
„ fe fît paye*. » Mais ce ne font-là que des eofi-
fidérations. Aufone peut , .à toute force, avoir été;
d’une autre religion que fes tantes 8c que fon élève,
Valentinien peut à toute force lui avoir cpnfié l’éducation
de fon fils, 8c le père & le fils peuvent
l’avoir, comblé d’honneurs en confidération de fes
grands talens & malgré fa religion.
Il eft certain que les preuves de pagan'ifme tirées
de fes ouvrages font fortes, la preuve de
chriftianifme tirée de Saint Paulin & de quelques
ouvragés attribués à A u fo n e eft très-forte aulîi.
Les favans fe font accordés dans l’idée qu’il étoit
nécefiaire d’opter entre les vers chrétiens 8c les :
vers payens éê Aufone,. 8c de regarder les uns ou
les autres, comme lui ayant été.faufièment attrh
bués;mais feroit-il doncirapoffibfe dfdiftinguer deux
temps , l’un où il eût été payen, l’autre où il fe
fût fait chrétien ? Ne pourr.oit - il pas, par exemple,
avoir abjuré le paganifme dans le temps où il fut
chargé de, l’infiitution du prince Graden ? La chronologie
démentiroit - elle cette idée ? La date de
fes différens ouvrages eft - elle affez précifément
indiquée, pour qu’on voye clairement que cette dif-
tin&ion de temps & ce changement de religion ne
peuvent être préfiimés?
» Si Aufone, dit M. le baron de la-Badie , avoit
s> été un poète pljiS-chafte,. Bayle aiiroit eu moins
»» d’empreffement d’en faire un chrétien, »
Ceft fe permettre de fcruter les coeurs & de
fiippofer gratuitement de mauvaifes intentions»
Q u ’on life les obfervations de Bayle, on n’y verra
pas la moindre trace d’intention ni de defir de faire
triompher une opinion ou une autre. Il examine
la queftion à charge & à décharge & ne prononce
rien de formel.
Aufone fut confiil en 379, On a des preuves
qu’il vivoit encore en 3SS , 8c même vers 39a.
On ignore l’année de fa mort. Il eut un fils - nommé
Hefpère, qui exerça conjointement avec lui la préfecture
des Gaules.
AUSSUN , ( d’ ) Fù^ O ssun.
AUSTREGUES, f. m. pl. {Hiß. moi.') nom
qu’on .donne en Allemagne à des juges ou arbitres
devant lefquels les électeurs , princes, comtes,
prélats 8c la noblelTe immédiate, ont droit de porter
certaines caufes.
Ce nom vient de l’allemand, auflragen, qui veut
dire accorder, parce que la fonâion de ces juges eft
de pacifier les différends ; ce font proprement des
arbitres, à cela près que les arbitres font autorisés
par le droit naturel, au lieu que la jurifdiâion
des auflregues eft fondée fur des conftkutions de
l ’empire, quoique dans le fond leurs fentences ne
Soient qu’arbitrales.
Lorfqu’un éleâeur ou prince a un différend avec un
autre, fort prince, foit éleâeur , & qu’il lui a fait
lignifier fa demande, le défendeur lui dénomme
dans le mois quatre électeurs ou princes, moitié
qccléfiaftiques, 8c moitié féculiers, 8c le fomme'
4’^n agréer un pour juge., ce que le. demandeur eft
obligé de faire dans le mois fuivant. Çe juge ;
qu’on nomme auflregue , inftruit le procès , le décide
; 8c la partie qui ne veut pas s’en tenir à fon
jugement, en appelle direâement à la chambre
impériale.
Ceux qui veulent terminer leurs différends par
la voie des auflrfigu.es, ont deux moyens pour y
parvenir : l’u n , en faifant nommer d’autorité par
l’empereur, à la réquifition du demandeur, un
eommiffaire impérial, qui doit toujours être un
prince de l’empire , que le défendeur ne peut ré-
cufer ; l’autre, en faifant propofer par le demandeur
trois électeurs dont le défendeur eft obligé
d’en choifir .un dans un certain temps pour être
leur juge; & ce juge oucommiffaire impérial inftruit
le procès. 8c le décide avec les officiers 8c j.u-
rifconfultes de fa propre juftiçe.
Dans cette jurifdiâion d'auflregues, les parties
ne plaident que par production , il ne leur eft
permis d’écrire que trois fois, 8c il leur eft défendu
de multiplier les pièces , quand même elles en
appelleroient à la chambre impériale.
Tous les membres de l’empire n’ont pas indifféremment
le droit d'auflregues 3 ou de nommer des
; arbitres autorifés par l’empire; c’eft à-peu-près la
même chofe que ce que nous appelions en France
; droit de committimus, dont il n’y a que certaines
perfonnes qui foient gratifiées.
Il faut encore remarquer que les auflregues ne
prennent point connoifiançe des grandes affaires ,
telles que les procès où il s’agit des grands fiefs de
l’empire, de l’immédiateté des états, de la liberté
; des villes impériales 8c autres caufes qui vont directement
à l’empereur, ou même à la diète de
l’empire. Heiff, Hifl. de l'etnp. tom. III. { G )
AUTELS, ( Guillaume des ) nom connu, d’un
poète françois du feizième fiècle , qui n’eft pas
eftimé, même de ceux qpi goûtent le jargon
de nos anciens poètes antérieurs à Marot ou fes
contemporains ; né vers 15 27 , mort en 1576,.
AUTHARIS , {Hifl. des Lombards. ) troifième
roi de Lombards, fils de Cleph, fécond r o i , joL-
i gnoit à la valeur 8c aux talens militaires , une
; galanterie héroïque digne d’une autre nation
& d’un autre fiècle, 8c çe qui vaut mieux
que la valeur & que la galanterie, il étoit jufte
8c aimoit fes peuples. Son premier foin fut de
les faire jouir de la paix 8c de la fûreté, deux
biens dont ils avoient été long-temps privés. Les
hiftoriens remarquent ayec admiration , que fous
i fon règne, la force n’opprimoit plus , la foibleffe
ne trahiffoit plus; que les brigandages avoient entièrement
celle ; que le libre voyageur & le pai-
fible citoyen ne craignoient plus d’outrage. Ç’étoit
peut-être chez les Lombards qu’il falloit chercher
alors le modèle d’un gouvernement fage 8c doux ;
Tnaîs on peut voir par les éloges même qu’on
donnoit à ce gouvernement quel avoit été précédemment
le fort des Lombards.
Autharis eut à combatre les empereurs deConf-
tantinpple
tantînople 8c les François. L’empereur Maurice
envoya de l’argent à Childebert , fils de Sigebert
& de Brunehaut, pour l’engager à faire une irruption
contre les Lombards en Italie • Childebert y
entra en effet avec une armée confidérable. Les
Lombards renfermés dans les places , le laîffèrent
courir 8c ravager les. campagnes : Autharis fe
hâta de le ^envoyer avec des pféfens, 8c d’en
obtenir la paix.'L’empereur, trompé dans fes efpé-
rances, envoya redemander fon argent à Childebert,
qui ne daigna pas lui faire de réponfe.
Quelque temps après, Ingonde , foeur de Childebert
, 8c veuve de Saint • Herminigil.de , étant
tombée, avec fon fils , en la puiffance de l’empereur
j il exigea pour prix de leur liberté, que Childebert
attaquât de nouveau les Lombards , ce qu’il
fit ; mais tandis que les Lombards étoient en marche
pour le combattre , les François 8c les Allemands,
dont l’armée de Childebert étoit compofée, prirent
querelle 8c retournèrent chez eux faps le moindre
butin.
Dans l’intervalle de l’une à l’autre de ces deux
expéditions, Autharis avoit châtié un duc rebelle,
nommé DroStulphe, qui avoit pris le parti de l’empereur.
Ce duc étoit d’une famille Suève : tombé,
dès fon enfance entre les mains des Lombards, il
leur devoit fon éducation, fa fortune , fes honneurs.
Sa bonne mine 8c apparemment quelques
talens l’avoient fait élever à la dignité de duc :
malgré tant de bienfaits, je ne fais quelle honte
de ion ancienne captivité, honte qui tenoit peut-
être aux moeurs de ces peuples barbares , lerendoit
fecretement l’irréconciliable ennemi des Lombards : il
faifit la première ©ccafion, de fe -venger d'eux, dit
Paul Diacre ; difons plutôt d'être ingrat & de les
punir de leurs bienfaits : il fe vendit aux empereurs,
il s’empara pour eux de Bèrfello fur le Pô ; mais
Autharis l’y força 8c l’obligea de chercher un âfyle
à Ravenne, où par fon zèle à défendre jufqu’à
fa mort, l’exarchat contre les Lombards, il mérita
que la reconnoiffance des habitans de Ravenne
lui érigeât un tombeau dans leglife de Saint-Vital,
avec une infeription où on lui fait un mérite d’avoir
été le perfécuteur de la nation qui l’avoit
adopté, éloge, qui eft un reproche grave :
Vaftator gentis adfuit ipfe face.
'Autharis fournit l’Iftrie, 8c affiégea dans une île
du lac de Côme un ancien lieutenant de Narsès ;
il l’en chaffa,8c s’empara des tréfors que les villes
voifines avoient dépofés dans cette île, comme dans
un pofte sûr ; il fit enfuite une trêve de trois ans
avec le Patrice Smaragde, fucceffeur de Longin
dans l’exarchat de Ravenne : voulant s’affurer d’une
paix durable avec Childebert, il lui fit demander
en mariage Clodefinde , fa foeur, Childebert la
lui promit 8c lui manqua de parole ; puis, craignant
fon reffentiment, il fe hâta de le prévenir ; il
Hiftoire. Tom. I. Deuxieme T art.
mena une armée en Italie, après avoir mandé, à
l’empereur Maurice, qu’il alloit enfin , félon fes
defirs, exterminer cette odieufe nation Lombarde.
Autharis, forcé de combattre l’in jufte ennemi qu’il
n’avoit pu appaifer, remporta une des plus mémorables
viâoires dont on eût entendu parler depuis
long-temps : à peine quelques miférables reftes de
l’armée françoife purent-ils regagner leur patrie.'
Childebert voulut prendre fa revanche ; ayant
reçu des nouvelles de l’empereur, qui l’affuroit
qu’il étoit prêt de le joindre en Italie , il fe hâta
d’y retourner avec une armée qu’il partagea en
pelotons fous la conduite de divers chefs. Les uns
allèrent camper aux environs de Milan : d’autres
allèrent à Plaifance, à Vérone; d’autres prirent
quelques forts dans le Trentin. Le fage Autharis
laiffa ce torrent s’écouler ; il fe contenta de renfermer
fes troupes dans les places fortes, 8c d’ob-
ferver la marche de fes ennemis , pour faifir l’oc-
cafion de les furprendre : ceux-ci attendaient toujours
l’empereur, ils l’attendirent en vain, les fignaux
qu’il avoit promis ne parurent point. L’exceffive
chaleur de ce climat, auquel les François n’étoient
point accoutumés, leur devint bientôt infuppor-
table ; la dyffenterie fit parmi eux des ravages
qui les obligèrent à la retraite : la famine vint
encore rendre cette retraite également néceffaire
8c pénible ; ils furent forcés de vendre d’abord
leurs habits, enfuite leurs armes , pour pouvoir
fubfifter jufqu’aux frontières de Francé , où ils
arrivèrent demi-morts de faim, de fatigue 8c de
maladie.
Autharis , content d’en avoir délivré fon pays l
fe garda bien d’entrer en France fur leurs traces ; il ne
fongea qu’à s’affermir 8c à s’aggrandir en Italie ; il
envoya des ambaffadeurs à Gontran , pour l’engager
à détourner Childebert, fon neveu, de ces expéditions
qui lui avoient fi mal réuffi. Gontran reçut
les ambaffadeurs d'Autharis comme ceux d’un
grand roi 8c d’un vainqueur ; mais il le renvoya
pour la paix à Childebert , ne voulant pas abufer
de L’afcendant que fes bienfaits 8c fon expérience
pouvoient lui donner fur ce jeune prince, ou ne voulant
plus fe mêler des affaires du fils de Brunehaut.
Autharis ayant perdu l’efpérance de devenir le
beau-frère de Childebert, envoya une ambaffade
à Garibald, duc ou roi des Bajoariens ou Bavarois,
pour lui demander Theudelinde fa fille en mariage;
il fut agréé avec joie. Frédégaire dit que
Theudelinde avoit été promife à Childebert, mais
que Brunehaut le détourna de cette alliance. Les
talens 8ç lçs vertus que Theudelinde fit paroître
fur le trône des Lombards, peuvent fervir à expliquer
la conduite de Brunehaut dans cette occafion ;
Autharis en profita. Il affaifonna fa demande de
traits de galanterie qui paroiffent peindre beaucoup
plus fon ' cara&ère particulier que les moeurs de
fa nation. Il envoya à Garibald une autre ambaffade
, dont fe chef étoit un vieillard vénérable 9
Sss