nom de l’impératrice Catherine I I , & dont nous
avons vu en France le fils 8c la belle-fille fous
les noms de comte 8c de- comtefle- du Nord. ..
ANNEAU,' 1'.- m. ( H i f l . u n e. & mod. ); petit
corps drculairé que l’on met au doigt, foit pour
fervir d’ornement , l'oit pour quelque cérémonie..
' h ’a n r e a u des'évêques fait un de leurs ornemens
pontificaux : on le regarde comme le gage du ma-,
riage fpirituel que l’évêque a contrarié avec fon
églife.
V a n n e a u des évêques eft d’un ufage fort ancien.
Le quatrième concile de Tolède, tenu en 633 , ordonne
qu’un évêque qui aura été condamné par
un concile , & qu’en fuite un fécond concile aura
déclaré innocent, fera rétabli dans fa dignité , 8c
que pour cela on lui rendra Vanneau , le bâton épif-
copal ou la crofl'e, & c .
L’ufage de Vanneau a paiTé des évêques aux cardinaux
, qui doivent payer une certaine fomme
p r o ju r e a n n u li ca rd in a lit ii.
O r ig in e d es a n n ea u x . Pline, l iv . X X X V I I . c k . j .
obferve que l’on ignore entièrement qui eft celui qui
a le premier inventé ou porté V a nnea u , & qu’on
doit regarder comme une fable l’hiftoire de Prome-
thée & celle de Midas. Les premiers peuples parmi
lefquels nous trouvons l’ufage de Vanneau établi,
font les Hébreux G e n . x x x v i i j . Dans cet endroit
il eft dit que Judas, fils de Jacob, donna à Tha-
mar fon a n nea u pour gage de fa promefîe : mais
il y a apparence que Vanneau étoit en ufage dans
le même temps chez les Egyptiens , puifque nous
lifons , G e n . x l j . que le roi Pharaon mit un a n n
ea u au doigt de Jofeph, comme une marque de
l’autorité qu’il lui donnoit. Dans le premier liv.
des. rois, ch . x x j , Jezabel fcelle de Vanneau du
roi l’ordre qu’elle envoyé de tuer Naboth.
Les anciens Chaldéens, Babyloniens, Perles, &
Grecs, fe fer voient aufli de V anneau-, comme il
paroit par différens paffages de l’écriture & de
Quinte-Curce. Ge dernier auteur dit qu’Alexandre
feelia de fon propre fceau les lettres qu’il écrivit
en Europe, 8c qu’il fceila de V a nnea u de Darius
celles qu’il écrivit en A f ie .
Les Perfans prétendent que Guiamfchild, quatrième
roi de leur première race , eft le premier
qui fe foit fervi de V a n n e a u ,. pour en figner fes
lettres & les autres actes. Les Grecsyfélon Pline,
ne connoiflbient point Vanneau du temps de. la
guerre de Troie; la preuve qu’il en donne, c’eft
qu’Homère n’en fait point mention : mais que quand
on vouloit envoyer des lettres, on les lioit enfem-
ble avec des cordes que l’on nbuoit.
Les Sabins fe fer voient de Vanneau dès le temps
de Romulus : il y à apparence que ces peuples
furent le% premiers qui reçurent cette pratique des
Grecs. Des Sabins elle pafla aux Romains chez
qui cependant on en trouve quelques traces un peu
.de temps auparavant. Pline ne faiirok nous apprendre
lequel des rois de Rome l’a adopté le premier ;
ce qui eft certain, ç’eft que les ftatues de Numa
& de Servius Tullius étoient les premières où l’on
en trouvoit des marques. Le même auteur ajoute
que les anciens Gaulois 8c Bretons fe fervoient
aufli de .l’a n nea u
M a tiè r e d es a n n ea u x . Quelques-uns étoient d’un
feul 8c unique métal; d’autres étoient de plu fleurs
métaux mêlés, ou de deux métaux , diftingués ;
car le fer & V argent des a n n ea u x étoient fouvent dorés
, ou au moins l’or étoit renfermé dans le fer ,
comme iL paroit par un paflàged’Arteraidore, l ï v . I I ,
c h . v. les Romains fe contentèrent long-temps dVz-*
n e a u x de;fer ; 8c Pline affiire que Marins fut le premier
qui en porta un d’or , dans fon troifième
confuiat, l’an de Rome 65o.'Quelquefois Vanneau
étoit de fer, & le fceau d’or ; quelquefois il étoit
creux, 8c quelquefois folide ; quelquefois la pierre
en étoit gravée, quelquefois elle étoit unie : dans
le premier cas , elle étoit gravée tantôt en relief,
tantôt en creux. Les pierres de cette dernière
efpèce étoieut appellées gemmez e f ty p e z , 8c les premières,
gemmez jc u lp tu r â prorn inente.
La manière de porter Vanneau étroit fort différente
félon les différens peuples : il paroit par le chap,.
x x i j de J é r em ie , que les Hébreux le portoient à la
main droite. Chez les Romains, avant que l’on eût
commencé à orner les a n n e a u x . de pierres pré-
cieufes , 8c lorfque la gravure fe faifoit encore
fur le métal même, chacun portoit Vanneau à fa
fântaifie, au doigt 8c à la main qu’il lui plaifojt.
Quand on commença à enchaffer des pierres dans
les a n n e a u x , on ne les porta plus qu’à la main
gauche ; 8ç o n fe îendoit ridicule quand on les
mettoit à la main droite,
Pline dit, qu’on les porta d’abord au quatrième
doigt de la main, enfuite. au fécond, ou index;
puis au petit doigt; 8c enfin à .tous les doigts,
excepté celui du milieu. Les Grecs portèrent tou?
jours Vanneau au quatrième; doigt de. la main gauche
, comme nous l’apprend Aulugelle , - lïv . X ;
la raifon que cet auteur en donne eft prife dans l’A natomie
: c’eft, félon lu i, que ce doigta un petit
nerf qui va dro.it au .coe u r : , ce qui fait qu’il étoit
regardé comme le plus confidérable des cinq doigts,
à eaufe de fa communication avec une u .noble
partie. Pline dit , que les anciens Gaulois 8c les ,anciens
Bretons portoient V ann eau au doigt du milieu.
D’abord on ne porta qu’un feul anneau-, puis un
à chaque doigt ; Martial, l iv . X I , ep ig , l x . enfiq ,
un à chaque jointure de chaque doigt. V ç y e ^ Arifto-
. phane, i n / N u b . Peu-à-peu ; le luxe s’augmenta
au point qu’on euf des a n n ea u x pour chaque fe-
maine, J.uvenal, f a t , v i j . parle d’a n n ea u x fçmeftres,
a n n a li fem e flr e s : <$n eut aïifli des a n n ea u x d’hyver
& des a n n ea u x d’été,. Lampridc remarque ,. chap.
x x x i j . .qiie perfonne ne porta.là-deffus le luxe aufli
loin qu’Heliogabale , qui ^ne mit jamais deux
fois le même a n n ea u , non plus que les mêmes
fouliers.
, Qn a ajafli porté les a n n ea u x au nez comme des
pendaiis cTorçLües. Bartholin a fait uii traité ex?
près, d e a n n u lis n a r ium , des a n n ea u x des narines.
S. Auguftin nous apprend que c’étoit l’ufage parmi
les Maures de les porter ainfi ; 8c Pietro délia
Valle fait la même remarque au füjet des Orientaux
modernes..
On peut dire qu’il n’y a prefque point de partie du
corps ou on n’ait porté Vanneau. Difie'rens voyageurs
nous affurent que dans les Indes orientales,
les naturels du pays portent des a n n ea u x au nez,
aux lèvres, aux joues, 8c au menton. Selpn Ram-
mifio, les dames de Narfingua dans le Levant, 8c
félon Diodore, l iv . I I I , les dames d’Ethiopie avoient
coutume d’orner leurs lèvres W an n ea ux cîe fer.
A l’égard des, oreilles , c’eft encore une chofe
ordinaire par-tout que de voir des hommes 8c des
femmes y porter des a n n ea u x .
Les indiens , particulièrement les Guzarates, ont
porté des a n n ea u x aux pieds. Lorfque Pierre Alvarez
eut la première audience du roi de Calicu,t,
il le trouva tout couvert de pierres enchâffées
dans des a n n ea u x : il ayo.it à fes deux mains des bra:
celets,8c des a n n ea u x à fes doigts; il en avoit jufqu’atix
pieds 8c aux orteils. Louis Bprtome nous parle
d’un roi du Pegu,, qui portoit à chaque orteil,
ou gros doigt du pied, une pierre enchâffée dans
un anheàu.-
U f a g e d es a n n ea u x . Les anciens, avoient trois
différentes fortes ÿanneaux l la première fervoit à
diftinguer les conditions 8c les qualités. Pline aflure
que d’abord il n’étpit pas permis aux fénateurs dé
porter un ann ea u d’or , à moins qu’ils n’enflent été
ambaffadeurs dans quelque cour étrangère'; qu’il
ne leur étoit pas même permis de porter en
public Vanneau d’or, excepté dans les cérémonies;
le refte du temps ils portoient un an n ea u de
fer : Ceux qui avoient eu les honneurs du triomphe
étoient affujettis à la même loi. - •
Peu-à-peu les fenateurs 8c les chevaliers eurent
la permiflion de porter prefque toujours Vanneau
d’or; mais Acron, f u r la S a t . v i j l i v . I I , d ’H o race
, remarque, qu’il étoit néceffaire pour cela que
V ann eau d’pr leur eût été donné par le préteur.
Dans la fuite Vanneau d’or devint une marque
diftinéüve des chevaliers : le.peuple portoit des
a n n ea u x d’argent,. 8c les efclaves des a n n ea u x de
fer : cependant Vann ea u d'or étoit quelquefois permis
au peuple, 8c Sévère accorda à fes foldats la
liberté de le porter. Augufle donna la même permiflion
aux affranchis. Néron fit à la vérité dans
la fuite un réglement • contraire ; mais on cafta
bien - tôt de l’obferver. .
Les a n n ea u x de la fécondé efpèce étoient ceux
qu’on appelloit a n n u li f p o n f a l i t i i , a n n ea u x d 'ép ou -
f a i l l e s ou de n oce s. Quelques auteurs font remonter
l’origine de cet ufage jufqu’aux Hébreux : ils
fe fondent fur un paffage de l’Exode, x x x v . 22.
Léon de Modène cependant foutient que les anciens
Hébreux ne fe font jamais, fervis P a n n ea u n u p t
ia l . Selden , dans fon u x o r h eb ra ica , l i v . I I , ch.
x j v , remarque qu’à la vérité ils donnoient lin a n -
n cait clans la cérémonie de mariage ; mais que cet
a n n ea u ne faifoit que tenir lieu d’une pièce de
monnoie de même valeur qu’ils donnoient auparavant.
Les Grecs 8c les Romains faifoientla même
chofe; 8c c’eft d’eux que les chrétiens ont pris cet
ufage, qui eft fort ancien parmi eux, comme il
paroit par Tertullien & par quelques anciennes
liturgies, où nous trouvons la manière de bénir
V an neau n u p tial.
Les a n n ea u x de la troifième efpèce étoient
deftinés à fervir de fc eauxon les appelloit c e -
rographi , ou cirographi.
Richard , évêque de Salisbury, dans fes C o n f
tu u t ïo n s ann. t z i y , défend de mettre au doigt des
femmes des a n n ea u x de jonc, ou d’autre matière
femblable, pour venir plus aifément à bout de les
débaucher ; 8c il infinue en même-temps la raifon
de cette défenfe ; favoir , qu’il y avoit des filles allez
Amples , ppur croire, que Vanneau ainfi donné par
jeu étoit un véritable a n n ea u n u p t ia l.
De Breville, dans fes A n t iq u i t é s de P a r i s , dit que
c’étoit autrefois une coutume de fe fervir d’a nn ea u de
jonc dans le mariage, lorfqu’on avoit eu commerce
enfembîe auparavant.
Les anciens Germains portoient un a nn ea u de fer
.pour marque d’efelayage , jufqu’à ce qu’ils euffent
tue un ennemi de la nation; Et dans le temps que
les inveftiturës avoient lieu en Allemagne, l’empereur
ou le prince qui confirmoit l’éleéfion des
eveques , leur mettoit au doigt V an neau p a flo r a l.
Dans l’églifo^romaine il a été défondu par des
conciles aux eccléfiaftiques de porter des a n n e a u x ,
à moins qu’il 11e fuffent conftitués en . dignité ,
comme évêques ou abbés. ( G )
A n n e a u d u P ê c h e u r , ( H i f l . e c c lé f . ) c’eft le
fceau dont le pape fcelle tous les brefs apoftoliques.
Cet an n ea u s appelle a n n ea u d u p ê c h eu r , parce qu’on
fuppofe que S. Pierre qui étoit pêcheur, en a ufé le
premier pour fcelle* fes brefs apoftoliques, 8c que
les papes s en fervent apres lui. Cependant les au^
teurs judicieux conviennent tous qu’il n’y a qu’en^
viron 400 ans que ce terme eft en ufage. Ce fceau
a l’image de S. Pierre.
Aufli-tôt que le pape a rendu l’efprit, le cardinal
camerlingue en habit violet, vient, accompagné
des clercs de la chambre en habit noir, reconnoître
le corps du pape : il l’appelle trois fois par fon nom
de baptême, 8c fait dreffer un a&e fur fa mort par
les protonotaires apoftoliques. Là-defliis il prend du
maître de la chambre du pape Vanneau du pêcheur,
pour le faire rompre; 8c ce fceau ceffe jufqu’après
l’éleétion du nouveau pape. ( -J- ) ,
ANNEAUX d e S am o th r a c e , ( H i f l . a n c . ) a n n u li
S am o th r a e ïi f e r r e i ; c’étoient des efpèces de talifmans '
que la fuperftition avoit inventés, & que Timpoftiire
acçréditoir : on gravoit fur ces a n n e a u x des caraSè-
res magiques, & on y enfermoit de l’herbe coupée
en de certains temps, ou de petites pierres trouvées
fous de certaines conftellations. Ceux qui portoient