
«les pièces de théâtre, on a quelque temps eftimé
fa Parthénie. Né à Valence en Dauphiné , mort en
*649.
BARON, f. m. (ffifl. mod. ) nom de dignité,
homme qui a une baronie. Baron eft un terme
dont l’origine & la première lignification eft fort
conteftée. Quelques-uns feulent qu’il lignifie originairement
*■ >*.}, homme ; d’autres un héros , un
homme brave; ceux-ci liberûnus, un affranchi; ceux-
là , un grand homme, un homme riche ; d’autres un
vajfal. Ménagé le fait venir de baro, que nous
trouvons employé dans le temps de la pureté de
la langue latine , pour v î t , homme brave , vaillant
homme. De-là v in t, fuivant cet auteur, que
ceux qui a voient leur place auprès du roi dans les
batailles , furent appellés barones , ou les plus
braves de Varmée. Comme les princes récompen-
fent ordinairement la bravoure & la fidélité de
ceux qui les environnent , par quelques fiefs, ce
mot fut enfuite employé pour défigner quelques
hommes nobles, qui tenoient un fief immédiatement
du roi. Ifidore, & après lui Cambden, regarde
ce terme comme un mot qui a fignifié
dans fon origine , un foldat mercenaire. MM. de
P. R. le font venir de es, poids ou autorité.
Cicéron employé le mot de baro, pour marquer,
un homme flupide , brutal. Les anciens Allemands
parlent d’un baron comme nous d’un vilain; & les
Italiens nomment barone,. un gueux, un mendiant.
M. de Marea fait venir baron du mot allemand
bar, homme, ou homme libre : d’autres en vont
chercher l’étymologie dans les langues hébraïque,
gauloife,celtique : mais l’opinion la plus probable
eft qu’il vient de l’efpagnol varo, homme brave ,
noble. C ’eft de-là que les femmes appellent barons
leurs maris; de même que les princes, leurs fermiers.
Dans les loîx faliques, comme elles viennent
des Lombards, le mot baron fignifié un homme \
en général ; & l’ancien gloffaire de Fhilomenes
traduit baron ân}p , homme. Baron, eft employé en Angleterre dans une
lignification plus particulière, pour fignifier un
feigneur, un lord ou pair de ïa dernière claffe ,
c ’eft-à-dire du degré de nobleffe qui eft immédiatement
au-deffous des vicomtes , & au-deftiis des
chevaliers & des baronets.
Les barons font feigneurs du parlement, pairs
du royaume, & jouinent de leurs privilèges ; ils
ne font pas ceints de l’épée à- leur création, &
n’ont eu de couronne à leurs armes que fous le
règne de Charles IT, qui leur accorda un cercle
d’or avec fix perles placées au bord.
Dans les anciennes archives, le terme de baron
comprenoit toute la nobleffe de l’Angleterre ; tous
les nobles s’appelloient barons, de qüelqu’autre dignité
qu’ils fufient revêtus ; c’eft pour cette raifon
que la charte du roi Edouard I , qui eft une ex-
pofitîon de tout ce _qui a rapport aux barons, de la
grande charte, finit par ces mots : Tejlibus archiepif
copis y epifeopis, bqronihus , &c, La grande affemblée
même de la nobleffe, qui eft compofée des
ducs, des marquis, & en outre des comtes & des
b a r o n s , eft comprife fous le nom de V a j f em b l c e d u
b a r o n a g e .
On diftingue les b a r o n s p a r l e u r s a n c i e n s t i t r e s ,
qui poffédoient un territoire du roi, qui s’en ré»
lervoit toujours le titre en chef; & les b a r o n s r
p a r l e u r t i t r e t em p o r e l , qui tenoient les feigneuries ,
les châteaux & places, comme chefs de leur baronie
, c’eft-à-dire ï par la grande fergenterie : en
vertu de ces titres, ils étoient anciennement convoqués
au parlement : mais à préfent ils ne font
feigneurs lords du parlement, que quand on les
y appelle par écrit.
Après la conquête, les b a r o n s furent dlftingnés-
en grands b a r o n s & en petits b a r o n s ,, m a jo r e s & m i n
o r e s , & il leur fut accordé d’être convoqués au
parlement ; les grands par une lettre immédiate-
du roi, les petits par une lettre générale du grand
shérif ou écnevin, fur le commandement du roi.
Les anciens diftinguoient les grands b a r o n s des
petits, en accordant aux premiers haute & même
. fouveraine jurifdiéfion ; oc aux féconds une jurif»
diftion inférieure, & fur des matières de peu d’im»
portance.
L e s b a r o n s d e V é c h i q u ie r font des juges au nombre
de quatre, auxquels eft commife l’adminiftra-
tion de la juftice dans les caufes d’entre le roi &
fes fujets, fur les matières qui concernent l’échiquier
& les revenus du roi, Ils font appellés b a r
o n s , parce que les b a r o n s du royaume etoient emp
lo y é s dans cet office.
Leur fonâion eft auffi de voir lès comptes
royaux ; ils ont pour cette fin des auditeurs fous
eux, de même que pour décidèr des caufes qui
regardent les revenus du roi, ces caufes appartenant
en quelque fàçon à l’échiquier.
Les b a r o n s d e V é c h i q u ie r ont été jufques dans ces
derniers temps des gens favans ès lois, des anciens
maires, des perfonnages importans & éclairés ou
cenfés tels, foit dans le clergé, foit à la cour,
m a jo r e s & d i f e r e t io r e s in r e g n o , J î v e d e c le r o e j j e n t
f i v e d e c u t i â .
Les b a r o n s d e s c i n q p o r u font maîtres de la chambre
des communes , élus par les cinq ports, deux
pour chacun. Ceux qui ont été maires du château
de Corfe dans le comté de Dorfet, font nommés
b a r o n s . Les principaux bourgeois de Londres avoient
autrefois ce titre.
En France on en'tendoit anciennement par b a r
o n s , tous les vaffaux qui relevoieût immédiatement
du roi ; ainfi ce mot comprenoit les ducs „
les marquis, les comtes , & autres feigneurs titrés &
qualifiés, comme on le peut voir dans Aimoin &.
dans quelques-unes de nos vieilles chroniques, où
le roi haranguant les feigneurs de fa cour ou de
fon armée, Tes appelle m e s b a r o n s . Mais maintenant
on employé ce terme dans une acception
beaucoup moins générale, puifqu’il ne fignifié que
le dégré de la nobleffe 7 qui eft immédiatement au-.
âeflous des ducs, des marquis, des comtes & des vicomtes
, quoiqu'il y ait en France &cu Allemagne
d’anciens barons qui ne voudroient pas le céder à des
nobles illuftrés\depuis peu, de ces divers dégrés de
nobleffe. Nos auteurs font auffi mention des barons
de Bourges & d’Orléans ; titres accordés à quelques
uns des principaux bourgeois de ces villes ,
comme à ceux de Londres ; mais qui n’empor-
toient point avec eux de caractère de nobleffe,
& donnoient feulement à ces citoyens quelques
prérogatives, comme de n’être pas tenus de répondre
en juftice fur certaines chofes hors de l’enceinte
des murs de leur ville. Les trois premiers
barons de France dans la nobleffe, étoient ceux
de Bourbon, de Conti, de Beaujeu : mais- ces ba-
ronies ont été depuis réunies à la couronne. Dans
le clergé il y a des évêques , des abbés & des
prieurs barons; foit qu’anciennement les rois leur
aient accordé ce titre, foit qu’ils pofsèdent par
leurs libéralités des baronies, ou qu’ils les tiennent
en fief de la couronne. (G )
BARON. Il y a plufieurs perfonnages célèbres
de ce nom : commençons par le plus utile.
10. François Ba r o n , né à Marfeille en 1620 ,
étant conful de France à Alep, rétablit le commerce
du levant qui étoit prefque entièrement ruiné. M.
Colbert, pour relever de même le commerce des
Indes orientales , l’envoya en 1671 à Surate, où
pendant 12 ans d’adminiftration il eut le même fue-
cès ; c’étoit alors que la Fontaine écrivoit :
La Fortune a , dit-on , des temples à Surate '
Alions-là. Ce fut un de dire & s’embarquer.
Baron y mourut en 1683 , la même année que
M. Colbert. Son nom y eft encore en vénération
, ainfi que dans le levant ; les Mahométans
l’honoroient à l’égal des François. C’eft lui qui
avoit fourni à M. Nicole les pièces juftificatives
de la doéïrme des églifes Syriennes fur reucha-
riftie, pièces qui ont été inférées dans le livre de
la Perpétuité de la foi.
Paffons au plus célèbre.
20. Michel Baron , dit le Rofcius François,
élève & ami de Molière. Grimareft, dans fa vie
de Molière, a rapporté des traits de l’enfance &
de la jeuneffe de Baron, que nous ne répéterons j
point ici. Baron fu t, comme Molière , auteur &
aâeur, mais il eft beaucoup plus connu comme
afteur & Molière comme auteur. Le poète Rouf-
féau dit de Baron qu'il donnoit un nouveau luflre
aux beautés de Racine , & qu’il mettait un voile fur
les défauts de Pradon. Racine donnoit des leçons
aux aétèurs fur l’intelligence de certains détails des
rôles qu’ils jouoient dans fes pièces. Baron étoit le
feul auquel il n’en donnât point, & qu’il abandonnât
à fon génie. On a retenu par tradition un
principe de Baron fur fon art, c’eft que le bras ,
dans le gefte ordinaire, ne doit point excéder la
hauteur de l’oeil ; mais, ajoutoit-il, f i la paffion les
porte au-deffils de la tête , laiffe^-la faire , la pafjion
en fait plus que les règles.
Baron quitta le théâtre en 1691. Il y remonta au
bout de 29 ans en 1720, âgé de 68 ans. C ’étoit
rifquer beaucoup, & il l’éprouva quelquefois. L é
plaifir de le revoir lui fit donner d’abord beaucoup
d’applaudiifemens * mais quelquefois auffi on fen-
toit fa décadence, & on la lui faifoit fentir. Alors
Baron, dans fon indignation, s’écrioit: Ingrat parterre
, f i tu as du goût, c’efi moi qui l ’ai formé, & tu
le tournes contre moi l
Il y a des cas où l’art demande que l’aéteur prenne
un ton trè^has, mais il faut alors que la beauté
de fon jeu excite dans les fpe&ateurs un redoublement
d’attention , qui ôte à ce ton bas l’inconvénient
le plus grand de tous, celui de n’être point
entendu ; perionne ne favoit mieux que Baron les
divers tons qu’il devoit prendre & ne tiroit un
meilleur parti de ces tons bas ; cependant un jour"
une voix fortie du parterre, cria : plus haut. Baron ,
fâché de fe voir troublé dans un beau moment,
répondit : Et vous, plus bas. Ce fut un grand fean-
dale. La police s’en mêla, on obligea Baron à faire
des exeufes au parterre. Mais qu’eft-ce que c’eft
que le parterre ? Celui d’aujourd’hui n’eft pas celui
d’hier ni de demain. Baron étoit fier, une réparation
lui coûtoit, mais il fallut obéir ; il fe préfènta devant
le parterre, & dit : « Meffieurs, je n’ai jamais
» fenti avec tant d’amertume que dans ce moment
r> toute la bafTeffe de mon état.. . . . » La phrafe
n’etoit au fond ni foumife ni refpeéhieufe , mais le
parterre s’en contenta, il interrompit par des ap-
plaiidifTemens & difpenfa fadeur de s’humilier fl
orgueilleufement.
Quelque idée que Baron eût de fon état, il en
avoit une bien haute de fon art en général, & en
particulier de fon talent perfonnel, & il eût perdu
fans doute à en avoir une moindre idée : il difoit
que tous les cent ans on pouvoit voir un Cefar3 mais
qu’il en falloït deux mille pour produire un Baron.
S’il eût parlé d’un conquérant vulgaire, comme
pour l’être , il ne faut que de l’ambition, des troupes
& du bonheur, il auroit pu avoir raifon ; mais
Céfar par la réunion des talens, des vertus & des
vices , eft l’homme le plus rare qui ait jamais
paru.
Baron, non content d’être roi fur la fcène,
vouloir encore dans la fociété être homme de
cour, & fur-tout homme à bonnes fortunes ; on
dit que les bontés de quelques grandes dames en-
tretenoient & juftifioient en lui cette vanité. M. de
Voltaire nous repréfente Baron infpirant de l’amour
aux plus belles femmes par les talens & les grâces
qu’il déployoit au théâtre :
Telle autrefois d’une loge grillée ,
Une beauté , dont l’amour prit le coeur ,
Lorgnoit Baron , c.et immortel aéleur ,
D’un «il ardent dévoroit fa figure,