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allufion par ces vers, qui ne le trouvent plus dans
la plupart des éditions.
Enfin je ne faurois, pour faire un jufte gain ,
Aller > bas & rampant , fléchir fous Chapelain
Cependant, pour flatter ce rimeur tutélaire ,
Le frère, en un befoin > va renier l'on frère.
Gilles Boileau mourut en 1669, âgé de 38 ans.
Il étoit ami de Cotin, & dans les divilions des
deux frères, Cotin étoit toujours pour l’aîné contre
le cadet.
Jacques Boileau, grand vicaire de Sens, fous M.
de Gondrin, chanoine de la fainte-Chapelle, mort,
(en 1716) doyen de la Faculté de Théologie,
& dont Defprèaux difoit, que s’il n’âvoit pas été
doâeur de Sorbonne, il auroit été do&eur de la
comédie italienne , étok un efprit plaifant & cauf-
tique. Il étoit favant. Il écrivoit prefque tous fes
ouvrages en latin, de peur, difoit-il, que les évêqpes
ne les cenfuraffent ,* & en effet ils pouvoient. être
mal difoofés pour quelques-uns de ces ouvrages :
par exemple v dans le traité : De antiquo jure Pref-
hyterorum in regim'me ecclefiaflico , l’auteur établif-
foit que du temps de la primitive Eglife, les prêtres
avoient part au gouvernement auffi-bien que
les évêques. Ses autres ouvrages font : De anti-
quis d» majorïbus Epifcoporum caufis ; Hiftoria con-
fejjionïs auricularice. Marcelli Ancyrani difquifitiones
de refidèniiâ Qanomcoium, avec un traité, de Tac-
tihus impudicis prohibendis : Difquißtio hiflorica de
re vefliarid hominis facri ,. vitam communem more
civili traducentis. De re Beneficiariâ. De librorum
circa res Théologiens approbations ; quelques traités
théologîques fur l’Euchariftie. Mais le plus célèbre
de tous fes ouvrages eft Yhifioria fiagellantium ,
qui donna lieu à quelques épigrainmes connues de
Defprèaux3 coiure.les Jéfuites, oç des Jéfuites, contre.
Defprèaux.
Le grand Condé paffant par Sens, l’abbé Boileau
fut chargé de le complimenter. Le prince affeéla
de le regarder en face , & parut vouloir s’àmufier
à Je faire manquer, l’abbé Boileau interdit,,, ou
feignant de l’être., lui dit: Monf ûgneur, votre altejfe .
ne doit pas être futprife de me voir troublé à la tête
d’une compagnie d’eccléfiafliques ; je tremblerois bien
davantage à la tête d’une armée de trente mille hommes.
Le prince l’embraffa 8t. lui témoigna la plus
vive fatisfaâion.
La Fontaine entendant un jour l ’abbé Boileau
parler dé faint Auguftin avec admiration , lui demanda
fi faint Auguftin avoit bien autant d’efprit
que. Rabelais ; l’abbé Boileau regardant ce bel e fprit
prophane avec tout le mépris d’un doâeur
facré , s’apperçut que par l’effet d’une de fes dif-
traéfions ordinaires, il étoit mal chauffé. . Ppene^
garde *Jui dit-il;, monfieur de la Fontaine, vous ave^
mis vos bas à L’envers. Ce fut toute fa réponfe.
BOINDIN, ( Nicolas-) ( Hiß. litt. mod. ) fils
cfun procureur, du. roi au. bureau des fiuauc.es de.
b o r Paris, le fût lui-même, après avoir été quelque
temps moufquetaire. On fait trop quelle fut fa
v réputation d’incrédulité, méritée ou non ; il étoit
de l’académie des inferiptions 8t belles-lettres ;* il y
avoit été reçu en 1706 ; on n’y prononça point
fon éloge après fa mort. Il étoit l’oracle dés caffés,
il y paffoit fa vie ; mais les caffés formoient alors
la principale fociété de la plupart des gens de
lettres, oc M. de la Motte lui-même, fi propre à
faire les délices de la bonne compagnie, vivoit
beaucoup au caffé. G’eft là que font nés ces fameux
couplets qui ont caufè la perte de Rouffeau.
Que l’on compare ces couplets fi groffiers, fi violons
,* où il eft tant parlé dè grève 8c de valet de
bourreauavec tant de chantons ou galantes ou.
malignes faites à la cour ou dans les fociétés choi-
fies de Paris, on verra la différence des caffés à
la bonne compagnie, 8c des hommes qui ne vivent
qu’entre- eux , aux hommes qui vivent avec
les femmes: dans la fociété des femmes , l’efprit,
le talent & le favoir ne fuffifent pas , il faut des
grâces, il faut des formes agréables, il en faut,
jufques dans la méchanceté ; on verra qu’une liberté
entière n’eft pas ce qu’il faut aux hommes ;
que la contrainte falütaire des égards mutuels
qu’infpire 8c qu’exige la fociété , eft favorable,
même à Tefprit. Il faut l’avouer, en général les
gens de lettres ne font pas affez polis entre eux,,
on ne l’eft pas même affez. dans les compagnies
littéraires, & un des grands ineonvéniens des
femmes beaux efprits , eft que pour attirer les gens
de lettres, elles fe prêtent trop à leur impoliteffe ,
8c qu’elles l’autorifent par leur exemple.
Boindin, .qui eft traité à?athée déclare8c qui eft
mené à la roue dans les fameux- couplets, préten-
doit en avoir feul le fe c re tc a r il n’eft pas démontré
qu.’ils.foient ,.du moins tous, de Rouffeau. Il parut
après la mort de Boindin , arrivée le .30-novembre
1.751, un mémoire de lu i, où ce fecret étoit révélé
; c’eft à .la Motte • ,..à Saurin, 8c à un négociant
nommé. .Malaffaire , que ces couplets font
attribués dans ce mémoire ,. c’éft-àrdire aux trois
hommes les plus incapables- de les avoir faits, ou
par le caraétère de leur efprit 8c de leurs moeurs,
ou par la .nature de leurs occupations. Ce mémoire
n.ous paroît parfaitement réfuté fur tous les points
dans le Siècle de Louis X IV qui parut quelque
temps après, 8c qui femble avoir fixé fur cet article
l’opinion publique.
Les oeuvres de Boindin ont été publiées en 1733
en deux volumes in-12 .Ce qu’on y trouye déplus
confidérable, ce font quatre comédies, dont on
croit que quelques-unes ont été faites en fociété
avec M. de la Motte, 8c dont la meilleure eft le
Port de mer. Elle eft reftée au théâtre.
BOIS, ( du ) Ce nom a été poçté par tant de
perfonnes ,.. que. dans le nombre il s’en trouve
quelques-unes de connues.
Parmi les gens de lettres on diftingue :
i c. Jean au . Bois, _qui fut pour les céleftins ee
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‘dite M. de Joyrufe étoit vers le même tefrips pour
les capucins, c’tft-à-dire que comme Joyeufe :
Il prit, quitta , reprit la cuirafle & la haire.
Après la mort d’Henri I V , dont il étoit. prédi-
-'dicateu.r ordinaire , il fe déchaînoit dans fes fermons
contre les jéfuites , qu’il accufoit de, ce parricide,
8c à la vengeance defquels on attribue la
deftinée malheureule de ce moine, qui étant allé
à Rome en 1612, fut^enfenné au château Saint-
Ange pendant quatorze ans., 8c jufqu’à fa mort
arrivée en 162.6. On a de lui le livre intitulé :
Bibliotheca Floriacenfîs. Ce font de petits traités
d’anciens auteurs eccléfiaftiques, tirés des manuf-
crits de la bibliothèque du monaftère de Fleuri-
fur-Loire , aujourd’hui faint Benoît.
2.0. Philippe - Goibaud du Bois , de l’académie
françoife ; il a fait de divers ouvrages de faint Au-
guftin 8c de Cicéron, des traductions, où on ne
Jdiftingue point la manière fi différente de ces
deux écrivains , 8c qui ne le placeroient point au- .
jourd’hui à l’académie françoife. Il avoit été maître
à danfer. Mort en 1694 k foixante-huit ans.
30. Gérard du B o is , oratorien, auteur d’une
liiftoire de l’églife de Paris, 1690, deux volumes
in-folio. Mort en 1696.
I* 40. Daniel du Bois d’Annemets, gentilhomme
attaché au duc d’Orléans-Gafton , 8c de qui on a
tin livre intitulé : Mémoires d’un favori du duc
d'Orléans. Tué eu duel à Verïife en 162.7.
50. Philippe du B o is , dofteur de Sorbonne,
éditeur, d’un côté deTibulle , Catulle 8c Properce,
ad ufum Delphini; de l’autre, de Maldonat. Mort
en 1763.
Parmi les gens diftingués par leurs places 8c par
leur fortune, fe préfente d’abord Guillaume du
B o is , cardinal 8c premier miniftre, fils d’un apo-
ficaire de Brive-la-Gaillarde , leéteur, enfuite pré-
•cepteur du duc d’Orléans régent , miniftre de fes
plaifirs, objet de fes mépris, mais devenu nécef-
îaire à ce prince ; il fut confeiller d’état, ambaf-
Tadeur en Angleterre en 1715 , archevêque de
Cambrai en 172.0 ,-, cardinal en 1721 , premier
miniftre en 1722, reçu cette même année à l’académie
françoife, à l’académie des belles-lettres, à
l’académie des fciences. Il mourut en 1723 des
Cuites de fes débauches, avant M. le régent; ec-
•cléfiaftique indécent , académicien ignorant, mi-
niftre ridicule, ou du moins il étoit ridicule qu’il
le fût. Voilà le plus connu de tous ceux qui ont
porté le nom de du Bois. Voici celui qui a le plus
mérité de l’être.
Dans le temps que les ennemis de la France af-
fiégeoient Lille en -1708, 8c que le maréchal de
Boufflers défendoit contre eux cette capitale de
ion gouvernement , le duc de Bourgogne qui
commandoit en Flandre avec le duc de Vendôme ,
avoit un avis important à faire donner au maréchal
de Boufflers.; mais il paroiffoit impoflible de J
B O I «41 s’introduire dans la place ; un capitaine du régiment
de Beauvoifis, nommé du Bois, fe préfente 8c fe
charge des ordres du duc de Bourgogne. Il etoit
excellent nageur, 8c c’étoit fur ce talent qu il avoit
fondé fes efpérances. Il avoit fept canaux à tra-
verfer, pour entrer dans la place. Arrivé au premier
, il fe déshabille , cache fes habits pour les
retrouver au retour, traverfe les fept canaux de
nuit, en nageant doucement entre deux eaux, fans
.être ni vu ni entendu de perfonne , voit le maréchal
de Boufflers, prend fes ordres pour le retour ,
repaffe les fept canaux, reprend fes habits dans
l’endroit où il les avoit cachés, 8c rapporte à M.
le duc de Bourgogne la réponfe du maréchal de
Boufflers.
BOIS-ROBERT , ( François le Metel de )
moins connu par fes ouvrages que par l’agrément
de fon humeur 8c l’enjouement de fa converfation ,
qui aboutirent à en faire l'amufeur 8c le plaifant du
cardinal de Richelieu ; mais c’étoit alors un pofte
envié, comme tout ce quipouvoit procurer quelque
faveur auprès du cardinal à quelque titre que ce
pût être. Cette faveur ne fut pas infruâueufe, elle
valut à l’abbé de Bois-Robert l’abbaye de Châ-
tillon-fur-Seine 8c je ne fais quel doyenné qui lui
rapportoit de quoi frire , à ce que dit Malleville.
L’abbé de Bois-Robert, homme d’efprit 8c homme
de lettres , trouva même le moyen d’ennoblir fon
perfonnage de plaifant 8c de complaifant du cardinal,
8c de l’élever jufqu’à la dignité d’ami, en
fortifiant dans ce miniftre fon penchant à protéger
les lettres. C’étoit travailler en même temps pour
la gloire de fa nation 8c pour celle de fon bienfaiteur.
S’il eft vrai que ce foit l’abbé de Bois-Robert
qui ait donné au cardinal l’idée d’inftituer l’académie
françoife, on ne doit pas être étonné de voir
fon nom dans la lifte des premiers académiciens
d’ailleurs, cette lifte ayant été faite par le cardinal
, l’abbé de Bois-Robert, qui étoit fon bel efprit
de profeflion -, ne pouvoit y être oublié. L’abbé
de Bois-Robert a fait des tragédies , des comédies ,
des romans, des poëfies fugitives , il n’eft rien refté
de tout cela. On fait feulement qu’il étoit un des
cinq auteurs que lecardinal de Richelieu employoit
à compofer des pièces, dont il leur donnoit le fujet
8c dont quelquefois il leur traçoit le plan, ce qu’il
ne faut jamais faire à l’égard des hommes de génie ,
8c ce qui eft inutile avec les autres ; mais l’art de
prdtéger les lettres, car c’en eft un, 8ctrès-difficile
8c très-ignoré de la foule des proteâeurs, n’étoit
pas même parfaitement connu au cardinal de Richelieu.
On fait que ces cinq auteurs étoient Bois-
Robert , Corneille , Colletet, l'Etoile 8c Rotrou.
Aujourd'hui que le rang de ces auteurs eft fixé -,
nous ne voyons plus que de la bifarrerie dans
Cette affociation 8c qu’une inégalité choquante entre
. les affociés. Si on ne favoit ce que peut la flatterie
8c combien la faveur préfente en impofe aux gens
de lettres, aufîi bien qu’aux courtifans, on pour-
roit croire que l’abbé de Bois-Robert étoit mis de.
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