
biens n’aillent groffir le trèfor du grand-feigneur, 1
quand il fc voient fans efpoir de lignée, ils choifif- |
lent un enfant dans une famille du peuple , le j
mènent au cadi, & là , en préfence & du con-
fentement de fes parens , ils déclarent qu’ils l’adoptent
pour leur enfant. En même-temps les
père & mère renoncent à tous leurs droits fur lui,
8c les remettent à celui qui l’adopte : on pafïè
un contrat en bonne forme & dès - lors l’enfant
ainft adopté ne peut être déshérité.- Milady Mon
taguë, qui rapporte çette forme d’adoption dans
fes lettres , dit avoir vu plus d’un mendiant refu-
fer de livrer ainft leurs enfans à de riches grecs,
tant la nature a de pouvoir fur le coeur d’un père
& d’une mère, quoique les pères adoptifs aient en
général beaucoup de tendreffe pour ces enfans ,
qu’ils appellent’ettyimr de leurs âmes. Cette coutume
.feroit beaucoup plus de mon goût, ajoute cettç
judicieufe angloife , que l’ufage abfurde où nous
fommes de nous attacher à notre nom. Faire le
bonheur d’un enfant que j’élève à ma manière ,
pu ( pour parler turc ) fur mes genoux, ope J ai
accoutumé à me refpeftèr comme fon père, eft,
félon moi, plus conforme à la raifon , que d’enrichir
quelqu’un qui tient des lettres , qui composent
fon nom , tout fon mérite 8c toute fon affinité.
( A . R,')
A D O R A T IO N , ( Hifl■ mol. ) manière d’élire
les papes, mais qui n’eft pas ordinaire. L eleéfion
par Adoration, fe fait lorfque les cardinaux vont
fubiteinent 8c comme entraînés par un mouvement
extraordinaire à l’Adoration uun dentreux,
8c le proclament pape. Il y a lieu de craindre dans
cette forte d’éleétion que les premiers qui e lèvent
n’entraînent les autres , & ne foient came
de l’éleflion d’un fujet auquel on n’auroit pas penfé.
D'ailleurs, quand on ne feroit point entraîné fans
réflexion, on fe joint pour l’ordinaire volontairement
aux premiers, de peur que fi L’èleélion prévaut
on n’encoure la colère de l’élu. Lorfque le
pape eft élu, on le place fur l’autel, les cardinaux
fe profternent devant lui, ce quon appelle aufft
Y Adoration du pape , quoique ce terme foit fort
impropre, l’aflion des cardinaux n’étaHt quune
aélion de refppfl. (A . R .)
ADRAMMELEC, {Hiß. fiacrée. ) Ce nom eft
dérivé, fuivant Reland , de vet. ling. Perf. c. jx ,
du perfan , & fignifie feu royal; félon d’autres il
eft abfolument hébreu, & défigne un roi magnifique.
ADORN E, (Hifl. moi,') ancienne famille de
Gènes , célèbre par plufieurs grands perfonnages,
8c par fa rivalité avec lamaifon Fregofe, adonne
plufieurs doges à la république. Les plus faqieux
fo n t, Antoine Adome, qui étoit doge , loriqu en
r sq6 les Génois fe donnèrent à Charles VI. ProJ-
ver Adome, élu , puis chaffé en 1461 , rétabli
fous un autre titre, en 1477 » & qui étoit dans
des intérêts contraires à la France. Un autre Antoine
Adome , attaché à la France du temps de
Louis X I I , & qui commandoit à Gênes pour ce
prince en 1513. 11 fut élu doge en 15 1 7 , puis
çhaflé. Les révolutions de Gênes ne peuvent ni
jfe concevoir, ni fe nombre*.
Il fe prend dans l’écriture pour une divinité
aflyrienne , dont le culte fut introduit dans la
Samarie, après la tranfplantation des Cuthéens ,
& qui fut particulièrement honorée par les habi-
tass de Sepharvajim, I F , Rois xvij. 32.
Les rabms Kimchi, Jarchi Abarbanel, lui ont
donné la figure d’un mulet ; les Thalmudiftes Babyloniens
, celle d’un paon. Mais leur fentiment
n’eft pas de grand poids lorfqu’il s’agit de cara&é-
rifer les divinités des payens , & lur-tout' celles
des Samaritains , parce qu’ils fe plaifoient à les
charger de traits ridicules 8c grotefques.
Les favans conviennent aflêz généralement que
les dieux Adrammelec 8c Hanamelec, dont il eft
parlé au même endroit', étoient la même divinité
que Moloch, dieu des Ammonites 8c des Moabites;
& ils le prouvent premièrement par les.
noms mêmes ; car MeleC, Molec , Mdcom , lignifient
également roi ,* 8c les additions adra ou adar
ôc hana ne font que des adje&ifs deftinés à relever
les attributs de cette divinité. Ainfi Adrammelec
fignifie roi magnifique 8c puijfiant du mot THfrfc
8c Hanamelec, roi exauçant , du verbe PU y y répondre.
On tire une fécondé preuve du culte même
de ces divinités , qui confiftoit, comme celui,
qu’on rendoit à Moloch , à faire paffer fes enfans
par le feu. Confültez Voflius, de Idolol. Gentil.
Pfeiffer, dub. vex. c. iij. Jurieu, Hifl. des dogmes
page. f6p. Budæi, Hifl. Ecclèfi. P. T. t. if , page
$29 , Seiden, de Dûs Syris. L. II. c* jx . ( C. C .)
ADRAMMELEÇH , fils de Sennacherib. Lui 8c
Sarazar fon frère tuèrent leur père à fon retour
de Jérufalem, où l’ange exterminateur lui avoit tué
cent quatre-vingt-cinq mille hommes. Leur frere
Afahardon s’empara du trône , 8c les deux parricides
fe réfugièrent dans l’Arménie. {A . R.fl
ADRA STE , ( Hifl. anc. ) fut un de ces infortunés
qui vivent déchirés de remords, fans s’être
rendus coupables. Il tua par imprudence fon frère ;
8c quoique ce meurtre fût involontaire, il fut Hïuinï
par fon père Gordius, roi de Phrygie, 8c fils de
Midas. Après avoir long-temps erré fans patrie *
il fe réfugia à la cour de Créfus, roi deLydie, qui
le reçut comme le fils d'un ro i, dont il étoit l’allié
8c l’ami ; mais il n’exerça envers lui l’hofpita-
lité , qu’après qu’il fe fut fournis aux purifications
ufitées en Lydie pour les meurtriers qui vouloient;
fe faire abfoudre. Un fanglier monftrueux défoloit
alors le territoire d Olympe , 8c les plus intrépides
chaffeurs n’ofoient efiayer contre lui leurs traits,-
Les habitans confternés firent fiipplier Créfus
de leur envoyer fon fils à la tête d’une jeu-
neffe courageufe, pour les délivrer de ce fléau,.
Le monarque effrayé par un fonge ou il avoit
vu fon fils Atis percé d’un dard , confentit
avec répugnance ^ leur demande, U fit appeler
Adrafle qui , depuis fon malheur, s’étoit condamné
à vivre fans gloire 8c fans éclat, 8c il lui
annonça qu’il l’avoit choifi pour accompagner fon
fils avec une troupe d’é lite, 8c tout fon équipage
de chafie. Dès qu’ils fuient arrivés fur le mont
Olympe , ils pourfuivirent fans relâche l’afiimal
furieux. Adrafle qui venoit d’être purgé d’un meurtre
, lance lin trait qui perce le malheureux A tis ,
qu’il ne voyoit pas. Créfus inconfolable de la
perte d’un nls , implore les vengeances de Jupiter
expiateur, 8c il fe plaint au dieu de l’hofpita-
lité , d’un- coup porté par un étranger qu’il avoit
reçu dans fa maifon , 8c qu’il venoit d’abfoudre.
Adrafle, plus affligé que ce père, fe préfente devant
lui ^ 8c le follicite de le faire égorger fur la tombe de
fori fils. Créfus touché de fa douleur 8c de fon défef-
poir, fut affez généreux pour lui pardonner. Adrafle
honteux de furvivre à fon frere, 8c au fils de
fon bienfaiteur , ne voulut pas que fes meurtres
reftaffent impunis. Il aflifte à la pompe funèbre
d’Atis , 8c à la fin de la cérémonie, il: s’élance
fur la tombe qu’il arrofe de fes larmes, 8c fe
plonge un poignard dans le fein. ( T-n . j
( Cette hiftoire eft intéreffante 8c nous n’avons
pas voulu la fiipprimer. Créfus ,. contemporain
de Solon 8c de Cyrus ; commence à appartenir à
l’hiftoire ; mais un temps où un fanglier effraye
les plus intrépides chaffeurs 8c oblige à demander
du lecours, appartient bien à la fable 8c fuppofe
toute la mal-adreffe 8c toute l’ignorance des temps
les plus barbares. )
ADRESSE, f. f. ( Hifl. mod. ) expreflion fingu- :
fièrement ufitée en Angleterre , où elle fignifie
placet, requête ou remontrance préfentée au roi au
nom d’un corps , pour exprimer ou notifier fes
fentimens de joie, de fatisfaclion, &c. dans quel-
qu’occafion extraordinaire. Ce mot eft françois :
il eft formé du verbe adrejfier , envoyer quelque
chofe à une perfionne.
On dit en Angleterre, Yadrefife des Lords, Ya-
drefte des communes. Ces adrejjes commencèrent à
avoir lieu fous l’adminiftration d’Olivier Cromwel.
A Paris, le lieu où s’impriment 8c fe débitent
les gazettes eft appellé Bureau d’adreffle. {H j
ADRETS , ( F r a n ç o i s d e B e a u m o n t , baron
des ) {Hifl. de France. ) c’eft ce fameux baron des
Adrets, qui pendant les guerres de religion dont
la France fut affligée fous les règnes de Charles
IX , 8c de Henri I I I , fe rendit tour-à-tour fi
redoutable aux Catholiques 8c aux huguenots du
Dauphiné 8c des provinces voifines par fa valeur
8c par fa barbarie. On fait le mot d'un foldat
qu’il faifoit précipiter, 8c qui s'arrêtait toujours
lur le bord du précipice : monfieur, je vous le donne
en dix. Ce mot valut la grâce au' foldat. Les huguenots
qui rioient des violences dy baron , tant
qu’il fut de leur parti, furent les plus ardens à les
lui reprocher quand il fe fut fait catholique , 8c
il paroît qu’ils les ont beaucoup exagérées ; dételions
toute violence, quelqu’en foit l’objet. On
a examiné à charge 8c à décharge les bonnes 8c
les mauvaifès aérions du baron des Adrets, dans
une hiftoire généalogique de "la maifon de Beaumont,
en 2 volumes in-folio , imprimée en 1770,
8c qui n’a point été mife en vente.
ÀDR IAN I, (J e a n -Baptiste ) né à Florence,
en 1511 , fut fecrétaire de la république, il mourut
dans la même ville en 1579 ; il a compcfé
en italien, l’hiftoire de fon temps , qui eft une
fuite de celle de Guichardin ; elle commence à l’an
1536, où finit celle de Guichardin, 8c vajufqu’à
l’an 1573. M. de Thou s’en eft beaucoup fervi
dans fon hiftoire. On croit que Cofme, grand duc
de Tofcane, lui avoit fourni des mémoires. Il fit
l’oraifon funèbre de ce prince 8c des empereurs
Charles-Quint 8c Ferdinand I.
ADRIEN. Il y a plufieurs perfonnages célèbres
de ce nom. i° . L’empereur romain.
A d r i e n ( CEnus) ( Hifl. rom.) fils adoptif, 8c
fucceffeur de Trajan, fortoit d’une famille illustre
, qui s’étant anciennement tranfplantée en
Efpagne , était retournée en- Italie du temps des
Scipions. Ses flatteurs prétendoient que fes ancêtres
avoient donné leur nom à la mer Adriatique.
Il naquit à Lyon; 8c fon père, en mourant
le mit fous la tutelle de Trajan qui, dans la fuite,
lui fit époufer fa petite nièce. Il étoit à la tête
des armées d’O rient, lorfqu’à la mort de Trajan
il fut proclamé empereur par les intrigues de l’impératrice
Plotine, à qui il avoit infpiré de l’amour.
Trajan avoit long-temps refufé de le nommer fon
fucceffeur, 8c ce ne fut que par complaifance pour
fa femme , qu’il confentit à ce choix. Plufieurs rivaux
lui difputèrent l’empire ; mais il les fit rentrer
dans le devoir. Un d’eux s’étant préfenté pour obtenir
fon pardon : le voilà, répondit-il en l’embraf-
fant. ( Il dit à un de fes ennemis, qui fembloit
craindre de paroître devant lui depuis qu'Adrien
était devenu tout-puiffant : vous voilà flauvé. ') Quoiqu’il
fe proposât Trajan pour modèle, il était en
lecret envieux de fa gloire. Ce fut par ce motif,
dit -on , qo’il rendit aux Parthes l’A ffyr ie, la Mé-
fopotamie 8c l’Arménie, conquêtes de Trajan. Il
voulut que l’Euphrate fût la barrière de l’empire :
il fe propofoit aufii d’abandonner la Dacie ; mais
il n’exécuta point cette réfolution imprudente,
parce qu’on lui repréfenta que ce feroit livrer les
citoyens romains à la diferétion des barbares. Trajan
avoit peuplé cette grande province, de colonies
romaines, auxquelles il avoit donné les terres 8c
les villes. A l’exemple de Trajan, il parcourut toutes
les .provinces, pour y établir l’ordre , 8c en réformer
les abus. Tant qu’il réfida dans Rome, fon
palais fut le temple des fciences 8c des arts. Les
gens de lettres perfeélionnoient leur goût avec lui,
8c les favans trouvoient à s’inftruire dans fa con-
verfation. Le philofophe Favorin difputoit fouvent
avec lui ; 8c quoiqu’il eût fouvent raifon, il avoit
la politique de lui céder la vidoire. Ses amis lui
reprochèrent cette baffe complaifance, le philofo