
vie fi parfaite. Léon Allât, de Confenf. eccl. orient. !
& occid. lïb 111. cap. viij. ( G ) Angélique (Vetement o u Habit ) , angelica
veflis ; chez les anciens Anglois c’étoit un habit ;
de moines que les laïcs mettoient un peu avant
leur mort, afin de participer aux prières des
moines.
On appelloit cet habit angélique, parce qu’on
regardait les moines comme des anges, dont les
rprières aidoient au falut de l’ame. De-là vient que
xlans leurs anciens livres-, monachus ad fuccurren-
dum, fignifie celui qui s’étoit .revêtu de l’habit
angélique à l’heure de la mort.
Cette coutume fubfifte encore en Efpagne &
en Italie , où les perfonnes de qualité fur-tout
ont foin , aux approches de la mort, de fe faire
revêtir de l’habit de quelque ordre religieux,
comme de S. Dominique ou de S. François, avec
lequel on les expofe en public 8c on les enterre.
< G .)
ANGLETERRE. ( Hifoire mod. ) L’Angleterre ,
comme toutes les nations réputées modernes, n’a
point d’hiftoire ancienne , c’eft-à-dire que fon hif*
'to'ire commence au temps où les Romains en firent
la conquête.
U Angleterre a été conqtiife fùcceflivement par les
"Romains , par les Saxons , par les Danois , par les
'Normands.
Céfar ayant fubjugué les Gaùlois, voulut encore
foumettre les Bretons ou Britons, premiers habitans
connus du pays, qui fut depuis nommé Angleterre,
& qui fe nommoit alors Bretagne• Cette ifle fut
auffi nommée Albion, à caufe de la couleur blanche
de fes rochers qu’on apperçoit du continent.
On croit, d’après toutes les conformités poflibles
de langue , de moeurs, de figure , de religion, de
gouvernement, que les premiers habitans de la
Bretagne, fur-tout ceux des côtes, étoient des
"Celtes ou Gaulois , qui, du rivage oppofe, étoient
venus peupler cette ifle.
Céfar, auquel il fut donné de tout vaincre,
Vainquit les Bretons, quoiqu’un zèle outré depa-
triotifme britannique , ou la vanité nationale, ait
voulu perfuader qu’il fut vaincu par eux, & quoique
, félon Lucain, la frayeur lui eût fait tourner
le dos aux Bretons :
Territa qucsjitis oftendit terga Bntannis.
Mais bientôt la conquête du monde vint s’o ffrir
à fon ambition, 8c lui fit abandonner cette ifle,
où il fe contenta d’impofer aux Bretons un tribut
qui vraifemblablement fut mal payé après fon départ
-, puifqu’il ne laiflà point de garnifon, 8c ne
bâtit point de forts dans la Bretagne.
Augufte 8c Tibère la laifsèrent en paix.
Caligula publia qu’il ail oit la conquérir; il arma
deux cens mille combattans,parut fur la rive oppofée,
fit ramaffer des coquilles;, & revint triompher à
Rome des Bretons qu’il n’avoit pas vus.
Claude les v i t , & prit le furnom de Britannique^
feul héritage de fon malheureux fils.
Sous l’empire de Néron , Suetonius Paulinus ré-
duifit l’ifle de Mona ou d’Anglefey.
Sous Vefpafien & fes fils , Àgricola fournit
prefqu’entièrement la Bretagne ; il en fit lé tour
avec fa flotte , & s’aflùra que c’étoit une ifle ; car
jufqu’alors les Romains l’avoîent crue attachée au
continent ; il reconnut les Hébrides & les Orcades,
il y fit des defcentes ; mais Tacite, gendre d’Agri-
cola, 8c qui a décrit cette expédition , vraifemblablement
fur les mémoires de fon beau-père , dit
des chofes bien étranges de ce pays ; il prétend
que le foleil ne s’y lève & ne s’y couche point
comme dans les autres contrées ; qu’il traverfe la
terre , & qu’il l’éclaire même pendant la nuit. Ju-
venal fuppofoit auffi les nuits plus courtes dans la
Bretagne que dans le refte du monde :
Minimâ contentas nocle JBritannos.
Agricola avoit féparé, par un rempart on une
chaîne de fortereffes, les conquêtesromaines, d’avec
les provinces du Nord, toujours bretonnes & fau-
vages.
L’empereur Adrien réprima en perfonne les
. courfes que les Bretons feptentrionaux faifoient
fouvent fur les terres romaines. Il les reflerra par
un nouveau rempart plus fort que celui d’Agricola,
qui fut' depuis réparé fous Antonin Pie : celui
d’Adrien le fut par l’empereur Sévère. Il s’étendoit
depuis Carlille jufqu’à Neucaftle. On en voit encore
aujourd’hui quelques ruines.
Depuis les conquêtes d’Agricola, la Bretagne fut
toujours regardée comme une province romaine ;
ce fut de laque partit Albin pour difputer l’empire
à Sévère. Ce dernier empereur mourut dans,la ville
d’Yorck. Ce fut auffi en Bretagne que Caraufius
prit la pourpre fous les empereurs Dioclétien &
Maximien, qui l’y laifsèrent régner paifiblement
pendant fept ans, comme Alleaus, fon affaffin ,
pendant trois ans ; Confiance Chlore eut cette
province dans fon partage, & mourut dans Yorck
ainfi que Sévère. La célèbre Hélène ., femme de
Confiance Chlofe, 8c mère de Conftantin,, étoit
Bretonne , 8c Confiantin partit de la Bretagne pour
écrafer tous fes eoncnrrens.
L’empire conferva la Bretagne jufqu’au temps
d’Honorius ; ce fut vers l’an 44S qu’ils dirent urr
dernier adieu à la Bretagne , après avoir relevé les
boulevards d’Antonin & de Sévère.
Ce fut vers l’an 449 pu 450., que les Anglo-
Saxons paffèrent dans la Bretagne fous la conduite
d’Hengifi & d’H orfa, deux de leurs chefs. Les violences
qu’avoient entraînées leurs conquêtes dans
cette ifle , jointes aux ravages des Pi&es & des Scots
qui habitoient la partie feptentrionale de Tille, découragèrent
les malheureux Bretons, dont un grand
nombre, abandonnant leur patrie , cherchèrent un
afyle fur les côtes de la Gaule , & s’établirent dans
cette province, qui de leur nom fe nomme aujourd’hui
Bretagne, tandis que la Grande-Bretagne pre-
noit le nom à.’Angleterre du nom des Anglo-
Saxons.
D’autres Bretons fe retirèrent dans les rochers
du pays de Galles, où, comme Tobferve le père
d’Orléans , ils devinrent invincibles , quand ils
«’eurent plus rien à perdre. Ils s’y maintinrent en
corps de nation indépendant, traités de fauvages par
les Anglois qu’ils battoient fouVent, qu’ils inquié-
toient toujours, & qui ne les fournirent que fous
Edouard I , à la fin du treizième fiècle.
Les Saxons partagèrent VAngleterre en fept royaumes
; c’eft ce qu’on appelle fheptarchie 011 l’anarchie
faxonne. Ces royaumes font ceux de K en t,
dont Kenterbury ou Cantorbéry eft la capitale, 8c
qui comprend ce qui eft entre la mer 8c la
Tamife. |||
D’Efiex, ou des Saxons orientaux, comprenant
Londres, 8c ce qui eft immédiatement au-defliis de
la Tamife.
De Suflex, ou des Saxons méridionaux, comprenant
les provinces de Suftex 8c Surrey.
De WefTex, ou des Saxons occidentaux , comprenant
tout ce qui eft fitué entre le canal de la
Manche 8c le canal de Briftol, c’eft-à-dire les provinces
de Cornouailles, de De vôn , de Dorfet, de'
Sommerfet, de Southampton.
De Northumberland, oh des Anglois feptentrionaux,
comprenant tout ce qui eft au Nord de la
rivière d’Humbre, c’eft-à-dire les provinces de
Lancaftre, d’Yorck, de Durham, de Weftmore-
land , de Cumberland.
D ’Eft-Anglie , ou des Anglois orientaux, formé
des provinces de Nortfolck 8c de Cambridge.
Enfin le royaume de Mercie , ou des Anglois
fitués au milieu des terres , qui s’étendoit depuis
Glocefter & la Severne,jufqu’à la rivière d’Humbre.
Egbert, roi de WefTex, contemporain de Charlemagne
& de Louis le Débonnaire , réunit en 827
tous ces royaumes, 8c fit cefler l’heptarchie qui
avoit duré trois fiècles 8c demi.
Le changement qu’avoit éprouvé l'Angleterre en
paflant de la domination des Romains à celle des
Saxons, fut caufe qu’il fallut convertir deux fois
au chriftianifme les habitans de ce pays. On a cru
que la foi avoit été prêchée aux Bretons par faint
Paul ou par quelques-uns de fes difeiples. La Bretagne
ou VAngleterre avoit eu part à la perfécution
de Dioclétien , 8c ce fut alors que faint Alban
fouftrit le martyre. On fait que Pélage étoit hé
dans la Grande-Bretagne; ce fut à Verolam ou
Verulam que fe tint cette aflemblée , où faint
Germain 8c faint Loup difputèrent contre les Pé-
lagiens.
Tel étoit l’état de l’églife bretonne, lorfque les
Anglo-Saxons ramenèrent le paganifme dans la
Grande - Bretagne. La fécondé converfion de ce
pays fut l’ouvrage de Berthe, fille de Caribert ou
Cherebert, roi de Paris,-Faîne des fils de Clotaire I.
Cette princefte avoit époitfé le roi de Kent Ethelbert
; elle engagea fon mari à recevoir les miffion-
naires qu’elle engagea le pape faint Grégoire à lui
envoyer. Ils avoient à leur tête le moine faint
Auguftin , réputé l’apôtre de T Angleterre. La reine
Brunehaud, fur les terres de laquelle ces miffion-
naires pafloient, leur donna des guides , des ùrter-.
prêtes, 8c favorifa de tout fon pouvoir cette mif-
fion. Ethelbert fe convertit ; Ethelburge, fa fille,
époufa Edwin, roi de Northumberland , qu elle
convertit auffi. Une autre femme en fit autant dans
le royaume de Mercie. La religion pafla ainfi de
royaume en royaume , 8c fheptarchie entière etoit
chrétienne avant fa diffolution.
Les Danois, dès le temps de fheptarchie, avoient
commencé à faire en Angleterre des courfes, qui
dans la fuite devinrent des établiflemens, 8c enfin
une conquête fous Suénon 8c Canut le Grand,au com-
mencement du onzième fiècle. Depuis ce temps, les
races faxonne 8c danoife fe difputèrent le trône jufqu’à
la conquête que les Normands, fous la conduite
de Guillaume le Bâtard , leur duc, firent d®
ce royaume par la viâoire d’Haftings du 14 oâobre
10 66.
Tous les premiers rois de la race normande , 8c
de la race angevine defcendue de cette première,
depuis Guillaume le Bâtard jufqu’à Jean fans Terre,
traitèrent la nation en pays de conquête, leur
defpotifme n’eut point de bornes. Jean fans Terre
fut auffi un defpote 8c un tyran , mais vil 8c foi-
ble, 8c dégradé par fes crimes. Son règne eft une
grande époque pour la légiflation angloife.
Chez les Anglo-Saxons, Ethelbert 8c Ina, parmi
les rois de l’heptarchie ; 8c depuis la réunion, A lfred
, Edouard l’ancien, Adelftan, Edouard , Ed-
gard, Ethelred, Edouard le Confeffeur , s’étoient
distingués par la légiflation. Alfred avoit formé un
corps de lo ix , aujourd’hui perdu , qui a fervi longtemps
de bafe à la jurifprudence angloife*, 8c qu’on
regarde comme la fource de ce qu’on appelle en
Angleterre le droit commun. On peut juger du ref-
peâ de ce grand prince pour la liberté , par ce mot
de fon teftament : Tout Anglois devroit être libre
comme fa penfée. Edouard le Confefieur fit faire
dans la fuite une compilation plus étendue des loix
de fes prédéceffeurs ; ces loix netoient pas l’ouvrage
des rois feuls, elles étoient concertées avec les états
du royaume, avec ceconfeil national, connu fous
le nom de IVittenagemot , ou ajfemblée des fages ;
11 étoit compofé des évêques & abbés, des alder-
mans ou gouverneurs des provinces, 8c des Whites
ou fages. Quels étoient ces Whites ou fages ? C ’eft
ce qui a été diverfement interprété par cet efprit
de faction , qui a dû embrouiller en Angleterre toutes
les queftions politiques. Les uns ont cru que ces
fages étoient les juges ou les gens de loi ; les au-
; très ont voulu y voir les reprêfentans des bourgs ,
8c ce qu’on appelle aujourd’hui les Communes. Mais
les dénominations que donnent tous les hiftoriens
aux membres du Wittenagemot, femblent fuppofer
une ariftocratie, 8c rejetter cette idée de Communes.
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