
fait à leurs ancêtres, qui leur demandèrent des
fiibfiftances pendant leur féjour dans le défert. Leur
caractère & leurs moeurs dévoient être féroces,
fi l’on en juge par leur religion & leurs rites fa-
crés. Molpç rut l’idole la plus révérée : ils offraient
aufli des Sacrifices à Chemos, à Baal, à Milcon,
Melec, Adramelec, Anamelec. Les autels de ces
dieux étaient arrofés de fang humain ; les enfans
étoient l’ofirande la plus chère à Moloc, que plu-
fieurs croient reconnoître dans Vénus, Priape,
Mercure & Saturne. Quelques-uns prétendent que
le reproche de ces facrifices expiatoires efi une
pieule calomnie des premiers chrétiens, pour rendre
le paganifme plus odieux : ils prétendent que les
mères portoient feulement leurs enfans entre deux
feux pour les purifier, & qu’il ne leur en arrivoit
aucun mal ; mais ceft à tort. Les livres de l’ancien
teftament y font formels, & leur témoignage efi
fans réplique.
Leur roi Eglon fignala fes talens militaires contre
les Ifraélites ; mais il étoit à la tête d’un peuple qui
n’étoit point compté parmi les nations belliqueufes.
Cependant ils s’emparèrentdela vallée d’Hammon,
qui avoit été enlevée à leurs ancêtres. Dieu fe
1er vit de leurs bras pour punir les Juifs prévaricateurs
; à la fin touché de leur pénitence, il fuf-
cita Jephté , général des troupes d’Ifraël, qui affranchit
fa patrie de l’opprefîion. L’hifioire facrée fait
mention d’un roi des Ammonites , qui fignala fon
règne par des conquêtes. Les habitans de Jafeb
amégés implorèrent fa clémence ; ce prince altier
ne voulut leur accorder la vie qu’à condition que
chacun d’eux auroit l’oeil crevé. Saiil indigné de
cette capitulation inhumaine, vint fondre fur lui ,
& il fit un fi grand carnage de fon armée, qu’il
n’y eut pas un foldàt qui fe dérobât à la mort.
Hunum , fon fils & fon fucceffeur, attira fur lui
les vengeances de David , juftement irrité de
l’outrage fait à fes ambaffadeurs, à qui l’on avoit
fait couper la moitié de la barbe & des habits.
Joab remporta fur eux une viéfoire complette.
Les Syriens, leurs alliés, eurent un pareil fort;
& après leur défaite les Ammonites furent la victime
d’un vainqueur juftement irrité. Leur pays
fut la proie des flammes; Rabba., prife par David,
fut livrée au pillage ; tous les. habitans expirèrent
dans les tou miens ; & ce pays, riche & peuplé,
fut changé en un défert fierile. Les Ammonites
devenus,, par leurs défaites, infenfibles. à la gloire
des armes, s’appliquèrent uniquement à la culture
des terres. Un de leurs rois, réveilla leur indocilité
naturelle ; & honteux d’être aflujetti à payer
le tribut impofé par Ozias , roi de Juda , il renou-
vella une guerre qu’il foutint fans, gloire , & n’obtint
ia paix qu’en fe foiimettant à payer un tribut
de cent talens d’argent, de foixan.te mille hoifleaux
d’o rge, & d’une pareille quantité de froment,
impofition exorbitante qui fait connoître l’exceffive
fécondité de cette petite contrée. Lorfque les rois-
ffe Babylong envahirent tous, les, états de l’A fie ,
les Ammonites furent enveloppés dans la ruine
générale. Ce n’étoit pas que leur pays flattât l’ambition
de ces conquérans, mais ils furent punis de
l’afyle qu’ils a voient donné aux Juifs après la prife
de Jérufalem. Leurs campagnes furent ravagées,
leur roi & tous les grands de la nation furent
chargés de fers. Depuis ce temps ils furent fuccef*
fivement aflervis aux différens empires qui domi-
noient fur la terre ; & quoiqu’on leur laiflat des
chefs de leur nation pour les gouverner, ils n’en
étoient pas moins dans la dépendance. Depuis le
deuxième fiècle de notre ère, ils font compris fous
la dénomination générale & Arabes.
Les Madianites qui avoient une origine commune
avec les autres Cananéens, tiroient leur nom de
Madian , fils d’Abraham & de Cétura. Ils habi-
toient une partie nombreufe de l’Arabie , dont on
ne peut déterminer les limites. Ils avoient quelques
villes, & Madian, dont on découvre encore
aujourd’hui quelques ruines, étoit leur métropole.
Cette nation nombreufe fe divifoit en deux peuples
différens : les uns menoient la vie nomade ,
habitoient fous des tentes, & ne s’arrêtoient que
dans des lieux où ils trouvoient des fubfifiances.
Leurs chameaux , leurs dromadaires, & leur bétail
faifoient toutes leurs richefîes. Les autres Madianites
difjperfés fur la furface du globe, aban-
donnoient à leurs femmes le foin de leurs troupeaux
, & alloient commercer avec toutes les nations.
Leur négoce: étoit un échange de leur bétail
avec de l’or & des pierreries. On peut juger
de leurs richefîes par la magnificence de leurs
rois, qui ne fe montraient en public, que chargés
de diamans du plus grand prix. Ce luxe s’étendoit
jiifques fur leurs chameaux dont les chaînes étoient
d’or. Ce fut un des premiers peuples du monde
qui connut l’ufage de l’écriture, c’efi-à-dire, l’art de
graver des cara&ères ayec une touche de fer fur
du plomb, & ce fut d’eux, difent quelques auteurs
, que les Ifraélites l’apprirent-. Le commerce
demande des connoifîances qui fuppofent un efi*
prit cultivé : ainfi il efi naturel de fùppofer que les
Madianites, qui avoient des relations avec les
étrangers, avoient fait des progrès dans la géographie,
i’arithmérique & l’afironomie , qui feules
peuvent diriger le navigateur ; quoique leurs voyages
dans toutes les contrées du monde eufîent dû
les éclairer, ils n’en étoient pas moins opiniâtres
dans leurs préjugés , ni moins aveugles fur- le culte
qu’on doit à l’Etre fiiprême. Leurs cérémonies religie
u fes n’étoient qu’un amas impur d’abominations.
La circoncifion n’étoit point en ufage
parmi eux ; la femme de Moïfe étoit madianite,
& elle aima mieux fe féparer de fon époux, que
de fe foumettre à cette cérémonie :*ils n’avoicnt
point de rois, à moins qu’on- ne donne ce nom
aux chefs de la nation : ce chef étoit- en même temps
grand facrificateur.
Les Madianites ne firent la guerre que quand
ils furent dans la nécefiité de fe défendre; moinsambitieux
qu’avares, ils n’affeélèrent que la fu-
pPriorité des richefîes. Ce fut en profîituant leurs
filles qu’ils cherchèrent à triompher des Ifraélites ;
Moïfe irrité leur fit éprouver fes vengeances. Leurs
forterefîes furent rafées , tous les mâles qui s’offrirent
fous fes coups, furent exterminés , les femmes
& les enfans furent égorgés. Ce fléau ne frappa
que ceux qui s’étoient rendus complices de la ié-
du&ion, & cent cinquante ans après , on voit repa-
roître les Madianites plus redoutables 8c plus
nombreux : ils furent la verge dont Dieu fe fervit
pour châtier les infidélités de fon peuple. C ’efi:
dans nos livres faints qu’il faut chercher les prodiges
opérés par Gédéon, on y verra cent vingt
mille hommes qui s’égorgèrent les uns les autres,
quoiqu’ils n’euflent en tête que trois cens
Ephraïmites , qui n’ayant pour armes que des trompettes
& des vafes de terre, ne pouvoient leur
faire aucun mal ; mais Dieu les avoit frappés de
terreur. Les Madianites cédant à leurs inclinations
pacifiques, fe livrèrent tout entiers à leur commerce,
& accumulèrent dans leur pays l’or des
nations étrangères. Ce n’efi que depuis le premier
fiècle .de notre ère qu’ils ont perdu leur ancien
nom, & qu’on les défigne par celui ü Arabes.
Le pays d’Edom ou l’Idumée, fut un héritage
que Dieu donna à la poftérité d’Efaü, qui en chaffa
les Horites, 8c qui donna le nom ÜEdom , fils de
fon patriarche, à cette contrée. On lui donna pour
bornes le golfe Perfique au midi, le pays de Canaan
au feptentrion , celui de Madian à l’orient,
& les Amalécites à l’occident. Ce pays dominé
par des montagnes fiériles, refufe tout aux befoins
de l ’homme. On n’y trouve que quelques Arabes
vagabonds qui vivent ifolés du refte de la terre.
Mais fi cette terre avare ne donne ni eaux, ni
moiflons, fa pofition favorifoit fon commerce fur
la mer Rouge. Ses principales villes étoient Elath,
dont les ruines annoncent fon ancienne fplendeur,
Timan & Dedan qui avoient de grandes relations
de commerce avec T y r : quand les defcendans
d’Efaü fe furent a fiez multipliés pour avoir lafu-
périorité , ils abolirent l’ancienne forme du gouvernement,
& ils fubftituèrent à des rois éleéfifs
fe.pt chefs tirés de la famille de leur patriarche ;
mais dans la fuite ils reconnurent la nécefiité de
réunir toute l’autorité' dans un feul chef, les Juifs
les repréfentent comme une race de brigands ;
mais ce caraâère de férocité 8c de perfidie paroît
peu compatible avec la profeflion du commerce,
que ces peuples faifoient avec fuccès. Il efi vrai
qu’entraînés par leur agitation naturelle, ils épioient
les occafions de tout envahir, & que foüs prétexte
de conferver leurs pofiefiions, ils tâchoient de
s’approprier celles de leurs voifins. Quoiqu’occu-
pés de leur commerce, ils s’appliquèrent aux
Iciences , dont ils étendirent les limites. On leur
attribue plufieurs découvertes, fur-tout dans l’af-
tronomie. Ils cultivèrent encore avec fuccès la
morale 8c l’hifioire naturelle. On fait qu’intimidés
par 1 exemple de leurs voifins, ils accordèrent un
pafiage à Moïfe fur leurs terres. Ils firent fentir
leur l’nperiorité aux Egyptiens, qui vouloient faire
par eux-mêmes le commerce des Indes. Ils leur
défendirent de naviger fur le golfe Arabique avec
• J*a^ reS » & ne four accordèrent qu’un feul
vaiflèau de charge pour leur commerce. David humilia
leur orgueil ; fon armée commandée par Joab
leur tua dix mille hommes. Le vainqueur eut ordre
, , maflacrer tous les mâles , & la race d’Efaü eut
été éteinte, fi la fuite n’eût fouftrait quelques malheureux
au glaive de Joab.
Les Idumeens fugitifs furent chercher un afyle
dans 1.Egypte, où ils perfectionnèrent l’afironomie
qui etoit encore dans l’enfance ; d’autres s’établirent
fur les cotes du golfe Perfique, où ils allumèrent
le flambeau des arts, tandis que les Juifs qui les
avoient chafies , les négligèrent. Depuis ce temps
le pays dEdom aflujetti aux princes de la maifon
de David, fut gouverné par des lieutenans qui
eurent toujours des rebellions à punir, jufqu’au
temps où les rois de Babylone s’en emparèrent.
Des^qu ils n eurent plus les Hébreux pour maîtres,
ils s en rendirent les perfécuteurs , ils ravagèrent
leurs campagnes & démolirent leur temple. Dieu
les punit de leurs facrilèges, & ils devinrent les
propres exécuteurs des vengeances du ciel. Ils fe
virent déchirés par des haines domefiiques, qui les
obligèrent de s’expatrier & de s’établir dans la
Judee, où ils fe confondirent avec les Nabathéens ;
le nom du royaume d’Edom fut transféré à cette
partie de la Judée , où ces fugitifs fe fixèrent. C ’efi
de cette Idumee 8c non de l’ancienne que les géographes
font mention; ce peuple dans la fuite tomba
fous la domination des Séleücides. Gorgias, leur
gouverneur , fervit bien leur haine naturelle contre
les Juifs , & Ton fait que Judas Machabée les fit
repentir de leur entreprife. Hircan leur preferivit
1 alternative d’embrafîër là loi judaïque , ou d’abandonner
leurs pofiefiions : ils aimèrent mieux fe
faire circoncire que d’aller chercher une nouvelle
patrie. Depuis ce temps-là ils ne formèrent plus
qu’un même peuple avec les Juifs, & la religion
réunit ces deux peuples qui avoient une même origine.
Les Juifs qualifioient du nom $ enfans d’Edom
ceux qui avoient embraflè la loi évangélique, &
quelquefois ils les appeiloient Samaritains ou Epicuriens.
. r
Les Amalefcites ou Amalécites avoient la même
origine que les autres peuples de la terre de Canaan „
puifqu’üs defeendoient d’Amalec , né d’Efaü & de fa
concubine Tinna. Ce fut lui qui donna fon nom à
cette partie du pays de Canaan, appellé Amalefcide,
qui étoit bornée par la terre de Canaan au feptentrion
, par l’Egypte au midi, par l’Idumée à
l’orient, par les déferts & la mer à l’occident. Ils
ne tenoient à la religion judaïque que par la circoncifion
: ils fe fouillèrent de toutes les abominations
de Tidolâtrie. Leur pofition au milieu de
peuples éclairés 8c polis, fait ptéfemer qu’ils avoient