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la branche de Liria en Efpagne. En 1699, il éponfa
inademoifelle de Bulkeley, dont il eut M. le maréchal
de Fitz-James.
Pendant l’intervalle de la paix de Rifwick, il alla
voyager en Italie.
Le commencement du fiècle vit naître la longue
&-funefle guerre de la fuccefiion d’Efpagne, &
mourir prefque en même temps le roi Jacques & le
roi Guillaume. En 1702, M. de Bervick alla fervir
en Flandre fous M. le duc de Bourgogne, qui avoit
avec lui le maréchal de Bouffiers ; il vit encore faire
des fautes. En 1703, encore en Flandre fousM. de
Ville roy, qui avoit avec lui le mêmé M. de Boüf-
flers ; à travers beaucoup de fautes encore, on gagna
par hafard le petit combat d’Ekeren qu’on croyoit
avoir perdu. Au retour de l’armée , M. de Berwick
fe fit naturalifer François, après en avoir obtenu la
permiflion du roi d’Angleterre Jacques III. En
1704, il alla commander en Efpagne. a Tous les
s> partis, dit M. de Montefquieii, vouloient le ga-
j > gner ; il n’entra dans aucun , & s’attachant
» uniquement au fuccès des affaires,. il ne regarda
« les intérêts particuliers que comme des intérêts
3> particuliers ; il ne penfa ni à madame des Urfins,
37 ni à O r ry , ni à l’abbé d’Etrées, ni au goût de
s» la reine , ni au penchant du roi 5 il ne penfa qu’à
. jj la monarchie. »
» Il fauva l’Efpagne, & fut rappellé. fl éprouva
3» ce que tant d’autres avoient éprouvé avant lu i,
5) que de plaire à la cour efl le plus grand ferviee
») que Fon puiffe rendre à la cour, fans quoi toutes
9> les oeuvres, pour me fervir du langage des
jj théologiens, ne font que des oeuvres mortes «.
M. de Berwick fut remplacé en Efpagne par le
maréchal de Teffé. » Quand celui-ci fut arrivé à
v> Madrid, dit M. de Berwick, il demanda natü-
9» Tellement à la reine fi elle n’avoit pas lieu d’être
47 contente de la campagne que je venois de faire.
97 Elle répondit que Ion m’eflimoit fort, & que
37 j’avois rendu de grands®fervices. Il lui fit encore
97 d’autres queflîons à mon fujet, auxquelles la
97 reine répondoit toujours d’une façon avantàgeufe
* pour moi ; fur quoi le maréchal lui dit : Mais
v pourquoi donc lave^-vous fait rappeller? — Que
97 vouiez-vous que je vous dife ? répondit cette prin-
97 ceffe ; c’ejl un grand diable d*anglais fe c , qui va
97 toujours tout droit devant lui................A mon
97 retour à Verfailles, le roi, après beaucoup de
97 difeours obligeâns, me demanda pour quelles
»> raifbns fon petit-fils lui avoit écrit pour me faire
97 oter d’Efpagne ; je répondis que puifque fa ma-
97 jeflé ne le favoit pas, j’étois fatisfait, car cela
>3 me prouvoit qu’elle n’étoit pas mécontente de
37 ma conduite «.
En 1705 , M. de Berwick, après les maréchaux
de Villars & de Montrevel, alla commander en
Languedoc , où aidé des lumières & des confeils
jde M. de Bâville, il s’appliqua fur-tout à prévenir
les troubles ; il prit, pendant l’hiver , la ville
& le château de Nice,
Au mois de février 1706 , il fut fait maréchal de
France, & fut renvoyé en Efpagne, où malgré
tous les mêmes obflacles, toujours fubfiflans , il
rétablit lés affaires qui paroiffoient défefpérées, &
remporta l’année fuivante à Almanza une des
viéloires les plus complettes & les plus fignalées
de cette guerre ; 77 mais., dit-il, en dépit de mes
77 avis , la reine & fon confeil faifoient cent mille
77 chofes de leur tête , & d’ordinaire c’étoient des
77 fautes auxquelles j’avois enfuite la peine de
77 remédiera.
En 1708, année fâcheufe , le maréchal de
Berwick ne manqua point d’occupations; 77 en quatre
77 mois de temps, dit-il, je me fuis trouvé com-
77 mander les armées du roi en Efpagne, fur le
37 Rhin, fur la Mofelle & en Flandre, fans
37 compter la patente qu’on m’avoit donnée pour
77 le Dauphiné a . En Flandre, il vit encore faire
bien des fautes qu’il tâcha en vain & de prévenir
& de réparer. Tous fes projets furent rejettés , &
on eut toujours à fe repentir de rie les avoir pas
fuivis ; il paroît que M. de Vendôme ne put fe
défendre de quelque jaloufie à fon, égard , & que
ce fentimçnt indigne d’un fl. grand homme, en le
rendant contraire aux vues de M. de Berwick,
influa trop fur fes déterminations & fur les opérations
de cette malheureufe campagne.
Les gens du métier comparent la belle & fa«,
vante défenfe du Dauphiné par le maréchal de
Berwick, pendant lçs campagnes de 1709,1710
1 7 1 1 , 1712 avec les campagnes qu’avoient faites
dans le même pays, & pouri le même objet, Mv
de Catinat en 1692 , & M. le maréchal de Villars
en 1708 , & ces trois grands généraux ont chacun
leurs partifans.
tA la fin de 1709, le roi érigea la terre de
Wa rti, près Clermont en Beauvoifis , en duché«,
pairie , pour le maréchal de Berwick, & fes hé ri«
tiers mâles du fécond lit. Le nom de Warty fut
changé en celui de Fitzr James, que porte aujourd’hui
ce duché.
Nous apprenons par les mémoires de Berwick£
que Philippe V ne demanda en 17 10 , au roi ,
fon ayeul, M. de Vendôme , que fur le refus qu’on
avoit fait de lui envoyer M. de Berwick, parçe qu’on
avoit befoirf de lui en Dauphiné.
M. de Berwick dit que le comte de Staremberg
eut l’avantage fur M. de Vendôme à la journée dé
Villa-Viciofa. Cette opinion contraire à diverfes
relations, & même à l’opinion générale, 'efl ap-?
puyéé^par une lettre du roi d’Efpagne lui-même
du î î décembre 1710.
En 1713 , le maréchal de Berwick alla commander
en Catalogue. En 1714 , il fit le ûège de Barcelone,
qu’il prit.
Il ne contribua que par des négociations & par
des voeux à la tentative qui fut faite en faveur de
Jacqués III dans les années 17 14 , 17 15, 17 16 ,
& à l’expédition que ce prince fit en Ecoflè ; le
maréchal fe contenta d’y envoyer fon fils.. Pour
E lpi»
B E R
fu i , naturalifé françois du confentement du roî
d ’Angleterre, devenu fujet du roi de France, &
officier de fa couronne , il crut devoir obéir aux
défenfes que Louis XIV & M. le régent lui firent
fucceflivement de fortir du royaume dans cette
occafion.
Au mois d’avril 17 16 , i l fut nommé commandant
en Guyenne , & c’efl là que M. de- Montef-
quieu l’a connu.
En 1718 & 1719 , il fut chargé d’un devoir qui
lui fut pénible, mais qu’il remplit dans toute fa
rigueur, Celui de faire la guerre à ce même Philippe
V , qu’il avoit tant contribué à placer fur le
trône d’Efpagne, & qui en avoit paru fi recon-
noiffant, qu’il avoit fixé en Efpagne par fes bienfaits,
le fils du premier lit du maréchal, & qu’il
avoit defiré de l’y fixer lui-même.
Les foins que le maréchal prit en 1721, pour
préferver ou délivrer diverfes provinces, de la
contagion qui avoit commencé par Marfèille , forit
un grand ferviee rendu à la patrie & à l’humanité,
& qui peut fervir de modèle dans ces temps dé-
faflreux, s’ils revenoient jamais.
' Sous le miniflère de M. le duc de Bourbon,
les commandemens de province furent füpprimés ;
& depuis 1724 jufqu’en 1732, la vie du maréchal
de Berwick fut celle d’un homme privé. La guerre
de 1733 vint le tirer de cet état tranquille & heureux.
Ses confeils combattus par d’autres généraux,
qui .commençoient alors à entrer en faveur, mais
qui n’avoient ni fes titres de gloire , ni fon expérience
, firent réfoudre ce fiège de Philisbourg, où
il -fut tué d’un coup de canon le 12. juin ,.1734.
57 II avoit •commandé les armées de trois des pre-
» miers monarques dé l’éurope, des’rois de France,
» d’Efpagne & d’Angleterre ; U ‘étoit revêtu ,
>> comme pair de France & d’Angleterre, & comme
»> grand d’Efpagne, delà première dignité de chacun
J7 de ces royaumes, &,chacun de ces rois l’avoit
97 décoré de fon ordre 77.' :
Il mourut comme Turenne , & dans des con-
jon&ures à peu près femblables. 77 Jamais , dit M.
de Moritefquieu , 77 rien n’a mieux réprêfenté cet 37:; état, où l’on'fait que fe trouva la France à là
97 mort de Turenne. Je me fouviëns du moment
37 où cette nouvelle arriva : la conflerriation fut
37 générale. Tous les deux ils avoient laifie des
37 deffeins interrompus; tous les deux une arméè
97 en péril ;-toùs lés deu? finirent d’une ‘ 'iriort 3> qiii intérefiè plus que les morts communes :
37 tous les deux avoierit ce mérite modefte, pour 3> lequel1 oh aimé à1 s’a tten d r ir& que l’on aime
» à regretter n. -1
Voici le portrait- que M. de Montefquieu fait du
maréchal.
• 7> Son-air froid un peu feç, & même un peu
févêre , faifoit que quelquéfois il dufoit fèmblé
37 un peu déplacé dans notre nation , fi les grandes
»> âmes & le mérite perfonnel avoient un paysv.;'.
» Jamais perforine n’a fu mieux éviter les excès,
- Hijloire. T o in . I . Deuxieme P a r t ,
B E S ÿop
» ou., fi j’ofe me fervir de ce terme, l,£s pièges
77 des vertus t par exemple, il aiïnoif les ecclé-
77 fiaftiques. . . . . il ne pouvOit fôufFrir d’en êti e
77 gouverné 77.
Oferions - nous obferver que ce trait n’efl pas
aflez bien choifi, & ne caraâérifè pas a fiez. Il peut
être fort jufle , appliqué à M. le maréchal de
Berwick ; mais il n’y avoit alors aucun 'grand, aucun
r o i , qui, gouverné par les eccéfiafiiques ,
voulût l’être ou crût l’être ; plus on i’e fl, moins
on croit l’être. Il efl arrivé quelquefois à Louis XIV
d’arrêter le P. le Tellier , qui fe mêloit de tout,
& de lui dire : Mon père, ceci fr ejl plus affaire de
confcience,, c’efl affaire d’état. Louis XIV alors étoit
bien sûr de n’être pas gouverné par le P. le Tel-
liêr , & il éft sûr qu’il ne vouloit pas l’étre , peut-
on dire qu’il ne le fût pas ? Montefquieu continue :
77 II étoit impoflible de voir M. de Berwick &
77 de ne pas aimer la vertu, tant on voyoit de tran-
73 quillitè & de félicité dans fon ame. . . . J’ai vu
77 de loinv, dans les livres de Plutarque , ce qu’é-
77 toient les grands hommes, j’ai vu en lui de
77 plus près ce-qu’ils font : je rie connois que fa vie
77 privée ; je n’ai point vu le héros , mais l’homme'
77 dont le héros efl parti.. . . Il aimoit fes amis :
37 fa manière étoit de rendre’ dès fervices fans vous
77 rien dire ; c’étoit une main invifible qui vous
77 fervoit......... Jamais homme n’a tant pratiqué la
77 religion , & n’en a fi peu parlé..........Il haïfibit
77 ces difputes qui, fous prétexte de là gloire de
77 Dieu , ne font que des difputes perfonnel-les......
77 II alloit à celui dont i l avoit fujet dé fe plaindre 4
77 lui difoit les fentimens de fon coeur , après quoi
77 il ne difoit rien 7?.;
»i Milord Bolingbroke appelle M. le maréchal de
Berwick le meilleur grand homme qui ait- jamais
exifté, comme Cicéron a dit du fécond Scipiort
l’Africain : Nec melior vir fuit Africano quifquam ,
nec clarior. Il applique au maréchal ces vers d’Horace
à Virgile fur la mort de Quintilius :
| M uU js i l le bonis flebilis occidit J 1
m i l i flebilior quam mïhh
BESLIS , f. m. ( Hifl. mod. j c’efi: ainfi qu’on
appelle, en Turquie les valets-de-pied des gouverneurs
& des hachas; on en prend fouvent pour
en faire des janifiairès. \Â . R. j
BESLY, ( Jean) QHÏft. litt. mod.) avocat du
roi à Fontenaÿ-le-Comte en Poitou , eft auteur
d’une Hifloire de Poitou , & d’une Hijloire' des levé-
ques de Poitiers , imprimées en 16 47 ? la première
in-folio, la fécondé i/z-40. Mort en 1644.
BESOGNE ; ( Jérome) do&eur de forbonne,'
diftingué par fon zèle & par fes écrits, parmi ceux
qu’on appelle janfenifies. On a de lui YHijloire de
Port-Royal on fix vol. in-if. 'Lcs vies .des .quatre
pveques- engagés ' dans la caufe de Port-Royal, deux
vol. in-12i Le premier de ces ouvrages a paru en
1752; le fécond en 1756, On a du 'mêmeauteur