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Boileau en faveur d’Ariftote contre l’Inconnue
nommée la Raifon. Saint-Evremont qui avoit vu
Bernier en Angleterredifoi-t qu’il n avoit point
connu de plus joli philofophe. Il ajoutoit : Joli phi~
lofophe ne fe dit guères ; mais fa figure , fa taille ,
fa conversation, Vont rendu digne de cette épithète...
2®, (Jean) médecin de Madame (Charlotte1-
Elifabeth de Bavière, fille de l’éleéteur palatin r
mère de M. le duc d’Orléans, régent)-eu auteur
d’une Hifoire de Blois, fa patrie, d'EJfais de médecine
, de Y And Menagiana, d’un Jugement furies
oeuvres de Rabelais. Ménage, qui trouveit fort
érudition fuperficielle , l’appelloit, virdevis arma-
tum. Mort en 1698, dans un âge avancé.
BERNINI, appellé communément le cavalier
Bemin. Cet artifte , peintre, fculpteur, architecte,
appartient au dictionnaire des arts, nous n’en parlons
icr, que parce qu’il donne lieu à une obferva-
tion hiftorique.
M. de Voltaire a dit r
A la voix de Colbert, Bernini vint de Rome r
De Perrault dans le louvre il admira la main :
Ah ! dit-il, fi la France enferme dans fon feia-
Des travaux fi parfaits , un fi rare pénie ,
Falloit-il m’appellcr du fond de l’ïtalSe ?
Tel eft le vrai mérite> il parle avec candeur:*
L’envie eft à fes pieds , 1a paix eft dans fon coeur.
Ces beaux vers ont confacré l’anecdote, tout le
monde l’a répétée ; elle eft belle en elle-même , &
e’eft. à regret que nous fommes forcéspar la vérité
, d’avertir qu’elle n’a rien de réel ; il fufnt,
pour s’en convaincre, de lire les mémoires de
Perrault lui-même, ofl verra que Perrault s’y plaint
par-tout du cavalier Bemin ; on verra que cet artifte
, félon Perrault, ne montra en France que de
l ’humeur, & de l’envie déguifée fous les apparences
du dédain, que Perrault & lui furent très-
mécontens l’un de l’autre , & par la faute du feul
Bemin. Perrault va plus loin , & parle avec afîez
de mépris des talens , des ouvrages & des idées
de Bernini ; nous ne difons pas afîiirément que
Perrault eût raifon , nous difons feulement qu’il
n’a pas pu fe méprendre fur l’expreffion des fen-
timens de Bemin à fon égard, oc que fi Bemin
lui avoit rendu ce témoignage fi glorieux pour lfun
& pour l’autre dont parle M. de Voltaire, la re-
cônnoifîance l’auroit rendu- auffi favorable à B.er-
ninr & auffi content de lui qu’il en paroît par-tout
mécontent & qu’il lui eft par-tout contraire. On a
beau faire, les artiftes qui s’exercent dans le même
tenre feront toujours jaloux les uns des autres ,,
L ne rendront jamais juftice à leurs rivaux. Les
gens de lettres même, malgré la philofophie &
une éducation communément plus fbignée y fe
pardonnent - ils les uns aux autres des fuccès dans,
le même genre B Horace, qui ne faifoit que des
©des, des fatyres & des. é.pîtres, pouvoir aimer
Variais qui failoit des poèmes épiques, & Virgile
B E R
ÇRÎ faifoit des poèmes champêtres ; mais if y a peu
û’amitiés- qui tiennent contre la concurrence & la
rivalité. La jaloufie des artifles moins contenue
plus excitee par l’intérêt , indépendamment de la
gloire,- éclate plus au dehorS ; profitons de leurs:
talens, de leurs travaux, de leur jaloufie même,
S roduit au moins de l’émulation ; voyons leurs;
)ns fans les- partager. Les grands fur-tout
doivent être avertis que le ridicule le plus complet
qu’ils puifîent fe donner, eft de prendre parti dans -
les démêlés littéraires & dans les querellés des aurifies.
C’eft toujours le fo t, l’intriguant & le méchant
qui appelle à- fon fècours le crédit & ht
puiffanee pour écrafer un rival fupérieur.
BERNOULLI, (Jacques & Jean, frères, &
Nicolas , Daniel & Jean , auffi frères, tous--
trois fils de Jean) nom fi célèbre dans les mathé--
matiques, & tenant fi eflentiellement a l’hiftoireJ
de ces fciences, qu’il doit être renvoyé au didion--
naire particulier qui en traite ,- nous ne dirons ic i
que peu de chofes de Jacques-& de Jean feulement, .
& nous ne les confidérerons guères que fur despoints
étrangers aux fciences,où ils ont acquis tant
de gloire.. -
Jacques Bernoulli naquit à Baffe eh 1654 lé 27'
décembre. Pour fe livrer aux fciences quf dévoient
l’illuftrér & qu’il devoit perfectionner, il eut d'abord
à combattre l’oppofition de fa famille, nommément?:
de foii père , qui avoit fur lui d'autres vues ; lojf~-
qu’il eut fait,.malgré cette oppofition, des progrès-
marqués dans la géométrie, & fur-tout dans l’afr
tronomie , il voulut conferver la mémoire de$>
obftacles dont il avoit t r iom p h é il exprima fa-
fituation par une devife, où il repréfentoit Phaë-
ton conduifant le char du foleil, avec cette légende ri
Je fuis parmi les aflres malgré mon père. Emblème
qui ne manque de juftefîe qu’en un feul point, &
ce point eft favorable à Bernoulli c’eft que le;
nom de Phaëton préfente l’idée d’une ambition^
téméraire & malheureufe, au lieu que le plus plein;
fuccès couronnoit l’ardeur de. Bernoulli pour les-
fciences.
A l’âge de vingt-dbux a n s Bernoulli étant à--
Genève,- apprit à. écrire à une fille qui pouvoir
bien palier pour aveugle nëe, ayant perdu la vue-’
deux mois après fa naifïance : cette fille fe nom-
moit Elifabeth Walkirch. Bernoulli avoit inventé la-
méthode qu’il employa..
La comète de 1-680. qui a fait naître dès ouvrages
fameux , entre autres les penfées de Bayle fur
la comète, fut auffi pour M. Bernoulli l’occaüon:
d’un nouveau fyftême fur les comètes , d’où il ré-
fuite que ce font des corps éternels , & que leurs^
retours peuvent être prédits..
Ici ,dit M. de Fontenelle dans l’éloge de M. Ber--
noulli, » je ne. puis m’empêcher de rapporter une;
jj objeélion qui lui fut propofée três-férieufement,,
a & à laquelle iL daigne répondre de même ; c’eft:.
jj que fuies comètes font des affres réglés, ce ne-
jj font donc point des figues extraordinaires delai
colère du ciel. Il efîaie plufieurs rèponfes différentes,
& enfin il en vient jufqu’à dire que la
r» tête de la -comète qui eft éternelle , n’eft pas un
jj figne, mais que la queue en peut être un , parce
.» que , félon lu i, elle n’eft qu’accidentelle , tant
jj il failoit encore avoir de ménagemens pour cette
jj opinion populaire il y a vingt-cinq-ans ! Main-
jj tenant on eft difpenfé de cet égard, c’eft-à-dire
jj que le gros du monde eft guéri fur le fait des
jj comètes, & cpe les fruits de la /aine philofo-
» phie fe font répandus de proche en proche. Il
jj leroit afîez bon de marquer, quand on le pour-
jj roit, l’époque de la fin des erreurs qu’elle a dé-
jj truites «.
Sans doute, & ce feroit la meilleure réponfe à
toutes les déclamations contre la philofophie.
Jacques Bernoulli fut reçu à l’académie des fciences
«le Paris en 1699 , à celle de Berlin en 1701. Il
mourut le 16 août 1705. A l’exemple d’Archimède,
•qui voulant orner fon tombeau de fa plus belle
•découverte, ordonna d’y mettre un cylindre cir-
•confcrit à une fphère, M. Bernoulli a ordonné
qu’on mît fur le fien une fpirale logarithmique,
avec ces mots : eadem mutata refurgo , allufion
Jietireufo, dit M. de Fontenelle, à l’efpérance des
•chrétiens, repréfentée en quelque forte par les
-propriétés de cçtte courbe ; Bernoulli joignoit le
talent de la poéfie à celui des mathématiques ; il.
<a fait des vers latins, allemands, françois. Ses
-oeuvres, parmi lefquelles il faut-diftinguer fon traité
de Y Art de conjecturer ont été recueillis en trois vol.
in-40.
Jean Bernoulli -, peut-être plus célèbre encore
que Jacques dans les mathématiques , faifoit quelquefois
, coin me fon frère, des vers latins. A l’âge
-de dix-huit ans , il avoit foutenu en vers grecs une
thèfe bien importante : Que le prince ejl pour les
fujets. Il fu t, comme fon frère, profefleur de mathématiques
à Bâle, membre des académies des
fciences de Paris, de Londres, de Berlin & de
pétersbourg. Le calcul des infinimens Petits a fait
fa principale gloire, ainfi que celle de fon frère.
Né à Bâle en 1667, il y eft mort en 1748. Le
recueil de fes oeuvres eft en quatre vol. i/z-49.
BÉROALD ou BÉROALDE, ( Hifl. litt. mod. j
nom de quelques favans, dont l’un , nommé François
Béroald de Verville , eft l’auteur du Moyen
de parvenir, imprimé d’abord fous les titres de
Salmigondis & de Coupeçu de la mélancolie. Il avoit
d’ailleurs trouvé la pierre philofophale , le mouvement
perpétuel, la quadrature du cercle, &c. Mort
vers l’an 1612. Il étoit chanoine de faint Gatien
de Tours.
Philippe Béroaede , né à Bologne en 1453,
mort en 1505 , connu par des commentaires fur
d’anciens auteurs grecs oc latins , pafîe pour in de
ceux qui contribuèrent à purger la langue latine de
la rouille de la barbarie. Sa vie a été écrite par
deux auteurs du temps, Jean Puis & Bianchini, &
en voilà le réfultat. Il avoit un neveu, nommé
Philippe comme lui, qui fut bibliothécaire du V a tican
fous Léon X , & dont on a des vers dans le
recueil intitulé : Delicice po'étarum italorum.
BEROSË, prêtre du temple de Belus à Baby-
lone, auteur d’une hiftoire de Chaldée citée par
les anciens, & dont Jofephe a confervé- des frag*;
mens curieux. Il donne à fa nation une antiquité
qui ne peut s’accorder avec les calculs;reçus. lieft
un des. écrivains fous le nom defquels Annius de
Viterbe a publié tant de faux ouvrages. Il prophé-
tifoit parTaftrologie. Les Athéniens, au rapport de
Pline, lui élevèrent, dans leur gymnafe, unefta-
tue avec une langue dorée. Il eut une fille pro«
phétefîe comme lu i, & Sibylle à Cumes. H étoit
contemporain d’Alexandre le Grand,& des premiers
Ptolomées, fes fuccefîeurs en Egypte.
BERRGYER (C laude) avocat au parlement
de Paris. On lui doit les Arrêts de Bardet, la coutume
de Paris de DupleJJis , la bibliothèque des coutumes
, qu’il a coinpofée avec Laurière, fon confrère.
Berroyer eft mort en 1735.
BERRY. Chaumeau & la Thaumafîière ont écrit
favamment l’hiftoire de cette province de.France ,
& i i y en a préfentement une nouvelle commencée
par M. Pallet. Nous nous contenterons d’ob-
ferver fuccinélement que Philippe I , vers l’an 1100
acquit la vicomté de Bourges d’Eudes Harpin ou
Herpin ; que les rois fuivans acquirent les autres
principaux domaines du Berry ; qu’en 1360 le
roi Jean érigea 1 e-Berry en duché-pairie, pour
Jean , fon troifiéme fils, dont la mémoire vit encore
dans cette province, qui cite fouvent le duc
Jean, & qui montre de lui divers monumens. Ce
prince mourut le 5 avril 14 16 , fans laifler d’en-
fans mâles. -Un autre Jean de France, fils de»
Charles V I , porta le titre de duc de Tcuraine &
de Berry, & mourut aufli fans poftérite. Le même
Charles V I donna le Berry en apanage à Charles,
fon cinquième fils, qui fut le roi Charles V I I , &
que les Anglois, au commencement de fon règne ,
appelloient par ydérifion, le roi de Bourges, parce
qu’il n’y avoit que le Berry qui lui fut refté fidèle.
En 1461 Louis XI donna le Berry à Charles, fon
frère, depuis duc de Guyenne, mort -aulS fans
enfans, le^ 12 mai 1472. En 1575 Henri III le
donna auffi au duc d’Àlençon mort fans enfans en
1584. Enfin ce duché fut donné en apanage au
petit-fils de Louis X IV , troifiéme fils du dauphin ,
dit le grand dauphin, ce dernier duc de Berry, eft
mort auffi fans enfans mâles, le 4 mai 1714.
Le roi Louis XVI a porté le titre de duc de
Berry.
BERRUYER, ( Joseph-Isaàc ) Hiß., litt, mod.)
fi connu en bien & en mal par fon Hiftoire du peuple
de Dieu, qu’on appeîloit le Roman facrë. La
première partie, contenant Phiftoire de l’ancien
teftament, parut en 1728 ; & quoique défapprou-
vée par ceux qui regardoient comme une profanation
qu’on voulût orner la fimplicité des livres
faints, elle ne fut formellement condamnée d’a-
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