
régna que deux ans conjointement avec fon frère
qui n’avoit aucun de fes vices. ( T—N.)
CARIPI, f. m. ( Hiß. mod.) efpèce de cavalerie
dans les armées turques. Les caripis , qui font au
nombre de mille, ne font point efclaves, & n’ont
point été nourris & élevés comme eux au ferrail ;
mais ce font pour la plupart des maures ou chrétiens
renégats qui ont fait le métier d’aventuriers,
qui cherchent fortune, & qui par leur adreffe &
leur courage font parvenus au rang de cavaliers
de la garde du prince. Ils marchent avec l’ufagi, à
main gauche derrière le fiiltan, & ont dix à douze
afpres par jour. Caripi lignifie pauvre & étranger ;
& Calcondyle dit qu’on leur a donné ce nom,
parce, qu’on les tire principalement d’E gypte,
d’Afrique * &c. (G).
CARLENCAS. V o y e^ Juvenel.
CARLOMAN, ( Hiß, de Fr. ) Il y a eu quatre
princes connus de ce nom dans la race Carlovin-
gienne. i ° . Un frère aîné de Pépin le Bref, auquel
Charles-Martel,leur père, laifia l’Auftrafie; mais Car-
Zc>7æÆ?,perfuadé fur la foi du Clergé, que ce père étoit
damné, tourmenté de cette idée, dégoûté du
fiècle, alla s’enfevelif dans le cloître, foit qu’on
lui permît encore cFelpérer que fa pénitence pourvoit
fuppléer à celle que fon-père auroit dû taire,
Toit que l’affreux tableau d’un père dévoué à des
tourmens éternels, lui fit redouter pour lui-même
les dangers de la grandeur & de la gloire. Il alla
à Rome en 746 recevoir la tonfure des mains du
pape Zacharie, & habita d’abord au mont Soraâe , •
où il fit bâtir un monaftère en l’honneur du pape i
faint Sylveflre , qui s’étoit, dit-on, autrefois caché
fur cette montagne pour échapper à la perfécution.
Dans la fuite, Carlomanjugea qu’un grand prince
devenu moine excitoit une curiofité qui lui attiroit
trop de •vifites. Pour fe dérober à ces diftraélions
& à ces foibles retours vers le fiècle, il alla s’en-,
fermer au mont Caflin. L à , on dit qu’il aimoit à
remplir par humilité les emplois réputés les plus
v ils , qu’il fervoit à la cuifine, qu’il travailloit au
jardin, qu’il gardoit les troupeaux de l’abbaye dans
les champs.
On peut croire que Pépin ne fit pas de bien
fortes inftances à Carloman pour- le détourner de
fon projet ; il y gagnoit l’Auftrafie : Carloman , foit
indifférence pour des fils qii’il laiffoit dans lé fiècle,
foit confiance extrême en fon frère , lui remit entièrement
leur fort. Cètoïts dit un hiftorien , donner
les brebis à gardej au loup. . En effet, Pépin ,
répondit mal à la confiance de fon frère'; il fit ;
rafer fes enfans, & depuis ce temps leur fort eft
ignore.
Carloman reparut en France en 754 ; il vint au
parlement que Pépin le Bref tenoit à Crécy-fur-
O ife , pour faire réfoudre la guerre contre lés
Lombards à la follicitation du pape Etienne I I I ,
qui étoit alors en France. Carloman venoit au
contraire pour empêcher ou retarder cette guerre. ;
Moine, il venoit combattre les injuffices d’utf
pontife ambitieux, il venoit défendre un prince
laïc contre Rome. Habitant du mont Caflin , &
par là fujet du roi des Lombards, il venoit en
remplir les devoirs , il venoit plaider la caufe de
fon fouverain qui l’en avôit chargé : il la plaida
noblement, avec fagefle , avec éloquence, il fit
impreflion. Aftolphe, roi des Lombards , avoit très-
bien compris l’effet que pourroient faire fur les
efprits la vue inopinée de ce prince, le fouvenir
du rang qu’on l’avoit vu tenir en France, la com-
parâifon de fon état préfent avec fon état paffé.
Etienne III & Pépin avoient efpéré que la guerre
feroit réfolue fur le champ & fans contradi&ion ;
les grands "entraînés par les raifons de Carloman,
arrêtèrent qu’on enverroit des ambaffadeurs à A ftolphe
, & qu’on lui ©ffriroit douze mille fous d’or
pour l’inviter à la paix. Pépin prit ombrage de
l’afcendant que fon frère avoit paru avoir dans
cette occafion, & il s’en vengea d’une manière
indigne. De concert avec le pape , & afin, difoit-
i l , qu un fujet JÎ ifilé ne fût plus fujet que de fon
frère, il le fit enfermer dans un monaftère à Vienne,
& ce fut aufli alors qu’il fit rafer & difparoître les
enfans de Carloman. Le père mourut cette même
année dans faprifon. Pépin fut fortement foupçonné
d’avoir hâté la mort , & il avoit trop mérité ce
foupçon.
Le corps de Carloman fut transféré au mont
Caflin ; fes cendres y repofent fous le grand autel,
dans une urne d’onix , où on a mis en 1628 l’inf-
cription fuivante, dont l’auteur en employant les
mots de roi & de fceptre, a eu plus d’égard à la
réalité du pouvoir , qu’au titre, Carloman n’ayant
jamais eu le titre de roi.
Corpus fancîi Carolomani ,
Regis & monachi CaJJinenfis ;
Quem clariorem reddidit cclla , quam regia /
Cucullus } quam purpura ;
Pedurn g quam fceptrum ,*
Obedientia 3 quam imperium, &e.
Pour rendre complettement juftice à Carloman ?
il faudroit entendre cette infcription dans un fens
moins flatteur que celui que l’auteur avoit dans
l’efprit, & dire , qu’en effet Carloman étoit bien
plus fait pour le cloître que pour la cour , pour le
froc que pouf la pourpre , pour l’obéiffance que
pour le Commandement.
2.0. C ar lom an , frère puîné de Charlemagne.
Pépin le Bref avoit fait entre fes deux fils le partage
de fes états ; mais il y a quelque difficulté à
concilier fur ce partage, foit les récits des hifto-
riens contemporains comparés entre eux, foit ces
divers récits avec les faits; c’eft le fujet d’un mémoire
de M. de la Bruère , lu à l’académie,des
belles lettres le 9 avril 1745-, & imprimé à la fuite
de fon hiffoire de Charlemagne. Il en réfulte qu’E-
ginar.d & le continuateur de Frédégaire, tous deux
auteurs contemporains, font en contracliétion formelle
, Eginard donnant à Charlemagne la Neuf-
trie , & à Carloman l’Aiiftrafie , & le continuateur
de Frédégaire donnant l’Auftrafie à Charlemagne,
& la Neufirie à‘ Carloman. Il en réfulte de plus ,
que l’une & l’autre opinion eft-contredite par des
faits & par des monumens.
Charles & Carloman furent couronnés le même
jour (9 oâobre 768 ) Charles à Noyon, Carloman
à Soifîbns. - ■
Carloman parut mécontent de fon partage, quel
qu’il fut ; ce mécontentement, fondé ou non, mit
entre les deux frères une froideur dont on vit des
effets dans l’expédition d’Aquitaine en 770. Les
deux frères partirent enfemble pour cette expédition
; mais (tans la route, foit par quelque mauvais
confiai, ou par une jaloufre fecrète qu’infpiroit à
Carloman la fupériorité manifefte de fon frère , il
le quitta brufquement, retira fes troupes, & regagna
les provinces de fon partage , lailfant a
Charles tout l’embarras & toute la gloire de cetté
expédition.
Carloman entra dans toutesles intrigues contraires
aux intérêts de fon frère ; mais au milieu de ces
intrigues, il mourut au château de Samancy, ou
Samoucy, près de Laon, le 4 décembre 7 7 1 ,
âgé de vingt ans. Sa mort délivra la France
de la crainte des orages , dont fa jaloufie
contre foij frère la menaqoit j il lailîoit deux 61s
en bas âge, Pépin & Siagre ; niais les François ,
accoutumés à être conduits aux combats par les
Pépins, les Charles-Martel & les Charlemagne,
ne vouloient plus être gouvernés par des enfans ,
ou fous leur nom , par des femmes & des favoris :
on vit alors un mémorable effet de ce grand art
de plaire & d’impofer, dont la nature avoit doué
Charlemagne, & de la réputation qu’il avoit déjà
de gouverner avec grandeur, avec juflice & avec
fageffe. Les grands des états qui avoient été du
partage de Carloman, allèrent trouver Charlemagne
à Carbonnac ou Corbéni près de Laon, où il tenoit
un parlement, & le reconnurent folemnelle-
ment pour leur roi. Gerberge, veuve de Carloman
effrayée de la. conformité de la fituation de
fes 61« avec "telle des 61s du premier Carloman,
leur grand-oncle , & ne doutant pas que Charlemagne
n’en usât à leur égard comme Pépin le Bref
en avoit ufé à l’égard de fes neveux, s’enfuit avec
eux hors de la France. Ils tombèrent dans la fuite
entre les mains de Charlemagne , furent rafés &
enfermés dans un cloître. C’étoit alors un des avantages
de l’état monaftique de conferver la vie aux
princes détrônés , en raffurant l’ambition du vainqueur
par lindiffolubilité des engagemens que le
cloître faifoit contraéler.
C a r l o m a n , dit le Germanique , 61s de
Louis le Germanique, & petit-fils par lui de Louis
le Débonnaire, fut appelle à l’empire par le tef-
tament de l'empereur Louis I I , fon coufm-germain,
fils de l’empereur Lothaire , j ’aîné des fils de
Louis le Débonnaire ; fes droits étoient les plus
apparehs, & ils fervirent de prétexte aux troubles
dont Lambert, duc de Spoléte , & Adalbert,
marquis de Tofcane, (qui fous ce nom travail-
loient vraifemblablement pour eux-mêmes, parce
qu’ils defcendoient de Charlemagne par les femmes)
remplirent l ’Italie. Carloman le Germanique
mourut en 879.
4°. Carloman, fils puîné de Charles le Chauve;
il étoit aveugle & prêtre, c’eft tout ce qu’on en
fiait. 50. Carloman , un des deux fils du premier lit
de Louis le Bègue. Louis & Carloman , frères,
firent la guerre avec divers fuccès à Louis le Germanique
, fils de Carloman le Germanique, fur-tout
aux Normands qui fe rendoient alors puiffans &
redoutables en France.
Louis & Carloman font diftingués de tous les
princes Carlo vin giens, & même en général de
tous les princes , par l’union qui régna" toujours
entre eux , & qui fut telle , que quoiqu’ils euffent
fait des partages comme tous les autres, il femble
qu’ils aient régné par indivis, & tous les hiftoriens
les affocient comme s’ils euffent occupé en commun
le même trône.
La mort de l’un & de l’autre eut quelque chofe
de remarquable. On dit que Louis rencontrant
dans la ville de Tours une jeune fille, qui lui parut
belle, la pourfuivit "a cheval jufques dans une
maifon où elle fe fauvoit, & dont la porte étant
trop baflè pour que Louis pût y entrer commodément
à cheval, lui brifa la tête & les reins. Il
eft vrai que cé fait ne fe trouve point dans les
auteurs du temps, & n’eft raconté que par Paul
Emile, hiftorien dés quinzième & feizième fiècles.
Louis mourut en 882.
Carloman fut bleffé mortellement à la chafle,
ou par un fanglier, comme il le publia lui-même,
ou comme d’autres le prétendent, par un gentilhomme
de fa fuite, qui voulut lancer fon dard au
fanglier. Ceux qui adoptent cette dernière idée,
difent que Carloman, bien fûr de n’avoir que de
la mal-adreffe à reprocher au gentilhomme, attribua
fa bleflùre au fanglier, pour mettre l’auteur du
coup à l’abri de toute recherche. Le prince ne fit*
en cela que ce qu’exigeoit la juftice, & il pafla
pour généreux. Il mourut en 884.
CARLOS, (don) Foyei Phillipe I I , roi d’Ef-
pagne.
CARLOSTAD. (A ndré Rodolphe) (Hiß, du
Luth erani fine.) Bondeftein , doâeur & archidiacre
de Vittemberg, plus connu fous le nom de Carlo(lad
lieu de fa naiffance dans la Franconie, avoit voué
à Luther une admiration fanatique qu’un fanatifme
contraire détruifit dans la fuite. Luther égaré dans
fes vaftes idées de réforme, permettoit à fes dif-
ciples de le défendre & de le venger, Carlofladt
jaloux de cet honneur , difputoit à toute outrance
-contre les adverfaires de Luther, nommément contre
Eckius ; il lui préfenta un ‘cartel pour une dif