
Il a de la méthode, & prefque de la profondeur
dans le morceau où il traite de l’aElion des hommes ,
fur la nature.
Il remarque dans la nature, une tendance constante
à Séparer les divers élémens dont elle efl
compofée, à raffembler la maffe entière de chacun
de ces élémens ; à lesrplacer ainfi féparés les
uns des autres dans l’ordre qu’indiquent leurs dif-
férensdégrésdepéfanteur: la terre fous l’eau, l’eau
Ions l’a ir, 8c à leur procurer par cette féparation
l ’incorruptibilité & l’immortalité. Ce font précisément
cet ordre & cette féparation, où tend la.
nature, que les hommes détruifent par une aélion
continuelle, par mille mélanges, par mille com-
binaifons; ils égarent la nature dans un labyrinte
de directions oppofées à fes vues ; oppofées entre
elles-, pour l’empêcher d’arriver à fon but, & pour
l’en éloigner de plus en plus. Mais cetteNaélion des
hommes fur la nature peut être réduite à deux
points principaux : aux mélanges & à l’interruption
de l’équilibre.
Quant au premier point, l’agriculture , les arts,
les métiers, les travaux, les occupations diverfes
des hommes , faction même de manger, de fe
courir, &e. tout n’efl que combinaifon , mélange,
confufion de fubflahce ; les élémens. font fans ceffe
verfés & reVerfés les uns dans ~les autres, & . la
nature égarée ne peut plus retrouver fa voie originaire
, fi étrangement brouillée.
Quant à l’interruption perpétuelle de l’équilibre
établi par la nature, ne voit-on pas que des. travaux
humains, il réfulte fans celle des abaiffemens
& des rehauffemens alternatifs, en mille endroits
d e là terre, tant dans l’intérieur qu’à l’extérieur?
Nos édifices, nos levées de- terre, nos maifons,
nos villes rompent deux fois l’équilibre. i° . En ce
qu elles furchargent la colonne de terre qui les fup-
pôrte. a0. En ce qu’elles déchargent les colonnes
qui fupportoient les matériaux, 8cc.
» C’efl donc, dit l’auteur, la volonté libre des
» hommes qui altère, façonne, détruit la plu-
»part des corps, & qui met la nature en'voie de
v produire des corps fujets à des deflru&rôns & à
» des .altérations continuelles; c’efl nous, en bonne
n phyjîque, autant qu’en bonne morale, qui rèpan-
» dons fur tout ce qui nous environne , le fceau de
jï notre mortalité. «
Cette derniere idée morale avoit été noblement
exprimée par M. le chancelier d’Agueffeau,
dans fon difcours : Des eau) es de la décadence de l’élo~ ,
quence. '... V-
» Nous naiffonsfoibles & mortels, 8c nous impri-
» mons fur tout ce qui nous environne, le carac-
» tère de notre foibleffe & l’image de notre mort.
Dans un parallèle de Bayle 8c de M. Rouffeau de
Genève, le P. Caflel dit,,que Bayle va à l’efprit par
le coeur, 8c que Rouffeau va au coeur par l’efprit. On
ne peut guère plus mal caraélérifer ces deux écrivains;
Bayle ne dit rien 8c ne veut riendire au coeur., &
Rouffeau parle à la fois 8t au coeur de à l’efpri;» [
Lorfque M. Rouffeau fit paroître fon éloquent
difcours fur l’origine & les fondemens de l’inégalité
parmi les hommes, cet ouvrage donna lieu à une
foule d’écrits pour & contre, nés de l’enthoufiafme
ou de l’envie. Le P. Caflel entra dans la lice par
; des motifs plus purs; il crut la religion 8c la
! morale attaquées ; il s’arma pour les défendre &
; pour réfuter les paradoxes de M. Rouffeau : fon
: ouvrage a pour titre : h ’homme moral oppofé à L’hom-
j mf phyfique de M. R.... Lettres Philofophiques oii Pon
réfute le déifme du jour. Son projet, tel qu’il l’annonce
, efl de convertir M. Rouffeau à Dieu, à
l’églife, au roi, à la France, aux lettres, aux arts,
a la fociété, à l’humanité-, toutes chofes pourlef-
quelles, ajoute le P. Caflel, je lui cannois des talens. :
Le recueil intitulé : Efprit du P. Caflel, finit
par une penfée fur la mort, penfée qui, avec le
plus grand air de prétention , nous paroît obfcure
& alambiquée , La voici :
» Notre vie n’efl qu’une épigrame, dont la mort
» efl la pointe ». Comment un théologien, pliiîo-
fophe & bel efprit, 8c qui vouloir dire un mot
fmgulier, n’a-t-ilpas plutôt dit que notre vie efl une
énigme , dont la mort efl le mot, puifque de ce mot
dépend un bonheur ou un malheur éternel ?
CASTEL. Voye^ S. Pierre.
CASTELLAN. V.oyeç Chatel.
CASTELLANE. (Hifl. mod.) nom d’une des
plus nobles & des plus anciennes maifons déPro-
vence; on ne fait fi elle a donné fon , nom à la
yille & ' Baronie de Caflellane, ou fi'elle l’en a
tiré. Une dès opinions fur fon origine efl, qu’elle
defeend des anciens Comtés & rois de Caflille*
La variété des opinions en prouve l’incertitude, &
l’incertitude, en pareille matière, prouve une antiquité
immémoriale.
CASTELL ANS, f. m. plur. ( Hifl. mod. ) c’efl le
nom qu’on donne en Pologne aux fénateurs qui font
revêtus des premières dignités après les palatins du
royaume; leur nombre efl fixé à quatre-vingt-
deux. Ils font chargés du foin des caflellames , fu-
bordonnées aux palatins, & les chefs 8c les conducteurs
de la nobleffe dans chaque palatinat. Le
premier de tous efl le caßellan de Craçovie; celui
ci a le droit de précéder tous les palatins, &
tient apres les évêques le premier rang parmi les
fénateurs laïques. On divife les caflellans en grands
& en-petits ; les premiers font au nombre de trente-
trois, & les derniers au nombre de quarante-neuf
de la petite Pologne, de Mazovie , & de la Prüfte
polonoife. Les grands caflellans ont comme les autres
fénateurs du royaume, féance dans les confeils
& aux diètes, qu’ils ont .le droit de convoquerais
adminiflrent ia jitflice dans leurs diflri&s, ont'l’intendance
fur les , poids & mefures, fixent le prix
des graine , & dqnrées ,j & font î les juges des Juifs.
Mais les petits caflellans n’ont ni féance, ni voix
délibérative dans fes affaires d’état. (--)
? CASTELLANI, & NICOLOTTI, ( Hifl. mod. )
c’efl le nom de deux faélions toujours oppofées, qui
divifent la populace à Venife. (A . R. )
CASTELNAU. ( Hifl. de Fr.') Les Caflelnau,
feigneurs de Mauvifîière , ont produit beaucoup
de fujets utiles à l’état. Pierre de Caflelnau, attaché
au roi Louis XII, eut un fils, nommé Louis,
qui fut tué dans les guerres d’Italie.
Vefpafien de Caflelnau, neveu de, Louis, &
petit fils de. Pierre, fut .tué en 1569, au fiegede
5. Jean-d’Angely.
Titus, fon frère , capitaine des gardes - fuiffes
du duc d’Alençon, fut affafliné à la cour de ce
prince, en 1573.
Pierre II. fon frère aîné, fut affafîlné en 1583.
à Dunkerque, où il étoit avec ce même duc d’A lençon.
Nous les mettons au nombre des viélimes de
l’état, ces affaffmats étant l’effet des troubles du
temps. & des fureurs de religion.
Chriflophe de Caflelnau , fils de Pierre II. chevalier
de l’ordre du roi, ainfi que fon père, fut fait
prifonnier dans une rencontre en 1581.
Urbain, fon fils, fut tué au fiége de Montau-
ban.M
athurin de Caflelnau, fécond fils de Pierre I I ,
mourut au fiége de Montpellier, en 1682.
Michel de Caflelnau, feigneur de Mauvifîière,
frere de Pierre II. 8c comme lui, chevalier de l’ordre,
efl un des hommes les plus illuflres qu’ait
produit la maifon de Caflelnau. Homme de guerre
8c de cabinet, il fut employé fous Charles IX 8c
fous Henri I I I , en diverfes négociations ; il fut
jufqu’à cinq fois ambaffadeur en Angleterre, & il
y refia dix ans de fuite la première fois. C ’efl lui
dont nous avons des mémoires très-exa&s & très-inf-
truélifs depuis l’an 1559, jufqu’en 1570, dont le
Laboureur a donné une excellente édition, à laquelle
il a beaucoup ajouté. Caflelnau étoit en Angleterre
dans le temps des malheurs de Marie Stuart, c’étoit
en lui que cette reine infortunée mettoit fa plus
grande confiance , on voit par quelques lettres qui
le trouvent dans les manuferits rapportés de Londres
, par M. de Bréquighy, que dans l’impuif-
fance de fervir utilement Marie, Caflelnau lacon-
foloit de fon mieux, il lui mandoit qu’un aflro-
logue,fnommé Bodin, (c’étoit vraifemblablement le
célèbre Jean Bodin, qui avoit beaucoup de foible
pour les fciences ocultes ) , avoit prédit qu’elle
verroit bientôt ,1a®fin de fes malheurs. Nous apprenons
par d’autres lettres de ce miniflre, que les
ennemis de Marie, pour la décrier dans l’Europe,
6 . lui faire perdre l’appui même des puiffances -
catholiques, répandoient contre elles les calomnies
les plus atroces & les plus indécentes ; ils publioient
tantôt qu’elle étoit groffe , tantôt qu’elle'venoit
d’accoucher. Caflelnau attelle que ces propos avoient
été tenus à PambafTadeur d’Efpagne & à l’archevêque
de S. André, qui lui en avoient parlé à lui-même:
on les avoit tenus aufîi aux banquiers Ôc négoclans
pour qu’ils répandiffent par-tout ces nouvelles.
Michel ae Caflelnau mourut en 1592. ’
Edouard-Robert, Baron de Joinville , fon fils
aîné, fut tué, mais ce ne fut pas comme fes'ayeux,
en fervant fa patrie, il périt dans un duel.
Un autre Baron de Joinville, Henri, neveu
d’Edouard-Robert, fut tué d’un coup de canon au
fiége de la Rochelle, en 1627 ; mais François,
Baron de Mauvifîière, frère de Henri, fut aufli
tué en duel.
Jacques I I , Marquis de Caflelnau, petit fils de
Michel, efl le Maréchal de Caflelnau ; il eut part
à tous les faits de guerre de fon temps, fous Louis
XIII & Louis X IV , depuis le fiége de Corbie en
1636, jufqu’à celui de Dunkerque en 1658. A la
bataille de Norlingue , en 1645 , il fervoiten qualité
de Maréchal de bataille, & y fut bleffé de
deux coups de moufquet. Il eut le commandement
de l’aîle gauche à la bataille des Dunes, le 14 juin
1658. Il fut bleffé deux jours après au fiége de
Dunkerque. Le 20 du même mois il reçut le bâton
de maréchal de France, & mourut le 15 juillet
fuivant, à Calais , des fuites de.fa bleffure, dans la
trente-huitième année de fon âge.
Michel I I , fon fils, mourut à vingt-fept ans à
Utrechtle 2 décemdre 1672, d’une bleffure reçue
à l’attaque d’une des places conquifes cette année
en Hollande.
La maifon de Caflelnau a produit aufli des femmes
célèbres; Catherine, fille de l’ambaffad-ur 8c
femme de Louis de Rochechouart; elle favoit quatre
langues, & traduifit en Anglois les mémoires de
fon père.
Henriette-Julie, petite-fille du maréchal, femme
de Nicolas, comte de Murat, connue fous le nom
de Comteffe de Murat, morte en 17 16 , à quarante
cinq ans. On a d’elle quelques chanfons 8c
quelques pièces fugitives. On a retenu la chanfon qui
a pour titre■ ; Le plaijir.
a Faut-il être tant volage;
Ai-je dit au doux plailîr ?
» Tu nous fuis , ( las i quel dommage T)
» Dès qu’on a pu te faifîr.
Ce plaifir tant regrettable
1 Me répond : » Rends grâce aux dieux J
» S'ils m’avoient fait plus durable , v
» Ils m'auroient gardé pour eux.
. On a encore de madame de Murat quelques romans
8c des contes de. Fées. -
CASTELVETRO , (L ou is d e ) {Hifl. litt.
mod. ) critique Italien du feizième fièele , efl connu
par fa poétique où les favans trouvent qu’il a plus
cherché a, contredire Ariflote qu’à l ’expliquer. Le
feu ayant pris à Lyon dans la maifon où il étoit,
il fe mit à crier: fauve£ ma poétique. Il avoit voyagé
en Allemagne , ce qui étoit fufpeél alors-en Italie
à caufe du Luthéranifine. De retour à Modènefà