
Covarruvias le faît venir de l’héBreu cafach, qn!
fignifie couvrir ; d’où a été tiré le latin eu fa cahane
& cafula, diminutif du premier. Enfin il y en a
qui veulent que ce mot, ainfi que la choie qu’il
fignifie vienne de caracalla, efpèce d’habit de deflùs
qui pendoit jùfqu’aux talons. (G)
CAS A-NO V A , (Marc-Antoine ( Hifi. litt.
mod.') poëte latin, vivant à Rome, mort en 1527.
On trouve fes poëfies dans les delicioe. poetarum
îtalorum..
CASAS. ( Barthelemi de las ) ( Hiß. dIEfp. )
La mémoire de cet homme, défenfeur courageux
& fenfible de l’humanité outragée par les. conquérons
& les opprs/Teurs de l’Amérique, fera toujours
chère aux gens de bien ; c’eft le modèle de
FAlvarès A'Attire,, & le héros du roman poétique
des Incas. C’efl par fon traité intitulé : la deflruc-
tion des Indes qu’bn a connu toutes les cruautés
exercées fur les malheureux Américains ; il fut
toujours leur appui & leur confolateur contre
leurs tyrans ; il traverfa plufieurs fois les :
mers pour aller porter aux pieds de Charles-
Quint leurs juftes plaintes & le tableau fidèle de
leurs maux. Il eut pour ennemis tous ceux de
Fhumanité, tous les gouverneurs de l’Amérique
& ces doéfeurs fanguinaires , apoîogifles du meurtre
& apôtres de roppreflion. Un dbâeur Sépul-
veda jufiifia toutes les violences des vainqueurs
Caflillans , par l’exemple des Ifraëlites vainqueurs
des Cananéens. Las Cafas daigna ou plutôt ofà le
réfiiter, ce qui étoit alors néceflaire & dangereux,
g Las Cafas né à Séville en 1474, avoit fuivi à
dix-neuf ans en 1493 , Las Cafas fon pèrer qui
pafloit en Amérique avec Chriftophe Colomb. Il
fit chérir dans cette contrée le chriftianifine que
fes compagnons y faifoient abhorrer ; il put dire
comme AÏvarès :
J’en ai gagné plufieurs , je n’ai forcé perlonne*.
B fut évêque de Chiapa dans le Mexique. Il tra- I
vailla pendant cinquante ans avec le zèle de la
charité & la tendreffe de la pitié,, au falut, à la
liberté, au bonheur, au foulage ment du moins, des
Indiens. Défefpéré de l’inutilité de fes travaux,.du
mauvais fuccès de fe$combatscontre la tyrannie,
il revint en Efoagne en 15.51, âgé de 77 ansy
ayant enfin befoin de vivre pour lui, & fur-tour
de perdre de vue les crimes qu’il ne pouvoit empêcher
& les maux qu’il ite pouvoit foulager ; il
le démit de fon évêché & mourut à Madrid en
1566, âgé de quatre-vingt-douze ans. Sa deflruc-
lion des Indes a été traduite en François en 16 97,
par l’abbé de Bellegarde. On a encore de L'as
Cafas lin ouvragé latin allez rare, où îl examine
cette quefiion : Si les rois & les princes peuvent
aliéner de la couronne leurs fujets & les foumettre à
une domination étrangère. Il y difeute plufieurs points
^délicats & intéreflans fur les droits refpeétifs des
fouyerains & des peuples.
C A S A T I , (Paul) ( Hifi. litt. mod. ) jé fuite,,
contribua, dit-on à la converfion de la reine de-
Suède Chriftine ; Il étoit phyficien. On a de lut
des traités eftimés de mécanique & efhydroftati-
ques, des diflertatîons fiir le feu ; un traité d’optique
qu’il fit étant aveugle à 88 ans : né à Plai-
fance en 1617, mort à Parme en 1707.
CASAUBON ( ÏSAAC ) (Hifi. litt.. mod. ) favant
illuftre, protefiant très-modéré. Il eut un fils qui-
fe fit capucin & qui alla lui demander fa bénédiction.
Le te la donne de bien bon coeur, lui dit-il,
& ne te condamne pas. Ne me condamne pas non
plus, & ne difputons que de bonnes oeuvres. Henri IV
le fit garde de fà bibliothèque en 1603 > étant allé
un jour en Sorbonne, on lui dit voilà une fàllc
oit on difpute depuis bien des ficelés.. Eh bien , dit-il
qu’y a-t-on décidé ? Après la mort d’Henri I V , le
roi d’Angleterre, Jacques I, l’ayant attiré à fa cour v
il y mourut en 1614, & fut enterré à Weftminf-
ter. Il étoit né à. Genève en 1559. On connoit
les lettres de Cafaubon & fos commentaires fur
divers auteurs anciens, fur-teut fon commentaire
fur Perfe, où on a dit que la fiaujfe valait mieux
que le poiffotu Son examen critique des annales de
Baronius n’a point paru digne de lui ; On a dit-
qu’il n avoit attaqué V édifice du cardinal que parles
Girouettes,
Méric, fon fils , petit- fils de Henri-Etienne par
fa mère T a fait auffi des commentaires fiir plufieurs^
auteurs anciens r tels que Diogène Laerce, Hiéro-
clès, Epi&ète. Ses lettres font imprimées avecJ
celles de fon père. Sa plus grande gloire eft d'avoir
refufé d’être hiftorîographe de Cromwef,
dont il étoit devenu fujet ayant été élevé à Oxford,
& étant chanoine de Cantorberî. R étoit né'
comme fon père, à Genève ( en 1599 ) , ilmourut
en 1671.
CASAUX ou CASOUX, (Charles d e ) (Hifig
deFr.y C.et homme n’efl connu dans l’hiftoire que par
une trahifon & par le mauvais fuccès qu’elle eut,
R voulut en 1594, livrer Marféille aux ^fpagnols;
mais deux fidèles bourgeois de cette ville, Pierre
& Barthélemi Libertat firent échouer fon projet
& furent alors pour Marfèille y ce que Jean Mail?
lard avoit été pour Paris en 13 5-8. Ils battirent le
parti Efpagnol, ils tuèrent Cafaux & ils introdui-
firent dans la ville le duc de Guife ».alors aufli fi-*
dele fujet de Henri I V , que fon père avoit été redoutable
ennemi dfes rois.
CASE (Jean de la, oj/Della Casa) ( Hifi1
litt. mod. ) archevêque de Bénévent, auteur de
quelques poëfies licentieufès & d’un ouvrage eC-
timé à tous égards, intitulé, Galatée, ou la manière
de vivre dans le monde. Ses oeuvres ont été recueillies
en plufieurs volumes ïn-<40. 11 mourut à
Rome en 1556 à la veille d’être fait cardinal.
CASIMIR, ( Hifi. de Polognej) roi de Pologne.
Miceflas fon père,étoit un prince fans courage ,fans
talens, fans vertu, plongé dans dès débauches infâmes,
qu’il prenoit pour la volupté, La reine Ricfa ,
fille de Godefroy, comte Palatin, (lonnoit tous fes
foins à l’ambition, comme fon époux les donnoit 4 l’amour : elle le voyou fans jaloufie' dans les bras
de fes rivales, & ce prince ne lui envioit p::s les
rênes du gouvernement qu’elle tenoit dans fes.
mains. Le defpotifme de cette femme avoit aigri les
efprits : après la mort de fon époux, elle appesantit
encore le joug, dont tous les ordres de fétat
étoient chargés. La nation pafla du murmure à la
révolte : la reine emporta tous les tréfors qu’elle
avoit amaffés, & difparut. Son fils la fuivit : mais
il la quitta bientôt pour voyager ; ce n’étoit point
le goût des arts, &. le defir de s’inflmire dans la
icience du gouvernement, en obfervant les moeurs
des nations, qui lui infpiroient ce deflein. Il vint 4 Paris pour entendre argumenter les doéteurs, alla à Rome pour vifiter les tombeaux des apôtres, &
revint à Cluni, où il s’affubla d’un capuchon , tandis
qu’une couronne l’attendoit en Pologne.
Cet état étoit en proie à la plus horrible anarchie
; les finances étoient à l’abandon ; on ne con-
noiflbit plus, ni miniftres, ni magiftrats, ni loix.
Les brigands, après avoir dévafté, les campagnes,
entrèrent à main armée dans les villes. Ceux qu’ils
ruinoient, ne réparoient leur fortune qu’en s’afîb-
ciant à leurs brigandages. L’invafion des Ruthé-
niens & des Bohémiens redoubla la confufion. Ce
chaos dura fix ans : enfin, quand le peuple épuifé
manqua de force pour s’entre-égorger , il députa
vers Cafimir : les ambaffadeurs fe rendirent à Cluni,
& peignirent à ce prince les maux de la Pologne
avec les traits les plus touchans. Ils le conjurèrent
de les terminer en montant fur le trône. » Vous
» voulez que je fois votre maître, leur dit Cafimir y
» & je ne fuis pas le mien;.fujet d’un abbé,
» comment puis-je avoir des fujets ? Le voeu que
» j’ai prononcé me retient dans mon cloître ».
Enfin le pape lui accorda une difpenfo , mais à
des conditions allez bifarres. Chaque famille Po-
îonoife devoit payer un denier pour l’entretien
d’une lampe dans l’églife de faint Pierre à Rome.
Tous les Polonois fe foumettoient à fe faire tondre
à la manière des moines ; il leur étoit défendu de
laifler croître leurs cheveux au-deffous de l’oreille :
les gentilshommes dévoient dans les cérémonies
porter une écharpe en forme d’étole : c’e fià ce prix
que la Pologne eut un maître.
Cafimir publia une amniftie générale ; & , pour
étouffer les haines que tant de déprédations avoient
excitées,il défendit de citer perfomie en juftice pour
tous les défordres paffés. Il èpoufa Marie , foeur du
duc des Ruthéniens ; cette alliance mit la Pologne
à l’abri des ravages qu’elle avoit effuyés de la part
de ces avides voifins.
Cependant la Pologne n’étôit pas encore entièrement
foumife à l ’empire de Cafimir. Mafansqui,
dans les troubles dont l’état étoit agité, s’étoit
formé une armée d’un ramas de voleurs & d'affaf-
fins, régnoit dans un canton auquel il donna le
nom de Mafovie & méditoit la conquête de la
Pologne entière. Cafimir le prévint, lui préfenta la
bataille , la gagna, & pardonna aux vaincus. Mais
le chef des rebelles s’enfuit en Pruffe ; il fit entendre
aux peuples de cette contrée, qu’il étoit
de leur intérêt de lui aider à s’emparer du trône
de Cafimir \ & que dès qu’il en feroit pofTeffeur,
il leur céderoit les terres que les rois de Pologne
avoient envahis fur eux. Les Jaziges & les Slovoy s,
féduits par fes difeours, prirent les armes en fa
faveur : on en vint aux mains avec les Polonois
fur les bords de la Viftule ; Mafansfut vaincu : fes
alliés lui firent un crime de fa défaite, ils le pendirent
à un gibet très-élevé, & gravèrent au bas
cette infeription : il efi raifonnable que celui fioit perché
bien haut, qui a afipiré à chofies hautes. Us allèrent
enfuite implorer la clémence de Cafimir; il
leur accorda fon amitié.
Ce prince dépêcha auffi-tôt une magnifique am-
baffade vers l’ordre de. Cluni pour remercier les
moines de fa viéioire, car il ne doutoit point qu’il
n en fut redevable a leurs prières. Il leur demanda
une colonie de leur ordre pour l’établir dans fes états.
Il confacra le refie de fa vie au bonheur de fa nation
, rétablit l’ordre dans les campagnes, & mérita
le furnom de reflaurateur pacifique. Il mourut en
1058, après un règne de dix-huit ans.
C ’étoit un prince doux, humain, équitable, mais
foible. Avant la bataille où il défit les Prulfiens , il
afiùra que Dieu lui étoit apparu en fonge,& lui avoit
promis la vi&oire ; & après cette grande journée ,
il foutint avec la même ingénuité, qu’il avoit vu
dans la chaleur de la mêlée un ange monté fur un
cheval blanc qui combattoit devant lui. Son fiècle
ne fut pas plus éclairé que lui-même ; & des historiens
contemporains ont écrit que la naifiance de
ce prince avoit été annoncée par un tremblement
de terre, & fa mort par une comète. ( M. d e
S a c y . ) ^
Casimir I I , furnommé le Jufie , ( Hifloire de
Pologne. ) duc de Pologne, étoit frère de Miceflas
I I I , que le peuple aveugle dans fon amour
comme dans fa haine, éleva fur le trône en 1174
pour l’en faire defeendre trois ans après. Il y plaça
Cafimir: ce prince parut d’autant plus jufie, qu’il
fuccédoit à un tyran. Il abolit cette coutume bifarre
qui obligeoit les payfans à loger la nobleffe dans fes
voyages, à nourrir fes chevaux, & à voiturer fes
équipages. Les gentilshommes murmurèrent : les
plus pauvres pafloient leur vie à voyager & à mendier
avec orgueil ; fou vent même en exig ant de
leurs hôtes mille chofes fuperflues qu’ils vendoient
enfuite , on les voyoit s’enrichir dans cette pro-
feflion errante qui en ruine tant d’autres. Us rejet-
tèrent cet édit ; mais Cafimir fut infléxible. Miceflas
fon frère, crut que le nom d'ufurpateur alarmeroit
la confcience de ce prince équitaSle ; il lui repré-
fenta que les vains cris d’une faétion n’avoient pu
lui donnèr des droits fur le feeptre ; qu’en dépouillant
fon frère, il s’étôit rendu odieux à toutes
les âmes honnêtes; qu’enfin il ne pouvoit réparer
F f f f f a