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& il y rèuflit fouvent ; prefque par-tout il emporta
l’argent de ceux qui voulurent bien l’écouter & le
croire. A Rome, il fut prophète & infpiré ; mais
les inspirations déplurent à la cour de Rome ,
l ’inquifition en prit connoiflance, & au défaut de
fa perfonne , qui ne put être faille, elle fit brûler
en 1660 fon effigie & quelques écrits qu’il avoit
publiés. A Milan, fa patrie, il fut chef de fefte &
de parti; on le foupçonna de travailler fourdement
à en changer le gouvernement & à s’y rendre le
maitre.onlé chaffa. A Strasbourg, à Amfterdam,
il fut médecin univcrfel, il finit par faire une banqueroute
fcandaleufe dans cette dernière ville • il
paffa enfuite à Hambourg, fks’étant fait alchymifle,
ce fut fous ce dernier titre qu’il fut tromper avec le
plus de fuccès & tirer parti pour fa propre fortune
de la cupidité d’autrui. Des fouverains remployèrent
à la recherche de la pierre philofophale. Chrif-
tine & le roi de Danemarck y perdirent beaucoup
d’argent, &le.reffentiment qu’ils en eurent obligea
Boni de fe fauver en Hongrie. Le nonce du pape
à la cour impériale le réclama , l’empereur le
rendit, en demandant feulement pour lui la vie
fauve : Boni fut enfermé au château Saint-Ange,
où il mourut en 1695.
BORROMÉE, ( S aint C harles) neveu du
pape Pie I V , qui lé fit cardinal & archevêque de
Milan, où faint Charles fit plufieurs étabUflemens
utiles. Il eut beaucoup de part, fous le pontificat de
fon oncle, au gouvernement de l’églife. Un m oine,
dont il vouloit réformer l’ordre, entreprit de'l’af-
faffiner; s’étant introduit dans fa maifon, il lui
tira un coup d’arquebufe, pendant qu’il faifoit la
prière du foir au milieu de fes domefliques ; il ne
lui fit qu’une bleffure légère. Saint Charles, né le
1 oétoore 1 1 3 8 au chateau d’Arona, mourut le
ï i novembre 1584. Le pape Paul V le canonifa
en 1610. Ses oeuvres ont été recueillies en 1747 a
Milan , en cinq volumes in-folio. La bibliothèque
du faint Sépulchre de cette même ville conferve
trente-un volumes manufcrits de fes lettres. Le
clergé de France a fait réimprimer les inflruâions
de laint Charles pour les confeffeurs, comme ce
qu’il y a de plus utile dans ce genre. La vie de
faint Charles a été écrite par M. Godean, évêque
de Vence , & depuis elle l’a été par le P. Touron,
dominicain, en trois vol. in-i2 , Paris, 1761.
Un autre Borromée , nommé Frédéric, coiifin-
germain de faint Charles, & comme lui cardinal
& archevêque de Milan, mort en 163a, a auflî
laide quelques ouvrages. Il fut le fondateur de la
bibliothèque Ambrofienne.
BORSHOLDER, f. m. ( Hift. mod. ) nom qu’on
uonnoit anciennement en Angleterre au doyen ou
chef d’une certaine feciété, qu'on appelloit décurie,
parce qu elle étoit compofée de dix hommes qui
fe cautionnoient folidairement , & s’obligeoient
envers le roi, de repondre de tout ce qui pourroit
être fait de contraire aux loix par leurs affo-
«âés, Si l’un d’eux venoit à prendre la fuite, les 1
B O S autres etoient tenus de le répréfenter dans le
terme de trente jours; ou de fatisfaire pour lui
félon la qualité de la faute qu’il avoit commife!
Le roi Alfred , qui régnoit vers l’an 880, divifa
toute {’Angleterre en comtés, chaque’ comté en
centuries, & celles-ci en décuries ou dix clafles de
bourgeois confidérables , dont le doyen fut appellé
borsholder, c eft-à-dire le principal répondant, ou
le^vieillard du bourg. Spelman, glojf. archeolog.
(^ACQUES DV ) cordelier, auteur d’un
livre ^intitulé : VHonnête femme, qui a été dans
quelque eftime, & dont la préface eft de M.
d’Ablancourt. Mort en 1692.
Un autre du Bosc (Pierre) a eu quelque célébrité
parmi les proteflans comme prédicateur. Né
à Bayeux en 1623 * mort aufïi en 1692 à Rotterdam
, où il s’étoit retiré après la révocation de 1 edit de Nantes. Sa vie a été écrite par le Gendre >
& a paru en 1716 in-S°.
BO SCAN, (Jean) (Hiß. litt, mod.) eft avec
(jarcilalfq de la Vega , fon ami, im des créateurs
de la poéfie efpagnole. Il étoit de Barcelone; il
mourut vers l’an 1543.
BOSIO. (Hiß. litt, mod.) Deux hommes ont
donné quelque réputation à ce nom dans les
lettres.
1°. Jacques Bosio ouB o s iu s , frère fervant de 1 ordre de Malte, a écrit en italien l’hifloire de
cet ordre , fous ce titre : Dell’ iftoria délia facra
relligione dell illufirijfma militia di S. Gie Gtcrofo-
lîmitano, trois volumes in-folio, fource dans laquelle
ont puifé tous ceux qui ont écrit dans la fuite fur
l’hiftoire de Malte. Mort au commencement du
dix-feptième fiècle.
Antoine B o s io , neveu du précédent, agent
de l’ordre de Malte, auteur du livre intitulé:
Roma Sotterranea , qui renferme la defcription des
tombeaux & des épitaphes des premiers chrétiens
quon trouve dans les catacombes. Bofio paffoit
quelquefois dans ces fouterrains cinq ou fix jours
de fuite fans en fortir. Son ouvrage a été traduit
d italien en latin par le père Aringhi, de l’Oratoire
de Rome, deux vol. in-fof 1651.
BOSON, ( Hiß. de France. ) favori de Charles-
le-Chauve, & de plus, fon beau-frère, par Richilde,
fa foeur, fécondé femme de Charles-le-Chauve,
crut que l’enlèvement d’une princeffè du fang étoit
la moindre chofe qu’il pût fe permettre , dans un
temps où des fujets d’un crédit très-ordinaire com-
mettoient impunément, & même heureufement,
de tels attentats. Il enleva Hermengarde, fille de
l’empereur Louis II, & il l’époufa. Les noces furent
célébrées avec une magnificence folemnelle dans
la maifon royale de Ponthion.
C’eft ce même Bofon, qui, dans la fuite , infidèle
à la poflérité de Charles-le-Chauve fon bienfaiteur
, renouvella en quelque forte, fous le nom
de Provence, l’ancien royaume de Bourgogne,
comme Charlemagne avoit renouvelle l’empire
B O S d’Occident. Cependant dom Plancher, auteur de V
la nouvelle hifloire de Bourgogne, prouve que J
Bofon ne prit point le titre de roi de Bourgogne ; J
mais le pays dont il fe rendit maître avoit fait
partie du premier royaume de Bourgogne. Louis
& Carloman le punirent de fön ingratitude & de
fa perfidie5 ils le battirent, ils firent prifonnières
fa femme & fa fille : mais Louis, fils de Bofon,
fè rétablit dans le royaume ufurpé par fon père.
i?q/ô/z mourut le 11 janvier 888.
BO SQ U ET, (F rançois) {Hiß. litt, mod.)
évêque de Lodève , puis de Montpellier ; né à
Narbonne en 1605, mort en 1676. On a de lui
une édition des Lettres du pape Innocent I I I , avec
des remarques ; les Vies des papes d’Avignon, dont
Baluze a donné en 1693 une édition en deux volumes
in-40. ; une Hifloire de l ’églife gallicane en
latin.
BOSSU, (R ené. Le père Boffu.) {Hiß. litt. '
mod.) favant génovéfain. On a de lui un Parallèle
de la philofophie d’Ariflote & de Defcartes, fait
dans la vue dé concilier ces deux philofophes ; il
ne f avoit pas, dit M. de V oltaire , qu’ il falloit les
abandonner l’un & l’autre. L’ouvrage par lequel il
eft le plus connu, eft fon Traité du- poème épique,
production d’un littérateur inftruit plus que d’un
homme de goût, & qui fuppofe plus de connoif-
fance d’Ariftote & plus d’attachement aux règles ‘
que de fagacité pour découvrir les finefles de l’art
ou de fenfibilité pour faifir avec tranfport les
beautés de la nature. Ce n’eft point aux favans ,
qui ne font que favans, à écrire fur les arts d’imagination.
Le père Bojfu contribua beaucoup à former
la bibliothèque de fainte Geneviève de Paris. Né
à Paris le 16 mars 16 31, mort à l’abbaye de faint
Jean de Chartres, le 14 mars 1680. '
BOSSUET, ( Jacques-Benigne. ) ( Hiß. litt,
mod. ) naquit à Dijon le 27 feptembre 1627, vint
à Paris en 1642, reçut le bonnet de doéieur en
1652*, remplit avec éclat les principales chaires de
Paris, & prêcha plufieurs fois devant le roi,de 1661
à 1669 , fut nommé à l’évêché de Condom le 13
Septembre 1669 ; fut fait précepteur de M. le dauphin
en 1670, premier aumônier de Madame la
dauphine en 1680, évêque de Meaux en 1681,
Confeiller d’état en 1 6 9 7 premier aumônier de
Madame la duchefle de Bourgogne en 1698, il
mourut en 1704.
Voilà les époques particulières de fa vie ; fa vie
entière fut une fuite de travaux & une carrière de
gloire. La Bruyère a dit de lui : Parlons d’avance
le langage de la poflérité, un père de l’églife. La
poftérité a confirmé ce mot. M. de Voltaire l’appelle
le feul françois éloquent parmi tant d’écrivains
élégans. J. J. Roufleau n’avoit pas encore écrit alors.
Bojfuet eft, avec Pafcal, le feul auteur dont on life
encore les écrits polémiques. Son hifloire des variations
porte coup aux proteftans, & couvre de
ridicule Luther & Jurieu ; l’auteur fait voir combien
les norabreufes f ê t e des proteftans varient
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entre elles, combien chacune d’elles a varié en
particulier & eft devenue differente d’elle-même,
combien elles ont reflùfcité de vieilles erreurs
profcrites par l’églife.
Ces doéteurs difpofoient à leur gré de la religion,
ils en changement la forme , mais une feule quef-
tion qui s’appliquoit également à tomes ces feaes ,
les embarraffoit beaucoup. Cette queftion eft celle
que Luther lui-même faifoit aux anabaptiftes : Qui
êtes-vous ? Qui vous a envoyés ? Ou étoit l’églife avant
vous ? Il a fallu faire bien de la théologie pour
répondre bien mal à ces deux mots.
D’abord les réformés convenoient du principe
de la vifxbilité perpétuelle, de l’églife ; il eft avoué
dans toutes leurs premières profeflions de foi ; mais
ce principe les condamnoit trop manifeftement, il
fallut recourir au fyftême d’une églife prefque in-
viftble, puis invifible tout-à-fàit. On remarqua que
Dieu avoit eu des amis hors du .peuple d’Ifraël,
que pendant la captivité de Babylone, le peuple
Juif avoit été foixante ans fans facrifices ; que du
temps d’Elie & d’Achab les fept mille qui n’avoient
point fléchi le genou devant Baal, confervoient
feuls l’alliance.
Au fyftême de l’églife invifible on joignit celui
de la vocation extraordinaire par laquelle Dieu
pouffe intérieurement au miniftère, & on crutavoitj
expliqué la vocation des premiers réformateurs.
Mais il ne s’agit pas d’être pouffé intérieurement ,
tout novateur fe fentira intérieurement pouffe , il
s’agit de montrer aux autres la fource de cette
vocation. L’églife ordonne fes miniftres, voilà leur
vocation. Où eft celle des infpirés ? A chaque dif-,
ficulté, nouveau fyftême. On appella l’hiftoire au
fecours de la théologie ; on fit des efforts auflî
prodigieux qu’inutiles d’érudition & d’efprit, poutt
trouver une fucceflion d’églife demie cachée, demie
vifible ; on raffembla tous ceux qui, dans les divers-
temps , s’étoient élevés contre les pratiques de l’é-
glife Romaine ; on en voulut former la véritable
églife, & avec toutes les erreurs poflibies de
chronologie & de critique, on ne vint à bout de
rien; les lacunes étoiênt trop vaftes, les futures
trop groflières. Au quatrième fiècle, Vigilance
combat le culte des faims, Vigilance eft feul l’églife
univerfelle. Quand on peut s’accrocher à un corps
entier d’hérétiques, auxlconoclaftes , par exemple ,
on triomphe; voilà une églife. Bérenger, Wiclef,Jean
Hus viennent continuer la fucceflion, & avec
quelques intervalles d’invifibilité, d’obfcurciflemcnt,
de règne de Satan, d’affliélion que Dieu envoie à
fon époufe chérie , on gagne, comme on peut, le
feiziême fiècle. Ce fut là comme la première ébauche
du fyftême ; on le perfectionna dans la fuite, ÔC
avec la feule églife des Vaudois que l’on confondoit
à deflein avec les Albigeois, & qui, difoit-on ,
s’étoit féparée au quatrième fiècle, de l’églife Romaine
, corrompue par les bienfaits de Conftantin ,
on trouva toute la fucceflion dont on avoit befoin.
Cette idée étoit ingénieufe. « Vous nous repr*-