
étoient appliqués, ils faifoient de grandes choies,
& il faut l’avouer , il ne relie rien de grand qui
ferve de monument au miniftère de M. de Pomponne
, il avoit vraifemblablemeat plus de vertus,
d’efprit & de grâces que de talens.
On a de lui la négociation de fa première am-
baffade en Suède , où il alla deux fois, en 1665,
& en 1671. Il mourut à quatre-vingt-un ans, en
1690. Louis XIV dit alors à l’abbé de Pomponne ,
fou fils : vous pleureç un père que vous retrouverez en
moi ; & rjioi, je perds un ami que je ne retrouverai
plus. L’abbé de Pomponne avoit eu l’abbaye de
S. Maixent, il eut ënfuite celle de S. Médard, &
alors il remit la première. Il fut long-temps doyen
du confeil. On dit que lorfqu’il parvint à cette
dignité, dont on n’a l’obligation qu’à l’âge , il demanda
refpe&ueufement à Louis X V la permilïion
de prendre ce titre de doyen , & d’en faire les
fondions, & que Louis X V répondit : il meferoh
difficile de vous en empêcher. L’abbé de Pomponne
avoit été ambaffadeur à Venife ; il fin, en 174^,
honoraire de l’académie des Infcriptions & Belles-
Lettres. Il mourut en 1756 à quatre-wngt-fept ans.
C ’eftle dernier des Arnaulds connus. Il fe nommoit
Henri-Charles.
ARNOBE, ( Hifl. ecclèf. j un des premiers dé-
fenfeurs du chrifiianifme contre les Payens, connu
par fes livres contre les Gentils'. Il étoit né en Afrique,
il fe fit chrétien fous l’empire de Dioclétien ;
Laéhmce fut fon difciple.
Ori diftingue deux Arnobes : l’ancien, c’eft celui
dont nous venons de parler , & le jeune, prêtre
Gaulois , qui vers l’an 460 répandoit en France la
do&rine feini-Pélagienne. *
ARNOUL. ( S a i n t ) {Hijl.deFr.) On ne fait
rien des auteurs de la race Carlovingienne au-delà
de faint Arnoul ; on ignore quel étoit fon père ;
mais Arnoul étoit déjà un très-grand feigneur, un
homme riche & puiffant ; nous remontons prefque
par lui jufqu’au berceau de notre monarchie.
Q u’importe d’aller au-delà ? En voilà bien affez
pour préfumer que la race Carlovingienne pouvoit
avoir une antiquité à peu-près égale à celle des
Mérovingiens, & que dans l’origine le choix des
François auroit pû tomber indifféremment fur l’une
ou fur l’autre.
Saint Arnoul fut plus qu’un grand feigneur, il
fut un fiijet utile , le digne ami d’un bon ro i, le
digne inftituteur d’un prince, & fi fon élève ne
fut pas digne de lu i, cet élève lui dut au moins
le peu de vertus qui tempérèrent fes vices ; ce
fut Dagobert I.
Lorfque Clotaire I I , en 624, donna l’Aufirafie
à Dagobert fon fils, avec le titre de roi, il le mit
fous la direélion de deux minifires qui jouiffoient
de la plus haute réputation de fagefle & de vertu,
c’étoient faint Arnoul, évêque de Metz, gouverneur
de Dagobert, & Pépin, dit le vieux, ou de
Landen.
Saint Ameufl avant d’être engagé dans les ordres,
avoit été marié & avoit eu clés enfans ; c’eff deé
lui que defcend de mâle en mâle la fécondé race
de nos rois • elle defcend auffi de Pépin, par les
femmes. Ainfi, dé ces deux hommes que la ten-
dreffe éclairée de Clotaire I I , avoit donnés pour
guides à la jeuneffe de Dagobert, dévoient naître <
les princes deffinés à enlever le trône à la race de
Dagobert & de Clotaire II.
On rapporte de Dagobert des traits de violence
finguliers à l’égard de fon gouverneur. Saint Arnoul
ne refpiroit que la retraite , c’ètoit-là fon ambition
; il en parla au roi, ( c ’étoit alors Dagobert )
qui, foit habitude de le voir , foit connoiffance &
fentiment du befoin qu’il avoit de fes confeils, le
pria de refter. Arnoul infifta ; le roi ne trouva pas
pour le retenir de moyen plus doux que de le menacer
de faire périr fon fils ; & comme Arnoul
ne fë rendoit point encore, le roi, paffant par af-
feélion aux plus violens tranfports de la haiqf,
tira fon épée, & voulut l’en percer lui-même.
Selon l’auteur des Gefies de Dagobert, ce prince
du vivant de Clotaire I I , par un mouvement de
colère ou de jeuneffe, outragea ce même gouverneur
d’une manière fi coupable , que craignant le
reffentiment de fon père, il fe retira dans une
petite chapelle de Saint - Denis , comme dans un
afyle. Il fit de là fa paix avec fon père, & dans
la fuite, en mémoire de cet évènement, & en
expiation de ce tort, il fit bâtir dans le même lieu
féglife & le monaftère de Saint-Denis , qui fut
long-temps dans l’opinion publique, fon plus beau
titre de gloire.
Tant que Dagobert fe gouverna par les avis de
faint Arnoul & de fes pareils, fon gouvernement
mérita des louanges ; lorfqu’il s’éloigna d’eux, ou
lorfqu’il les força de s’éloigner de lu i, les favoris
& les femmes s’emparèrent aifément de cette ame
vide & faible. Saint Arnoul fe retira dans les Vof--
ges. Un auteur contemporain a écrit fa vie , oC
elle a été traduite par M. Arnauld >d’Andilly. Arnoul. ( Hifl. de Fr. ) A la mort de Charles-»
le-Gras ou le Gros , en 888 , la maifon Carlovingienne
fembloit réduite à deux fouis princes ; Ar-i
noul , bâtard de Carlomàn - le - Germanique ; &
Charles - le - Simple , fils poûhume de Louis - le-»
Bègue, que plufieurs affe&oient de regarder aufli
comme bâtard. Arnoul eut la fucceflion Germanie
que , & tandis que ce bâtard jouoit le rôle principal
parmi les princes de cette maifon , Hébert ou
Herbert, comte de Vermandois, & Pépin, corfîte
de Senlis, qui defcendoient de mâle en mâle de
Charlemagne, par Bernard, roi d’Italie , dont la
bâtardife eft pour le moins très - incertaine, n’é-»
toient pas même réputés princes du fang, eux
dont les branches avoient le droit d’aîneffe fur
toutes les branches iffues de Louis-le-Débonnaire.
Arnoul prétendoit à touté la fucceflion de Char-»
lemagne , parcequ’il étoit, difoit-il, le feul mâle
iflii de mâle en mâle de Charlemagne, & qui ne
fut pas un enfant ; ce dernier mot exçluoit Charles»
le-Sfinple,
le^SImple J & le premier fuppofoit toujours que £
"Ton comptoit pour rien les defcendans de Bernard.
Arnoul aVoit bien voulu reconnoître pour roi
de France le comte Eudes , qui lui avoit fait des
foumiflions ; mais il.ne vouloit pas de même céder
l'empire aux nouveaux concurrens qui cherchoient
à l'ufurper. Il pafle en Italie, il arrive aux portes
'Ce Rome, & s’empare de cette ville par un hafard ’
-bien fingulier. Ses troupes étoient excédées de
' fatigue..; mais les foldats étoient pleins d’ardeur :
les chefs ihfiftoient pour qu’on donnât aux troupes
quelques jours de repos ; les foldats crioient gaîment
qu’un affaut les délafferoit. Pendant ce débat un
lièvre fort du milieu du camp ; les foldats le pour-
fuivent avec de grands cris du côté de la ville.
Les Romains de ce temps , qu’il eft prefque ridicule
d’appeller d’un tel nom -, perfuadés que l’ar-
:>înèe dé Arnoul court à l ’affaut, s’effraient , aban-
ndonneatda garde des portes & des murailles. Les
"Germains ne trouvant point d’obftacle, efcaladent
; les murailles, enfoncent les portes , prennent la
■ ville. Arnoül eft couronné empereur par le pape
Formofe ; mais la querelle du fâcerdoee -& de 4’Empire fe préparoit de loin , & les prétentions
des .papes faifoient toujours quelque progrès.
Formofe, eh fàifant prêter ferment de fidélité
par les Romains au nouvel empereur, changea
la formule ordinaire , >& introduifit une reftriâion
•qui foumettoit entièrement l ’autorité impériale à 1 autorité pontificale. Voici quelle étoit cette nouvelle
formule :
« Je jure par lësTaints miftères, que fauf mon
» honneur, ma lo i, & la fidélité que je dois au
« pape FOrmofe rnon feigneur , je ferai fidèle à
» l’empereur Arnoul.
L’ancien ferment , tel qu’il avoit été prêté en
-824, à Louis-le-Débonnaire , & à Lothaire fon fils,
contient bien une foible réferve de la fidélité jurée
au pape ., yalvd fide quam repromiji domino apoflô-
lico ; mais il exprime l’engagement le plus fort &
le plus étendu à l’égard de l’empereur, & affu-
jettit formellement Félecfion des papes à la confirmation
de fempereur. Cap. t. i , p . 647 & 648.
Arnoul mourut pe\i d’années après en 899, de
la maladie pédiculaire , & l’Empire fortit pour
toujours de la race de Charlemagne, tant légitime
•que bâtarde.
Le dernier empereur defcendu de Charlemagne,
-dans la ligne mafculine & légitime, fut Çharles-
le-Gras ; le dernier empereur de la même ligne ,
tuais bâtard, fut Arnoul.
A r n o u l eff encore le nom d’un évêque de
Lizieux dans le 12e fiècle, lequel a laiffé des Épitres
des Poëjîes , dont Turnèbe a donné une édition
à Paris en 1585 , in-8°. 1
Et d un dominicain du 17e fiècle qui voulut infti-
smer,en rhonneurdefa Vierge, l’ordre du Collier cèlefle
du Jdcré Rofaire , compofé de cinquante demoifelles ,
•mais qui ne put, dit-on, trouver de chevalières.
JJiJloire« Tom, I, Deuxieme Paru
ÄRÖNS , ARÜNS, ou Aronce. {Hiß. Rom.)
C ’efl: lé nom d’un frère & d’un fils de Tarquin,
dit le Superbe. Le frère avoit époufé avant lu i, là
cruelleTullia, fille de Servius Tullius, fixième roi
de Rome. L’ayant trouvé moins digne d’elle que
Tarquin, elle s’en défit., à ce qu’on croit pour
époufer celui-ci. Aruns & Tarquin vivoient environ
cinq fiècles avant J. C- Aruns , fils de Tarquin &.de Tullie, fut ch allé
de Rome avec toute fa famille. Brutus & lui s’entre
tuèrent dans un combat.
ARONDEL, ( Hifl. d’Angleterre. ) c’eft le nom
i°. d’un prélat anglois , qui fut fucceflivement
évêque d’E ly , arcnevêqué d’Y o r k , puis de Can-
torbery en Angleterre; & de Saint-André en
Ecoffe» Il eut beaucoup de part à la révolution
qui renverfa du trône Richard I I ,. ppur y placer
Henri IV. ï ï eil d’ailleurs connu par fori zèle per-
fécuteur contre '\Viclef & les Lombards. Il eff le
premier qui ait défendu de traduire l’écriture fainte
en langue vulgaire.
2°. D’un vaillant capitaine anglois , qui fe dif-
tingua dans les guerres des Anglois & des François
fous Charles. V I I , & Henri V I : on l’appelloit
l’Achille anglois. Il mourut d’une blefllire âû talon,
comme ce héros .grec, dont on lui donnôit le nom
& dont il avoit la valeur.
30. Ce nom a encore été illufiré par Thomas.
Howard, comte d’Arondel, .& de Surre.y , qui l’a
donné à ces fameux marbres , autrement'nommés
d’Oxford ou de Paros , parce qu’ils avoient été découverts
dans l’ifle de Pàros , par des gens envoyés
par le comte $ Arondel, & qii’ils ont été donnés
depuis à l’univerfîfé d’Oxford. On fait que ces
marbres renferment les principales époques de
l’hiftoire des Athéniens , depuis la première année
de Cecreps , l’an 1582 avant J. C.|jufqu’à l’an
364 avant fa naiffance. La meilleure édition de ces
marbres eft celle d’O xford, 1763 , in-fol. Les marbres
d’Arondel font.la bafe la plus frçre de la chronologie
de l’hiftoire ancienne.
AROUÈT , ou Arrouet , 'voyez Voltaire.
ARPA EMÎNÎ, f. ni. ( Hifl. mode) officier du
grand-fçigneur ; c’eft le pourvoyeur des écuries t
il eft du corps fies mutaferacas ou gentilshommes
ordinaires de fa hautéffe. A la ville il reçoit l’orge,
le foin , la paille & les autres lourages d’impo-
fition ; à l’armée ils lui font fournis par le defler-
dard ou grand tréforier qui a foin des magafins.
L ’arpa emini en fait la diftribution aux écuries du
fultan & à ceux qui en ont d’étape ; fes commis
les délivrent & lui rendent compte du bénéfice,
qui eft quelquefois fi confidérable , qu’en trois ans
d’exercice de cette charge , il fe voit en état ‘de devenir
bacha par les voies qui conduifent ordinairement
à ce grade , c’eft-à-dire par les riches pré-
fens faits aux. fultanes aux miniftres. Guer.
Moeurs;, des Turcs., tom. 1. (G)
ARPAJON , ( Louis , marquis de Severac, duc
d’ ) apres avoir iervi & commandé avec la plus
G ss