
** pieds des autels. Egaré par l’enthoufiafme même
» de.fon zè le , il donna à les erreurs l’autorité de
w Ces vertus & de fon cara&ère , & entraîna l’eu-
» rope dans de grands malheurs. Mais gardons-
•* nous de croire qu’il ait jamais voulu tromper
*» ni qu’il ait eu d autre ambition que celle d'agio
grandir l’empire de Dieu. C ’eft parce qu’il étoit
*> trompé lui-même qu’il étoit toujours fi puisant*
» il eût perdu fon afcendant avec fa bonne foi.
» L’églife , malgré fes erreurs qu’elle a reconnues,
» l’a mis au rang des faims ; le philofophe, mal-
” gré les reproches qu’il peut lui faire, doit l’éler
» ver au rang des grands hommes «.
C ’eft une queftion parmi les favans , fi les fermons
de faint Bernard ont été prononcés & com-
pofés d’abord en latin ou en françois. Dom Manillon
paroît concilier les deux opinions ; il penfe
que la plupart ont été compofés & prononcés en
latin ; mais que faint Bernard, en faveur des frères
convers, v& de la multitude qui dès-lors n’enten-
doit plus le latin, en a prêché plufieurs en langue
romance & vulgaire , c’eft-à-dire en françois.
En effet ç’eft cette ignorance de la plupart des
moines & des autres auditeurs des fermons de
faint Bernard, qu’on allègue , pour prouver que
ces fermons ont dû être prêchés en françois, &
«on ajoute qu’il y a dans la bibliothèque des feuil-
lans de la rue iaint Honoré à Paris, un manufcrit
des fermons de faint Bernard en françois, lequel
manufcrit paroît approcher beaucoup du temps de
faint Bernard. Il mourut en 1153. L’édition de fes
oeuvres, que dom Mabillon a donnée, eft en deux
volumes in-i 2. Elle a paru pour la première fois
en 1690, & pour la fécondé en 171p. Il y aaufîi
une édition des oeuvres de ce faint, faite au louvre
en 1642, en fix volumes in-folio. Un feuillant,
nommé dom Antoine de Saint-Gabriel, a traduit
tout faint Bernard en françois. Cette traduction a
été publiée à Paris en 1678, en treize volumes in?
8°. Nous avons deux vies de faint Bernard, l’une
par le Maître, Pa^is, 1649, jlp f f o loutre par
Villefore, 1704, in-4®.
Bernard de Thuringe, ,eft le nom d’un ber-
mite fanatique, qui vers la fin du dixième fiécle
snnonçoif la fin du monde ; ces prophètes étoient
avidement écoutés alors, à caufe des mille ans
& plus , car un an ou deux, ou même un jour ou
deux , fuffifoient pour ce plus, & dans tout l’onzième
fièçle on devoir s’attendre à fout moment
à la fin du monde; une éçlipfe de foleil étant arrivée
au milieu de cette difpofition des efiprits 8f.
à l ’appui des prédirions de l’hermite Bernard, répandit
une allarme univerfelle ; tout le monde
couroit fe cacher dans le creux çles rochers & dans
le fond des cavernes, parce qu’il pft écrit, apoca-
lypf, chap. 6 , verf. ifyiâ, 17 : Le s rois de la terre,
V les princes, les officiers de guerre, les riches, les
» puiffans, & tous lés hommes efclaves ou libres I
» fe cachèrent dans les cavernes & dans les ro- j
* çhprf des montagnes , §i ils dirent aux monta-
» gnes & aux rochers ; tombez fur nous & cachez-
» nous de devant la face de celui qui efl affis fur
” le trône & de la colère de l’agneau, parce que
” le grand jour de leur colère efl arrive, & qui
«y pourra fubfifler en leur préfençe ? « On voulut
raflurer le public ; mais au lieu d’y employer des
aflronomes , qui euffent rendu raifon des éclipfes,
& qui en euffent expliqué la caufe d’une manière
naturelle, on confulta, félon l’efprit du temps,
des théologiens , qui voulurent bien prouver, par
des raifons théologiques, que le temps où l’anté-
chrifl devoir paroître, étoit encore éloigné. Des
ignorans confondent l’hermite Bernard avec l’abbé
de Clairvaux, & imputent à ce dernier les prédirions
de la fin du monde / comme un moyen
qu’il employoit, difent-ils, pour enrichir fa mai»
fon de Clairvaux.
Bernard , (C laude J dit le pauvre prêtre ^
titre qui fait fa gloire, parce que fa pauvreté fut
volontaire, & qu’après avoir donné tout fon bien
aux pauvres, il confacra fa vie entière à les fervir.
Né à Dijon en 15.88 d’une famille noble , il vécut
quelque temps en eccléfiaflique mondain ; dans la
fuite il renonça au monde , réfigna le feul bénéfice
qu’il,eût, refufa tous ceux qu’on voulut lui
donner, abandonna aux pauvres un héritage de
quatre cens mille livres qu’il poffédoit, & ne voulut
plus avoir d’autre emploi, ni d’autre affaire que
de les fervir. Pour ne négliger aucune oeuvre de
charité , il setoit chargé de la, fonélion pénible
d exhorter à la mort les malheureux condamnés
par la jufiice. Le cardinal de Richelieu, pour ré-
compenfer fon zèle ,.lui offrit une abbaye dans le
diocèfe deSoiffons, Bernard la refufa, le cardinal
in fi fia : Vos pauvres, lui dit il, s3en trouveront mieux.
Monfeigneur, répondit Bernard , mon goût. & l'habitude
me fixent dans cette capitale , ôterai-je le pain
aux pauvres de Solfions, pour le donner aux pauvres
de Paris? Mais du moins , ajouta le cardinal, que
je puifie faire quelque chofe pour vous. — Eh ! bien ,
monfeigneur , la çharettè dans laquelle f i accompagne
les patiens au fupplice efl en mauvais état, faites y
remettre quelques planches. C’eft prefquç la demande
de Dipgene a Alexandre : Laifieç-moi jouir du foleil?
Ceft a Bernard quon doit l’établiffement du féjni-
noire.des Trente-Trois h Paris, Un auteur, nommé
le Gauffre, a écrit la Vie du vénérable Claude Ber?
nardy in-12. On dit dans cette vie que le prêtre
Bernard follicitant ifn jour jufqy’à l’importunité un
homme puiffant, en faveur d’un malheureux qui
avoir encouru fa difgrace, cet homme eut l^bru?
talité de lui donner yn foufflet ; Bernard tendit
l’autre joue, & dit: Dorme^ m'en deux, mais-accor-,
detpmoi jna demande ; il / agit d'un malheureux. Le
frappe 3 mais écoute de Thémifto.cle à Xantippe,
n’eft pas plus beau.
Ce faint prêtre • mourut en 1^41. On voit fon
tombeau dans la nef de l’églife de la Charité à
Paris, & -ce tombeau eft très-apparent.
Bernard , ( C atherin? ) c’eft la célèbre
inademoifèllç
connue par fes liaifons avec Befnar<î «fe
Fontenelle, & par quelques ouvrages auxquels
on croit que M. de Fontenelle a eu part, nommément
par la tragédie de Bmtus, dont M. de Vo ltaire
n’a pas dèdaignt d’imiter & par consequent
«l’embellir quelques détails-,par exemple, le commencement
-de l’interrogatoire que Brutus fait fubir
B R. U T U 9 .
'N’achève pas , dans l’horreur qui m’accable
X ai lie encore douter à mon efprit confus
S’il me demeure un fils ou li je n en ai plus»
T 1 t . u s., s
.Non , tous n’en avez point. •. • •
l e voici dans M. de Voltaire :
Arrête , téméraire.
De deux fils que j’aimai le ciel m’avoic fait pere ,
J’ai perdu l’un, que dis-je ? ah ’• malheureux Titus !
JEarlc , ai-je ensore un fils’?
T 1 t v s.
Non, vous n’en avez plus.
B a u t u s.
’Réponds donc à ton juge, opprobre de ma vie !
• Il y encore de mademoifelle Bernard une autre
tragédie , Laodamie ; quelques pièces fugitives,
parmilefquelles on diftingue un placeta Louisa l v ,
pour lui demander le payement d’une gratification
annuelle de deux cent écus qu’il lui avoit accordée.
Le père Bouhours a donné place à cette Pie.ce
dans fon Recueil de vers choifis. M. de Voltaire
‘réclame, pour l’évêque de Nifmes , Rouffeau de là
Parifière, fucceffeur de Fléchier, la fable allégorique
de l’imagination & du bonheur , qiu a été
imprimée fous le nom de mademoifelle Bernard.
On a d’elle encore deux romans, le comte d Am-
boife & Inès de Cordoue. Elle avoit été plufieurs
fois couronnée à l’académie des jeux floraux, &
même à l’académie françoife : elle étoit de 1 académie
des Ricovr,ati de Padoue. La Relation de
Ville de Bornéo a été attribuée, par les uns , à
mademoifelle Bernard; par les autres, à M. de
Fontenelle» On peut douter, dit 1 abbe Trublet,
qu'elle foit de lui, & U' eft à fouhaïter qu'elle n'en
fait pas. C ’eft parce qu’elle eft mauvaife que M.
l’abbé Trublet fouhaite qu’elle ne foit pas de fon
ami & de fon héros, & il a raifon ; mais c eft
bien plutôt lorfqu’un ouvrage eft excellent, qu il eft
à fouhaiter qu’il ne foit pas de 1 auteur le plus il-
luftre du temps, parce qu’alors on eft fur qu’il y
a deux auteurs capables de l’avoir fait ; c eft ce qui
fut dit à des gens qui, d’après une anecdote faune,
conteftoient à M. de Voltaire fon Alfiire. Te voudrais
bien, répondit quelqu’un , qu elle ne fut pas
de lui. Mademoifelle Bernard, nee a Rouen, mourut
à Paris en 1712.
/ Miftoire. Tom. I , Deuxième P art,
Bernard, (J acques) miniftre proteftant, &
fils de miniftre, connu par la continuation des
Nouvelles de la république des lettres de Bayle, a
eu part auffi à la Bibliothèque univerfelle de Leclerc»
Il y a de lui un Supplément au Moréry , un Recueil
de traités de paix y la Haye, 1700, quatre volumes
in-folio ; une traduâion françoife du Théâtre de Savoie
y la Haye, 1700, deux volumes in-folio , &
quelques autres ouvrages. Né en 1658, mort en
1718. V ^ - ' -1 ■ - v
Bernard , ( Edouard ) profefleur d’aftronomie
à Oxford en 1673 , mathématicien & littérateur
eftirné, dont Smith a écrit la vie. On a de lui ,
outre des livres d’aftronomie eftimés, un traité de
menfuris & ponderibus ,* Litteratura à caraêlere Sama-
rïtano deduêla ; des notes fur Jofephe, inférées dans
l’édition d’Oxford', in-folio , 1700. Morten 1697 à
cinquante-neuf ans.
BERNARDIN, {Hiß. mod.) Ceft le nom de
deux faints parmi les Cordeliers , l’un des quatorzième
& quinzième fièçles , l’autre des quinzième
& feizième. Ce dernier eft l’inventeur des Monts
de piété ; ce fut le moyen qu’il indiqua aux habi-
tans de Padoue, pour s’affranchir des ufures des
juifs, qui n’alloient pas à moins de vingt pour
cent par an. L’établiffement des Monts de piété eft
de 1491. Il fut perfectionné en 1520.
Bernardin eft auffi le nom de deux capucins
célèbres , l’un de Péquigny, l’autre de Carpentras.
BERNIA okBERNI , (François.) chanoine de
Florence, a donné fon nom à une efpèce de bur-
lefque, qu’on appelle de fon nom B erntefque en
Italie , genre qui ne vaut rien en Italie ni en
France, qui ne paroît pas être connu en Angleterre,
qui n’eft pas même foupçonné en Efpagne,
& dont il ne paroît pas que les Grecs ni les Romains
aient eu l’idée. Eh ! pourquoi avilir l’humanité?.
pourquoi dégrader le genre noble? craint-on
qu’il n’y ait trop d’élévation parmi les hommes ?
Le beau fer vice à rendre aux lettres que de faire
parler à Homère , à Virgile , à. Fénélon, à Voltaire
le langage des Porcherons & de la Râpée 1
Quelle baffe folie de nos jours d’avoir prétendu
faire un genre'du jargon poifidrd ! Confervons la
dignité des lettres. Boileau ne pardonnoit pas à
Racine la foibleffe qu’il avoit de rire en lifant Scar-
ron. Frafiçois Berni, né à Lamporecchio en Toflt
cane, mourut à Florence en 1543.
BERNIER- C’eft le nom de deux médecins diver*
fement célèbres.
i°. François, dit leMogol, parce qu’il fut douze
ans médecin du grand mogol, revint en France,
fa patrie, en 1670 , paffa en Angleterre en 1685 ,
& mourut à Paris en 1688. Il étoit difçiple de
Gaffendi, &4I a donné un Abrégé de la philofophie
de fon maître, ouvrage dont on fait cas ; mais
alors la prédileftion du public étoit pour la philo-
’ fophie de Defcartes, La relation que Bernier a donnée
de fes voyages, eft plus eftimée encore. On
[ dit que Bernier 3 eu part à l’arrêt burlefquc dq