
des pélagiens,des femi-pèlagiens & de ttosmolinifies,
Ses clifciples nommés de Ton nom , les Arminiens ,
& connus'auffi fous le nom de remontrans, furent
condamnés au fynode de Dordrecht, & fortement
perlecutés par les gomariftes leurs rivaux, qui
avoient pour eux la faveur des princes d’Orange ;
mais comme les arminiens neperfécutent perfbnne,
& qu’ils enfeignent qu’il ne faut point perfécuter ;
comme la douceur & la tolérance font l’ame de
leur fe â e , ceux qui ne confidèrent ces matières
qu’humainement & politiquement , croient que
cette fe&e finira par abforber toutes les feâes réformées.
Grotius & Leclerc ont donné plus d’éclat
& de confidération au parti des arminiens, que
toute la puiffance des princes d’Orange n’a pu en
donner au parti des gomarißes. Arminius prenoit
pour devife : Bonn confcientia paradifus. On ne lit
plus fes ouvrages.
ARNAUD DE BRESSE, ( Hiß. mod. ) difciple
d’Abailard, brûlé v if à Rome en 1155, fous le
pontificat d’Adrien IV. Voyeç Adrien IV. Arnaud de Villeneuve , {Hiß. mod. ) médecin
du quatorzième fiècle, non content de quelques
fuccès dans fon art, voulut prédire la fin du
monde qu’il fixoit à l’an 133 5 ou 1345 : il voulut
dogmatifer, & fut condamné ; mais il fit faire quelques
pas à la chymie, il trouva l’efprit de v in ,
l’huile de térébentine & les 'eaux de lenteur. Il
mourut fur mer, & fut enterré à Gênes en 131 y.
On a fes oeuvres in-folio. Arnauld , (Hiß. mod. ) La famille des Amauld
fut contre les jéfuites, ce que la famille de Barca,
Amilcar, Annibal & Afdrubal fut contre les Romains.
. Antoine Amauld, fils d’un autre Antoine Amauld,
avocat-général de la reine Catherine de Médicis,
fut un avocat célèbre ,& célèbre fur-tout par fon
plaidoyer contre les jéfuites pour l’univerfité de
Paris en 1594, fource des haines perpétuées dans
fa famille & contre fa famille. Il mourut en 1619,
ayant eu de Catherine Marion , fa femme, vingt
enfans , dont dix moururent en bas âge , & dix lui
furvécurent ; favoir , quatre fils, parmi lefquels il
y en a trois de célèbres, & fix filles, qui furent
toutes religieufes, & dont deux furent célèbres ;
favoir, Angélique Amauld, abbefie & réformatrice
de Port-Roy al-des-Champs , & la mère Agnès
Amauld, religieufe dans le même monaftère, ainfi
que leurs quatre autres fceurs. Leur nièce Angélique
de Saint-Jean Amauld, fécondé fille de M.
Amauld d’Andilly, fut auffi abbefie de Port-Royal.
C’eft d’elle que M. Amauld d’Andilly difoit : Comp-
te\ que tous mes frères & tous mes enfans & moi nous
fommes des fots en comparaifon d’Angélique. L’abbefle
Angélique , fa tante , mourut en 1661. Agnès en
1671. La nièce en 1684.
L’aîné d^s fils d’Antoine Amauld fut Robert Arnauld
d’Andilly. Né en 1588, il fe retira dans la
folitude de Port-Roy al-des-Champs à l’âge de cinquante
cinq ans 3 de-là il envoyoit tous les ans à la
reine-mère, Anne d’Autriche, des fruits cultivés
de fa main , ’& que le cardinal Mazarin appel-
loit des fruits bénis. Balzac , qui a dit plufieurs mots
excellens, a dit de M. Arnauld d’Andilly : Qu il ne
rougiffoit point des vertus chrétiennes * 6’ ne tirait
point vanité des vertus morales. M. Amauld d’Andilly
mourut en 1674, ayant confervé , jufqu’à
quatre-vingt-cinq ans une vieilleffe faine & robufie.
Voici ce qu’en écrivoit un des folitaires de Port-
Royal , M. Fontaine. jj Ses yeux vifs, fa démarche
” prompte & ferme, fa voix de tonnerre, fon corps
” fain & droit, plein de vigueur, fes cheveux
» blancs, qui s’accordoient fi bien avec le vermillon
” de fon vifage, fa grâce à monter & à fe tenir à
» cheval, la fermeté de fà mémoire , la prompti-
» tude de fon efprit, l ’intrépidité de fa main , foie
» en tenant la plume, foit en taillant les arbres,
» étoient comme une efpèce d’immortalité. (Remarquons
ici en paffant le mot intrépidité employé
au propre. )
On connoîtles traductions que M. Arnauld d’Andilly
a faites des confeffions de faint Augufiïn , de
l’hiftoire des Juifs de Jofephe, des oeuvres de
fainte Thérèfe, de celles du bienheureux Jean
d’A v ila , &c. On connoît fes vies des pères du dé~
fe r t, qui ont quelquefois égaré de jeunes imaginations.
On a auffi des mémoires de fa v ie , écrits par
lui-même en deux volumes in-12 imprimés en 1,73 4;;
un poëme fur la vie de Jefus-Chrift , & quelques
autres poéfies chrétiennes.
Lorfqu’en 1671 Louis XIV fitminiftre des affaires
étrangères , M. de Pomponne , fils de M. Arnauld
d’Andfily, & que celui-ci alla faire fes remercî-
mens , en attendant l’arrivée de fon fils qui étoit
alors en ambafiade, le roi fit à M. d’Andilly un
accueil plein de grâce & de bonté, dont lé récit
a beaucoup d’agrément dans madame de Sevigné..
v Le roi caufa une heure avec le bonhomme
jj d’Andilly, auffi plaifamment, auffi bonnement,
jj auffi agréablement qu’il eft poffible : il étoit aife
jj de faire voir fon efprit à ce bon vieillard, &
jj d’attirer fa jufte admiration 3 il témoigna qu’il
v étoit plein du plaifir d’avoir choifi M. de Pom-
jj ponné, qu’il l’attendoit avec impatience, qu’il
v auroit foin de fes affaires, fâchant qu’il n’étoit
v) pas riche. Il dit au bonhomme qu’il y avoit de
jj la vanité à lui d’avoir mis dans fa préface de
jj Jofephe qu’il avoit quatre-vingts ans, que c’étoit
jj un péché : enfin on rioit, on avoit de l’efprit.
jj Le roi ajouta qu’il ne falloit pas croire qu’il le
jj laiffât en repos dans fon1 défert, qu’il l’enverroit
jj quérir, qu’il le vouloit voir comme un homme
jj illuftre par toute forte de raifons : comme le
jj bonhomme l’affuroit de fa fidélité , le roi dit qu’il
jj n’en doutoit point, & que quand on fervoit bien
jj Dieu, on fervoit bien fon roi. Enfin , ce furent
jj des merveilles 3 il eut foin de l’envoyer dîner ,
jj- & de le faire promener dans une calèche 3 fi en
jj a parlé un jour entier en l’admirant. Pour M.
jj d’Andilly , il eft tranfporté, & dit , de moment
» en moment, fentant qu’il en a befoin : il faut
» s’humilier V-. ■ ' " •
Henri Arnauld, évêque d’Angers , étoit fon
frère. Il naquit à Paris en 1597. En 1645 » ^ut
envoyé à Rome pour terminer la guerre des Bar-
berins & du pape Innocent X. La maifon Barberin
lui fit frapper une médaille, & lui érigea une fta-
tue. Il fut fait évêque d’Angers en 1649 , &*alors
il ne fut plus qu’évêque 3 il ne fe réfervoit pas un
moment, tout fon temps étoit à fes diocéfains.
Quelqu’un lui repréfentant qu’il devroit au moins
prendre un jour dans chaque femaine pour fe re-
pofer : Donnez-moi donc, dit-il, un jour ou je ne fois pas
évêque. La ville d’Angers s’étant révoltée en 165 2%
& la reine-mère s’étant raife en marche pour la
punir, l’évêque alla au-devant d’e lle, lui donna la
communion , & lui dit : Voilà votre Dieu , madame,
qui a pardonné à fes ennemis, en-mourant fur la croix
par leurs mains. Le pardon des ennemis , & l’oübli
ou le mépris des injures étoient fes vertus favorites.
Pour exprimer à quel point fi poüfîoit l’ac-
compliffement de ce précepte. de l’évangile, on
difbit de lui, que le meilleur titre pour en obtenir des
grâces étoit de l’avoir ojfenfé. On fent bien que c’étoit
une exagération, & que s’il falloit prendre ce propos
à la lettre , ce feroit plutôt une critique qu’un
éloge. L’abbé Prévôt l’a placé dans quelques-uns de
fes romans, pour effayer de donner du ridicule à
fon janfénifme , allégorie bien gratuite qui échappe
à là plupart des lecteurs, & déplaît à ceux qui
l’apperçoivent. L’évêque d’Angers mourut en 1692,
âgé de quatre-vingt-quinze ans. Ses négociations à
la cour de Rome & en différentes cours d’Italie,
ont été publiées à Paris en cinq volumes i/z-12,
en 1748.
Mais le plus célèbre de tous les enfans d’Antoine
Arnauld, & en général de tous les Amaulds, eft
le doéteur, nommé Antoine comme fon père : c’eft
PAnnibal des .jéfuites, qui le pèrfécutèrent avec
autant d’acharnement que les Romains en montrèrent
contre le général carthaginois :
Et même par fa mort leur fureur mal éteinte
N’aiirôit jamais laiflé fes cendres en repos',
Si Dieu lui-même ici, de fon ouaille fainte,
A ces loups dévoranS, n’avoit caché les osr"
En effet ils le perfécutèrent encore après fa mort
dans fes amis & fes panégyriftes 3. ils firent un crime
à Santeuil d’avoir célébré dans des vers touchans
le^fendre attachement de M. Amauld pour Port-
Royal , & lè dépôt de fon coeur confié à cet afyle
chéri, doift les agitations de fa vie l’avoient toujours
tenti éloigné.
A d fanclasrediit fedes , cjeclûs & èxul\,
Jiojle triùmphato , tôt tempcjlatibus actus ,
Hoc portu in placido , hâc facrâ tellure quiefeit
Arnaldus, veri defcnfov ù arbiter cequi.
Illius ojfa métnôr fibi yindicet extern tellus ,
Hue calejlis amor rapidis cor tranfiulit ali s ,
' Cor nunquam avulfum nec amatis J'cdib is abj'ens.
Ce moment où le coeur de M. Arnauld eft rapporté
à Port-Royal, rappelle, mais avec plus de
pureté dans les affedions mutuelles, celui ouPierre-
le-Vénérable , prenant pitié delà foibleffehumaine,
envoie au Paraclet les cendres d’Abailard à fa fidelle
Héloïfe 3 une ame fenfible aime Santeuil d’après ces
vers intéreffans , & s’attendrit avec lui fur le grand
Amauld & fur les filles de fon coeur 3 mais la fub-
tilité fcholaftique, & la haine théologique dèffè-*
chent & flétriffent tout.
Floribus aujlrum
Perditus , & liquidus ivimiji fôntiLus aprum.
Rien né met fi bien dans fon jour le ridicule
barbare de ces fureurs de parti, que ce qui fe pafla
.en cette occafion. Les jéfuites menacèrent Santeuil
de lui faire perdre une penfion qu’il avoit de la
cour, s’il ne fe rétraâoit, & malheureufement ils
avoient alors ce pouvoir de nuire. Santeuil fut
obligé de faire un autre ouvrage dans lequel il
proteftoit de fa foumfifion à l’églife , & déclaroit
que s’il falloit regarder Amauld lui-même comme
frappé des eenfures eccléfiaftiques , Amauld même
cefferoit pour lui d’être un fage.
Ichts illo fulmine
Trabeate doclor , jam mihi non ampliùs
Arnalde fopérés. ’
Mais les jéfuites fe foucioient peu qu’on le
fournît à l’églife , ils vouloient qu’on fe fournît à
eux , & que l’on condamnât leur ennemi, ou qu’on
le regardât comme condamné 3 la petiteffe fcholaftique
perçant à travers ces grandes pallions , ils
proposèrent de mettre, Arnalde fapies , en regardant
la chofe comme jugée3 Santeuil, par accommodement,
confentit de mettre fapias , confervant
ainfi une ombre d’incertitude. O curas kominum !
On fait que M. Amauld a eu grande part à la
grammaire & à la logique , dites de Port-Royal ; il
compofa la première avec M. Lancelot 3 la fécondé
avec M. Nicole. Quant aux autres ouvrages de
ce-fameux dôéteur, comme la plupart fontpolémi-
ques, le temps leur a fait tort, foit en diminuant
l’intérêt des queftions qu’on y traite, foit en amenant
des principes différèns lur la difpute & fur la
manière même de difputer 3 auffi ces ouvrages font-
ils moins lus qu’eftimés, & moins eftimés que célèbres
3 les titres feuls de la fréquente communion ,
de la perpétuité de la fo i , annoncent des ouvrages
qu’on refpeéte , mais qu’on abandonne aux théologiens.
Quiconque fe confacre au,genre polémique
& à la guerre de plume, a fait fon choix entre fort
fiècle & les âges fuivans 3 il facrifie l’avenir au pré-
fent, -il veut amufer ou occuper fes contemporains,
il confent d’être indifférent à ceux qui viendront
après lui. Eft-ce par fes écrits polémiques que M.