :
Utere invento , Ufe{ de votre tréfor. Atticus infifta ;
mais il :ejl immenfe , & trop au-dèffus de ma naiffance
& de mon état. L’empereur répliqua : Etiam abutere.
'Eh ! bien, abufeç-en. Cet Atticus étoit de Marathon;
<8c l’on prétend qu’il defcendoit de Miltiade.
Hérode- Atticus , fon fils-,, étoit fi. éloquent
qu’on l’appelloit le roi du difcours. Il-a voit compofé j
des ouvrages, mais il n’en réfie rien. On a retenu
de lui un mot : menacé dans fa vieillefle par un
un homme puiflânt ; ne Jais-tu pas, lui dit-il, qu’à
mon âge on ne craint- plus
Cet homme diftinguê par fon efprit, eut un fils
imbécille, auquel il étoit impoffible d’apprendre à
lire 8c même à difiinguer les lettres. Son pères’avifa
d’un firatagême ; ce fut de lui donner vingt-quatre
domeftiques, qui portoient chacun le nom d’une
des vingt-quatre lettres de l’alphabet, & qui en
avoient la figure peinte fur l’efiomach ; à force de
les voir 8c de les nommer , il parvint enfin 'à
lavoir lire; mais il n’alla point au-delà.
A T T ILA , {Hift. des Goths.) fils de Bendème,
arrière- fils du grand Nembrod , élevé 8c nourri
dans Engaddi ; par la grâce de D ieu, roi des Huns,
des Mèdes , des Goths , des Daces ; la terreur ,
'l ’effroi de l’univers , là verge & le fléau de Dieu.
Tels étoient les titres que prenoit cet homme farouche
, le plus redoutable & l’unique de fon ef-
pêee que nous offrent les annales du monde.
Rien n’egaloit fon orgueil ; il avoit coutume
de dire que les étoiles' tomboient devant lui;
que la voûte des cieux s’abaiffoit ; que fon poids
faifoît la terre , & qu’il étoit un matteau pour tons '
les peuples. ( CTeft allez le jargon des defpotes de
l’orient, & dans nos comédies e’eft celui des capi-
tans. ) On ne fait rien de fes premières années.,
mais on peut croire qu’elles annoncèrent qui- il
devoit être. Aidé de Ble'da- fon frère 8c fon affocié
au trône des Huns, îl ravagea toutes les provinces
de l’empire d:Orient, & força Théodofe le jeune {
à lui payer tribut. Après avoir ainfi humilié ce
prince, il lui fit chaque jour de nouveaux outrages.
« Théodofe, difoit - il infolemmént, eft ifliî.
» d’un père très-noble , ainfi que moi ; mais en
» me payant tribut, 'il eft déchu de fa nobleffe ,
» 8C eft devenu mon efclave. S’il ofe me faire' la
» guerre, ou me dreffer des embûches, je le pu-
” nirai comme un efclave rebelle & méchant».
Un jour, il lui envoya un Goth.pour ambàffadeur,
avec ordre de lui parler en ces termes : « Attila 7
» mon maître 8c le vôtre , vous ordonne de tenir
» un palais .prêt pour le recevoir. Il ne convient
» pas à Théodofe, difoit-il encore, d’être fourbe
» ou menteur : il a promis à un de mes fujets la
» fille de Saturellus en mariage ; s’il eft dans l’im-
» puiffance de l’accomplir, & qu’un de fes fujets
» ofe lui défobéir, je vole le venger ». Outre le
tribut qu’il exigeoit de l’empereur , iL recevoit les
appointemens de général. Une eirconftance fingu-
lière de la vie de cet homme étonnant, c’eft qu’iL
ne voulut foumettre les Romains que, pour avoir
droit de fes défendre : il fe déclara leur prote&eur t
lorfqu’il pouvoit être leur maître. Cependant,,
après , 1a mort de Théodofe le jeune , Marcien,,
fucceffeur de ce prince, refufà de, plier fous le
joug du barbare après avoir fait fortifier tous les-
poftes importans, il déclara qu’il ne vouloir pas
d’un femblable général. Attila prétendit en tirer-
vengeance ; il fit une irruption fur les terres de
l’empire d’Orient. Mais Marcien lui ayant ©ppofé
de bonnes troupes , il fê replia yers l’occident,
où il fe promettoit des viâoires plus faciles : il
avoit fait maffacrer fon frère Bleda , ne pouvant
fupporter d’affocié au trône. Plufieurs écrivains-
rapportent qu’il fubjugua une partie de la grande
Germanie. On né voit cependant pas qu’il ait été;
en guerre contre les peuples, de cette célèbre contrée.
Au refte, les Germains pouvoient s’être volontairement
fournis à un prince qui ne levoit aucun
impôt fur fes fujets , 8c qui, moins intéreffê.
qu’ambitieux, le contentoit de foumettre les nations
, & leur en abandonnoit les dépouilles. Attila
ne demandoit aux Huns que des hommes 8c du
fer. Les Germains , naturellement avides de gloire-
8c de butin, ne pouvoient choifir un meilleur général.
Ce fut vers l’an 451 qu’il entreprit cette
invafion fi fameufe fous le nom d’invafion d’Attila r
il avoit une armée de cinq cens mille hommes
tous dévoués à la viâoire ou à la.mort; il leur
avoit infpiré un zèle fanatique & fuperftitieux, fé
difant armé par le dieu Mars, qui lui avoit envoyé
fon égide 8c fon épée. Ces forces ne l’empêchèrent
pas de recourir à. la rufe : tous les moyens de-
réuflir entroient dans fa politique. Lorsque les.
Romains d’occident lui demandèrent contre qui il'
deftinoit fes immenfes préparatifs, il leur répondit
que c’étoit pour châtier les Vifigoths fes efclaves y
8c fe venger d’une injure que lui. avoit faite Thé©-
doric leur roi, ainfi que des' Francs qui avoient
ofé mettre le pied fiir les terres de l’empiré dont
Hs’ètolt déclaré le protefteur; dans le même temps;- 1 11 recommandât à Théodoric de ne pas prendre
l ’alarme, Murant qu’il ne venoit dans les Gaules
eue pour les partager entre les Huns & les Vifi-
eoths. Lorfqu’il eut trompé fur fes defleins V a- .
kntinien III & Théodoric , il couvrit le Danube
d’une infinité de barques : il traverfa la Pannonie,
le Norique & la Suabe ; arrivé dans les Gaules, il
marche vers Cologne ; il en chafte Merouee, oc
livre la ville au pillage 8c aux flammes. Tongres,
Trêves, Spire, Vormes , Mayence , Andernac,
Arras, Befimçon, Metz, Toul, Langres & plu-
fieurs autres villes éprouvèrent egalement la fureur
•de cet impitoyable conquérant. Les Romains, étonnés
de ces fuccès, en , conçurent ]a plus vive inquiétude.
Aétius fe rendit aufti-tqt à Arles : les-
Huns étoient devant Orléans, dont ils battoienf
les murs. Comme il n’avoit qu’une foible armee,
SI fe'tint fur la défenfive , & envoya.des députés
•aux afliégés les affurer d’un prompt fecours. Les
Orléanoîs éloient affez portes a faire une vigou-
xeufe défenfe ; le fort effrayant de leurs yoifins
étoit pour eux un aiguillon puiffant. Aetius fit,
aufli-tôt folliciter Théodoric de fe jqindre à lui ,
afin d’oppofer une digue au. torrent. yLe» .roi des
ÿifigoths- fe refufa d’abord aux follicitations du
général Romain ; il avoit refolu d attendre , pour
fe déclarer, que les Huns enflent mis le pied fur
fes terres : il étoit retenu par Attila qui 1 affuroit
toujours de fon amitié 9'Sc lui promettoit de l’af-
focier à fes conquêtes; mais le préfet Avitus fe
fervit de fon afçendant fiir l’efprit de ce prince,
& le décida pour la caufe commune. Il l’éclaira
fur les deffeins dAttila , & lui fit voir que cet,
ambitieux tendoit à fe former une monarchie uni-
verfelle ; comme on l’a remarqué , Théodoric
pouvoit-il fe flatter que le roi des Huns, qui re-
gnoit par le maffacre d’un frète, & dont le nom
étoit redouté jufqu’aux rives de l’Indus & du Ta-
naïs , eût refpeélé l’alliance des Vifigoths ? .
Tandis qu’Avitus négocioit à la cour de Théodoric
, Aétius avoit envoyé des députés au-delà
du Rhin & dans, toutes les parties des Gaules ,
où les Huns n’avoient point encore pénétré.^ Il
négocia avec tant de fiiccès, que fon armée,
fuivant Profper, fut en peu de temps prefque
suffi nombreufe que celle des ennemis ; elle étoit
compofée des Francs de la tribu de Mérouée ,
de plufieurs peuples Sarmates & Saxons., qui
avoient refiifé de fe plier au joug des Huns,
d’Armoricains aujourd’hui les Bretons, de Lifiens,
de Bourguignons fujets de Gondioche & de Chil-
pérîc, des Ripuàires qui tenoient les environs de
Cologne^ des Brions autrement Bréones que Valois
placé dans la Vindélicie, & de plufieurs autres
peuples de la Gaule celtique 6c de la Germanie,
auxquels les Romains avoient commandé
autrefois comme à leurs fujets & qu’ils étaient
charmés de compter alors parmi leurs alliés.
Lorfque cette armée, jointe à celle des Vifi-
: goths. J approcha d’Orléans cette ville étoit réduite
aux dernières extrémités ; elle étoit comme
la clef de l’Aquitaine. Attila, perfuadé qu’il etoit •
;de la dernière importance der s’en affurer , avant
l’arrivée des nations confédérées , faifoit continuer
t les affauts le jour 8ç. la nuit. Lés - afliégés; m’efpé- ;
rant plus aucun fecqurs , perdirent enfin courage , .
&, envoyèrent--ait camp des. Huns demander- grâce.
Attila n’en'faîfoit pas ; & 'tout ce qu’il leur accorda
en faveur d’Anian , leur évêque , , chef de
la députation, fut qu’ils feroiënù réduits en fervi-
tude, 6c qu’ils iroient vivre dans, quelque contrée
inhabitée de fes états. L’horreuf de la'mort Tarant
emporté fur la honte de l’efclavage , jes afliégés
ouvrirent leurs portes ,, 6è Attila en.yqya .lès prin-.
eipatix officiers faire, :1e., partage dés captifs. Ou
chargepif leurs, charjots de leurs dépouilles .; cm
lés cha^bit vers le .nçâmp, jdu .vainqueur ^ eux,
leurs ' femmes 6c leurs enfaris ., lqrfqtf Aë'tius, oc
fes alliés fiirprirent les troupes quelles Huns-
avoient .au-delà- de ïa Loire. Les Romains chargèrent
les Huns avec tarit, de ’ vigueur., que les.
troupes fe jètjéfent dans le fleiive , où fpént un
nombre prodigieux de foldats. Tous ceux" qui
étoient entrés dans Orléans pour en .enlever les
dépouilles,, furent mâffiicrés, à la referve d’un
petit nombre auquel Aman faùva la vie. Ce n’é-
toit qu’un léger échec pour Attila ; il fe retira vers
là partie des Gaules qu’il avoit conqujfe , à deffein
fans doute d’y attirer les Romains 8c les Vifigoths,
dont les. troupes étoient encore inférieures aux
Tiennes. Mais Aétius, trop fage pour s’énorgueillir
de fes premiers fuccès , fe contenta de relever les
murs d’Orléans : ce fut dans cettê ville qu’il attendit
les Francs qui n’avoient point encore j>u
le joindre. Dès qu’ils furent arrivés, il fortit d’Orléans
, 6c. avec eux 6c les autres peuples fes alliés ,
il alla chercher l’ennemi. Attila étoit dans les
plaines, de Châlons en Champagne ; ” autres*di-
1 fent de Sologne dans l’Orléanois , lorfqu’il reçut
les premières nouvelles de l’approche d’Aétius.
Sa fierté ne lui permettant pas de l’attendre dans
l’enceinte d’un camp , il donne le fignal du départ,
& marche à fa rencontre : il y eut , pendant une
nuit, :in combat dont le fuccès fit connoître combien
celui dont devoit dépendre le deftin des Gau--
les , coûteroit de fang. Un corps de Gépides , détachés
de l’armée des Huns , pour battre la campagne,
ayant rencontré une troupe de Francs,
qui précédoit celle d’Aétius dans le même deffein ,
ces deux partis fe chargèrent réciproquement ; ils
fe trouvèrent fi parfaitement égaux en nombre 8ç
en valeur, qu’aucun ne pouvant vaincre , ni fç
réfoudrè à une retraite , on ne ceffa de tuer, do
part 8c d’autre, que quand il n’y eut plus per*,
fonne en état de frapper.
Dès que les deux armées furent èn préfence ;
Attila envoya un détachement pour fe faifir d’une
Hauteur que l’on regardoit comme un pofte de la
dtrnière importance. Aétius l’ayant prévenu, les
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