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confidérables qu’on l’a dit; s’il a quelquefois de
l’enflure , de la dureté, de la familiarité, de la
recherche, il a aufli une multitude de beaux vers
& de belles tirades; Corneille, & même Ciébillon
avec tous les défauts de leur fty le , feront fans
■ doute immortels : M. de Btlloi, avec tous les defauts
du lien, nous paroit mériter d’être à jamais
célèbre. Après nos quatre tragiques illuftres, il eft
le feul jufqu'à prèfent qui laifle un théâtre, les
autres n’ont que des pièces.
Confidéré comme profateur , il a encore plus
d’avantages. Ses préfaces font des poétiques utiles ;
fes mémoires & fes notes hiftoriques font d’un
favant, à l’inftruflion duquel l’efprit & la philo-
fophie n’ont pas moins contribué que l’étude ;
il anime l’hiftoire par le raifonnement & la difcuf-
fion. il en tire des réfultats nouveaux & heureux,;
il a de l’élégance & de la grâce. Son ftyle.efl:attachant
& fatisfaifant. Il a fur-tout un goût tres-
éclairè. Son Traite fur la langue 6> la poéfie franco',
fe, qui n’a paru que dans l’édition pofthume,
prouve que fi M. de Belloi n’a pas fu s’élever dans
fes vers jufqu’à cette élégance continue , cette
harmonie douce, fecile, flexible, toujours égale,
& toujours variée des Racine & des Voltaire, il
favoit fentir bien finement & bien vivement ce
mérite dans leurs ouvrages & dans ceux des poëtes
qu’ils ont formés. „ , ,
BELLONS, ( Hifl moi. ) c’eft une efpece de
lampe ufitée en Efpagne, que l’on place fur un
pied d’argent ou d’une autre métal fort evale.^ Chaque
lampe a huit ou dix tuyaux par ou 1 on fait pal-
fer la mèche ; ce qui fait que ces lampes eclairent
parfaitement ; & pour augmenter encore la lumière,
on la place derrière une plaque d’argent bien polie,
qui la réfléchit. On y brûle ordinairement de 1 huile
très-pure. (A . R ) . .
BELLORI ; (Jean-Pierre) célébré antiquaire
de Rome , garde de la bibliothèque & du cabinet
de curiofités de la reine de Suède, Chriftine, a
donné, foit en latin, foit en italien, un grand
nombre d’ouvrages , contenant des deferiptions
curieufes de divers monumens, foit antiques, loit
modernes, des arts à Rome; il a aufli donne en
italien les Vies des peintres , architectes fr fculpteurs
modernes. Mort à 8o ans én i 6q6.
BELON , (Pierre) {Hifl- ütt. moi.) médecin
de la faculté de Paris, voyageur & naturalise
célèbre, publia en 1555 une relation de ce qui!
avoit vu de plus remarquable en Grèce, en Judee,
en Arabie. On a de lui YHiftoire des oifeaux , &
XHitloire des poïffbns, & uil traité, de arbonbus
coniferis. 11 étoit connu & eftimé des rois Henri l i ,
& Charles IX. Il avoit pour ami le cardinal de
Tournon; mais il avoit aufli des ennemis, K un
d’entr’eux l’aflaffma près de Paris ien 1564.
B E LOT, (Jean) ( i lift. lut. moi.') avocat au
confeil, compofa une Apologie de la langue latine ,
qui n’avoit nul befoin d’apologie. Il trouvoit igno-
jjle de fe fervir du françois dans les ouvrages ia-
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vans, & il ne favoit pas le latin. Ménage dit dans
fa requête des dictionnaires : Que la charité de Belot
envers le latin, étoit d’autant plus recommandable ,
qu’il n’avoit pas l’honneur de le connoître. Il compare
Belot à ces chevaliers qui fe battoient pour
des fnconnus, mot qui peut avoir été l’original
de l’épigramme beaucoup plus piquante de Roufi
feau contre Longepierre :
Longepierre le tranflateur,
De l’antiquité zélateur , j
Imite les premiers fidèles
Qui combattoient jufqu’au trépas
Pour des vérités immortelles
Qu’eux-mêmes ne comprenoient pas.
L’ouvra g« de Belot parut en 1637. Il eft dédié au
chancelier Seguier.
BELSUNCE, (Henri-François-Xavier de)
( H i ß . mod. ) On ne peut trop redire avec quelle
charité courageufe , avec quelle humanité religieufe
& fainte, ce vertueux prélat brava tous les dangers
de la pefte de Marfeille en 172,0 & 1721 , pour
porter aux malades tpus les fecours fpirituels &
temporels ; il faifoit fon devoiikfans doute , mais
il le fit d’une manière fi diftinguée , avec une telle
effufion de zèle & dé bonté, qu’il à droit, aux
éloges & à la reconnoiflance de tous les hommes.
Que les janféniftes examinent rigoureufement, fi
ayant été jéfuite avant d'être évêque , ïl ne fut pas
un peu trop infpiré par les jéfuites dans fes opinions
& dans les détails de fon adminiftration, il
ne le fut du moins que par fon zèle & par fa vertu
dans les.malheurs de fon diocèfe. Que fa mémoire
foit donc à jamais révérée fans aucune des réftric-
tions que l’efprit de parti pourroit vouloir mettre
à fon éloge. Oublions qu’il écrivit, ou qu’un père
le Maire , jéfuite , écrivit pour lui fur les billets
de confeffion, & fur les refus de facremens une
lettre que le parlement crut devoir condamner au
feu ; oublions qu’il écrivit à M. de Machault , qui
demandoit au clergé la déclaration de fes biens :
I Ne nous mette^ point dans la néceffité de déjobéir à
Dieu ou au roi ; oublions les petités fautes de cet
homme charitable, & ne nous Souvenons que de
fes vertus. Son troupeau, fauvé par fes foins, lui
en étant devenu plus cher, il ne voulut jamais le
quitter, & ’ refufa l’évêché de Laon, auquel le roi,
pour le récompenfer, le nomma en 1723. Il fonda
à Marfeille le collège qui porte fon nom. Il a
compofé, ou on a compofê fous fon nom une
Hifioire des évêques de Marfeille. Il en avoit été
fait évêque en 1709 ; il efl: mort en 175 5-
BELUS, (Hiß- arte.) On le dit le même çjue
celui qui eft nommé Nembrod , ou Nembrotb
dans l’écriture ; il fu t, dit-on, le premier roi d’Af-
fyrie ; il fixa fon empire à Babylone, apres en
avoir chaffé les Arabes, 1322 ans avant J. C.
Saint Cyrille le repréfente comme l’introducteur
de l’idolâtrie. Ninus, fon fils , lui fit rendre les
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honneurs divins , & lui-même, dit-on, fe les étoit
fait rendre de fon vivant.
BEMBO, ou BEMBE, (P ierre) {Hiß. lin.
mod. ) noble vénitien, fils de Bernard Bembo ,
gouverneur de Raven ne & ambaffadeur à Florence,
naquit à Venife en 1470 , forma fon ftyle en italien
à Florence, en latin dans les écrits de Cicéron
, & alla en Sicile apprendre là langue grecque
fous Auguflin Lafcaris. Il eut une maîtrefte 1
qui lui infpira des vers amoureux , & qui lui donna
trois fils & une fille. Le pape Léon X le fit fon 1
fecrétaire ; le pape Paul III le fit cardinal en 1538,
& lui donna l’évêché d’Eugubio & celui de Ber-
game. Bembe fut un prélat fort exemplaire ; il eft
vrai qu’il avoit perdu fa maîtrefte en 15 3 5 , & qu’il
étoit devenu vieux. Le cicéronianifine, qui étoit
paffé chez lui en manie, remplit fes ouvrages ,
même chrétiens ,. d’expreflions payennes; il fait
dire au pape qu’il a été créé pontife par la faveur des
dieux immortels. Jéfus-Chrift eft chez lui un héros,
la vierge eft la déeffe de Laurette, dea Lauretana ,
comme Vénus eft îa déeffe de Paphos , & Minerve
la déeffe d’Athènes. On dit qu’il s’interdifoit la
récitation du bréviaire, de peur de corrompre fa
latinité. Son ouvrage le plus confidérable eft fon
hiftoire de Venife en douze livres, pouffée jufqu’à
la mort du pape Jules II en j 513. Il mourut en
1547. On a recueilli fes oeuvres , tanrlatines qu’italiennes,
en quatre vol. in-folio, Venife, 1729.
BESME, ou BÊME, {Hiß. de France.) C ’eft un
de ces noms diffamés par le crime., comme ceux
d’Eroftrate, de Jauréguy, de Balthafar-Gérard ,
de Ravaillac, &c. Ce nom de Berne eft une contraction
de celui de Bohême , qui étoit la patrie de
cet homme. Son véritable nom étoit Charles Dia-
nowitz ; il étoit domeftique de la maifon de Guife.
Ce fut lui qui tua l’amiral de Coligny à la journée
de la faint Barthelemi. Sa récompenfe fut d’époufer
une des bâtardes du cardinal de Lorraine; mais
l’indignation qu’excitent les grands crimes fait du
moins qu’ils reftent rarement impunis. B efme,àans\e
cours des guerres civiles , en 1 575 , étant tombé
entre les mains des proteftans, les Rochelois voulurent
l’acheter pour le faire écarteler dans leur
place publique ; Befine fe fauva de fa prifon pendant
la négociation ; maisBerteauville, gouverneur
de la place où il avoit été enfermé , le pourîùivit
& l’atteignit ; Befme fe retourne , & lui tiré un
coup de piftolet, en lui difant : Tu fais que je fuis
un mauvais garçon. — Je ne veux plus que tu le fois ,
répondit Berteauville qui avoit efquivé le coup, &
il lui paffa fon épée au travers du corps. Les beaux
vers de la Henriade ne laifferont jamais oublier le
nom de Befme ni forf crime.
BENADAD, fils du fruit, ( Hiß. facrée ) roi de
Syrie, fit alliance avec A fa, roi de Juda, & lui
donna du fecours contre Baafa, roi d’Ifraël, qu’il
obligea d’accourir pour défendre fon propre pays
contre les incurfions de l’ennemi, & d’abandonner
Rama qu’il faifoit fortifier. On croit que ce Be-
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n a d a d étoit fils d’Adad , qui fe fouleva contre
Salomon , à la fin du règne de ce prince, (-j-)
B E N A D A D , ( Hifl. facrée, ) fils & fucceffeur du
précédent, déclara la guerre a Achab, roi d’Ifraël,
& vint aflïéger Samarie. Achab, après l’avoir contraint
de lever le fiége, le défit encore l’année fui-
vante, & lui tua cent mille hommes. Benadad 9
affoibli par ces pertes , eut recours à la clémence
du vainqueur, qui fit la paix avec lui, & le renvoya
contre l’ordre de Dieu. Achab eut fujet de
fe repentir de fa trop grande facilité ; car Benadad
ayant repris les armes, le tua dans une bataille.
Après quelques autres expéditions, le roi de Syrie
étant tombé malade , & fachant qu’ÉIifée étoit
à Damas, lui envoya demander par Hazaël, s’il
releveroit de fa maladie : le prophète répondit à
ce dernier qu’il feroit ro i, & qu’il fer oit de grands
maux aux Ifraélites. Hazaël de retour affura Benadad
qu’il guériroit de fa maladie ; mais le lendemain
il l’étrangla,.& fe fit déclarer roi, l’an du
monde 3120. (-j-) Benadad , ( Hifl. facrée. ) troifième roi de Syrie,
S is de Hazaël, fut vaincu plufieurs fois par
Joas, roi d’Ifraël, qui fecouvra fur lui tout ce que
Hazaël avoit pris aux Ifraélites. Ibid, 13. (-j-)
BENI, (Paul ) ( Hifl. litt. mod. ) né dans l’ifle
de Candie en 1552, profeffeur de belles-lettres à
Padoue, mort en 1625, eft un peu connu par
divers commentaires fur Ariftote, fur Virgile, fur
Sallufte, fur l’Ariofte, fur le Taffe ; par une théologie
tirée des écrits de Platon & d’Ariftote , fur - tout
par fa haine pour l’académie de la Crufca , & par
la critique qu’il a faite de fon dictionnaire.
BENJAMIN , (Hifl. des Juifs.)_douzième & dernier
fils de Jacob & de Rachel, naquit auprès de
Béthléem, vers l’an du monde 2266. Lorfque la
famine attira les fils de Jacob en Egypte, Benjamin.
refta auprès de fon père; mais Jofeph, fans fe faire
connoître à fes frères, voulut qu’ils le lui ame-
naffent; ce qu’ils firent. Alors Jofeph, pour éprouver
leur amitié pour cet enfant! fit mettre une
coupe d’argent dans le fac de celui-ci à leur infçu ,
avec l’argent du grain qu’il emportoit. Cette
épreuve réuflit & occafionna la reconnoiflance de
Jofeph avec fes freres. ( Voyeç Joseph. ) Benjamin
fut le chef de la tribu de fon nom, la plus
petite , mais- la plus fidelle de toutes. (A . R.)
Benjamin de Tudèle, ainfi nommé de la ville
de Tudela ou Tudèle, dans la Navarre , parcourut
toutes les fynagogues du monde pour connoître
à fond les Ulages, les moeurs & les cérémonies dé
chacune; il donna de fes voyages une relation fort
curieufe, dont Jean-Philippe Baratier, cet enfant
célèbre que nous avons fait connoître à fon article,
a donné en 1734 une traduétion françoife en
deux volumes i/z-8ç . La relation originale avoit été
imprimée a Conftantinople en 1345, plufieurs fiè-
cles après la mort de l’auteur arrivée en 1173.