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i84 D I S C O U R S , &e.
ration pour le crime infolent & pour le crime adroit, fur-tout de ce principe fi pernicieux,
qu’il y a une morale pour les états, & une pour les particuliers; que la politique
peut le palier de la juftice, fe féparer de la bonne fo i, & admettre le menfonge
& le crime. On diroit, à entendre les politiques machiavelliftes, que les hommes d’état
fe font réfervé le crime , comme Dieu s’eft réfervé la vengeance.
Pour nous , nous n’écrirons rien fur l’hiftoire , qui ne foit la cenfure du machiavellifmft
dans toutes fes branches ; nous alfurerons cet avantage à ce diétionnaire fur tous les
dictionnaires hiftoriques & fur toutes les hiftoires ; nous en prenons ici l'engagement de
la manière la plus folemnelle.
N. B. Comme l’hiftoire n’a point d’autre ordre didactique ou encyclopédique que
celui qui réfulte de la géographie & de la chronologie combinées , ordre qui eft né-
celTairement marqué à chaque article ; comme d’ailleurs en rangeant dans l’ordre géographique
& chronologique tous les articles qui entreront dans la compofition de ce
diétionnaire , il n’en réfulteroit jamais une hiftoire complette & fuivie de chaque pays
ni de chaque fiècle , nous fortunes difpenfés, par la nature meme du fujet, de placer
ici le tableau d’analyfe que la plupart des auteurs de l’Encyclopédie méthodique mettront
à la tête de leurs diétionnaires particuliers, & que nous avons mis nous-mêmes
en abrégé à la tête du diétionnaire du blafon , nous y fuppléerons par l’attention à
diftinguer dans les titres de chaque article, l’hiftoire ancienne & l’hiftoire moderne ,
l’hiftoire facrée & l’hiftoire profane, l’hiftoire politique & l’hiftoire littéraire , & enfin
l’hiftoire de tous les différens peuples, tant anciens que modernes.
L ’objet d’un diétionnaire étant de faciliter l’inftruftion, & ce motif étant-fe feul qui
puifle faire préférer l’ordre alphabétique à l’ordre didaétique & encyclopédique, on aura
foin de placer tous les articles fous les noms les plus connus, afin que le leéteur trouve
toujours les notions dont il a befoin dans l’endroit où il doit naturellement les chercher.
Ainfi les renvois, quand il y en aura, feront toujours du nom le moins connu au nom
le plqs connu.
HISTOIRE.
H I S T O I R E .
A A R O N , (Hift.facr.) premier grand-prêtre
des Juifs, fils a Am ram & de Jocabed, de la tribu
de Lé vi, naquit en Egypte , trois ans avant fyloyie
fon frère ,. l’an du monde 2430, & avant Jefus-
Chrift 15 7 4 , fuivant le calcul le plus commun.
Ceux qui veulent donner une fignification particulière
au nom dy Aaron, le tirent d’un mot chaldai-,
que , qui lignifie élever, & le traduifent par montagne
ou montagnard ( mons five montanus ) ou meme par
montagne forte. Moyfe ayant été choifi de Dieu pour
délivrer leslfraëlites de la fervitude d’Egypte, Aaron
le féconda dans l’exécution de ce deffein, & f£it
beaucoup de part à tout ce que fit Moyfe pour
cette délivance. Comme Moyfe étoit bègué, Aaron
portoit pour lui la parole, foit au peuple, foit à Pha-
‘ raon : aufli l’écriture l’appelle-t-elle le prophète de
Moyfe & fon interprète. La verge d'Aaron
opéra quantité de prodiges en Egypte. Après le
Èaffage de la mer Rouge, Aaron fut defigne de
fieu pour être fouverain facrificateur dés Juifs,
& après lui fes fils & fes defcendans, à perpétuité.
Lorfque les Ifraëlites furent nourris de la manne
..dans le défert, il en recueillit dans un vafe qu’il ;
mit dans le tabernacle. Pendant que Jofué combattoit
' contre les Amalécites,«^/»# foutint, avec Hur, l es
mains de Moyfe élevées vers le ciel, ce qui décida
la viétoire. Moyfe étant monté fur le fommet du
mont Sinaï, pour recevoir la loi du Seigneur , le
’ peuple ennuyé dé fa longue abfence, s’adreffa tu-
multuairement à Aaron , & lui dit » : fais-nous des
» dieux qui marchent devant nous ; car pour ce
j> Moyfe qui nous a tirés de l’Egypte , nous ne fa-
jy vons ce qu’il eft devenu ” . Aaron dit aux Ifraëlites
de lui apporter leurs boucles d’oreilles, celles de
leurs femmes & de leurs enfans, ce qu ils firent ;
il les jetta en fonte & en forma un veau d’o r,
à l’imitation du boeuf Apis que les Egyptiens ado-
roient, & que la plupart des Hébreux avoient aufli
adoré en Egypte. Moyfe defcendu de la montagne,
reprocha au peuple fon idolâtrie, & à fon frère
Aaron ia foibleffe. Celui-ci s’excufa en rejettant la
faute fur les importunités du peuple ; il s’humilia
devant le Seigneur, & Dieu lui conferva le facer-
doce. Après l’éreétion du tabernacle, Moyfe' confa-
cra fon frère Aaron avec l’onétion fainte, & le revêtit
de l’éphod & des autres ornemens de fa
dignité. Ses quatre fils, Nadab , Abiu, Eléazar &
Ithamar furent faits prêtres en même temps; mais
bientôt les deux aînés, ayant voulu offrir l’encens
avec un feu étranger, périrent par le feu du ciel.
Aaron & Marie fa iceur, ne purent fe défendre
d’un mouvement de jaloufie qui les fit murmurer
contre Moyfe. Marie fut frappée de la lèpre. Aaron
reconnut fon injuftice, en demanda pardon &
Ilijloire» Tom, /.
l’obtint avec la guérifon de fa f<*ur. Coré voulut
lui difputer la fouveraine facrificature, fous prétexte
qu’il étoit de la tribu de Lévi comme lui,
Dieu confondit les prétentions de cet audacieux ;
Coré, avec deux de fes complices, Dathan & Abiron
fut englouti dans le fein de la terre. Deux cens
cinquante lévites eurent la hardiefle de vouloir
offrir de leur chef de l’encens au Seigneur ; un feu
fubit fortit du tabernacle & confuma ces téméraires.
Ce prodige terrible fait murmurer le peuple contre
Moyfe & Aaron ; de nouvelles flammes s’élancent
du fein de, la terre & dévorent une partie des
murmurateurs , & le refte n’échappe à la vengeance
du ciel , que par- l’intercefîion $ Aaron ,
qui fe mit, l’encenfoir à la main, entre les morts
& les vivans. Enfin, pour que le grand prêtre ne
rencontrât plus d’oppofition dans l’exercice du fa-
cerdôce, Dieu voulut lui en confirmer la poffef-
fion par un nouveau miracle. Aaron & les chefs
de chaque tribu , reçurent ordre d’apporter chacun
une verge d’amandier, avec leur nom écrit
deffus. Ces verges dévoient- être mifes dans le tabernacle
, & y refter jufqu’au lendemain , la fouveraine
facrificature devant être déférée à celui
dont la verge auroit éprouvé quelque changement
miraculeux. La chofe ayant été exécutée, la verge
$ Aaron fe trouva, le matin du jour fuivant , couverte
de feuilles, de boutons & d’amendes. Depuis
ce moment, Aaron exerça paifiblement fa charge.
Il n’entra pas dans la terre promife, parce qu’il
avoit participé à la méfiance que Moyfe témoigna
lorfque le Seigneur lui dit de frapper le rocher à
Cadès pour en faire jaillir une fource d’eau. Aaron
avoit époufé Elifabeth, fille d’Aminadab, de la
tribu de Juda, dont il eut les quatre fils nommés
ci-deffus. Les deux derniers continuèrent la race
des grands-prêtres en Ifraël, qui furent, en tout,
au nombre de quatre-vingt-fix , depuis Aaron jui-
qu’à la deftruéUon du temple. Aaron ^reçut ordre
• de Dieu de fe dépouiller, de fon vivant , de fa
dignité .& des habits facerdotaux, pour en revêtir
Eléazar fon fils, défigné fon fucceffeur; ce qu’il fit
en'préfence de tout le peuple, avec beaucoup de
folemnité, fur la montagne de Hor , au pied de~
laquelle les Hébreux étoient campés à Mofera ;
puis il mourut, âgé de cent vingt-trois ans, au
premiçr jour du cinquième mois de la quarantième
année, après la fortie d’Egypte , 1452. ans avant
J. C. Exod, chap. v, vij, & fuiv. Levit. chap. ix. &c.
Nomb'. chap. xvj. &c.Defiteron. chap. x. Eccléjîajliqr
chap. 4$. verf. 7 6* fuiv. S. Paul, épit. aux HebrQ
ch. s — 10. Flav. Jof. Ant. Jud. liv. II. III. & IV .
Calmct, diétionnaire de la Bible, au mot > Aaron,
trouve plufienrs traits de conformité entre Aaron
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