
« Alexandre vend tou t, clefs, autels, lë chrift
» même : il peut tout vendre il a tout acheté v.
Il mérita les comparaifôns les plus odieufes.
Sextus Tarquinîus , Sextus Nero , Scxtus Sr ipfe ï
Semper & à Sextis perdit a R onia fuit.
» Sextus Tarquin, Sextus Néron , Sextus Ale-
» xandre : les Sextus ont toujours été funelles à
» Rome».
Mais la plus odieufe de toutes eft celle qu’on
faifoit de lui avec Céfar Borgia fon bâtard , qui lui
clifputoit le prix des crimes oc des vices. Une ambition
effrénée pour ce fils, un amour criminel
pour Lucrèce Borgia fa fille, furent les deux principales
fources des empoifonnemens & des affaf-
finats attribués à ce pontife. Cette Lucrèce étoit
auffi aimée de deux de fes frères, dont Céfar
Borgia étoit un;celui-ci tua fon rival, &jettafon
corps dans le Tibre ; Alexandre l’en fit, tirer pour
lui rendre les honneurs funèbres, fur quoi on fit
encore cette épigramme :
JPifcatorem hominum ne te non , fexte , putemus 3
J? i f caris naium retibus ecce tuum.
-îj Alexandre eft vraiment pêcheur d’hommes, le
» voilà qui pêche fon propre fils ».
' Plaifanterie barbare & qu’il eft affreux de faire ,
même à des mécharïs;
On croit qu'Alexandre V I étant efpagnol, cette
Taifon a fuffi aux Italiens pour le décrier avec excès,
& pour groflir la lifte de fes prétendus crimes.
Il mourut, dit-on, par un mal-entendu, qui
lui fit avaler le poifon qu’il avoit préparé pour
plufieurs cardinaux. M. de Voltaire ne croit point
ce fait, quoiqu’il croie affez aux crimes d’Alexandre
VI. » On ne s’avife guéres, dit-il, de douter
î> que le pape Alexandre V I ne foit -mort du poi-
» fon qu’il avôït préparé pour le cardinal Corneto,
5? & pour quelques autres cardinaux dont ii vou-
« T o it, dit-on ; être l’héritier. Guichardin, auteur
« contemporain , auteur refpeâê, dit qu’ on impu-
v toit la mort de ce pontife à ce crime & à ce
5) châtiment du crime; il ne dit pas que le pape
3, fût un empoifonr.eur, il le laiffe entendre, &
v l’Europe ne l ’a que trop bien entendu ».
' » Et moi, continue M. de Voltaire, j’ofe dire à
v Guichardin : l’europe eft trompée par'vous,, &
„ vous l’avez été par votre pafiion : vous étiez
» l'ennemi du pape , vous avez trop cru votre haine
» & les aéfions de’ fa vie ».
Mais quelle fi grande haine pou voit avoir pour
"Alexandre y I ce Guichardin qui n’avoit que dix
ans, lorfqu‘'Alexandre fut fait pape , & qui n’en
avoit que vingt, lorfqu Alexandre mourut ? D ’ailleurs
, qu’on life Guichardin, on n’y trouvera'au-
cune marque de haine ni de jiaftiort. M. de Voltaire
ajoute^quelques autres inductions qui ont
peut-être pliât d eforce, & qui autorifentau moins
le doute fur un évènement fi fingulier. Alexandre
V I mourut le 18 août 1503. , ?
Alexandre VII (Chigi) eft connu par le formalaire
contre Janfénius, & par la pyramide élevée
à Rome, & qui dura pendant tout fon pontificat,
monument de la réparation humiliante qu’il fut
forcé de faire à Louis XIV , pour l’infulte qite les
Corfes avoient faite an duc de ,Créquy, ambaf-
fadeur de France à Rome. Alexandre VII mourut
en 1667. On a de lui des poéfies latines imprimées
au louvre in-folio en 1656 , fous ce titre : Philoma-
thi mu fez:juvéniles»
La dextéritédé Alexandre’ VIII (Ottoboni) ap-
paifa beaucoup de troubles, que l’in flexibilité d’innocent
XI (Odefcalchi) fon prédéceffeur, avoit
fait naître. Alexandre, nommé pape àprèsde quatre-
vingt ans , s’emprêifa d’avancer fa famille, qui s’eni-
prefla de dévorer ce pontificat d’un moment. » Il eft ,
difoit le pape, » vingt-trois heures & demie ». Mort
le 1 Février 1691.
Il y a auffi du nom d’Alexandre plufieurs hommes
célèbres dans les lettres.
1 ô. Alexandre Polyhiftor , qui avoit compofé
quarante-deux traités fur divers fujets, qu’on ne
connoît que par les citations qu’on en trouve dans
plufieurs anciens auteurs, tels qu Etienne de Bi-
zance, Athénée , Plutarque, Diogène - Laërce ,
Pline, Suidas , faint Clément d’Alexandrie, faint
Cyrille. Il vivoit près d’un fiècle avant J. C.
2q. Alexandre de Halès fut précepteur de faint
Bonaventure & de faint Thomas d’Aquin. Albert
Krantz dit que Halès avoit fait voeu de ne rien re-
fufer de ce qu’on lui demanderait au nom de Marie,
& que les Cordeliers lui ayant demandé, au nom de
Marie , de prendre l’habit de faint François,^ fi.it-
là fa vocation. Il eompofa un corps de théologie,
& commenta le premier le maître des fontesces ;
il commenta auffi plufieurs livres de la bible, fans
oublier l’apocalypfe ; il fit beaucoup d’autres ouvrages
, entre autres une vie de Mahomet. On peut
lire dans l’églife du grand couvent des Cordeliers
de Paris, fon éloge en mauvais vers Léoninsrimés
en orum par les deux hemiftiches. Il eft diftingué
parmi les héros de la fcolaftique par le titre de
do fleur irréfragable. On l’appelle auffi, je ne fais
pourquoi, la Fontaine de vie. Aies ou Halès eft
le nom d’un monaftère dans le comté de Chefter,
où il avoit été élevé. Il mourut le 27 août 1245.
Il y a un autre Alexandre de Halès moins connu,
théologien de la confeffion d’Ausbourg au feizième
fiècle.
• 30. Alexandre de Paris , poète normand du treizième
fiècle ; on croit que c’eft de lui que le vers
français de douze fyllabes fut nommé Alexandrin,
foit parce qu’il fit tifage de ce vers , que Gaffe ,
auteur du Rou des Normands, avoit employé dès
le douzième fiècle, foit parce que le principal ouvrage
d'Alexandre écrit dans cette mefure de vers
eft un poème fur Alexandre le Grand. Mais Alexandre
n’eft qu’un prétexte,& le poème eft une allégorie
.continuelle du règne de Philippe-Augufte. On y
trouve quelques vers fententieux, auxquels il ne
manquerait qu’un vernis moderne pour être reîftus
& pour pafferen proverbe. Tels font ceux-ci;
N’eft pas roi qui fe faufe , & fa rézon dément. . ( .
Miex vaut amis en voie que en borfe denier...........
Pire eft riche mauvais que pauvres honorés.
4°; Alexandre d’Alexandre ( Alexander ab Alexandrej")
juriïconfulte de Naples , favant diftingué,
& principalement connu par le livre intitulé ; Dierum
genialïum, lib. 6 , fur lequel André Tiraqueau a fait
de favantes remarques. On a de lui auffi un livre
moins connu fur les fonges, les apparitions, les il-
lufions des démons , &c. Né à Naples en 1461,
mort à Rome le 2 oâobre 1523.
5 °. Noël Alexandre. ( Nxtalis Alexanderg ) lavant
dominicain du dix-feptième fiècle , eft auteur d’une
hiftoire eccléfiaftique en huit volumes in-folio. Il a
écrit auffi fur les cérémonies-chinoifes, en faveur
des dominicains contre les jéfuites. Né à Rouen le
19 janvier 1639 , mort à-Paris le 21 août 1724.
ALEXÀS, ( Hifioire des Juifs.) troifième mari
de Salomé, foeur d’Hérode le Grand, mérite de
juftes éloges pour avoir mis en liberté, après la
mort d’Hérode, les. principaux des Juifs, que ce
roi cruel avoit fait enfermer dans l’Hippodrome
de Jéricho, avec ordre à Alexas & à Salomé de
les faire mourir, auffi-tôt qu’il' auroit les yeux
fermés , afin que la Judée, affligée de la mort de
tant de perfonnes de confidération parût porter
le deuil de fon roi.
ALEXIS, c’eft le nom de plufieurs perfonnages
célèbres, 8t dans l’hiftoire ancienne, & dans l’hif-
toire moderne*
i®. A lexis, poète comique grec, oncle de Ménandre
, vivoit du temps d’Alexandre le grand,
vers l’an 336 avant J. C. on trouve des fragmens
de ce poète, dans un recueil intitulé ■. vetuflijjimo-
rum Gmcorutn bucolicagnomica.
29. Alexis eft aufli le nom dfe plufieurs empereurs
Grecs célèbres, principalement des maifons
Comnène & Lange»
Alexis , de la maifon Comnène , naquit à Conf-
tantinople, l’an 1048 , il. étoit fils de Jean Comnène
, frère de l’empereur Ifaac Comnène ; il uftir-
pa l’empire fur Nicèphore Botoniate qu’il confina
dans un cloître en 1081. l’ufurpation eft fi fréquente
dans l’hiftoire du bas empire , qu’on s’y accoutume
comme à- un événement ordinaire; Alexis
fit la guerre avec fuccès & avec gloire . contre
les Turcs,contre les Scythes, contre Robert Guif-
card., chef de ces Normands, qui s’établiffoient
alors en Italie; mais c’eft par la conduite qu’il
tînt dans le temps de la première croifade, qu’il
eft le plus célèbre & peut-être le moins connu,
car lorîqu’il y a deux grands partis opppfés l’un
à l’autre, il n’y a plus que des faflums au lieu
d’hiftoire, ce ne font plus des faits qu’il s’agit d’apprendre,
c’eft un procès qu’il s’agit de juger.
Anne Comnène , fille d’Alexis, a écrit la vie de
cet empereur, & cette vie eft un mémoire apologétique
pour fon père ; au contraire des auteurs ebrétiens,
qui ne voyoient rien que de légitime dans les
croifades & que de refpeélable dans les croifés,
ont accufé Alexis de les avoir trahis , parce qu’il
avoit à fe plaindre d’eux & qu’il s’en plaignoit
en effet, les croifés exerçoient toutes fortes de brigandages
dans fes états & traitoient leur allié en
ennemi. De plus Alexis voyoit parmi les principaux
chefs des croifés ÿ Bohémond, fils de Robert
Guifcard, fon ennemi. On ne doit donc pas s’étonner
que la défiance régnât entre les grecs & les
croifés, & que les plaintes & les imputations
réciproques ayent pu corrompre la fidélité de l’hif-
toirerelativement à cette fameufe expédition ;
mais il réfulte du choc même des opinions qu'Alexis
avoit de grandes qualités , qu’il aimoit fon peuple
& chercnoit à le ménager ; c’étoit d’ailleurs uit
prince éclairé & ami des lettres ; il mourut en
1118 à 70 ans,
Alexis I I , auffi de la maifon Comnène, étoit
fils de l’empereur Manuel Comnène, il n’avoit
que douze ans lorfqu’iliui fuceeda en 1180, Marie
ü mère & Alexis Comnène fon oncle, gouver-
noient fous fon nom & gouvernoient mal, Alexis
mourut en 1182 a quatorze ans ; le feul événement
de fon régne & de fa vie eft qu’il fut détrôné
par Andronic Comnène, fon coufin, qui le fit
étrangler avec fa_mère ; le corps du malheureux
Alexis ayant été apporté fous les yeux d’Andronic,
il le pouffa du pied avec horreur & mépris,
en difant ; fon père étoit un parjure , fa mère
une impudique, & lui un imbécille. Etoit-ce une
raifon pour le détrôner & fur-tout pour l’étrangler ? Alexis III & Alexis IV de la maifon de Lange,
& Alexis V. dit Murtqulphe, dç la maifon Ducas.
L’hiftoire de ces trois Alexis, n’en forme qu’une
par l’effet de la concurrence. Alexis III. frère de
l’empereur Ifaac Lange , le détrôna en 1195 , lui
fit crever les yeux &renferma.L’ufurpateur étoit un
tyran fans talens, comme fans vertus ; il fit la guerre
malheureufement, la paix honteufement, & ce
qui devroit être réputé beaucoup plus honteux,
il foula fos peuples. Ifaac Lange avoit un fils,
qui dans le défaftre de ce Prince s’étoit retiré en
Allemagne auprès de de l’empereur Philippe, dont
il étoit beau-frère. C’étoit le temps où le formoit
la quatrième croifade, compofée principalement
de François & de Vénitiens; le fils d’Ifiiac Lange
obtint des croifés qu’ils le rétabliroient fur le trône
de Conftanùnople, & que ce feroit par - là que
commeneeroit la croifade ; en effet il étoit important
pour les croifés, d’avoir dans l’empereur
grec un allié fur lequel ils puffent compter ; ils
affiégêrent Conftantinople & le prirent en a 203.
Alexis Lange prit la fuite, & après diverfes
avantures , il tomba entre les mains de Théodore
Lafcaris, qui lui fit crêver les y e u x . comme Alexis
les avoit fait crêver à Ifaac Lange fon frère, &
l’enferma dans un monaftère où Alexis mourut.
Le fils d’Ifaac Lange fut couronné fous le nom
, dé Alexis IV ; mais, fils tendre & pieux , il ne crut