
paffer pour mort, le fit enfermer vivant dans le
tombeau, l’y laiffa expirer, mit Anaftafe à fa place,
& cependant mourut tranquille dans fon lit l’an < i <r.
ARIARATHE , ( Hifi. anc. ) c’eft le nom de dix
xois de Cappadoce, des règnes defquels on pourvoit
tirer beaucoup de ces guerres fans objet &
fans intérêt, beaucoup de ces infipides barbaries ,
dont les écrivains fans philofophie , c’eft-à-dire fans
efprit, font en pofTemon de compofer ce qu’ils
appellent l’hiftoire ; mais ils fourniroient fort peu
d ’exemples dont on pût profiter, fort peu même
de faits dont il fut agréable ou utile d’être inftruit.
Les plus remarquables de ces dix rois, font Aria-
rathe II par fa fin défaftreufe. Perdiccas , un des
fuccefleurs d’Alexandre l’ayant vaincu, le fit attacher
à une croix ; ce qui prouve bien à la vérité
que Perdiccas étoit un barbare ; mais ce qui ne
prouve rien ni pour ni contre Ariarathe IL Ariarathe
V I mérita, par fon attachement pour fon père,
le furnom toujours glorieux de Philopator.
ARIAS-MONTANUS, (B enoit) Hifi.mod.)
cfpagnol , favant théologien du feizième fîècle,
éditeur de la Polyglotte d’Anvers, imprimée chez
les Plantins, depuis 1569 jufqu’en 1572., huit vol.
in-fol. Il fut furnommé Montanus, fans doute parce
que Philippe II le tira d’une retraite où il s’étoit
caché dans les montagnes de l’Andaloufie, pour
fe livrer entièrement à l’étude ; ce fut pour lui
confier l’édition de la Polyglotte que Philippe II le
fit fortir de fes montagnes. Il eft auteur de quelques
autres ouvrages fur l’écriture fainte. Il mourut
fen 1598 à Séville fa patrie, âgé de 71 ans.
ARIBERT, ( Hiß. de Fr. ) fils de Glotaire I I ,
frère de Dagobert I , qui le priva injufiement
*clu partage qui lui étoit dû.
Les partages étoient des abus fans doute, non
pas que l’égalité dans le partage des fuccefiïons ne
doit l’arrangement le plus conforme à la nature,,
mais il n’en eft pas des royaumes comme des fuc-
«eflions ordinaires, les peuples ne font point aux
trois , ce font les rois qui font aux peuples , & la
-réunion de l’état dans une même main, peut feule
«dliirer la paix, qui peut feule afîiirer le bonheur
des peuples : ces principes n’étoient point connus
alors , on regardoit la couronne comme le patrimoine
des mâles, & on la partageoit entr’eUx ; cet
abus étoit confacré par un ufàge confiant, qui ne
pou voit plus être détruit légitimement que par une
loi portée fans intérêt & fur le voeu national, dans
un temps où il n’y auroit point de partage à faire ;
la réunion ainfi réglée, auroit coupé une des plus
fortes racines des guerres civiles : mais l’introduire
par un principe d’avidité, par des moyens de
force, c’étoit vouloir fe jetter dans une nouvelle
guerre civile ; & en effet elle eût été inévitable avec
un prince moins doux & moins patient - qu'Aribert.
Une autre confidération favorable alors aux partages
, fe tiroit des accroiffemens fucceflifs de l’empire,
françois, & principalement de l’étendue qu’il
a voit acquife au-delà du Rhin, étendue qui ayoit
rendu néceffaire la divifion de la FrariCé èh Àuff
trafie & Neuftrie, & qui avoit déterminé Clotaire
II à céder la Neuftrie à Dagobert. Cette libéralité
d'un monarque envers fon fils, libéralité
fans exemple jufqu’alors, auroit dû empêcher Dagobert
de commettre , à l’égard de fon frère, une
injuftice fans exemple aufli jufqu’à lui.
Brunulfe , oncle maternel d'Aribert, parut vouloir
reclamer les droits de fon neveu; on le crai--
gnit du moins, & fur cette crainte , Dagobert le
fit affafliner. &
Il confentit cependant de céder à fon frère quel- -
ques-unes des provinces méridionales , fituées au-
delà de la Charente. Cet état , trop foible pour
rendre Aribert redoutable,étoit affez grand pour mé-
riter le.'titre de royaume;Touloufe en fut la capitale.
Aribert mourut deux ou trois ans après Clotaire II,
fon père, à la fuite d’un voyage à la cour de Dagobert;
circonftance fâcheufe & qui fut obfervée...
: Il ayoit un fils nommé Chilpéric, qui mourut peu
de jours après lui ; circonftance qui aggrava la
première. Dagobert rentra dans les provinces cédées
à Aribert, & réunit l’empire françois..
Cependant Aribert laiffoit deux autres fils, Bog-
gis & Bertrand, dont les droits étaient les mêmes
que ceux de Chilpéric ; Amand, duc de Gafcogne,.
leur aïeul maternel, par Gifele, fa fille , prit la
defenfe de ces droits. Les hiftoriens parlent d’une
- révolte des Gafcons fous le règne de Dagobert ;.
cette révolté, qui peut - être n’en mérité pas le
nom, avoir pour objet cette défenfe des droits de
Boggis & de Bertrand ; il paroît que ce fut pour
terminer la guerre , que Dagobert fe réfolutenfin
à donner l’Aquitaine à ces deux princes * on fit
un accommodement ; on prit un milieu entre les»
prétentions contraires; Dagobert ne vouloit point
donner à fes deux neveux le royaume d’Aqiiitame.
qu’avoit eu leur père & leur frère; fes neveux ne
vouloient pas fe contenter du fimple gouverne-
ment de cet état : on leur donna ce duché d’Aqui-
taine à titre héréditaire , fous la condition de la
foi & hommage envers la couronne & d’un tribut
annuel ; premier exemple de l’hérédité des fiefs ,
ou plutôt premier exemple de l’apanage. Le fameux
duc d’Aquitaine Eudes, fils de Boggis , pofféda
l’Aquitaine à titre héréditaire , & il la réunit toute
entière , ayant auflï recueilli la fucceffion de Ber-
trand , fon oncle, qui lui fut abandonnée par faint
Hubert, évêque de Maëftricht & de Liège , fils
unique de Bertrand. Eudes defcendoit donc, de
mâle en mâle, de Clovis par Aribert & Boggis',',
& de cet Eudes defcendoit par les ducs d’A qui-1
taine, puis par les ducs de Gafcogne , cette il'ufrre
maifon d’Armagnac, qui à produit le connétable
cFArmagnac, trop fameux du temps de Charles VI ;
le duc de Nemours, trop malheureux fous Louis XI,
& qui s’eft éteinte en 1503 par la mort du duc de
Nemours , fon fils , tué à la bataille de Cérignoles ;
mais la poftérité d Aribert & d’Eudes s’eft perpétuée
dans d’autres maifons a&uellçmeflt e^ftantef»
Nommément dans celle de-Montefquiou. Guillaume
Garde, defcendu des ducs de Gafcogne , eft.la tige
des comtes de Fezenfac; fon fécond fils,, Bernard
de Fezenfac, dit le- Louche, .fut la tige des comtes
tl’Armagnac, ducs de Nemours. Othon , frère aîné
de Bernard, eut pour petit-fils Aimeri, comte de
Fezenfac, dont le fécond'fils, nommé aufli Aimeri.,
eft la tige des barons? de Montefquiou , & c ..
Au refte-,^-qu’il y ait ou qu’il n’y ait point dé
defcendans de Clovis par Aribert, Boggis & Eudes,
on fent bien que :ce n’eft quun point de curiofité ,
flatteur pour les maifons qu’il concerne, mais dont
il ne peut pas aujourd’hui réfulter plus de droits,
que la conquête de Jules-Céfar n’en donner.oit aux
Romains fur le même pays. .
ARIMASE , ( Hifi. anc. ) étoit • un fouveràiir
d’une partie de la Sogdiane, qui, pour échapper
aux armes d’Alexandre , s’étoit enfermé dans un
château bâti fur la pointe d’un rocher. Sommé de
fe rendre, il répondit : Oui, fi vous pouvez voleri
Ce feul mot lui .coûta la vie , à lui & à toute
fafamille , tant les conquérans font délicats, &tant
leurs droits fontfacrés ! Arimajehn pris & mis à mort
par ordre du vainqueur vers l’an 328 avant J. C.
AR IO STE , ( Louis ) ( Hifi. mod. ) c’eft le célèbre
auteur de l’Orlando furiofo, poème immortel,
malgré fes défauts & malgré la juftefle du mot que dit
à l’auteur le cardinal Hyppolite d’Eft,auquel il dédia
ce poème \ Dove diavolo , Mejfer Ludovico , avete
pigliate tante coglionerie.
VAriofie étoit né en 1474 à .Reggio , d’une famille
alliée à la maifon d’Eft ; il fut attaché toute
fa vie à cette maifon. Le cardinal Bembe, qui
favoit fi bien le latin, & quiFaimoit tant, auroit
voulu que VAriofie eût écrit en latin : J'aime mieux y
lui répondit VAriofie , ,être le premier des - écrivains
italiens, que le fécond des latins.< Le confeil du cardinal
Bembe étoit mauvais à tous égards. Des idées
3c des peintures originales doivent toujours être
préfentées dans la Tangue la plus familière à l’auteur
qui écrit,. & une langue morte n’eft familière
à perfonne ; d’ailleurs la. majefté un peu infléxible
du latin ne fe feroit pas aufli bien prêtée âu badinage
de VAriofie, que lafoüpleffe naturellement un
peu badine de l’italien. On a dit que-le tombeau
de Roland eft dans la Jérufalém. délivrée , le tombeau
de Roland n’eft nulle part, Roland ne mourra
point, non plus que la Jérufalém délivrée. Le mérite
fi différent de ces deux ouvrages fait qu’ils ne
peuvent pas plus fe nuire ; qu’une belle -comédie
ne nuit à une belle tragédie. Ariofte eût le gouvernement
d’une province fituée dans l’Apennin' ^
3c fa principale fonélion de voit être de la-purger
des brigands qui lTnfeftoiènt. Peu occupé dè ce
foin , & peu effrayé du danger, il s’ècartoit fou-
vent feul dans les lieux les plus déferts pour rêver 3c faire des vers ; il tomba entre les mains de
quelques-uns de ces-brigands , qui, au lieu de lui
nuire, lui rendirent des honneurs infinis : Le gou-
yerneut efl notre ennemi, lui dirent-ils, & nous ne
’ le traiterions pas f i bien ,• mais le poète efl' l'ami de
tout le monde. L’Ariofie avoit de la philofophie , il
fiivoit fe Contenter de peu ; il s’étoit fait conftruire
à. Ferrare une, maifon très-petite .& très-fimple ;
. on s’étonnoit de n’y trouver aucunes traces de la
magnificence qu’on admire dans fes defcriptions
■ poétiques de palais & de . jardinsi C'efi qu'il en
coûte moins, dit-il j pour ajfembler des mots que des
pierres. Ih mourut avec courage. -Plufieürs de mes
, amis partis avant moi m'attendent, dit-il,-& je vais -'
les revoir. Outre fon poème -, il a fait des fatyres ,
des comédies, des fonnets ; dés chanfons, &c. mais
c’eft par fon poème qu?iT eft illuftre. La Fontaine
y .a puifé quelques-uns de fes contes; déux ment- -
bres diftinguésde l’académie-françoilel’ont traduit, .
fàvoir M. Mirabaud & M. le- comte de Treffan ; -
il en exifte encore d’autres traduélions, & on en
effaie fous lés jours de nouvelles, tant, en profe
qu’en vers. Un poème framois moderne 8c célèbre
doit beaucoup au poème d’-Orlando furiofo, quoiqu’il
foit très - différent. Il y a plusieurs éditions
tres-recherchées de l’Orlando furiofo. 1 ° L’édition
originale de Ferrare , 1515. a°. Celle des Aides à
Venife, in-4% 1545.. 3 Celle de 1584 , auffi à -
Venife , avec les notes de Rufcelli-, &-les figures
- de Porro: mais la plus parfaite peut-être eft celle
qui a été publiée en 1772 en 4 vol. in-S°. par Molini,
libraire italien , établi à Paris,' 8c qui eft fortie des ■
prefles de Baskerville ; elle eft ornée de figures qui
repondent à la beauté de l’exécution typographique.
5 ARIOVISTE , (Hifi, anc. ) roi des Suèves, que
l’honneur d’avoir été vaincu par Céfar & de lui
avoir fait un peu acheter la viéloire, a rendu cé-
* lèbre. Sa défaite eft de Fan <9 avant J. C.
ARISBE . ( Hifi. anc.)
« Quand Marins, dit M. d^Fôntenélie, eut été
« chafle de Rome par la fadion de Sy lla, & fe fut
» retire en Afrique, fon fils qui l’accompagnoit
v tomba entre les mains d’FIiempfal, roi de Nu-:
: » midie, qui le retint prifonnier. Une des femmes
” ■ de çe roi (ilInnomme Arisbe) devintamoureufe
n du jeune Marius , & eut la gënérofité de lui four-
, jr nir des moyens de-fortir de fa prifon, quoique
v par-là elle le perdit pour jamais «.
C ’eft le fujet- ,cle la troifième héroïde de M. dë
Fontenèîle. . Arisbe étoit aufli le nom d’ünëville de la Troade, ,
prife par les Troyens quelque temps avant la guerre
de Troie. Afcagne promet à Ninus deux vafes con- -
quis par fon père à la prife d’Arisba :
Jtina dàbo argcnto peifefia atque afpera Jîgnis
Bocula-, devicfâ genitor qua- cepït Arisbâ.
E n e id . lib , IX .
ARISTÀCRIDAS. C ’eft le nom d’un capitaine ‘
Lacédémonien , dont on ne fait prefque rien, finon ■
qu’il étoit fort brave , & que lorfqü’Antipater
gouverneur de la Macédoine pendant l’expédition
d’Alexandre dans l’Afie , eut défait les Lacédémo-
uiens 8c tué Agis leur roi? l’an 3 30 av^nt J, C . , ce