
pas abfoluftient fans talens. Méchanicien ingénieux
, il inventa plufiéurs machines de guerre,
qui furent perfeôionnées dans les fiècles lUivans.
La religion, dont les princes doivent donner l’exemple
, ne lui parut qu’un frein inventé pour contenir
le vulgaire ; & fans refpeft pour les dieux ,
SI fit enlever du temple la ftatue d’or maffive de
Jupiter, haute de quinze coudées, & il eut l’adreffe
de lui en fubflituer une autre d’une matière vile &
groifière , qu’il eut foin de revêtir d’une feuille
d or ; elle étoit fi femblable à la première, que
perfonne ne s’apperçut de fon facrilège. Cet attentat
, s’il eût été découvert, auroit foulevé contre
lui tout le peuple d’Antioche ; cette ville , plongée
dans les délices & la débauche, s’abandonnoit aux
fureurs du fanatifme, & au fcandale des plus avi-
liflantes fuperfiitions. Antiochus mourut l’an 217
de l’ère des Séleucides ; & depuis fon règne, la
Syrie, où fe paflerent tant de fcènes éclatantes,
a été dédaignée par les hiftoriens , qui ne ; ont
entrés dans aucun détail fur les aérions de fes derniers
rois. Les monumens qui nous reftent font épars
dans différens écrivains , où il eft pénible de les
aller confulter : c’effc une contrée où l’on marche au
milieu des ténèbres, & que les feuls antiquaires
ont droit de parcourir, puifqu’il n’y a què les médailles
qui fourniflent un fil pour s’y conduire,
d’autant plus que les derniers rois qui' étoient autant
de concurrens à l’empire, portoient prefque tous le
même nom, & avoientprefque les mêmes attributs.
A n t io c h u s X , fùrnommé le pieux, fe vit
fans appui après la mort de. fon père Philopator.
Séleucus, cruel dans laViétoire, craignant de l’avoir
pour concurrent à l’empire, avoit ordonné fa mort;
mais ce prince infortuné trouva un afylc dans
Arade, ville de Phénicie, où il fut reçu avec tous
les honneurs dûs à fon rang. Les dangers renaif-
fans qu’il eut à eflùyer, 8c qu’il fut éviter dans
fa fuite, firent croire aux Phéniciens qu’une divinité
protectrice veilloit à fa confervation pour le
récompenfer de fa piété filiale. Eùfèbe dit que les
Phéniciens, charmés du refpeét qu’il confervoit
pour la mémoire de fon père, lui déférèrent le
titre de pieux. Ses malheurs & fes vertus intéref-
fèrent tous les peuples en fa faveur ; & dès qu’il
parut armé pour venger la mort de Philopator,
les foldats de Séleucus fe rangèrent fous fes enfei-
gnes, & le proclamèrent roi de toute la Syrie, qui
devint le théâtre d’une guerre nouvelle. Séleucus
vaincu, fe retira à Mopfùefie, où il exigea des
fommes immenfes pour lever une nouvelle armée: !
les habitansj'épuifés par fes exactions, le brûlèrent •
dans fon palais avec tous fes partifans ; Antiochus, |
délivré de cet ennemi, eut bientôt à combattre
un concurrent plus dangereux. Un autre Antiochus,
fils d’Epiphane, prit le diadème 8c les armes pour
venger la mort de fon frère, 8c pour fe fubftkuer
à fes droits au trône ; il s’empara de Mopfùefie,
qui fut détruite de fond en comble, 8c dont les
habit-ans furent pafiés au fil de l’épée, en punition
du meurtre de Séleucus ; mais cetté prospérité'
ne fut que pafîagère ; Antiochus le pieux marcha
contre lui & le vainquit : ce prince, craignant
de tomber entre les mains de fon vainqueur, ne
prit aucune précaution pour traverfer l’Oronte ,
où il fe noya ; Philippe, fon. frère jumeau, réclama
fon héritage, 8c fe voyant à la tête d’une puif-
fante armee, il ne fe borna point à la partie de
la Syrie , où fes frères avoient régné , . il voulut
en envahit la domination entière. Il y eut plufieurs
combats livrés entre ces deux princes rivaux. La
fortune, long-temps incertaine, fe.déclara contre
Antiochus, qui fut obligé de fe réfugier chez les
Parthes, dont il emprunta le fecours pour rentrer
dans fes états ; mais fes tentatives furent ftériles;
après fa dégradation, il fe tint caché dans le détroit
çle Cilicie, 8c félon d’autres, dans la province
de Comagène , où l’on foupçonne qu’il régna ;
l’hiftoire ne fixe point la date de fa mort. Antiochus XI. Quoique ce prince n’ait jamais
régné véritablement fur la Syrie, fon nom efi infi-
critfur la lifte des rois Séleucides; il étoit le fécond
fils tYAntiochus Epiphane, 8c frère du roi Séleucus
IV. On lui donna le nom de Philadelphe, à
caufe de fa tendrefle pour fes frères,.8c celui de
Didime parce qu’il étoit frère jumeau de Philippe,
qui, comme lui, afpira au trône de Syrie après fa
mort : il prit le diadème, 8c fe mit à la tête d’une
armée qui fut défaite par Antiochus le pieux ; il fe
précipita dans l’Oronte l’an 219 de l’ère des Séleucides.
Antiochus XII étoit fils à! Antiochus le pieux ;
qui ne lui laifla que fes malheurs pour héritage,
La Syrie étoit alors en proie aux faâions ; les peuples,
épuifés par les querelles des Séleucides, appelèrent
au trône Tigrane, roi d’Arménie ; Antiochus,
abandonné de fes lujets, fut élevé fecrètement dans
une province obfcure de l’A fie, 8c c’eft ce qui lui
fit donner le nom d'Afiatique. Dans la fuite , il
régna conjointement ayec fon frère fur une partie
'de la Syrie , qui n’avoit jamais reconnu Tigrane
pour roi. Ces deux frères unis par la conformité
de leurs penchans , fe rendirent à Rome pour
y foliiciter le royaume d’Egypte , dont leur
mère étoit légitime héritière ; ils y répandirent
des fommes immenfes, mais leur libéralité ne put
afîou vir l’avare cupidité de ce peuple vénal. Tigrane,
en leur abfence, fit mourir leur mère Selenne,
au nom de laquelle ils réclamoient l’Egypte ;. 8c
cette mort fournit un prétexte aux Romains pour
leur refufer du fecours ; ils quittèrent Rome fans
avoir rien obtenu. A leur retour en Syrie, ils
apprirent que Mithridate, vaincu par les Romains,
s’étoit réfugié en Arménie auprès de Tigrane, fon
gendre. Lucullus, inftruit de fa retraite , exigea
qu’on lui livrât ce roi fugitif pour fervir d’ornement
à fon triomphe ; mais T igrane, refpeélant les
droits de l’hofpitalité, fuf aflez généreux pour lui
répondre qu’il aimoit mieux être fon ennemi, que
de fe rendre l’objet de l’exécration publique, en
livrant à l’ignbminie ou à la mort le père de fa
femme. Ce refus fit tranfporter le théâtre de la
guerre dans fes états ; Antiochus profita des cir-
conftances pour rentrer en pofleflïon de l'héritage
de fes pères. Tigrane, en partant pour l’Arménie,
lai (fa la Syrie fans cléfenfe. Antiochus n’eut pas fes
fujets à combattre ; toutes les villes à l’envi lui
ouvrirent leurs portes. L’affeéfion que lui témoignèrent
les habitans de Damas, lui fit prendre le
fur nom de. Diomfïùs, qui étoit celui de Bacclms,
pmteâeur de leur ville : quelques-uns le regardent
comme le dernier roi de la race des Séleucides.
Les principaux événemens de fon règne font tombés
•dans Foubli, 8c l’hifioire fe borne à nous apprendre
.qu’il porta la guerre en Arabie, 8c qu’il y remporta
une viâoire : il livra un nouveau combat où. il
perdit la v ie , l’an 227 de l’ère des Séleucides.; ; Antiochus XIII. Antiochus, dernier roi de
Syrie , de la race des Séleucides, étoit fils d'An-
-tiochus le pieux ;i le u t le furnom Asiatique, parce
qu’il avoit été élevé avec fon frère en Âfie, pour
«l’être pas la vi&ime de Tigrane, roi d’Arménie,
que les Syriens avoient appellé pour les gouverner.
Après la mort de fa mère, il prit le nom de
■ Comàgène., ce qui femble indiquer qu’il en fût le
â'ôi ; mais il eft certain qu’au lieu d’y .exercer fa
-domination, il s’y tint toujours caché. Tigrane
-ayant*été défait, Lucullus, difpenfateur des trônes
de l’A fie , vit arriver dans fon camp tous les
•rois de l’orient, qui lui rendirent les plus humi-
lians hommages pour mériter, fa proteâion : Antiochus
gro/fit lg foule de ces rois avilis ; Lucullus le
■ reçut avec bonté , il le qualifia du titre de roi de
■ Syrie, 8c le rétablit dans ia pofleflïon entière de
ce royaume.-Ce fut"à cette occafion qv? Antiochus
prit le furnom de Callinicus, qui fignifie viElérïeux;
comme fi c’eût été par la vi&oire qu’il eût été
-replacé fur le trône de fes ancêtres. Pompée ne
lui permit pas de jouir long-temps de la généralité
de Lucullus ; la pofleffion de la Syrie excita
fon ambition ; il franchit le Taurus à la tête d’une
•armée triomphante , 8c déclara la guerre à Antiochus
, dont le peuple romain n’avoit aucun fi.ijet
de fe plaindre. Le monarque malheureux, fans
être .coupable, s’abandonna à la difcrétion d’un
ennemi qu’il , ne croyoit pas capable d’abufer de
fa foiblene : il invite lui-même Pompée à fe rendre
à Antioche; le romain, infcnfible à un fi noble
procédé, fe rend dans cette v ille, où il déclare
publiquement Antiochus déchu du trône, fans voiler
d’aucun motif fa dégradation. Ce prince ne put
fléchir par fes prières fon juge inexorable, qui lui
répondit, avec une hauteur infiütante : » Je ne
» donnerai jamais aux Syriens un roi qui s’eft tenu
tranquille 8c. caché, pendant tout le temps que
35 Tigrane jouiflbit de fes .dépouilles : ce ferait vous
j) déférer le prix de la vi&oire achetée au prix de
» notre fang; apprenez que les royaumes n’appar-
jj tiennent qu’à ceux qui les favent défendre 8c con-
w feryer, Je ne puis vous laifîer la Syrie, ce feroitî>
un préfent inutile, que Tigrane viendroit bientôt
55 vous enlever ; elle a befoin de défenfeurs pour la
55 fouftraire aux brigandages des Juifs 8c des Arabes,
55 qui en infeftent les frontières >5. Ce fut par cet
arrêt irrévocable que ce royaume, autrefois fi flo:
rifîant, fut réduit en province romaine. Pompée,
pour adoucir la rigueur de cet arrêt, donna en dédommagement
à Antiochus, la province deComa-
gèpe,' Séleucie, 8c quelques autres villes de la
Méfopotamie , où il régna fans gloire, puifque
l’hiftoire a dédaigné de nous • apprendre le refte de
fes deftinées.
L’ère des Séleucides, dont nous nous fommes
fervi pour marquer les principaux événemens du
règne des Antiochus , commence fous le grand
Séleucus, fuccefleur d’Alexandre, l’an du monde
,3,692 8c 312 avant . l ’ère vulgaire; on l’appelloit
encore \cs ans Grecs. Les Juifs l’adoptèrent depuis
qu’ils furent .aflùjettis à la domination des Macédoniens
, il eft en fait mention dans le livre des
Machabées. ( T—N. )
( Antiochus eft encore le nom de deux philo-?
fophes., l’un ftoïcien, difciple de Carnéade 8c maître
de Cicéron.; l’autre cynique, comblé des bienfaits
des empereurs Sévère 8c Caraçalla,
C’eft enfin le nom d’un abbé de S. Sabas, qui
vivait au commencement du feptième fiècle, 8c
dont on trouve quelques ouvrages dans tetbibliothc*
que des pères. )
A N T I P A S , (Hifl. fiacre e) l’un des premiers'
difciples de J. G , fouffrit le martyre à Pergame j
dont il étoit évêque : il en eft parlé dans l’Apo-
çalypfe, chap. 2, verf. 13; r> Antipas ? mon témoirî
fidèle, a fouffert la mort parmi vous r>,
ANTIPÀTER, (Hifl. anc. ) nom célèbre dans
l’hiftoire grecque 8c dans l’hiftoire des Juifs.
C’eft celui d’un des généraux d Alexandre, qui j
étant refté gouverneur de la Macédoine pendant
la guerre d’Alexandre contre Darius, réduifit les
Thraces 8c défit les Lacédémoniens. Alexandre ,
pour plaire à Olympias, fa mère , ayant ôté à
Antipater ce gouvernement, / & l’ayant rappelle
auprès de lu i, Antipater fut foupçonné d avoir
poufle la vengeance jufqu’à empoifonner Alexandre,
Antipater mourut l’an 321, avant J. C,
A ntipater eft auffi le nom d’un roi de Macédoine
, qui fit périr fa mère, nommée Thejfalo-
nice ; il avoit fuccédé à Caflandre : il fut tué par
Lifxmachus, l’an 297, avant J. Ç,
C ’eft le nom d’un iduméen, père d’Hérode, dit
le Grand, 8c qui, lui.-même , joua un rôle confis-
dérablç dans la Judée 8c dans l’Egypte. Çéfar, qu’il
avoit fervi utilement dans la guerre fi’Alexandrie,
le fit gouverneur de la Judée. Un juif de fes amis,,
le foupçonnant de vouloir fe faire ro i, l’empoi-
fonna, dit-on, l’an 43 , avant J. Ç. Hérode, fils
d'Antipater, bâtit en fon honneur une ville qu’il
nomma Antipatride. Antipater eft encore le nom lofophe ftoïcien, dont il refte queldq’uuens péopèigter a8mc mplefisj'
m a