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l’addition d’une tache ou d’une marque de diminution
, comme une barre, un point dextre, un point
champagne, un point plaine, une pointé feneftre,
un gouuet, &c. ( Voye^ chacun de ces mots à fon
article. )
On ajoute que ces marques doivent être de couleur
brune ou tannée, fans quoi ce feroient des
marques d’honneur & non de diminution.
Il paroît que s il y a réellement des exemples
o abaïjjemefit en armoiries, ces exemples font rares,
relatifs à des circônftances particulières , & ne forment
point de règle générale.
ABEILLE, fubf. f. mouche à miel: fa fituation,
eft d’être montante & volante. ( Voyeç à la pl. VI.
fig. 326 9 les armes de la maifôn Barberin. )
ABISME, ou ABIME, f. m. en abîme , ou ; IN coeur , fe dit dune pièce ou meuble de l’écu i
qui eft au centre ou milieu, fans toucher ni char- j
ger aucune autre pièce. Ainfi on dit d’ùn petit écu !
placé au milieu d’un grand , qu’il eft en abîme ; |
toutes les fois qu’on commence par toute autre figure I
que par celle du milieu, on dit que celle, qui eft au
milieu eft en abîme , comme fi on vouloit dire que les
autres grandes pièces étant élevées en relief, celle-
là paroît petite & comme cachée & abîmée. Une
pièce en abîme, eft ordinairement au milieu de trois
autres pièces ou meubles , & eft nommée là dernière.
Il porte trois befans d’or avec une fleur de
ly s en abîme.
Voifin .porte d’azur à trois étoiles d’or, un croiffant
d argent mis en coeur ou en abîme ; cependant la
pièce, en abîme eft quelquefois feule.
ABOUTÉ , ée , adj., fe dit de quatre hermines,
dont lés bouts fe répondent & fe joignent en croix.
Hurlefton,en Angleterre, d’argent à quatre queues
•d’hermines en croix, & aboutées en coeur.
ACCOLADE , f. f. cérémonie qu’on employoit
en conférant l’ordre de chevalerie, dans le temps
où les chevaliers étoient reçus en cette qualité par
les princes Chrétiens.. Elle confiftoit en ce que le
prince armoit lé nouveau chevalier, l’embraffoit
enfùite en figne d’amitié , & lui donnoit fur l’épaule
un petit coup du plat d’une épée. Cette marque de
faveur & de bienveillance eft très - ancienne ;
Grégoire de Tours écrit que les rois de France de
la première race $ donnant le, baudrier & la ceinture
dorée ,baifoient les guerriers à la joue gauche ,
en proférant ces paroles , au nom du Père & du Fils
& du Saint-Efprit, & comme nous venons de dire,
les frappoient de l’épée légèrement fur l’épaule. Un
ancien auteur de la vie de Louis le Débonnaire’,
rapporte à l’année 791 j que ce prince , âgé alors
d’environ treize ans , fut armé folemnellement au
château de Rensbourg par Charlemagne , qui lui
ceignit l’épée , i bique enfe accinflus ejl. C ’étoit un
refte d’un ancien ufage des Francs & des Germains,
qui faifoit, du moment où . l’enfant recevait avec
les armes le droit de défendre la patrie, une des
grandes époques de là vie; & ce fut le commencement
de cet autre ufage, fi célèbre depuis fous
AC C
le nom de chevalerie. Ce fut à peu près ainfi que
Guillaume le Conquérant, roi d’Angleterre, conféra
la chevalerie à Henri fon yfils , âgé. de dix-
neuf ans, en lui donnant des armes ; le chevalier
qui recevoit Y accolade étoit nommé chevalier d’armes.,
& en. latin miles ; parce qu’on le mettoit en
poffefiion de faire la guerre , dont l’épée, le haubert
, & le heaume, étoient les fymboles. On
y ajoutoit le Collier comme la marque la plus brillante
de la chevalerie. Il n’étoit permis qu’à ceux
qui avoient ainfi reçu Y accolade ,.de porter l’épée &
de chauffer des éperons dorés ; d’où ils étoient nommés
équités aurati, différant par-là des écuyers qui
ne portaient que des épérons argentés. En Angles
terre , les fimples chevaliers ne pouvoient porter
que des cornettés chargées de leurs armes : mais
le roi les faifoit fouvent chevaliers bannerets en
temps de guerre , leur permettant de porter la bannière
comme les barons.
accolade ( oferons - nous le dire?) étoit quelquefois
un fouffiet ; c’eft ce que Ducange appelle
Alapa militaris ; on vouloit, dit-on , par cette cérémonie
, difpofer lé nouveau chevalier à fuppor-
ter avec courage les' humiliations mêmes ; mais
ces fymboles font toujours un peu équivoques, &
les interprétations un peu arbitraires : n’était-il pas
bien plus dans l’efprit militaire & chevalerefque de
ces temps-là de ne jamais fupporter l’humiliation ,
& ne vouloit-on pas plutôt aire au nouveau chevalier
: voilà le dernier affront qu’il'vous foit permis
d’endurer ; c’eft dins ce fens que Molière paroît
avoir voulu faire la parodie de l’ancienne accolade,
par la baftonnade de M. Jourdain, à fa réception
dans la dignité de Mamamouchi ,* dara , dara bajlori-
nara3 non tener honta quefla fl'ar l ’ultima affronta.
En donnant Yaccolade , on prononçoit ces mots :
Au nom de Dieu , de faint George , dé fàiht Michel,
de monfeigneur faint Denis , &c. je te fais chevalier.
Quelquefois on difoit : Soyer preux & loyal.
Lorfqu’âprès la viftoire de Marignan, François I
voulut être armé chevalier- fur le champ de bataille
par Bayard ; celui-ci, en le frappant doucement fur
le cou du plat de fon épée, lui dit: Autant vaille
que f i c’étoit Roland ou Olivier , Gôdefroi ou Baudoin
fon frère ; certes vd'ûs êtes le premier prince que
oncques feis chevalier , Dieu veuille qu’en guerre ne
preniez la fuite. Il ne la prit point à la bataille de
Pavie, & il fut pris.
L’accolade eft encore d’ufage dans les nouveaux
ordres, de chevalerie.
On trouve dans quelques vieux auteurs le mot
fubftantif accolée pour accolade.
A C CO LÉ , ée , adj'. ( & A CCOLER, verb. ) fe
prennent en plufieurs fens différens.
i ° . Pour deux chofes attenantes & jointes en-
femble , comme les écus de France & de Navarre,
qui font accolés fous une même couronne dans les
armoiries de nos rois. Les femmes accolent leurs
écus à ceux de leurs maris. Les fiifées , les lofanges ,
les macles (voir ces mots ) font auffi cenfées être
A C C
accolées quand elles fe touchent de leurs flancs ou
de leurs pointes fans remplir tout 1 écu,
Nagu de Varennes, en Beaujolois, d azur a trois
fiifées d’argent , accoleeS en farce.
Rohan , en Bretagne, de gueules à neuf macles
d’o r , accolées & aboutées trois trois en trois fafces.
2.0. Accolé fe dit des chiens, des vaches , des
aigles, des cignes & autres animaux qui ont des
colliers ou des couronnes paffées autour du cou..
De Valbelle de Mairargues , -de Tourve , en
Provence , d’azur, au levrier rampant d argent,
accolé de gueules. « ^
De Nieolaï, d’azur, au levrier courant d argent,
accolé de gueules & bouclé d’or. ( PL VI. fig. 28$. )
3q. Des chofes qui font ^entortillées, à d’autresj,
comme une vigne à un échalas., un ferpent a une
colonne ou à un marbre, &c.
Chauvelin de Grifenoir, de Beau Séjour, à Paris, ,
d’argent au chou fauvage de finople à cinq branches,
pofé fur une terraffe de même, la tige du chou accolée
d’une biffe d’or. ( Voir la pl. VIII. fig. 42p. j
' Bignon, d’azur à la longue croix coupée d’argent,
pofée fur une terraffe de finople, accolée, d’un fep de
vigne , feuillé & tigé de même , chargé de cinq
grappes de raifon d’or ; la croix cantonnée de quatre
flammes d’argent. (PL IV. fig. 16p.)
40. On fe fert dé ce terme pour les chefs , bâtons
, maffes , épées , bannières & autres chofes
femblables qu’on paffe en fautoir derrière l’écu, &
beaucoup mieux encore pour lés colliers des ordres
qui environnent l’écu. " • - •' ' . .
Les chevaliers des ordres accolent leurs armoiries
de l’ordre de faint Michel & de celui du faint
Efprit. ira ,
L’ordre de faint Michel accole de plus près 1 ecu,
parce qu’il eft de plus ancienne création.
Les prélats affociès à l’ordre du faint-Efprit accolent
leurs armoiries du ruban bleu d’où pend la
croix -du faint -Efprit.
Les grand-croix & commandeurs de l’ordre de
faint Louis accolent leur écu d’un ruban rouge où
eft attachée la croix du faint.
ACCOMPAGNÉ, ée , adj. On appelle dans le
Blafon, pièces honorables ou pièces du premier
ordre, celles qui dans leur largeur la plus ordinaire
rempliffent à-peu-près la troifième partie de
l’écu, qui en occupent les principales places , &
.dont les extrémités touchent les bords de l’ecu.
Ces pièces font fouvent ou chargées , ou cantonnées
, ou côtoyées (ces mots feront expliqués en
leur, lieu) ou enfin accompagnées d’autres pièces
réputées de moindre valeur dans le Blafon. Le
mot accompagné, convient à la fafce, au chevron, -
au pairie & à la pointe.
Efparbez, en Guyenne,rd’argent à la fafce de
gueules, accompagnée dé trois merlettes de fable.
Ranchin d’Amalry, de Fronfréde , en Languedoc
; d’azur à la fafce d’o r , accompagnée en chef
de trois étoiles de même, & en pointe d’un puits
d’argent.
A C C t
Laurencîn de la Buffiére, en B.oiifgogn.c ; .-4?
fable, au chevron d’or , accompagné de mis 'étoiles
d’argent. „ , 1
Baron, d’azur au chevron d o r , accompagne de
trois-molettes de même. , , -
Une ou plufieurs bandes font accompagnées lori-
qu’elles ont à leurs côtés des pièces ou meubles
de longueur en féantes pofitions^ c’eft - à - dire, perpendiculaires
, car fi ces pièces ou meubles étoient
inclinés en diagonale dans le fens de la bande ,
alors la bandé ou les bandes font acotées. ■ - Accompagné fe dit auffi du lion , de 1 aigle,
de divers animaux quadrupèdes volatiles pu reptiles
, lorfque quelques meubles ou pièces le
trouvent en féantes pofîtions au-deffus, au-deffous ,
ou aux côtés. .
La Bruyère, de Çaümont en Champagne ; d a-
zur au lion d’o r , accompagné de trois mouchetures
d’hermine. . ,
ACCORNÉ , ÉE, adj. fe dit de tout animal a
cornes, lorfque ces cornes font d’un autre émail
que le corps de l’animal. -,
Portail, femé de France , à la vache d argent.,
i clarinée de même, accolée, dçeornée & couronnée
de gueules. [ Voyez la p l.V . fig. 273 \ . ..
A CCO STÉ , ée , adj. ou COTOYE , ee , fe dit
du P a l, de la bande de la barre, quand ces pièces
ont aux côtés d’autres pièces, moindres. Le Pal ell
açcofié de fîx annelets, quand il y en a trois d un
côte & autant de l’autre ; la bande eft accoflee 9
quand les pièces qui font à fes cptés font couchées
du même fens ., c’eft-à-dire en diagonale, & quil
y en a le même nombre de chaque côté. Les bandes
qui Ont aux côtés des pièces rondes , comme
befans , tourteaux, annelets , rofes, &c. s’appellent
accompagnées plutôt qu’accofiées.
Ville-prouvée, en Anjou & en Champagne , de
gueules à la bande d’argent accofiée de deux cot-
tices d’or.
Nereftàng de Gadagne j à Paris , d’azur, à trois
bandes d’or accofiées de trois étoiles d’argent ; les
étoiles pofées entre la première. & la féconde
bande.
ACCROUPI, IE, adj. fe dit du lion afiis, comme
de celui de la ville d’Arles & de celui de
Venife ; il fe dit d’autres animaux fauvages & autres
lorsqu’ils font afiis ; il fe dit auffi des lièvres
\Sc des lapins, qui font ramaffés , ce qui eft leur
pofture .ordinaire. ,vlorfqu'ils ne font pas courans.
Pafchal Colombier, en Dauphiné, d’argent à un
finge accroupi de gueüles.
ACCULÉ^ adj. fe dit d’un cheval cabré & ren-
verfé en arrière de manière qu’il porte ou femble
porter fur le derrière & de quelques autres animaux
dans la même fituation ; il fe dit auffi de
deux canons pofés fur leurs affûts , comme les deux
que le grand-maître de l’artillerie mettoit au bas'
de fes armoiries pour marque de fa dignité. (F/.
XVII. fig. demiere. )
Harlnig, en Angleterre, d’argent à la licorne
A ' a