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1158. Sa compaflion politique cherchoit moins à
replacer le malheureux Uladiflas fur le trône, qu’à
réunir la Pologne à fes domaines ; c’eft .par cette
conquête qu'il vouloit jetter les fondemens de la
monarchie univerfelle qu’il avoir projettée. Il entra
donc en Pologne : Boiefias , trop foible pour
Soutenir la guerre en rafle campagne , attira les
Impériaux'dans des embufcades où leurs détache-
mens furent maflacrés, les harcela tantôt eii tête ,
tantôt en flanc, tantôt en queue, enlevant les
Convois, confervant les hauteurs, attaquant toujours
, & jamais attaqué.
L ’empereur, qui voyoit flon armée périr en détail
fans fruit & fans gloire, propofa un accommodement.
B oie fias confentit au retour de fon frère ;
mais celui-ci mourut en chemin, l’an 1159, &
îaifla trois enfans qui , n’ayant hérité que de la
haine des Polonais que fon père s’étcit attirée,
ïi’ofèrent d!abord réclamer leur patrimoine.
Ils attendirent, pour faire valoir leurs prétentions
, que le fouvenir de la tyrannie de leur père
fut effacé. Bolejlas tranquille dans fés états fongea
a en reculer les bornes. Depuis long-temps les rois
<3e Pologne jettoient fur la Prufle 'des regards ambitieux.
Les habitans de cette contrée , vaincus
quelquefois & jamais domptés , payôient tribut à
la Pologne lorfqu’ils fe fentoient foibles , & le
refufoient dès qu’ils avoient réparé leurs forces.
Bolejlas fe fervit du prétexte de la religion pour
lès aflervir ; ces peuples étoient idolâtres ; on avoit
déjà eflayé en vain de les floumettre au joug de ;
la foi. Bolejlas crut que l’afpeét d’une armée prê*
teroit plus de force aux raifonnemens des million- •
«aires. Les Prufliensen effet reçurent le baptême ;
& rendirent hommage à Jéfus-Chrift & à Bolejlas.
Mais à peine l’armée fut rentrée en Pologne, que
les Prufliens relevèrent leurs idoles, replantèrent
leurs bois facrés ; Bolejlas, réflolu de fe venger,
repartit fur les frontières de Prufle en 1168; mais
ayant confié à des guides infidèles le falut de fon
armée, elle torfiba dans une embufcade & fut
taillée en pièces.
Les fils d’Uladiflas profitèrent d’une conjoncture
fî favorable à leurs defleins : ils réclamèrent hautement
le duché de Cracovie, réfolus de demander
cnfuité la couronne, fi cette première démarche
réufliflbit. Ils trouvèrent des troupes en Allemagne,
mais ils ne trouvèrent point de partifans en Pologne.
La nation aflemblée décida que leurs pré-
rentions étoient injuties, qu’ils étoient déchus de
tous leurs droits, & qu’en profcrivant Uladiflas,
elle avoit profcrit fa poflérité. Bolejlas fut moins
févère : il rendit à ces infortunés quelques villes
de Siléfie, & les admit au partage avec fes neveux.
Il mourut le 30 oélobre 1173. Ce prince avoit peu
de défauts & quelques vertus ; fes ralens étoient
médiocres ; & ce qu’il y a de plus étonnant dans
fa conduite, c'eft d’avoir entretenu avec Miceflas,
Henri & Cafimir, fes frères, une concorde inaltérable.
( M, DE S/àÇY. )
B O L '
BgleslàS V , furnommé le Chajle, {Hi(l. J e
Pologne.' ) Au milieu des troubles dont la Pologne
fut agitée, après la mort de I.eck le Blanc & de Miceflas
le Vieux, Bolejlas fut élu duc de Pologne
en 1243 » JPar un parti qui devint le parti dominant.
Ce fut un roi fainéant, dont nous ne parlons
que pour apprécier les éloges que l’Intioire lui a
donnes ; il n’ofa réfifler à aucun des prétendans
à la couronne , & eût été détrôné , fi fes favoris
qui regnoient fous fon nom , n’avoient eu pour lui
la fermeté qu’il n’avoit pas lui-même. Ce ne fut
pas fans peine qu’il fe mit en marche contre les
Tartares qui defoloient les frontières de fes états;
on ne pouvoit le réfoudre à foutenir feulement
làfjieâ de leur armée. Ses peuples furent accablés
d’impôts qu’il ignoroit lui-même ; fon nom fut le
pretexte de mille injuffices qu’il ne fbupçonnoit
pas ; il mourut ^en 12791 apres un régne de trente-
fept ans. Les louanges que les hiftoriens lui ont
prodiguées, ne font qu’un tribut que la reconnoifi
fance de l’Eglife payoit à fâ mémoire. Il appauvrit
fon peuple polir enrichir le clergé', combla
les moines dé biens & d’honneurs, accorda à la
cour de Rome des décimes énormes ; & fut le jouet
de fes courtifitns. On le loué d’avoir été châtie ;
c eft aux moraliftes à décider . quand la continence
dans le mariage eff une vertu. Mais
; aucun politique-ne balancera à condamner un
prince, qui, prévoyant que fa fuccefîion peut livrer
fes états en proie aux guerres civiles , néglige
de lui donner un héritier dé fon fang.Bolejlas
etoit plus fait pour le cloître que pour le trône,
( M . d e S a c y .) r -
BOLINGBROKE, (Henri S. Jean, vicomte
de) (Hifl. d'Anglet.) fecretaire d’état fous la reine
Anne, eut beaucoup de part aux affaires dans les
dernieres années du règne de cette princeffe, qui
l’honoroit d’une confiance particulière. La paix
d’Utrecht fut fon ouvrage , & celui du marquis
de Torcÿ ; cette paix étoit l’objet des voeux de
leurope, & il n’y avoit peut-être qu’Eugène &
Marlborough qui cruflent avoir intérêt de la traverser.
Marlborough étoit alors dans la difgrace &
dépouillé de fes ëmplois ; le prince Eugène vint à
Londres tenter un dernier effort contre la paix &
ranimer le parti des Wigs, dont Marlborough
etoit le chef, commé Saint-Jean, depuis lord Bolingbroke
, l’étoit des Toris. Leurs complots troublèrent
la ville de Londres, & allarmêrent la
cour. Les faits fuivans ont été attetiés en France
par le lord Bolingbroke, à des perfonnes dignes de
foi. Il he s’àgiflbit pas de moins, félon lui, dans
-Ces complots, que de détrôner & çTemprifbnner
la reine. Bolingbroke alarmé du danger de cette
princeffe, entra dans fa chambre au milieu de la
nuit, lui fit part des avis qu’il avoit reçus, & lui propofa
de faire arrêter fur le champ le prince Eugène ,
& le duc dé Marlborough ; la reine effrayée d’un
parti fi violent, & toujours portée à la modération,
lui demanda s’il n’imaginoit pas de moyen
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plus doux? Oui, madame, dit Bolingbroke, & il
propofa de remplir de gardes le palais & les environs
, & les polies les plus importans de Londres.
Èn effet, les mal-intentionnés voyant leurs projets
découverts & prévenus , relièrent tranquilles,
& fe cachèrent, le prince Eugène partit, c ’étoit
tout ce qu’on vouloit.
La mort du dauphin, du duc de Bourgogne,
de l’aîné -de fes fils, & là complexion foible du
cadet,- firent craindre que Philippe V devenant
l’aîné de la maifonde F rance, ne voulût joindre
la France & 1-Efpagne. Les miniffres anglais déclarèrent
qu’il n’y avoit point de paix à efpérer fans
une rénonciation expreffe de Philippe V à la couronne
de France, rénonciation que les Angloisfe
chargeoient de faire valoir. On peut voir dans les
mémoires de Torci, ce qui fut allégué fur cette
propofition par ce miniftre , ce qui fut répliqué
par. le lord Bolingbroke.
Si toute l’éurope avoit befoin de la paix , la
France étoit réduite depuis'long-temps à ne pas
diflimuler que cette paix lui étoit devenue abfolu-
ment nécelfaire , & lés alliés avoient cruellement
âbuflé de cet aveu tacite, aux conférences de la
Haye & de .Gertruydemberg ; lorfque le lord
Bolingbroke vint à Paris pour terminer cet utile
ouvrage, il fut reçu comme le bienfaiteur de la
France, on lui prodigua les honneurs ; aux fpec-
tacles, tout le monde fe leva par retipeâ à fon arrivée.
Il eut aulfi des fuccès perfonnels & indé-
pendans de fa miffion. Il Iaifla. en France des fou-
venirs agréables & des regrets flateurs.
Sa faveur en Angleterre aura peu ; la reine Anne
mourut quelque temps après la conclufion de la
paix ; le miniftère redevint W igh, les Toris furent
difgraciés , & le lord Bolingbroke renvoyé du
minifière , trouva' fa confolation dans l’étude qui
convient à un philofophe , & dans les plaifirs qui
retient à un homme aimable ; mais ayant été exclu
du parlement, & voyant la perfécution devenir
plus forte, il crut devoir éviter l’orage, il revint
en France, où on le revit avec un intérêt
augmenté par fa difgrace ; il prit, pour habitation
la fource du Loiret, près d’Orléans, une des plus
déîicieufes retraites que le goût de la belle nature
puiffe choifir en France; il époufa madame de
Villette , nièce de madame de Maintenon. Quand
les troubles furent calmés, & les intérêts de parti
refroidis en Angleterre, Bolingbroke. y retourna &
y fut accueilli comme devoit l’être un homme de
ion mérite; mais l’amour de l’étude devenu fa
paflion dominante, l’entraîna dans la retraite ; il
vécut & mourut dans une terre que fes pères
lui avoient laiffée , où une belle bibliothèque
& quelque^: amis choifis fuffifoient à fon
bonheur. Il mourut le 25 novembre 17 5 1 , âgé de
foixante-dix-neuf ans. On a donné en 1754 une
belle édition de fes ouvrages en cinq volumes i/z-40.
& neuf volumes i/z-8°. On a traduit en françois
fes mémoires 6c fes lettres. Le jugement qu’il porte j
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dans fes lettres, du gouvernement d’Angleterre,
a été remarqué, & pourroit porter coup de la
part de; ce minitire-philofophe, fi l’on n’obfervoit
qu’il étoit dans la difgrace, quand il s’exprimoit
1 aihfi : Le gouvernement de fon pays, dit-il, ejl com-
~ pofé d'un roi fans éclat, de nobles fans indépendance J
& de communes fans liberté.
Voici comment M. de Voltaire a parlé du lord
BoUngbroke :
En toi, cher Bolingbroke j héros qui d'Apollon
As reçu plus d'une couronne ,
Qui réunis en ta perfonne
L'éloquence de Cicéron,
L’efprit de Mécénas , l’agrément de Pétrone,"
Et la fcience de Varrop,
Bolingbroke , à ma gloire il faut que je publie
Que tes foins durant le cours
De ma longue maladie
Ont daigné marquer tous les jours
Par le tendre intérêt que tu prends à ma vie ;
Enfin donc je refpire , & refpire pour toi ; •-
Je pourrai déformais te parler & t’entendre.
BOLLANDUS & LES BOLLANDISTES,
( Hiß. litt. mod. ) Jean Bollandus, jéfuite flamand,
né à Tillemont en 1590”, mort en 1665 , fut chargé
par fon Ordre de recueillir fous le titre ÏÏAfta fane-
torum, les monumens qui peuvent conflater les
vies des faints, projet qu’a voit eu un autre jéfuite
flamand,nommé Rofweide. Le père Heinfchenius,
d’abord aflbcié de Bollandus , fut fon continuateur,
& il eut pour aflbcié à fon tour le père Papebroch,
un des plus dignes fucceffeurs de Bollandus. Ces
fuccefTeùrs ont été nommés dé fon nom Bollandißes ,
les do Eies Bollandißes : cette expreflion eft comme
paflee en proverbe chez les favans. Leur collection ,
qui n’eftpas finie , contient a&uellement quarante-
fept volumes in-folio. On l’a. comparée à un filet
qui prend toute forte de poiffons :
Tu pifees hiberne ex cequore vercis :
Segnis ego , indignus qui tantàm pojßdeam.
BOLSEC , ( Jérôme Hermès ou Hermas )
( Hiß. litt. mod. ) Calvin , hérétique qui faifoit
brûler les hérétiques, & qui perfécutoit les gens
même de fon parti, lorfqu’ils ofoient différer de
lui fur quelques points , fit emprifonner & bannir
ce Bolfec , canne apoftat, qui exerçoit la médecine
à Genève , où il s’étoit retiré par attachement aux -
nouvelles opinions. Le crime de Bolfec étoit d’avoir
contredit Calvin fur la prédetiinatlon ; Calvin
voulut même engager les Suiffes à faire mourir
Bolfec.
Quels furent les fruits de cette violence ? Voilà
ce qu’il y a d’utile à confidérer. Bolfec Jugea qu’il
n’avoit pas dû quitter la religion de les pères pour
etrouver l’intolérance dans la réforme, il rentra