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BRENNUS , ( Hifi. anc. ) nom de deux généraux
Gaulois, dont l’un ravagea l’Italie, & l’autre la
Grèce; le premier vers l’an 388; le fécond vers
l’an 2,78 avant J. C.
BR E T , ( C ardin le) ( Hifi. mod. ) célèbre
avocat-général du parlement de Paris, mort doyen
du cônlei'l le 24 janvier 1655, auteur du traité de
la fouverainetê du roi.
BRETAGNE , ( Hifi. de Fr. ) anciennement
nommée Armorique, tire fon nom ou des Bretons
,chafTés de la Grande - Bretagne par les Anglo-
Saxons , ou félon quelques auteurs, de Bretons
établis plus anciennement dans la Gaule, & qui
même étant paffés dans Fille d’Albion,a voient donné
à cette ifle le nom de Bretagne. Céfar fournit la
Bretagne Gauloife, alors encore nommée Armorique
ou Marmorique, c’eft-à-dire, maritime» Lorf-
que le tyran Maxime fe fit proclamer empereur
en Angleterre, l’an 382, il permit, dit-on, à
Conan Meriadec, l’un de fes lieutenans, de fe
former un royaume particulier dans F Armorique
ou Bretagne; Clovis fournit les Bretons
plus par les négociations que par les armes ; leurs
chefs étoient convenus de quitter le titre de rois,
& de fe contenter de celui de ducs & de comtes,
fous la condition de l’hommage; mais chaque fois
qu’ils fe révoltoient, ( & ils fe révoltoient fouvent)
ils reprenoient ce titre de rois.. Frédégonde, par
fes'intrigues, foule va contre Gontran, leur fameux
comte Waroc, qui, en joignant la perfidie
à la valeur , parvint à défaire deux armées fran-
çoifes. Judicaël, fous Dagobert, profitant d’une
irruption desGafcons, avoit repris le titre de roi,
& fait des courfes dans les provinces voifines de
la Bretagne , il fut obligé de venir à Saint Denis
demander pardon, & il n’ofa même fbrtir de cet
afyle de faint-Denis pour aller trouver le roi à
Clichy, tant il redoutoit la rigueur des loix féodales
contre les vafTaux félons & rebelles.
Les Bretons fe révoltèrent encore fous le règne
de Pépin le Bref qui n’eut qu’à paroître pour les
foumettre. Ils étoient calmes & dociles du temps
de Charlemagne ; ils fe révoltèrent de nouveau
fous les règnes de Louis - le - Débonnaire & de
Charles- - le - Chauve, & fe donnèrent des rois;
Noémène, un de ces rois, fut fe maintenir fur le
trône pendant toute fa vie ; il le laifTa en mourant
à fon fils Hérifpoux , ou Hérifpoë r celui-ci fut
afTaffiné par Salomon, fon coufîn-germain, fils de
Rivalon, frère aîné de Nêomène, & Salomon à H
fon tour fut afTaffiné par un autre fils de Née- ;
mène vers l’an 878. Ce Salomon fut le dernier l
roi des Bretons ; la Bretagne fe partagea en diverfes
factions, & s’étant affoiblie par fes divifions, reprit
les titres modeftes de duché & de comté. Depuis
Alain I , comte de toute la Bretagne vers l’an 930,
ou 933*, la Bretagne n’eut que des. comtes, Alix,
héritière delà Bretagne, époufa en 12,13, Pierre de
Dreux, dit Mauclerc, de la maifon de France, défi-
cendu de Louis-le-Gros ; la Bretagne fut érigée en ,
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duché-pairie en 1297, pour Jean I I , petit-fils de
Pierre Mauclerc. Anne de Bretagne, héritière de
ces ducs, réunit la Bretagne à la France par fon
mariagq, d’abord avec Charles V III, enfuite avec
Louis XII. ( voir Anne de Bretagne. )
BRÉZÉ , ( voyei Maillé & Maulevrier. )
BRICE, (Germain ) {Hifi. litt. mod. ) eft connu
par fa defcription de la ville de Paris.
Brice , ( dom ETiENNErGABRiEL, ) favant bé-
nédiétin , l’eft par les travaux du Gallia Chrifiiana.
‘ Le premier, mort en 1727, le fécond en 1757.
BRIÇONNET, ( Hifi. de Fr. ) Trois prélats ont
particulièrement ilhifiré ce nom.
i°. Robert Briçonnet, archevêque de Reims &
! chancelier de France, mort en 1497.
I 2°. Guillaume,dit le cardinal de Saint-Malo,parce
qu’il étoit évêque de faint Mal©, lorfqu’il fut fait
cardinal; car dans' la fuite il eut les archevêchés
de Reims & de Narbonne. Un jour qu’il
officioit pontificalement, fes deux fils , car il
avoit été marié avant d’être engagé dans les
ordres , lui fervxrent, l’un de diacre, l’autre de
fous-diacre. Il étoit tout-puifTant fous Charles VIII.
Le Feron l’appelle oraculum regis , regni columna.
Il eut le malheur d’engager Charles VIII dans
l’expédition d’Italie, & le mérite de s’en repentir
& de fe rétra&er, lorfqu’il en eût été encore
temps. Il mourut en 1514. Il étoit frère de
Robert :
3 0. Guillaume,un des fils du cardinal,fut évêque de
Meaux; il aimoit les lettres,.il attiroitlesfavans dans
fon diocéfe ; parmi ces favans, il fe glifia quelques
partifàns de la nouvelle réforme qui commençoit
alors à s’établir, & fon diocèfe fut le premier jaar
oiile luthéranifine naiHant pénétra en France. Il apporta
tous fes foins à l’extirper, mais l’erreur
S’avançoit à pas lents par cent détours obfeurs.
& la perféeutîon hâtoit fes progrès. L’amour de
Guillaume Briçonnet pour les lettres , dans un
temps où les hérétiques étoient beaucoup plus inf-
truits que les catholiques, lui fufcita des tracaf-
feries & des chagrins ; fes ennemis le dénoncèrent
comme fauteur d’héréfie. Il fut cité plufieurs fois
au parlement pour rendre compte de fado&rine,.
il mourut en 1533.
BRÏENNE , {Hifi. de Fr. ) maifon illuftre, au»
jourd’hui éteinte, qui a -produit un roi de Sicile,
un roi de Jérufalem, un empereur de Confianti- -
nöple , trois ducs d’Athènes , trois connétables de
France , plufieurs bouteillers, chambriers & autres
grands officiers de la couronne.
BRIENNE-LOMÉNIE , ( voye^ Loménie. )
BRIGAND, f. m. ( Hifi mod.) vagabond qui
court les campagnes pour piller oc voler les paf-
fans. On donne quelquefois ce nom aux foldats
mal difciplinés qui défolent les pays où ils font
des courfes , 8c qui n’attendent point l’ennemi pour
le combattré. Ainfi les Hordes des Tartares, 8c
ces pelotons d’Arabes qiii infultent les voyageurs
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dans le Levant, ne font que des troupes de brigands.
On prétend que ce mot vient originairement
d’une compagnie de foldats que là ville de
Paris arma 8c foudoya en 1356, pendant la prifon
du roi Jean ; que toute cette troupe étoit armée
de brigandines , forte de cotte d’armes alors ufitée ;
8c que' les défordres qu’ils commirent leur acquirent
le nom de brigands, qu’on appliqua enfuite
aux voleurs de grand chemin. Borel le dérive de
brugue, autre efpèce d’armure ancienne faite, de
lames de fer jointes, 8c dont ces brigands fe fer-
voient comme de cuiraffes. Jufte Lipfe.le fait venir
de bragantes, qui étoient des fantaffins. Fau-
chet en trouve la racine dans bris ou brug, vieux
mot Gaulois ou Tudefque, qui lignifie un pont ;
parce que , dit-il, les ponts font des lieux où l’on
détroufle communément les paffans. D ’autres le
tirent d’un nommé Burgand, qui défola la Guienne
du temps de Nicolas premier ; 8c d’autres enfin
de certains peuples appellés Brigantins ou Brigands,
qui demeuraient fur les bords du lac de Confiance ,
8c pilloient tout le monde indifféremment, amis
ou ennemis. (G)
BRILLON, (Pierre-Jacques) auteur de divers
ouvrages ; il n’eft connu aujourd’hui que par
fon dictionnaire des arrêts. Mort en 1736.
BRINVILLIERS, (Marguerite d’Aubrai , femme du marquis de) lafunefte aventure de cette
femme criminelle offre divers points de moralité.
Elle demeurait avec fon mari, chez le lieutenant
civil d’Aubrai fon père. Le marquis de Brinvilliers ,
introduifit dans cette maifon un jeune officier de
fon régiment , nommé Godin de Sainte-Croix,
d’une très-belle figure , 8c voulut qu’il n’eût pas
d’autre demeure. Madame de Brinvilliers,jeune auffi,
aimable 8c fenfible , crût devoir représenter à fon
mari les inconvéniens 8c les dangers d’une liaifon
fi intime 8c fi continuelle. Le marquis de Brinvilliers
croyant pouvoir compter fur la vertu d’une
femme affez fenfée pour.s’en défier, n’eut aucun
égard à fes repréferitations. Ce qui devoit arriver
arriva, dit M. de Voltaire , ils s’aimèrent. Le lieutenant
civil d’Aubray, indigné de voir ce fcandale
dans fa maifon, obtint une lettre de cachet, pour
envoyer à la Baftille le jeune de Sainte-Croix, qu’il
11e falloit, dit encore M. de Voltaire, envoyer qu’à
fon régiment. Sainte-Croix fut mis à la Baffille dans
lalnéme chambre qu’Exili, cet Italien quifaifoit métier
de compofer 8c de vendre des poifons ; il apprit
de lui fon art funefle, 8c forti de la Baftille
au bout d’un an, il continua de voir fécrètement
fa maîtreffe. Le lieutenant civil, deux frères 8c une
foeur de la marquife de Brinvilliers moururent em-
poifonnés en 1070. La vie du marquis de Brinvilliers
fut refpectée, parce xpi’il avoit eu de l’indulgence
pour l’amour qu’il avoit eu l’imprudence
de faire naître. Un appareil de dévotion couvrait
les crimes de la marquife de Brinvilliers 8c dé-
tournoit d’elle les foupçbns ;. 8c ce qui eft auffi
■ affreux à penfer que difficile en apparence à ex-
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pliquer, ce n’étoit pas pure hypocrifie ; cette em-
poifonneufe parricide, qui, félon des mémoires du
temps, avoit répété jufqu’à dix fois fur fon père fes
abominables effais, étoit réellement fufceptible
dans le même temps de quelques fentimens religieux
, elle fe confeffoit, 8c fa confeffion générale
qu’elle avoit mife par écrit 8c qui fut furprife, fervit
à fa conviction , ce qui, à la vérité, fait quelque
peine. Sainte-Croix mourut fubitement. On dit,& ce
fait a été mal-à-propos rapporté depuis de quelques
autres perfonhes, que travaillant un jour à la compétition
d’un poifon violent, il laifTa tomber unmafque
de verre dont il fe fervoit pour fe garantir de l’aétion
du poifon, 8c qu’il mourut fur le champ. Quoi
qu’il en foit, comme c’étoit un avanturier inconnu
8c ne tenant à perfonne, on mit le fcellé fur fes
effets.
La marquife de Brinvilliers eut l’imprudence de
r éclamer, 8c même avec un emprefïèment inquiet,
une caffette qui faîfoit partie de ces effets ; cette
réclamation , rappellant le commerce qu’elle avoit
eu avec Sainte-Croix, fut fufpecte. La juftice ordonna
l’ouverture de la caffette ; on la trouva
pleine de petits paquets de poifon dont l’étiquette
Indiquoit l’efîet que chacun devoit produire. A
cette nouvelle, la marquife de Brinvilliers s’enfuit
en Angleterre , puis à Liège, où elle fut arrêtée 5
on la conduifit à Paris où elle fut brûlée le vendredi
17 juillet 1676, après avoir fait amende honorable
à Notre - Dame, 8c avoir eu la tête
tranchée.
M. de Voltaire ne croit ,point ce que le peuple dit
encore, 8c ce qu’a écrit Gayot de Pittaval dans les
caufes célèbres, que la marquife de Brinvilliers
effayât fes poifons dans les hôpitaux ; mais voici
ce que dit à ce fujet madame de Sévigné : « Elle
» empoifonnoit de certaines tourtes de pigeon-
» neaux dont plufieurs mouraient ; ce n’étoit pas -
v qu’elle eût des raifons pour s’en défaire, c’ètoit
» de timples expériences pour s’affurer de l’effet
» de fes poifons. Le chevalier du Guet qui avoit
” été de ces jolis repas, s’en meurt depuis deux ou
” trois ans : elle demandoit l’autre jour s’il étoit
” mort. On lui répondit que non ; elle dit en fe
» tournant ; il a la vie bien dure. M. de la Rochefou-
»* cauld jure que cela eft vrai ».
La marquife de Brinvilliers avoit voulu s’ôter la
vie dans la prifon. « Voilà M. de Coulanges, écrit
madame de Sévigné à fa fille, » qui vous dira de
» quelle manière madame de Brinvilliers a youlu
» le tuer.
Ici M. de Coulanges prend la plume : « Elle
» s’é toit. fiché un bâton, devinez où ; ,ce n’eft
” point dans l’oe il, ce n’eft point dans la bouche,
» ce n’eft point dans l’oreille, ce n’eft point dans
» fe nez , ce n’eft point à la turque ; devinez où ?
» G’e ft.. . . . . . tant y a qu’elle étoit morte, fi
» l’on ne fût promptement accouru à fon fecours ».
Madame (le Sévigné ajoute dans une autre lettre :
« Caumartin a dit une grande folie fur ce bâton *
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