
Bernard, leur élève , de cette entreprife qui lui Ait ■
fi fatale ; l’empereur les chaffa de la cour ; mais
comme toutes/es idées étoient flottantes , 8c que fa
foiblefi'e le jettoit tour-à-tour dans tous les partis
les plus oppofês , il les rappella 8c fe gouverna
quelque-temps par leurs confeils. Le principal
ouvrage Sl Adalard étoit un Traité touchant :
l'ordre ou l'état du palais & de toute la Mo- 5
narchie Françoife. Il y décrit la forme (fes Parlemens
■ convoqués par Pépin le Bref, Charlemagne &
Louis - le - Débonnaire, l’ordre qu’on y obfefvoit,
les matières qu’on y traitoit. d e monument nous
a été tranfmis par Hincmar, 8c il eft tres-pre-
cieux pour l’hiftoire de notre fécondé race. Ada-
lard mourut le 2 Janvier 826.
ADALBÉRON, ( Hiß. mod. ) il y a eu deux
hommes de ce nom , célèbres vers la fin de la fécondé
race & le commencement de la troifième.
Le premier étoit archevêque de Rheims & chancelier
du Royaume fous le Roi Lothaire, fuivant
l’ufage de ces temps - là , qui fembloit attacher la
dignité de chancelier à l’archévêché de Rheims ;
il°eft au nombre des bienfaiteurs de l’églife de
Rheims. Il mourut le 5 Janvier 988.
Le fécond, diftingué par le nom d'Adalbéron-Af-
celin , fut ordonné évêque de Laon, par le précédent
en 97 7, 8ç joua un rôle dans la révolu-
, tion qui fit paffer la couronné, des Carloyingiens
aux Capétiens. Charles de Lorraine, en défendant
fon droit à la couronne, après la mort de Louisr
le-Fainéant, avoit pris la ville de Laon, & battu
fon compétiteur Hugues Capet , qui vouloir la
reprendre j mais l’évêque étoit dans les interets
de Hugues, & par une fuite de leur intelligence,
Hugues fut introduit .dans la place la nuit du Jeudi
faint, 2 Avril'991. Charles tomba entre les mains
de fon ennemi avec fa femme & fes enfans, 8c
le nouvel archevêque de Rheims , Arnoul', fuc-r
ceffeur du premier Adalbé/on. L’éloignement des
temps I la féchereffe des hiftoriens, l’ignorance des
droits 8c des intérêts qui peuvent réfulter des cirr
confiances, font qu’il eft difficile déjuger aujourd’hui
, jufqu’à quel point la conduite de l’évêque de
Laon dans cette affaire, peut être taxée de trahifon,
©u excufée par fa conformité avec le voeu- public ;
mais il efi bien fingulier qu’entre ces deux prélats,
Arnoul 8c Adalbéron , l’archevêque de Rheifns
& l’évêque de Laon, ce foit le trahi qui ait été
traité en traître. Il ne fut rien dit ni rien fait a
l’évêque de Laon , & l’archevêque de Rheims fut
dépoté par un concile, comme traître au roi Hugues
Capet. Cependant cet archevêque de RJieims,
Arnoul, n’avoit fait que prendre les intérêts. 8ç
défendre les droits de fa maifon ; il étoit dç la
race Carlovingienne , fils naturel du Roi Lothaire,
& neveu de Charles de Lorraine ; mais il devoit,
dit-on, fon archevêché à Hugues Capet 1 Sans
examiner fi cette obligation n’étoit pas l’effet de
quelque accommodement paffager entre les deux
pigifons , on peut dire atr moins, que partagé
entre les droits du fang & ceux de la reconnoîfc
fance , Arnoul fe détermina pour les premiers,
ce qui reçoit quelque excufe L’oppofition du pape
Jean X V , obligea de convoquer d’autres conciles
pour revoir l’affaire d’Arnoul ; on n’y décida rien,
le fameux Gerbert , qui avoit remplacé A rnoul,
refta en poffeffion du fiège de Rheims pendant
tout le règne de Hugues Capet, & Arnoul
refia en prifon, jufqu’à ce qu’enfin le roi Robert,
quoique Gerbert eut été fon précepteur , rendit
•la liberté à l’archevêque Arnoul 8c le remit en
poffeffion de fon archevêché , pour complaire au
pape Grégoire V , fucceffeur de Jean XV > 6c pour
le rendre favorable à fon mariage avec Berthe, fa
-parente, qu’il avoit époufée fans difpenfes, crime
alors irrémiffible 8c qui ne lui fut point remis.
Adalbéron conferva fa faveur auprès des deux rois
Hugues & Robert , qu’il avoit fi bien fervis. Il
cultiva les lettres , il dédia au roi Robert qui les_cul-
tivoit auffi, un poëme fatyrique de 430. vers héxa-
m êtres, dont Adrien de Valois , a donné en 1663 »
une édition in-8°. à la fuite du panégyrique de Bérenger.
Il mourut en 103a , un an avant le roi
Robert.
ADALBERT, Adelbert ou Adlebert , ( Hiß.
mod. ) Impofteur, homme à révélations qui fut
dénoncé au pape Zacharie, par faint-Boniface, évêque
de Mayence , apôtre de la Germanie , 8c qui
fut condamné au concile de Soiffons en 744 , &
dans un çonciîe tenu à Rome , en 748. Carloman,
6i Pépin, dont il étoit né fujet, le firent enfermer
à la prière de faint - Boniface , Si il mourut
dans fa prifon,
ADALIDES, f. m. pl. (Hiß. mod.) Dans le gouvernement
d’Efpagne ce font des officiers de juf-
tiç'e, qui connoiffent.de toutes les matières coneer-
nant les forces militaires,
Dans les loix du roi Alphonfe, il efi parle des
Adalides comme des magiftrats établis pour diriger
la marche des troupes 8c veiller fur elles, en temps
de guerre. Lopèz, les repréfente comme une forte
de juges qui connoiffoient des différends nés à Toc-
cafion des incurfions, du partage du butin, des
contributions, &c. peut-être étoit-ce la même chofe
que nos intendans d’armée, ou nos commiffaires
des guerres. (G . )
ADAM , il feroit affez remarquable que les auteurs
du fupplément , ayant admis dans l’èncyclo-
pédie j l’hiftoire , & en particulier l’hiftoire facrée.
euffent commencé par oublier Adam , fi cet arti-
; cle n’avoit pas été traité théologiquement dans
l’encyclopédie. Nous n’en dirons ici que deux mots
| relativement à l’hiffoire. Les rabbins & quelques
hérétiques ont chargé de beaucoup de fables l’hif*
toire de ce père du genre-humain ; il faut s’en
tenir à cç qu’en dit l’écriture-fainte. Il fut formé
le fixième jour dé la création ; Dieu le plaça dans
lé paradis terreftre , d’où il fut enfuite chaffe pour
avoir, à la follicitation d’E v e , mangé du fruit de
l’arbre de la fcience du bien Si du mal, çontre la
défenfei
<3éfenfe expreffe de "Dieu. Adam eut trois fils ,
C aïn , Abel & Seth, 8c plufieurs autres enfans
dont r écriture ne dit pas le nom. Il mourut a 930
’•ans. ;. H H
Les Adamites étoient des hérétiques, qui fous
prétexte d’imiter Adam 8c Eve dans 1 état d innocence,
.fe mettoient tout nuds dans leurs affem-
fblées. , .
Les Préadamites étoient d’autres hérétiques , qui
croyoient qu’il y avoit éu d’autres hommes avant
lAdam. '
Il y a eu quelques perfonnages modernes cele-
:bres du nom SU Adam.
i° . Adam de Brême , chanoine de Brême, qui
vivoit fur la fin du onzième fiècle. On a^ de lui
une hiftoire eccléfiaftique , contenant le . récit de
l ’établiffement 8c de la propagation de la foi dans
les centrées feptentrionales, 8c en particulier dans
les diocèfes de Brême, 8c de Hambourg, depuis le
règne de Charlemagne jufqu’à celui de l’empereur
Henri IV. On trouve à la fuite de cette hiftoire
un petit traité du même auteur fur la fituation du
Danemarck. La dernière 8c la meilleure édition de
-ces deux • ouvrages efi celle de Helmftad , in-40.
1670. On croit qu'Adam de Brême mourut vers l’an
J075. ’ .
20 Adam: de Saint-Victor , qui fit lui-même,
-en quatorze vers, fon épitaphe qu’on voit encore
dans le cloître de faint Viéîor. C’eft là que font
ces deux vers d’une précifion fi philofophique i
XJndt fuperbit homo , cujus coneeptio culpa ,
NaJ'ci poena , laborvita , necejfe morii
» J’oppofe cette pièce , dit Pâquier, à tous épi-
» taphes tant anciens que modernes». Peut-être
cujus ndfci poena, cujus necejfe mori, ne forment-ils
pas une conftniéfion bien latine ; mais les.idées font
belles, 8c il efi impoffible de dire plus de chofes
en moins de mots. Adam de Saint- Viêlor efi ainfi
nommé, parce qu’il étoit chanoine régulier de l’ab-
baye de faint Viftor ; il efi l’auteur de quelques
ouvrages de dévotion, moins connus que fon épitaphe.
Il mourut en 1177.
3°. Adam , dit YE'cojfois, parce qu’il étoit originaire
d’Ecoffe, ou de Prémontré, parce qu’il étoit
religieux de cet o r d r e fu t envoyé en Ecoffe par
faint Norbert, inftituteur des prémontrés, pour y
enfeigner l’ecriture - fainte 8c la tradition. Il fut
évêque de Withern ; il étoit entré dans l’ordre des
prémontrés en 1158. J1 mourut en 1180. On a fes
oeuvres eh un volume in-folio, édition d’Anvers,
1659. ;
4°. Adam d’Orleton , né à Hereford, devint
évêque d’Hereford , puis de Worcefter 8c. de Win-
cefter. Confulté fur le traitement qu’on devoit faire
au roi Edouard I I , il f it , dit- on , cette réponfe
équivoque , dont il ne voulut jamais lever l’ambiguité
, 8c qui, interprétée par la haiqe 8c par la
fureur , coûta la vie à cet infortuné monarque,
«pe fes fujets tenoient alors en prifon, Edwardum
ffijloi'ré. Tome /.
regertt occidere -nolite tïmere bonum ejl ; ce qui dans
un temps où la ponéluation n’aidoit point à diftin-
guer le fens, pouvoit fignifier également : Ne tueç
point le roi Edouard ; il èfl bon de craindre, ou ne
craigne£ point de tuer le roi Edouard , c'ejl une bonne
aêiion. Adam mourut en 137,5, vieux 8c aveugle.
50. Il y a des vies des philôfophes, théologiens,
jurifconfultes & médecins allemands des 16e & /7e.
Jikles d’un Melchior Adam, né en Siléfie, recteur
du collège d’Heidelberg. Cet ouvrage a été publié
de, ion vivant en 1615.
6°. Le père Adam , jéftiite,~ fameux par fes déclamations
contre les janfçnifies, 8c à leur occa-
fion contre faint Auguftin , qu’il n’appelloit jamais
que l'Africain échauffé, 8c le doEleur bouillant. II
avoit acquis eh chaire une forte dé réputation par
fon zèle molinifte 8c fon audace burlefque. La reine
Anne d’Autriche, qu’il comparoit à la fainte Vierge,
aïnfi que le cardinal Mazarin à faint Jean-Baptifte ,
tâchoit de le mettre en vogue ; elle demanaoit un
jour à un homme de la cour, qui venoit de l’entendre
, ce qu’il en penfoit : Madame , il m'a rendu
Préadamite. — Comment ? — I l ma prouvé que le père
Adam n étoit pas le premier homme du monde. Le père
Adam Si écrit la vie de faint François de Borgia „
fans omettre aucun des miracles qui pouvoient empêcher
de croire à ce faint. Il a écrit fur l’eucha-
riftie contre le minïftre Claude , fans pouvoir faire
de mal à ceux qu’il decrioit, ni de bien à ceux qu’il
çélébroit. Il étoit né limoufin , il mourut en 1084
fupérieur de la maifon profeffe de Bordeaux.
7°. A dam Billaut , dit maître Adam , ou le
menuifièr de Nevers, ou le Virgile au rabot, a fait
d’affez bons vers pour un menuifier , comme lè
cocher de M. de Vertamond pour un cocher, 8c
en gériéral les contemporains font très-indulgens
pour les vers de ceux qui ne leur paroiffènt pas
: d’état à en - faire ; mais la poftérité ne tient compte
que de ce qui l’amufe, quid, non qui s. Maître Adam
s’eft fervi de fes vers pour chanter 8ccélébrer fes
outils ; nous avons fes, chevilles , fon villebrequin,
fon rabot. Il avoit une penfion du cardinal de Richelieu.
Il mourut le 19 mai 1762.
ADDISSON, ( Jo s e ph ) (Hift. litt. mod.) un
des meilleurs écrivains de l’Angleterre, bon poète,
philofophe très-éclairé ; il mit dans fes écrits plus
de fageffe, de critique 8c de goût que n’en avoient
mis jufqu’alors les écrivains anglois. Son analyfe du
paradis perdu de Milton ne contribua pas peu à la
réputation de ce fameux poëme ; il en rendit les
beautés fenfibles, il en pallia fort adroitement les
défauts , 8c dans le parallèle qu’il fit du poëme anglois
avec l’Iliade 8c l’Enéide, il relève quelquè-
rois chez les anciens des défauts réels. Ce qui le
diftingue particulièrement, 8c ce qui lui a fait donner
le nom de fage, c’efi qu’il paraît avoir cherché
dans tous fes ouvrages à plier lé génie anglois aux
règles 8c aux convenances. Une fuite d’écrivains
tels qu'Addijfon aurait peut-être donné aux Anglois
d’autres principes de goût. On le regarde en quel