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le charme principal du ftyle de l’auteur, & îl
rend cette théorie fenfible par des exemples.. Le
livre des cara&ères parut en 1687. La Bruyère iut
reçu à l’académie françoife en 1693, & mourut en
1696. Il était né à Dourdan en 1639.
On a prétendu que la Bruyère avoit fait dans
fbn livre un grand ufage des fentences de P. Syrus. „ Bruyère, (Barbeau d elà) Voye{ Barbeau.
BRUYS, (Pierre de ) héréfiarque du douzième
Jiècle, chef des Petrobrufiens, brûlé en 1147 à Saint-
milles, dans le bas Languedoc, appartient à l’hif-
toire des fe&es religieufes.
* BRUZEN DE LA MARTINIÈRE. Voye^ Martinière (la).
BUABIN , f. m. ( Hifi.mod.) idole des peuples
duTonquin, qui habitent entre la Chine & l’Inde;
«ls l’invoquent lorfqu’ils veulent bâtir une maifon ;
ils font dreffer un autel , où ils appellent des
bonzes pour y facrifier à cette idole ; après le fa-
crifice on prépare un feftin de viandes qui ont été
facrifiées, puis on préfente au Buabin plufieurs papiers
dorés où l’on a écrit quelques paroles magiques
, enfuite on les brûle avec des parfums, devant
l ’idole , pour l’obliger par cette cérémonie à ne
point fouffrir qu’il arrive jamais de malheur dans
la maifon qu’on va bâtir. Tavernier, Voyage dés
Indes. (G)
BUCENTAURE, f. m. (Hifi. mod.') c’eft le
nom d’un gros bâtiment qui renemble aflez à un
galion, dont fe fert la feigneurie de Venife lorfque
le doge fait la cérémonie d’époufer la mer , ce qu’il
fait tous les ans le jour de - l’Afcenfion. La feigneurie
fort du palais pour aller monter le bucen-
taure, qu’on amène pour ce fujet proche des colonnes
de Saint-Marc. Cette machine ell un fu-
perbe bâtiment, plus long qu’une galère , & haut
comme un vaiffeau,-fans mâts &fans voiles. La
chiourme eft fur un pont, fur lequel eft élevée une
voûte de menuiferie & fculpture dorée par dedans,
qui règne d’un bout à l’autre du bucentaure, &qui
eft fo.utenue tour-à-tour par un grand nombre de
figures, dont un troifième rang qui foutient la
même couverture dans le milieu , forme une double
galerie toute dorée & parquetée, avec des
bancs de tous les côtés, fur lefquels font afiis les
fénateurs qui alîiftent à cette cérémonie. L’extrémité
du côté de la pouppe eft en demi-rond avec
un parquet élevé de demi-pied. Le doge eft afiis
dans le milieu ; le nonce & l’ambafiadeur de France
font à fa droite & à fa gauche, avec les nobles qui
forment le confeil. ( Z )
BUCER, ( Martin ) Luther étoit l’apôtre de la
réforme en Allemagne, Calvin à Genève, Zuingle
en Sui-ffe ; Martin B u c e r étoit l’apôtre particulier
de ce qu’on appelloit les quatre villes, favoir,
Strasbourg, Meningue , Lindau & Confiance, qui
avoient leur confefiion particulière, comme les
fè&âteurs de chacun de- ces apôtres avoient la
leur. C’étoit le plus accommodant, le plus conciliant
; le plus fubtil 4e tous cçs feâaires ; Bofiùet
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l’appelle un grand architeéle de fubtilités. Bucer
étoit pour Calvin le fymbole de l’artifice & de
l’ambiguité. Quand il vouloit peindre fortement
l’équivoque, Bucer même, difoit-il, n*a rien de f i
obfcur y de f i ambigu, dé f i tortueux. Nous n’expo-
ferons point ici les confefiions particulières de ces
feétes, c’eft l’objet de la théologie & de l’hiftoire
eccléfiaftique. Nous nous en tenons à ce qui concerne
la perfonne. Bucer étoit prêtre, & même il
avoit été jacobin ; comme Luther il avoit apoftafié,
comme lui,il s’étoit marié,& même à une religieufe,
dont il avoit eu treize enfans ; il fe maria depuis
encore deux fois. On a dit qu’il étoit mort juif &
attendant le mefiie. Rien n’eft moins prouvé. La
facilité qu’il avoit de fe rapprocher de toute opinion
, peut avoir donné lieu à cette calomnie.
Appellé par le primat Crammer, il pafla en Angleterre,
où il mourut en 1551.
BUCHANAN, Voyez l’article Marie Stuart;
BUCKINGHAM, ( George de Villiers | duc de) Voyei Villiers.
BU C Y , (Simon dé) ( Hifi. de France.) eft le
premier qui ait porté le titre de premier prèfident
du parlement de Paris, fuivant l’ordonnance de
Philippe-de-Valois de l’an 1344. Il mourut en
BUDÉE, ( Guillaume) ( Hifi. de Fr.) De tous
les favans qui entouroient François I , & q ui inf-
truifoient fa cour fans la déparer, celui dont la réputation
a le mieux foutenu les regards de la
poftérité , celui qui a le plus balancé la gloire
cTErafme & le plus confolé la France de n’avoir
pu fixer dans fon fein cet homme libre & défin-
tereffé , c’eft Guillaume Budêe. La profonde con-
noiffance du grec, le talent d’écrire en latin, finoit
avec l’elégance de Cicéron, du moins avec la
fcience de Varron , fon zèle pour l’avancemenit
des lettres l’ont rendu à jamais célèbre ; on peut
regretter que, content d’appuyer fa réputation fur
des écrits favans & folides, il n’ait pas aflez cherché
à l’étendre par des écrits agréables. Erafme
n’a pas manqué de donner à la tienne cet éclat nécef-
faire ; mais la modeftie étoit en _tout le caractère
de Budée ; il fùyoit & la faveur des grands & la
faveur populaire, il s’enfeveliftoit loin de la cour
dans la retraite & dans l’étude; les bienfaits, l’amitié
de François I vinrent l’y chercher ; ce grand
roi l’appella auprès du trôné & l’y fixa ; il lui donna
une charge de maître des requêtes, le fit élire
prévôt des marchands, & le nomma intendant de
la librairie, ce' qui vouloit dire alors bibliothécaire
du roi. François I voulut rendre utiles tous les
talens de Budée , il crut que fa franchife vertueufe
ne feroit point déplacée dans le féjour de la politique.
Il l’envoya en ambaftade à Rome auprès de
Léon X. Budée étoit digne de converfer avec
Léon X , mais de traiter avec les Catons & les
Fabrices. Ce choix d’un favant pour une négocia^
tion délicate, ( il s’agiffoit d’engager le pape à
féconder l’expédition que François I fe préparoit à
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faire en 15:15 dans le Milanès ) Ce choix atteftoit
l’amour des lettres & dans le fouverain qui l’en-
voyoit, & dans le fouvèrain auquel il étoit envoyé ;
on s’étoit flatté que' fes profondes connoiflances
dans la littérature grecque & latine lui procure-
roient avec la familiarité du pape, les moyens de
pénétrer fes fecrets fentimerïs , & de lui en infpi-
rer de fa vorables à la'France. Budée oit ce qu’il
falloir pour réuflir ; fon efprit étendu trouvoit ai-
fémént des reflburces, levoit aifémentdes difficuji
-tés ; il avoit de la dextérité, mais il avoit dè la
droiture; il portoit dans la cour la plus déliée de
J’europe la fimplicité que donnent les lumières, &
qui ne s’altère point dans le filence du cabinet &
dans le commerce des morts. Rome alors toute
favante & toute polie , lui prodigua les égards &
les honneurs dont on eft aujourd’hui par-tout plus
avare envers les gens de lettres devenus trop
communs. Mais le pape qui vouloit le tromper,
le conduitit par tant de détours, qu’enfin Budée
s’appercevant qu’on le jouoit, follicita fon rappel.
» Tirez-moi# écrivoit-il, d’une cour pleine de
menfonge', féjour trop étranger pour moi a.
Budée contribua beaucoup à l’établifiement du
collège royal. François I vouloit en confier la direction
à Erafme, qu’il invitoit à venir s’établir en
France. Budée fut chargé de cette nouvelle négociation.
François I donnoit fans doute à Erafme
une grande marque d’eftime, en le cherchant au
fond des Pays-Bas, pour lui confier l’admmiftra-
tion des lettres, tandis qu’il avoit Budée en France;
mais en donnoit-il une moindre à Budée , en le
chargeant lui - même d’attirer en France un rival
tel qu’Erafme ? Budée répondit noblement à la
confiance'de fon maître; les inftancés furent fin-
cères & pi efïantes ; elles furent fécondées par tout
ce que la France avoit alors de vrais favans. Ces
hommes excellens favoient s’oublier, pour ne fon-
ger qu’au bien des lettres & qu’à la fatisfâétion
de leur maître. Les petites jaloufies qui auroient
pu fi naturellement le glifler dans leurs coeurs,
n’étoient pour eux que des fujets d’une plaifante-
rie douce &. obligeante. » Le feul reproche que
» j.’aie à faire à Guillaume Petit, ( évêque de Sentis)
difoit Budée à Erafme, » c ’eft la préférence
j) qu’il donne comme un mauvais François à un
» étranger qui obfcurcit la gloire de la France , &
» "dont je fuis jaloux en bon citoyen «. Une autre
fois il lui avoue un peu plus férieufement , que
des gens perfidement officieux avoient voulu in-
térefier fa prudence à faire manquer la négociation,
en lui repréfentant le danger d’attirer en France
un homme pour qui le roi étoit fi favorablement
prévenu , & dont le mérite, vu de près, pourroit
tout éclipfer. Un fourire moqueur avoit été-toute
fa réponfe a ces utiles avis.» En vous attirant ici ,
pourtiiivoit Budée, » je donne à mon pays l’em-
» pire des lettres, j’approche de moi mon ami, &
» j’obéis au roi «.
Sur la fuite du commerce entre Erafme &
Hifioire, Tome /, Deuxième'part.
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Budée . & fur quelques orages troublèrent, yoye^ ' paflagers qui le l’article Badius Ascensius.
Les ouvrages de Budée ont été recueillis en 1557,
en quatre vôi. in-folio. Les plus importans de ces
ouvrages font le traité de ajje ; les commentaires
fur la langue grecque ; le traité deTinftitution d’un
prince.
Budée n’avoit point dans fa maifon d’autre affaire
que l’étude, l’application qu’il y donnoit ne fouf-
froit point de partagé , & ne favoit pas céder aux
foins les plus preftans, aux befoins les plus impérieux.
Un domeftique entre dans le cabinet de
Budée, en criant avec effroi que le feu eft à la
maifon. Avertiffie^ ma femme, répond tranquillement
Budée, vous fave£ que je ne me mêle point des affaires
du ménage.
Budée mourut en 1540.
Son teftament fit du bruit dans le temps, le
voici :
» Je veux être porté en terre, de nuit, & fans
» femonce, à une torche ou deux feulement, &
» ne veux être proclamé à l’églife, ne à la veille,
» ne alors que je ferai inhume, ne le lendemain;
» car je n’approuvai jamais la coutume des céré-
» monies lugubres & pompes funèbres..... . . Je
” défends qu’on m’en faffe, tant pour ce , que pour
” autres clîofes qui ne fe peuvent faire fans lcan-
» dale ; & t i je ne veux qu’il y ait cérémonie fu-
» nèbre , ne autre repréfentation à l’entour du lieu
» où je ferai enterré, le long de l’année de mon
” ! trépas, parce qu’il me fenible imitation des Cé-
» notaphes, dont les gentils ont anciennement
» Ufé 33.
Cet éloignement pour les cérémonies de l’églife,
cette accufation indireéle d’idolâtrie, furent fufpecls
dans un temps où les proteftans qui, en général,
étoient alors les hommes les plus inftruits, fài-
fôient à-peu-près à l’églife les mêmes reproches ,
& en fupprimoient les folemnités.
B U F F Ï E R , ( Claude) (Hifi. litt. mod.)
jéfuite. On a de lui une poétique & des poéties
fans poéfie ; un traité philofophique . & pratique
de l’éloquence fans éloquence ni philofophie ;
mais il a fait des livres élémentaires utiles. Sa
mémoire artificielle eft fur-tout de ce nombre. Il a
fait fervir les vers, dit M. de Voltaire, à leur
premiçr ufage, qui étoit d’imprimer dans la mé?
moire des hommes les évènemens dont. on. vouloit
garder le foüvenir. Il mourut en 1737.
BULGARES, ( voyes^ Bavière. ) Ces peuples
s’établirent vers là fin du feptième tiède & fous
l’empire de Conftantin Pogonat dans la Moefie ;
aujourd’hui nommée de leur nom Bulgarie; ils
reçurent la foi dans le neuvième tièd e., Bulgares , djins l’hiftoire eccléfiaftique défigne
une fe&e d hérétiques, plus nombreufe apparemment
dans la Bulgarie que dans d’autres: contrées,
& qu’on accufoit,indépendamment de leurs erreurs
religieufes , d’une erreur de conduite ; à laquelle
les Bulgares ont laiffé leur nom, comme à la
‘ Yvyv