Mais Efehîne & Cléon, de ce peuple volage
Savent, quand je le veux, lui ravir le fuffrage.. 7 7
L’injufte Athénien , terrible en fes caprices , '
Fait du malheur un crime, & punit les fervices ,
Exile le grand homme , & fe livre au flatteur.. . .
lArgos n’eut qu’un inftant ' Thèbe a pâlie comme elle...».
Epaminondas feul fît le fort des Thébains.. . . .
Il fut vainqueur de Sparte , & de Sparte admiré-.
J’envierois fon. trépas ; le ciel l’avoir fait naître
Pour fauver fa patrie , & me fervit de maître »
J’appris à fon école, à celle des revers,
L’art de dompter les Grecs , & par eux l’univers.
BOUGEANT. ( Guillaume - Hyacinthe )
litt. mod.) C’eft le fameux père Bougeant,
jéfuite , connu principalement par deux ouvrages ,
l’un gravé ,\'HïJloire du traité de JVcfiphalle, Se celle
des guerres & des négociations qui le précèdent ; l’autre
léger , VAmufemcnt philofophique fur le langage des
têtes ; ce dernier le fit exiler à la Flèche ; il faut
avouer que la manie d’exiler a été quelquefois pouf-
fée à un dégré bien étrange. Après tout, ce n’eft
peut-être pas une grande peine pour un religieux ,
d’être relégué pour un temps dans la maifon la
plus belle & la plus agréable de fon ordre ; mais
enfin on vouloit le punir3 & de quoi? & tout le
monde conçoit les raifons légitimes qu’un homme
fludieux peut avoir de préférer à tout le fëjour de
la capitale. Le père Bougeanrfut obligé de fe ré-
traéler pour avoir la permiflion d’y revenir. Se
létraéler , de quoi ? d’un badinage. Il a fait des
livres de phyfique & des livres de piété qui font
beaucoup moins lus que ce badinage. Il a daigne
faire quelques comédies contre les janféniftes & les
convulfionnaires , peut - être pour expier le tort*
d’avoir fait de bons livres. Ces comédies font : La
femme dofleur, ou ta théologie tombée en quenouille ;
le faim déniché ; Us quakers françois , ou les nouveaux
trembleurs. Il étoït né a Quimper en i6qo,
s ctoit fait jéfuite en 1706 , mourut à Paris en 1743.
BOUGEREL, ( Joseph ) ( Hifl. ru t. moi. )
prêtre de l’oratoire d’A ix , auteur de la Vie de
Gajfenii & de Mémoires pour fert/ir à l’hifloire
des hommes illujlres de Provence. Mort à Paris en
n a | . S B
BOUGUER, ( Pierre ) {Hifl. Un. moi. ) etoit
fils de Jean Bouguer, profeffeur royal d’hydrographie
au Croific. La nature , fon goût particulier,
Tes exemples domeftiques lui ouvrirent la carrière
des fciences ; on connaît un Traité de la navigation
compofè par M. Bouguer le père , imprimé pour la
première fois en 1699, réimprimé en 1706.
Le premier ouvrage qui art fait connoître l’étendue
des talens & des lumières de M. Bouguer le
fils, eft un Mémoire fur la mâture des vaiffeaux,
qui remporta le- prix de l’académie des fciences
en 1727, & qui fit beaucoup de lènfation parmi
les favans. L’académie des fciences s’emprefla d’è-
lire M, Bouguer en 1731. Une multitude d’excellens
ouvrages auxquels l’aftronomie & la navigation
doivent les plus grands progrès , accrurent fa réputation
parmi les fa v a n s niais.il en eut peu dans 1e monde. M. delà Condamine, par le feul talent
d’écrire, lui enleva dàns le public la principale
gloire du voyage des académiciens au Pérou. M. de
la Condamine , par le zèle & le courage qu’il a voit
montré dans les détails de cette expédition favante,
avoit droit fans doute a une grande partie de la
gloire qu’il obtint ; mais M. Bouguer ne devoit pas
être privé comme il le fut dans Popinton publique
du fruit de fes obfervations & de fes travaux
que les favans feuls furent prifer avec équité. Sa
relation du voyage au Pérou, moins üntéreffante
dans la forme que les écrits de M. de la Condamine
fur le même fujet, n’en eft pas moins un ré*
fui tat précieux des plus importantes découvertes,
où les lumières du philofophe éclairent toujours
l’oeil de l’obfervateur, & où le défit de remplir
dignement le principal objet, n’a fait négliger aucun
autre objet qui pût être intéreffant, foit dans
l’ordre phyfique , foit dans l’ordre moral.
Les autres ouvrages de M. Bouguer, dont les
favans feuls font des juges compêtens, font la
conflruSlion du navire ; la figure de la terre y un
Traité d'optique ; la manoeuvre des vaiffeaux ; un
Traité de la navigation, tous volumes in-4®. tous
ouvrages offrant des vues nouvelles. Il mourut le
15 août 1758, à 63 ans. On croit que le chagrin
qu’il conçut du mauvais fuccès de fes démêlés avec
M. de la Condamine & de Tinjuftice qu’il crut
éprouver à cet égard , ne contribua pas peu à fa
mort.
BOüHIER, ( Jean ) ( Hifi, litt. mod. ) préfi-
dent à mortier au parlement de Dijon ; c’eft à lui
que M. de Voltaire fuccéda en 1746 à l’académie
françoife. « M. le préfident Bouhier, dit M. de Voltaire
, « faifoit reffouvenir la France de ces temps-
j> où les plus auftéres magiftrats , confommés»
» comme lui dans l’étude des loix, fe déîaffoient
» des fatigues de leur état dans les travaux de la
» littérature.
» Il étoit très-favant, maïs il ne reffembloit pas
» à ces favans infociables & inutiles , qui négli-
» gent l’étude de leur propre langue, pour favoir
» imparfaitement des langues anciennes j. qui fë
» croient en droit de méprifer leur fiècle , parce
» qu’ils fe flattent «l’avoir quelques eonnoiflancea
n des fiècles pafles ; qui fe récrient fur un paffage
v d’E fchyle, & n’ont jamais eu le plaifir de verfeir
n des larmes à nos fpe&acles.
» II tradutfit le poème de Pétrone fiir la guerre
» civile. . . . . . il exerça aufli fes talens fur l’hymne
» à Vénus , fur Anacréon , pour montrer que les
n poètes doivent être traduits en vers : c’étoit une
» opinion qu’il défendoit avec chaleur, & on ne
» fera pas étonné que je me range à fon fènti-
» ment, »
M. de Voltaire parloit ainfi dans un difcours de
réception, où il çft d-ufage de louer &n prédè-j
‘leffeur. Dans la lifte des écrivains du fiècle de
Louis XIV où il ne devoit plus que la vérité, il
ajoute cette vérité fâcheufe.
« Mais fes vers font voir combien’ c’eft une en-
s» treprife difficile ». ( de traduire en vers les bons
poètes. ) Elle n’a encore réufli complètement
qu’à M. l’abbé de Lille.
M. le préfident Bouhier a traduit en fociété
avec l’abbe d’Olivèt, les tufculanes de Cicéron. Il
y a de lui des differtations fur Hérodote & d’autres
ouvrages favans en littérature. Il y en a aufli
de célèbres en jurifprudence. 11 a commenté la
coutume de Bourgogne & fait un traité de la
Dijfolution du mariage pour caufie d'impuijflance. Né
en 1673. Morten 1746.
BOUHOURS. (D ominique) {Hifi. litt, mod.}
C ’eft le père Bouhours, jéfuite, fameux par fes
ouvrages de grammaire & de critique littéraire,
fur-tout par fa manière de bien penfer dans les ouvrages
d’ejprit, & par fes entretiens d'Arifle &
d'Eugène, & par la critique que Barbier d’Aucour
fit de ce dernier ouvrage. ( Voyez T article Barbier
d’Aucour. Le père Bouhours fut apparemment
obligé par état d’écrire les vies de faint Ignace &
de faint François-Xavier, & de comparer l’un avec
Céfar , l’autre avec Alexandre, à caufe de leurs
conquêtes fpirituelles ; il a aufli écrit l’hiftoire du
grand-maître d’Aubuffon ; mais fon goût le rame-
noit toujours à la grammaire & à la critique.
L ’abbé de la Chancre l’appelloit l'empereur des
mufles.^ mot bien recherché, qu’on croit entendre
cependant. Le père Bouhours , né à Paris en 162,8,
y mourut en 1702,. On dit qu’étant à l’extrémité ,
mais toujours occupé de grammaire, il dit: «Je
» vas mourir ou je .vais mourir ; » i’un & l’autre
fe dit ; & que ce furent fes dernières paroles.
BOUILLON. ( Voy. Godefroi, Marck ( la )
& T our, (la)
BOULAINVILLIERS. ( Henri de ) {Hifl.
litt, mod.} « C ’étoit, dit M. de Voltaire, le plus
» favant gentilhomme du royaume dans l’hiftoire,
» & le plus capable d’écrire celle de France, s’il
» n’avoit pas été trop fyftématiqüe. Il appelle le
» gouvernement féodal le chef-d'oeuvre de l'efprit
» humain. Il regrette les temps où les peuples ef-
» claves de petits tyrans ignorans & barbares n’a-’
» voient ni induftrie, ni commerce , ni propriété ; :
» •-& il croit qu’une centaine de feigneurs , oppref-
jy feurs de la terre & ennemis d’un ro i, compo-
» foient le plus parfait gouvernement. Malgré
» ce fyftême, il étoit excellent citoyen . . . . . fes
» écrits,qu’il faut lire avec précaution,font profonds
» & utiles ». Ses ouvrages fur l’hiftoire de France
ont été recueillis en 3 vol. in-flol.
« Nous n’avons garde de rien adopter de cet
» auteur » dit M. le préfident Hénault : jugement
d’une concifion un peu dure & qui mérite quelques
reftriâions.
« Le fyftême de M . le comte de Boulainvilliers ,
félon M. de Montefquieu , « femble être une cou-
» juratiofl contre le tiers-état. Il avoit plus d’ef"
» prit que de lumières, plus de lumières que de
» favoir. Son ouvrage eft fans aucun art; il y
» parle avec cette fimplicité, avec cette franchife
» de l’ancienne noblene dont il étoit forti. »
Dans fon hiftoire des Arabes & de Mahomet
reftée imparfaite, il s’engoue de Mahomet, comme
il s’étoit engoué du gouvernement féodal ; un critique
dur l’appelle en conféquence , Mahométan
françois & déflerteur du chriflianiflme.
On fait quel étoit fon foible pour l’aftrologie judiciaire.
Le cardinal de Fleury difoit de lui, qu’iJ
ne connoijfloit ni l'avenir, ni le pajfè,- ni le préflent.
C ’eft un mot & non pas un jugement.
Il mourut le 2.3 janvier 172,2. Il étoit né le 21
oélobre 1658. Des amateurs du merveilleux ont
prétendu qu’on avoit trouvé à fon inventaire une
lettré d’un aftrologue de fes amis , auquel il avoit
envoyé fon horolcope avec les preuves. Son ami
difcute ces preuves, les combat par des raifons
aftrologiques : « Vous croyez mourir un tel jour,
» lui-dit-il, je crois que vous vous trompez ; » &.
il dit fon jour, qui fut en effet le 23 janvier 1722.
BOULANGER , ( Nicolas-Antoine ) ( Hifl.
litt. mod.} ingénieur, employé dans les ponts &
chauffées, que des fondions qui l’éloignoient fi
fouvent de fon cabinet, ne purent empêcher d’étudier
les langues & de compofer des ouvrages
favans. Il eft l’auteur du Dejpotifine oriental ; de
Y Antiquité dévoilée ; du Chriflianiflme dévoilé. Il y a
quelque doute au fujet de ce dernier ouvrage ; tout
le monde ne convient pas qu’il foit de lui. M. i?ow-
langer a fourni aufli à l’Encyclopédie des avis im-
portans. On lui trouvoit dans la phyfionomie beaucoup
de reffemblance avec Socrate, tel qu’on le
voit fur des pierres antiques. Né à Paris en 1722«
Morten 1759.
BOULAY , ( César-Egasse du ) ( Hiß. litt*
mod. } principalement connu par fon hiftoire de
l’univerlité de Paris, abrégée par M. Crevier. Mort
en 1678.
BOULEN ou BO LE YN, ( Anne de ) ( Hifl,
d'Angl.} fécondé femme de Henri V III, roi d’A n gleterre.
( Voye% Henri VIII.
BO UQ UE T , ( dom Martin ) bénédiâin de
la congrégation de Saint-Maur. On fait quelle part
a eue ce favant bénédi&in à la colle&ion des hifto-
riens de France, & aux utiles differtations qui l’accompagnent.
Né à Amiens en 1685. Mort à Paris
en 1754.
BOURBON. ( Hifl. de Fr.} C ’eft le nom , i®.
d’une ancienne maifon dont les biens ont paffé
avec ce nom dans la branche royale de la maifon
de France , qui occupe aujourd’hui les trônes de
France, d’Efpagne & des Deux-Siciles. 2°.- De
cette branche augufte & heureufe, qui réunit aujourd’hui
tant de grandeur, de puiffance & de
gloire, & qui a produit plusieurs autres branches
illuftres, dont il fera parlé fous les noms particuliers
qui les défignent.