
Taux, qui dévafta le territoire d’Ifraël. Les Juifs
qui tombèrent en fon pouvoir furent condamnés à . I efclavage. Jean, fils de Simon, remporta fur lui
une vi&oire qui affranchit pour un moment la Judée
du joug des Syriens. Ptolomée, beau-frère de
Jean , dont il avoit époufé la foeur , fut jaloux de
fa gloire, & fe voyant exclu des places où il pou-,
voit fervir fa patrie , il eut la lâcheté de la trahir.
II invite à un feftin Simon 8c fes deux fils , Mathathias
8c Juda , & les égorge tous les trois. Ptolomée,
devenu odieux à fa nation par ce crime ,
écrit à Âniiochus de lui envoyer des troupes pour
foumettré toute la Judée. L’armée fyrienne marche
contre Jérufiiîem pour en faire le fiège. Jean,
chargé de la défendre | en fait fortir toutes les
bouches inutiles ; cette multitude , rebutée de . fes
concitoyens, fe trouva enfermée entre les murs &
les Syriens, où die fut obligée de fe nourrir d’herbes
8c de racines ; le fpe&acle de leur misère attendrit
Jean, qui confentit à les faire rentrer dans
Jérufalem. Il follicita enfuite une trêve de fept
jours, ‘pour pouvoir pratiquer les devoirs prefcrits
par la religion. Antïochus y confentit, & ne bornant
pointlà fa générofité , il envoya des taureaux
& des vafes remplis de parfums pour fervir aux
facrifices. Il fit conduire ces offrandes avec une
grande pompe jufquaux portes de Jérufalem ; c’eft
ce qui fit donner à. ce monarque le fiirnom de pieux
par les Juifs. Cet a&e de piété détermina les aflié-
gés à la foumiflion ; ils ne demandèrent d’autres
conditions que le privilège de vivre félon leurs
loix & de pratiquer leurs rites facrés. La plupart
des courtifans fouhaitoient la ruine de Jérufalem
& 'lâ difperfion de fes habitans.. Mais Antïochus,
que fon penchant portoit à la clémence & à la
magnanimité , aima mieux accepter leur foumif-
fion ; il exigea que les Juifs lui remiffent leurs armes
, 8c détruififfentles fortifications de leurs villes
fleurs 8c de rubans, 8c l’on refpîrolt dans tout fe
camp l’odeur de la myrrhe 8c de l’encens, fpec-
tacle plus propre à allumer la cupidité d un ennemi
avare, qu’à lui infpirer de la terreur. Antïochus
étoit fuivi de Jean , pontife de Jérufalem, qui étoit
à la tête des troupes de la Judée. Le rois de 1Q-
rient , indignés de l ’orgueil des Parthes , fe déclarèrent
qui toutes furent foumifes à un tribut annuel : ce
fut airifi que la Judée fut réduite en province de
l’èmpire de Syrie. ’
% Antïochus, informé que Scipion fe préparoit à
faire le fiëge de Numance, lui envoya de riches
préfens pour fe concilier fa bienveillance. Scipion
les reçut aflis fur fon tribunal en préfence dé fon.
armée ; il ordonna au quefteur de les dépofér dans
lé tréfor public, pour les diftribuer aux foldats
qui fe diftingueroient par quelqu’aélion d’éclat.
Antïochus fe voyant à la tête d’une armée aguerrie,
déclara la guerre aux Parthes qui retenoient dans la
captivité fon frère Démétrius Nicator. Quoiqu’il
comptât environ cent mille combattans fous fes drapeaux
, il traînoit après lui un plus grand nombre
de goujats, de cuifiniers, de pâtiluers, de comédiens
& d’autres artifans & miniftres du luxe 8c des voluptés.
Les tentes reffembloienf à desfalles de feftin
; la marche étoit embarafiée par des chariots
remplis dé viandes, de poiffons 8c des prodqâions
les plus délicates dès différentes provinces. Les
officiers & les foldats portoient des couronnes de
pour les Syriens qu’ils regardèrent comme
leurs vengeurs. Les deux peuples rivaux en vinrent
bientôt aux mains. Indale , général des. Parthes
, engagea une aétion proche le fleuve Lycus
en Aflyrie , & fa défaite. rendit Antïochus maître
de "plufieurs provinces ; il remporta deux autres
viéloires qui furent fùivies de la conquête de Ba-
bylone. Tous les peuples fe rangèrent à l’envi fous
' fa domination , 8c l’empire des Parthes fut reflet ré
dans là feule province dont il tire fon nom. Phraa-
tes , roi des Parthes, qui tenoit Démétrius dans
une efpèce de captivité , l’envoya en Syrie pour
en faire la conquête ; il fe flattoit, par cette diver-
fion, d’éloigner de fes états un_ennemi qui auroit
les fiens à défendre ; mais Antïochus fut confiant
dans fes premiers deffeins. Phraates fe fentant trop
foible pour tenter la fortune d’un nouveau combat
, tâcha inutilement de l’attirer dans une cm-
bufcade. Mais les.Syriens répandus dans les villes ,*
y exigèrent des contributions exceffives, qui fou-
levèrent contr’eux tous les peuples ; ils furent attaqués
dans leurs quartiers d’hiver, 8c comme ils
étoient épars, ils ne purent fe prêter un fecours
réciproque : on en fit un grand carnage dans plu-
-fieurs villes. Antïochus réunit toutes les troupes qui
étoient près de lu i, pour aller délivrer celles qui
étoient en danger. Il fut attaqué fur fa route par
les Parthes , il fie défendit avec intrépidité ; mais
fon efcorte épouvantée l’abandonna, 8c il fe ht
tuer les armes à la main. Ce prince qui avoit les
plus grandes vertus, en ternit l’éclat par fon intempérance.
Ennemi de la flatterie * on pourvoit lut
dire les vérités les plus hardies. S’étant un jour égaré
à la chaflfe, il fe réfugia dans la cabane d un
laboureur, 8c l’ayant interrogé fur çe^qu’on pem.
foit de lui ; le laboureur qui ne le connoiubit point,'
lui dit : Notre roi efl jufle & bienfaifant,màisil a
de méchans miniflres, Le lendemain, à la renaiflance
du jour , fes gardes arrivèrent 8c le revêtirent de
• fa pourpre 8c de fon diadème. Le payfan fe souvint
en tremblant de fon indifcretion ; mais le
'monarque le raflùra 8c lui dit : Vous niave^ révélé
des vérités que jamais je n aï entendues a ma cour9
Il régna douze ans félon quelques-uns, 8c neuf félon
Eusèbe, dont l’opinion eft adoptée par tous les antiquaires.
Il mourut l’an 182 de l’ere des Seleucides.
•A n t ïo c h u s V III, roi de Syrie, eiit le furnorn
d'Epiphane 8c de Griphon ; quoiqu’il fût le dernier
des fils de Démétrius Nicator, il fut éleve au trône
au préjudice de fes frères, par les intrigues de fa
mère Cléopâtre, qui lui fit déférer le vain titre de
roi dont elle fe réferva toute la puiffance. Cette 1 princeffe, fille de Ptolomée Phjlometor, n’entra
* 1 dans
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dans la maifon des Séleucides que pour la remplir
de meurtres 8c de difcorde ; époufe 8c mere homicide
, elle s’abandonna à toutés les fureurs qui
pouvoient fervir fa paflion de regner. Séleucus,
fon fils aîné, vouloit venger fur elle le meurtre
de fon père ; elle le prévint, en le perçant d un
coup de flèche. Cette marâtre plaça fur le trône le
jeune Antïochus, dont les mains etoient encore trop
foibles pour diriger les rênes de l’empire ; Cléopâtre
alors , donnant un libre cours à fon ambition,
nfiirpa tout le pouvoir ; 8c infultant, pour ainfi
dire, à la foibleffe de fon fils, elle fit graver fur
les médailles fon nom avant celui du jeune monarque
; fon gouvernement dégénéra en tyrannie.
Un jeune fyrien, nommé Alexandre, profita du
mécontentement des peuples pour fe frayer une
route au trône ; 8c quoiqu’il fut d une naiflance
obfcure, il fe dit fils d’Alexandre Bala ou Baies,
dont il réclama l’héritage. Les Romains 8c le roi
d’Egypte favorifèrent fon impofture. Les Syriens,
impatiens du joug dont les accabloit la regente, le
reconnurent pour roi, fans examiner la légitimité
de fes titres; 8c après plufieurs combats où il eut
toujours la fupériorité, il crut n’avoir plus befoin
de fecours étrangers pour fe maintenir fur le trône.
Ptolomée, qui avoit le plus contribué à fon élévation,
exigea pour prix de fes férvices qu’il lui
rendît hommage ; 8c fur fon refus, il fit des préparatifs
pour détruire fon propre ouvrage; il avoit
befoin de Cléopâtre pour aflùrer fa vengeance ,
il fe réconcilia' avec elle , 8c leurs forces reunies
marchèrent contre lèur enne'mi commun : les tré-
fors d’Alexandre étoient épuifés, fon induffrie facri-
lège lui fournit les moyens d’en remplir le vuide.
Il eut l’imprudence de piller les richefles du temple
de Jupiter : le peuple furieux rompit le frein de
l’obéiffance. Antioche prit les armes pour venger
l’outrage fait à fon dieu. Alexandre, prêt à être
la viâime de cette multitude effrénée, fauva fa vie
par la fuite ; mais également ennemi des hommes 8c
des dieux, il fut découvert 8c maffacré. Antïochus,
refferré jufqii’alors dans une contrée obfcure de la
Syrie, rentra dans la poffefîion abfolue du royaume
de fes ancêtres : il commença alors à rougir de
la dépendance humiliante où le tenoit fa mère;
cette marâtre, trop familiarifée avec le commandement
, pour rentrer dans la condition de fujette,
réfolut de fe débarraffer d’un roi qui ne vouloit
plus être efciave. Cette femme, fans frein 8c fans
remords dans le crime, lui préfente une coupe
empoifonnée : le prince, inftruit de fes deffeins,
refufe le funefte breuvage, 8c lui en allègue les
motifs : il lui déclare enfuite, que pour fe juffifier,
elle n’a que la reffource de faire fur elle-même
l’expérience delà liqueur fufpecte : elle fut forcée
de fe foumettre à cette épreuve, dont elle expira
la vi&ime. Sa mort délivra la Syrie d’un moriftre
altéré du fan g des Séleucides, dont elle eût éteint
la race, fi elle n’eût été arrêtée dans fa .marche
criminelle. Ce fut dans ce temps api Antïochus prit
Hijloire. Torti, h
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le fiirnom i'Êplph.me fur fes médailles : on ne lit
fur aucune celui de Griphon, qui, félon Juftm,
lui fut donné à calife de fon nez long & pointu,
ce furnom n’étoit point affez noble pour être grave
fur les monnoies. Jofephe le nomme encore PhiU,-
metor; mais cet hiftorien n’appuie fon opinion t a
aucune autorité. Ce prince, inftruit au crime a
l’école de fa mère, voulut faire périr ion trere ,
qui comme lu i, s’appeloit Antïochus. Cet attentat
, qui fut découvert avant d’être exécuté, tut
la femence d’une guerre civile où les deux partis
éprouvèrent fucceflivement des fucces oc des re-
; vers. Les deux frères, également rebutes de ne
; pouvoir fixer la fortune, confentirent à partager
I la Syrie, 8c ce partage fut la fource des difcordes
qui préparèrent la ruine des Séleucides. Epiphane,
âgé de quarante-cinq ans, fut affafîiné par Hera-
cléon, qu’il avoit comblé de biens 8c d’honfieurs:
fon règne de trente-huit ans, fut agite de diilen-
tions domeffiques ; il mourut l’an 315 de 1 ere des'
Séleucides. , , v.
A ntïochus IX , furnomme Philopator, etoit
fils d’Antiochus Evergette , 8c frère utérin dAn-
tiochus Epiphane; il prit aufli le nom de Civique 9
parce qu’il avoit été élevé dans une ville de ce
nom ; mais il eft plus connu fous celui de Philo-
pator, qu’il ambitionna par predileélion comme un
témoignage de fa piété filiale, 8c pour fe concilier
l’affeéfion des Syriens, pénétrés de refpect pour
la mémoire de fon père, qui les avoit gouvernes
plutôt en père qu’en fouverain. Ce prince, échappé
à la mort que lui préparoit fon frere, le força de
partager avec lui l’empire de Syrie : tant que Philopator
refta dans la vie privée, il parut digne
d’une plus grande élévation ; mais des quil fyt
revêtu du pouvoir fuprême, il s abandonna fans
pudeur à la baffeffe de fes penchans ; il ne difponfa
les honneurs 8c les dignités quaux miniftres de
fes plaifirs : fa cour fut remplie de bouffons, de
bateleurs, qu’il récompenfoit avec magnificence,
parce qu’ils avoient feuls le fecret de le tirer de
l’affoupiffement où le plongeoient fes excès. Son
goût pour faire dan fer les marionnettes, lui fit faire
plufieurs découvertes dans les méchaniques ; il
trouva le fecret de faire des oifeaux artificiels, qui,
par des refforts ingénieux , planoient au milieu
des airs. Tandis qu’oubliant les foins du troue ,
il fe livroit à ces occupations futiles, fon neveu
Séleucus, qui régnoit dans la partie de la Syrie,
qu’il avoit héritée de fon père, ne voyant dans
Philopator qu’un concurrent efféminé, 8c qu un
ufurpateur chargé de fes dépouilles , raffemble
toutes fes forces, 8c lui livre une bataille qui décida
du deftin de la Syrie : Philopator, entraîné
par un cheval indocile 8c fougueux fut précipité
au milieu des efeadrons ennemis, où fe trouvant
fans défenfe, il aima mieux fe donner la mort,
que d’être redevable de la vie à fon vainqueur.
Ce prince, paflionné pour la chaffe 8c pour d’autres
amufemens qui ayiUffoient fa dignité, ne fus
* 7-.