
leur refufer. Les Avares liés par les traités l
les violèrent bien - tôt. Leur grand - prêtre ayant
féduit une des femmes du khan , fe réfugia
chez les Romains dans Fefpoir d’y trouver l’impunité.
Il en réfulta une guerre dont le prélude
fu t glorieux pour les Romains ; mais la méfintelli-
gence s’étant mife parmi leurs généraux , ils furent
battus, & leur défaite rendit les Avares maîtres
de la Thrace ; & ils euffent étendu plus loin leurs
ravages, fi la pefte, qui leur fit fentir les liens,
ne les eût déterminés à la paix.
Les Avares, dans l’efpoir de. s’enrichir des dépouilles
de Rome, entrèrent pour la première fois
dans l’Italie , l’an 199 , ils ravagèrent la Vénétie
& tous les pays par où ils payèrent ; ils parvinrent
jufqu’à Fréjus, qui leur fut livré , par Romilde ,
femme du roi des Lombards, que leur chef avoit
promis d’époufer pour prix de fa trahifbn. Mais
dès qu’il fut maître de la v ille , il fit empaler -cette
époufe perfide. Sous les règnes de Phocas & d’Hé-
raclius, ils portèrent les ravages jufqu’aux murs
de Conftantinople. A force de vaincre ils épuifoient
leur puiffance 8c ils ne firent que des courfes paf-
fagères jufqu’au règne de Charlemagne qui, alarmé
de leur voiünage, forma le deffein de les fübjuguer. Il
fut profiter de la divifion de leurs chefs pour étendre
fa domination jufqu’à la rivière du Raab. Le duc de
Frioul les voyant dans l’impuiflance de réfifter,
s’empara de Ringue, qui étoit leur principal boulevard
, où*il fit un butin immenfe. Ce fut Pépin,
fils de Charlemagne, qui frappa les derniers coups.
Il leur fit une guerre où tous leurs chefs périrent ;
la nation entière fut difperfée & détruite. Tel fut
le deftin de ce peuple fauvage qui forti des rives du
fleuve Amur, parcourut en vainqueur la Chine
& la Tartarie, s’établit à Forient du Volga , d’où
il paffa dans la Pannonie. L’empire Romain dans
fa décadence n’eut point d’ennemi plus redoutable.
Après avoir défolé l’Italie 8c les Gaules, il furent
enfin détruits par les François. Ce fléau dura pendant
quatre cens quatre-vingt-neuf ans. La Pannonie,
par une deftinée malheureufe, fut fuccefli-
vement occupée par les Huns, les Avares 8c les
Turcs , qui tous avoient une commune origine.
T—N.
AUBERGE, f. f. ( Hifi. mod. ) lieu où les hommes
font nourris & couchés, & trouvent des
écuries pour leurs montures & leur fuite. L’extinction
de l’hofpitalité a beaucoup multiplié les auberges
; elles font favorifées par les lois à caufe de
la commodité publique. Ceux qui les tiennent ont
aéfion pour le payement de la dépenfe qu’on y
a faite , fur les équipages & fur les hardes, pourvu
que ce ne foient point celles qui font abfblurnent
néceffaires pour fe couvrir. Les hôtes y doivent
être reçus avec affabilité , y demeurer en pleine
fécurité , & y être fournis de ce dont ils ont
befoin nour leur vie & celles de leurs animaux,
à un jufte prix, L .s anciens ont eu des auberges
comme nous. Les nôtres ont leurs lo ix f dont les
principales font de n’y point recevoir les domicilies
des lieux, mais feulement les paffans 8c les
voyageurs ; de n’y point donner retraite^ des gens
fufpe&s, fans avertir les officiers de police ; de n’y
fouffrir aucuns vagabons , gens fanfe irv eu, &
blafphémateurs, 8c de veiller à la fûreté des chofes
& des perfonnes. Voye£ le traité de' la police ,
p. 727. Dans la capitale, l'aubergine eft encore
obligé de porter fur un regiftre le nom & la qualité
de celui qui entre chez lu i, avec la date de fou
entrée & de fa foftie, 8c d’en rendre compte à
l’infpeéteur de police. Il y a des auberges où l’on
peut aller manger fans y prendre fa demeure. On
paye à tant par tête , en comptant ou fans compter
le vin ni les autres liqueurs. ( A. R. )
AUBERGISTE, f. m. celui qui tient auberge,
AUB ERT, (P ierre) ( Hiß. litt, mod.) avocat
de L y on , peu connu, mais qu’il faut nommer ,
parce qu’il a laiffé à la ville de L y on , fa bibliothèque
, à condition qu’elle feroit publique. Il a
donné d’ailleurs une édition du Dictionnaire de
Richelet, 8c un recueil de Fatfums qu’il eft inutile
de dire qu’on'ne lit point. Né en 1642, mort
en 1733.
A U B E R T I N , ( E d m e ) {Hifi. litt.mod.)
miniftre de Charenton, que nous ne nommons
ici que parce qu’il a eü -l’honneur d’être réfuté
par M. Arnauld , dans fa Perpétuité de la Fou
L’ouvrage à'Aubertin a pour titre : l ’Eucharïfiïe de
Vancienne Eglife , 1633 , in-fol. Aubertin, né à
Châlons - fur - Marne , en 1^95 , mourut à Paris
en 1652,
A U B E R Y , ( A ntoine ) ( Hiß. litt mod. )
avocat au confeil , fi connu par une multitude
d’ouvrages , quoique tous au-deffous du médiocre,
qu'il n’y a pas moyen de le paffer entièrement
fous filence , mourut en 1695 , à plus de ,78 ans.
Ses ouvrages les plus célèbres font fes hiftoircs du
cardinal de Richelieu, & dir cardinal Mazarin ,
toutes deux faites dans un efprit d’adulation. La
première a , dit-on , fait dire à la reine mère,
Anne d’Autriche, un excellent mot, dont un tel
ouvrage ne méritoit pas d’être l’occafion. L’imprimeur
, nommé Bertier, l’avertiffant qu’il y avoit
des perfonnes de la cour, dont l’hiftorien-ne parloir
pas avantageufement, & paroiffant craindre
pour lui-même leur reffentiment-: Travaille^ hardiment
, lui dit la reine, & faites tant de honte au
vice, qu’il ne refie que de la vertu en l rance. Le
même Aubery a fait un Traité de .la régale, dédié à
M. le préfident de Lamoignon, fils aîné du premier
préfident, & alors avocat-général. Une Hif-
toire des cardinaux. Un Traité hiflo/ique de la prééminence
des rois de France. Un Traité des jufies prétentions
du roi de France fur l’Empire G’étoit encore
une produ&ion de flatterie, & cependant elle fit
mettre l’auteur à la baftille fur les plaintes des
princes d’A llemagne, qui crurent que c'étoit un
ouvrage de commande , & que les idées d’Aubery
étoient celles de Louis X IV , Pour lesdéfabufer
K
fcç les raflùrer^ on traita Aubery en criminel d’état.
Sur ce pied , le célèbre Dupuy n’aùroit pas dû
Sortir de la baftille, car d’après fou livre, jufte-
ment eftimé pourtant, les rois de France pôur-
roient revendiquer le domaine de l’Univers. Eh!
permettons aux favans de foutenir leurs opinions
.qui ne font de tort à perfonne, & qui font quelquefois
utiles ; permettons leur même d’avoir
tort.
Il y a un autre A ubery , diftingué par le nom
fie Du Maurïer, (Louis) 8c qui n’eft pas moins
connu que le précédent ; il étoit fils d’un ambaf-
fiadeur en Hollande, il l’avoit fuivi dans fon am-
•baffade .' & avoit fait une étude particulière dés
affaires de ce pays. On-a de lui des Mémoires pour
fervir à l’hifioire de Hollande ; ces Mémoires font
■ eftimés & cités : il eft aufli l’auteur d’une Relation
fie l’exécution de Cabrières & de Mérindol, Paris,
.$645 , i/z-40. Et fon petit-fils a donné en 1637 des
Mémoires de Hambourg, qui font aufli de Louis
‘ Aubery Du Maurier. Celui-ci eut quelque temps
là fayeur de la reine Anne d’Autriche, mais fon
•goût l’éloignoit de la cour. Il mourut dans fes '
terres en 1687.
AUBESP1NE. ( d e l ’ ) .(Hifi. de France.) Nom
d’une, famille originaire de Beaucé , qui a produit
plufieurs perfonnages célèbres, tels que Claude de
Y Aubefpine , baron de Château-Neuf, fecrétaire
fi’état lous François I , Henri I I , François I I , 8c
Charles IX . Son miqiftère. fert d’époque à un
changement ; avant lui les fecrétaires d’état étoient .
qualifiés fecrétaires des finances, & ils ■ prêtaient
ferment entre les mains du chancelier. Claude de
VAubefpine eft qualifié fecrétaire d’état dans le,
Traité de Cateau-Cambrefis, qui fut en partie fon
ouvrage, 8c il paroît être le premiér qui ait eu
ce titre ; c’eft depuis lui aufli que les fecrétaires.
fi’état prêtent' ferment entre les mains du roi). Il
nlourut en 1567, le 11 novembre, le lendemain
fie la bataille de Saint-Denis ; il mourut, dit-on,
fie la douleur que lùi caufèrent les guerres civiles,
8c la veille-de fa mort, le jour même de la bataille
fie Saint-Denis, Catherine de Médicis étant le matin
au chevet de fon lit, 8c lui demandant confeil,
il ne lui donna que des confeils de. paix.
Le garde des fceaux ( Charles de I’A ubespine,
marquis de Château-Neuf,) étoit fon petit-fils.
L’ayeul avoit vécu & étoit mort au milieu des
«rages ; le garde des fceaux vécut au milieu des
intrigues. Le cardinal de Richelieu lui donna les
-fceaux en 16 3 0 ,8c les,lui ôta le 25 Février 1633.
. Il ne parut, pendant ce miniftère, que la créature
fiu cardinal il préfida tous ces tribunaux de fang
. dont Richelieu faifoit les exécuteurs; de fes vengeances
; il fut à la tête des commîflions, dont
.Tune condamna fi injustement le maréchal de.Ma-
rillac, à être décapité, 8c dont l’autre, obligée de
. condamner le maréchal de Montmorency, ne l’é-
toit pas moins peut-être d’avertir le roi que ,
pour l’intérêt même de la juftice, il devoit faire
Tîifiaire-, Tom. L Deuxième Part,
grâce à un héros, fils de tant de héros, qui,
comme eux, avoit rendu d’importans farvices à
l’état, 8c qui n’avoit failli qu’une fois. « Le garde
» des fceaux, » dit M. le préfident Hénault ,
» auroit pu fe fou venir qu’il avoit été page chez
» le père du duc; ». il l’auroit dû fans doute, 8c
en conféquence il devoir fe réeufer. La tyrannie
même ne pouvoit rejetter cette exeufe. De plus ,
le garde des fceaux étoit eccléfiaftique, 8c eut befoin
d’une difpenfe- pour aflifter à ces deux procès
criminels ; c’étoit encore une exeufé ; mais il étoit
bien loin d’en chercher, il vouloir faire fa cour au
cardinal. Il en fut mal récompenfé. Après ces a&es-
de cooeplaifance,; dont l’époque eft dé 1632, le
cardinal le fit mettre en prifon à Angoulême en
1 6 3 3 ,8c il y refta jufqu’après la mort du cardinal
8c de Louis XIII. On n'a pas fu bién certainement
la caufe de fa difgrace. On prétendit que dans un
moment où le cardinal étoit malade & paroiftoit
à l’extremité, il avoit donné des marques excef-
fives de joie , jufqu’à donner le bal 8c y danfer
lui-même. Montrer de la gaîté’ , montrer de la trif- '
teffe, ces caufes dè difgrace rappellent le temps
des proferiptions 8c les règnes de Tibère 8c de
Domirien. D’autres ont foupçonné que le cardinal
de Richelieu , qui ifavoit pu fe faire aimer de la
ducheffe de Chevreufe , puniffoit dans Château«
Neuf un rival plus heureux.
Vous avez donc l’infolénce de plaire ?
Château-Neuf, en 1643, eut la permiflidn de
revenir à fa maifon de Montrouge ; il fe jetta dans
le parti oppofé au cardinal Mazarin, 8c fe fit rendre
les fceaux en 1650, par le crédit de la Fronde;
on les lui ôta dès l’année fuivante , 8c on le renvoya
dans fa'iiiaifon de Montrouge , parce qu’il
étoit toujours contrairè au cardinal Mazarin. Il
mourut en 1653. poufloit très - loin l’orgueil
des manières, on ne l’appelloit que le vifir.
Gabriel, fon frère, évêque d’Orléans en 1604,
mort à Grenoble en 1630', âgé de 52 ans, a laiffé
divers ouvrages ; entre autres un Traité : Devete-
rïbus Ecclefice. rïtibus, in-40. , 8c un autre de l ’ancienne
police de l’Eglife fur. Vadministration de l’Eucharifiie.
Magdeleine de l’Aubefpine , leur tante, femme
de Nicolas de Neufville de Ville roy, fecrétaire
d’état, fut célébré par l’efprit 8c par la beauté.
Ronfard 8c Bertaud l’ont célébrée. On lui attribue
une traduâion des Epîtres d’O vide, & d’autres
ouvrages en vers 8c en prçffe. Elle mourut à Vil-*
leroy le 17 Mai 1596.
AUBIGNAC. ( François Hédelin , abbé d’ J
( Hifi.littér. mod.) On connoit- fa pratique du thé astre
; on a oublié les mauvaifes pièces qu’elle lui a
fait faire.
AUBIGNÉ , ( T héodore A grippa ) ( Hifi;
mod. ) a lui-même écrit fa vie , fous lé titre d’hifioire
fe.crçte, 8cc. Il naquit le 8 février 15 i'o.
Ou*