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dre font appelles chevaliers de feint Louis ; ils portant
à la boutonnière de leur habit & fur l’efto-
mac une croix d’o r , fur laquelle il y a l’image de
faint Louis; e lle y eft attachée, avec un ruban cou-
leur de feu. rn
Il y a dans l'ordre de faint Louis huit grands-
croix & vingt-quatre commandeurs. Les grands-
croix portent leur croix attachée à un ruban large
de coureur de feu qu’ils mettent en écharpe ; &
outre cela, ils portent une croix en broderie d’or
fur leur habit & fur leur manteau. Pour les commandeurs,
ils portent auffi leur croix en écharpe,
mais ils n’en ont point de brodée fur leurs habits.
Le roi eft.le grand-maître de cet ordre; M. lë dauphin
en elx revêtu, & tous les héritiers prèfonip-
tifs de la couronne doivent la porter.
Il y a des commandeurs qui ont 4000 liv. de
penfion, & d’autres 3000 liv. Il y a auffi un nombre
de Amples chevaliers qui ont des penlions ,
mais elles font moins confidérables. ( Q )
Ordre du S. E sprit , eft un ordre de chevalerie
ioftitué par Henri III en 13793 il de voit être
compofé de cent chevaliers feulement. Pour y être
admis, il fâlloit faire preuve de trois races de no-
blefle. Le grand-maître & les commandeurs font
revêtus les jours de cérémonies, de longs manteaux
, faits à la façon de ceux qui fe portent le
jour de faint Michel. Ils font de velours noir, garnis
toueaureur d’une broderie d’or & d’argent qui
repréfente des fleurs-de-lis , & forme des noeuds
d’or entre trois divers chiffres d’argent, & au def-
fus de ces chiffres, de ces noeuds & de ces fleurs
de lis , il y a des flammes d’or femées de part en
part. Ce grand manteau eft garni d’un mantelet de
toile d'argent verte, couverte d’une broderie fem-
blable à celle du grand manteau , excepté qu’au
lieu de chiffres, il y a des colombes d’argent. Ces
manteaux & mantelets-font doublés de fatin jaune
oran»é; ils fe portent retrouffés du côté gauche, -
& l’ouverture eft du côté droit. Le grand-maître
& les commandeurs portent des chauffes & des
.pourpoints blancs , façonnés à leur diferétion; ils
ont un bonnet noir furmonté d’une plume blanche
, & mettent à découvert fur leurs manteaux
le grand collier de Y ordre qui leur a été donné
.lors de leur réception;
Le chancelier eft vêtu de même que le com-
■ mandeur, excepté qu’il n’a pas le grand collier ,
-mais feulement là croix coufue fur le devant de
fon manteau, & celle d’or pendante au col. Le
prévôt, le grand-tréforier •& le greffier ont auffi
des manteaux de velours noir & le mantelet de
■ toile d’argent verte , qui ne font brodés que de
quelques flammes d’or. Us portent auffi la croix
de l’ordre coufue & celle d’or pendante âu col ; le
héraur&les huifliers ont des manteaux de fatin &
le mantelet de velours verd, bordé de flammes
• comme ceux des autres officiers. Le héraut porte
la croix de Y ordre ayec fon émail pendue au col ,
ORD
& l’huiffier une croix de l’ordre , mais plus petite
que celle des autres officiers.
Les prélats, commandeurs & officiers portent la
croix coufue fur le côté gauche de leurs manteaux,
robes & autres habillemens de deflùs. Legrand-maître,
qui eft le roi, la porte aux habillemens de def-
fous, au milieu de l’eftomaç quand bon lui fem-
blè, & en ceux de deffiis au côté gauche de même
grandeur que les commandeurs. Elle eft faite en
forme de croix de Malte en broderie d’argent ; au
milieu il y a une colombe figurée, & aux angles
des rais & des fleurs-de-lis brodées en argent. G’éft
un des ftatuts irrévocables de A’ordre, de porter
toujours la croix aux habits ordinaires avec celle
d’or au col pendante à un ruban de foie , de couleur
bleu cèlefte , & l’habit aux jours deftinés.Les
cardinaux, prélats, commandeurs & officiers portent
auffi une croix de l’ordre pendante au col &
au même ruban. La croix eft de la forme de celle
de Malte-, toute d’o r , émaillée de blanc par les
bords, & le milieu fans émail : dans les angles il
y aune fleur-de-lis ; mais fur le milieu ceux qui font
chevaliers de Y ordre de faint Michel , en portent
la marque d’un coté, & de l’autre une colombe.
Les cardinaux & les prélats qui ne font point de
cet ordre portent une colombe des deux côtés. ^
Le collier de Y ordre du faint Efprit eft d’o r , fait
à fleurs-de-lis avec trois différens eldffres entrelacés
de noeuds de la façon de la broderie du manteau.
Il eft toujours du poids de deux cents écus
ou environ, fans être enrichi de pierreries ni d’autres.
chofes. Les commandeurs ne le peuvent vendre
, 'engager, ni aliéner, pour quelque néceffité ou
caufe que ce fo it , parce qu’il appartient à Xordre
& lui revient après la mort de celui qui le portoit.
Avant que de recevoir Y ordre du Saint-Efprit, les
commandeurs' reçoivent celui de faint Michel ;
c’eft pourquoi leurs armes font entourées de deux
colliers. En 1664, le roi fixa le nombre des chevaliers
à cent. Les officiers font , le chancelier &
garde des fceaux, le prévôt & grand-maîtré des
cérémonies, le grand tréforier, le greffier, lesin-
tendans, le généalogifte dé Y ordre, le roi d’armes ,
les hérauts & les huifliers. Les chevaliers portent
le cordon bleu de droite à gauche, & le s pairs ec-
cléfiaftiques en fôrme de collier pendant fur l’efto-
mach. Ordre dé la Table ronde , ( Hiflaire de la
Chevalerie ) ordre de chevalerie célèbre dans les
ouvrages des écrivains de romans, qui en attribuer t
l’inftitution au roi Arthur. Quoiqu’on ait bâti divers
récits fabuleux fur ce'fondement, il ne s’enfuit
point que l’mftitution de cet ordre doive entié-
ment pafler pour chimérique ; , il n’eft pas contre
la vraifemblance, qu’Arthur ait inftitué un ordre
de chevalerie dans la Grande-Bretagne, püifque
dans lé même fièfcle , Théodoric, roi des Oftro-
goths, en avoit inftitué un en Italie. Arthur a été
fans doute un grand capitaine ; c’eft dommage'que
fes aftions aient feryi de bâfe à une infinité de
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fablès -qu’on1 a publiées fur fon fis jet, au lieu que
fa vie méritoit d’être écrite par des hiftoriens fen-
fés. (£>./. ) Ordre teutonique , eft un ordre militaire & religieux de-chevaliers. Il fu t inftitué vers la fin
du douzième fiècle, :& nommh teutonique^ .à caufe
que la plupart de fes chevaliers font allemands ou
.teutons.
Voici l’origine ..de .cet ordre. Pendant que les
chrétiens, fous G uy de Lufignan , faifoient le fiège
d’A cre, ville de la Sy r ie , fur les frontiè-rets de la,
Terre-Sainte , auquel fiège fe trouvoient Philippé-
Augufte , roi de France »Richard, roi d’Angleterre, >
&. quelques feigneurs allemands.de Bremen & de
Lubec , on fut touché de compaffion pour les malades
& bleflès qui manquoient du néceflaire, &
on établit une -efpèce d’hôpital fous une tente faite
d’un voile . de navire, où l’on exerça la charité envers
les pauvres foldats. -
C ’eft cè qüi fit naître l’idée d’inftituer. un troi-
fiéme »ordre militaire, à l’imitation des templiers
& des hofpitaliers.
Ce deflein fut approuvé par lépatriarche de Jé-
rufalem, par les évêques &.archevêques des places
voifiiies, par le roi de Jérufalem , par les maîtres
du temple & de l’hôpital, & par les feigneurs &
prélats allemands qui fe trouvoient pour lors dans
la Terre-Sainte.
Ce fut du consentement commun de tous ces
perfbnnages i que Frédéric, duq.de Souabe, envoya
des aiiibafladeurs à fon fréré Henri , roi des Romains,
pour qu’il follicitât le pape de confirmer cet
ordre nouveau. Céleftinül qui gouvernait l’églife,
accorda ce qu’on lui demandoit, par une bulle du
2.3 février 1191 ou 1192. ; & le nouvel ordre fut ap-
pellé Yordr,e des chevaliers teutonïques de Vhofpice de
fainte Marie de Jérufalem.
Le pape leur accorda les mêmes privilèges qu’aux
templiers & aux hofpitaliers de faint Jean, excepté
qu’il les fournit aux patriarches & autres prélats,
fk qu’il les chargea de payer la dixme de ce qu’ils
pofledoient.
Le premier maître d6Yordre, Henri de Walpot,
élu pendant le fiége d’Acre , acheta, depuis la prife
de cette ville , un jardin où il bâtit une égli-
fe & un hôpital , qui fut la première maifon de
Y ordre teutonique, fuivant la relation de Pierre de
Duisbourg, prêtre du même ordre. Jacques de Vi-
try s’éloigne un peu de ce fait hiftorique, e/i di-
fant que Y ordre teutonique fut établi à Jérufalem ,
avant le fiége de la ville d’Acre.
Hartknoch, dans fes notes fur Duisbourg, concilie
ces deux opinions, en prétendant, que Y ordre
teutonique fut inftitué d’abord à Jérufalem par un
. particulier, allemand de nation : que cet ordre fut
confirmé par le pape, par l’empereur & par les
princes pendant le liège d’Acre ; & qu’après la prife
de cette ville, cet ordre militaire devint confidéra-
ble & fe fit connoître par tout le monde.
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S’il-eft-vrai que cet ordre fut inftitué d’abord
par un particulier , auquel fe joignirent ceux de
Bremen & de Lubec, qui étoient alors dans la ville
de Jérufalem , on ne peut fav.oir au jufte l’année
de fon origine.
L'ordre ne -fit pas de grands progrès fous les trois
premiers' grands - maîtres , mais il devint extrêmement..
puiflant fous .le quatrième ,- nomme
Hermand 1 de Sait£ , Conrad , duc de Mazovie
.& de Cujavie, lui envoya des ambafîadeurs pour
lui demander fon :amitié & du fecours, & pour
lui offrir & à fon ordre, les provinces de'Culm. &
de. jLiyonip,A avec .tous lqS pays qu'ils pourroiefit
recouvrer fur les Prùfiiens idolâtres qui dèfoloiejit
'fés ;états par des incurfions continuelles, & auxquels
il oppofa ces nouveaux chevalier^,,parce que
ceux de tordre de'Chrlft ou de Dobrin , qu’il avoit
inftit-ués dans la même vue , étoient trop foiblès
pour exécuter fies deffeins.
De Saltz accepta la donation, & Grégoire IX
la confirma. Innocent publia unecroifade pour aider
les chevaliers teutons à réduire les Pruffiens. Avec
ce fecoufs Vordre fubjiigua, dans l’efpace d’un an ,
les provinces de Warmie, deNatangie & de Bar-
thie , dont les habitans renoncèrent au culte dès
idoles , & dans le cours de cinquante ans, ils conquirent
.toute la Prufle, la Livonie, la Samogitie,
la Poméranie, &c,
En 1.2,04 > Ie ^uc Albert inftitua Vordre des chevaliers
porte-glaives, qui fi.it uni enfuite à Vordre
teutonique, & cette union fut approuvée par le pape
Grégoire IX.
Waldemar III, roi,deDanemarck, vendit à IV -
dre la province d’Eftein , les villes de Nerva &.
de Weflamberg , avec quelques autres provinces.
Quelque temps après., une nouvelle union mit
de grandes.divifions dans Y-ordre : cette union fe fit
avec les évêques & les chanoines de Prufle &
de Livonie, lefquels en conféquence prirent' l’habit
de Y ordre, & partagèrent la fouveraineté avec
les chevaîiers dansieurs diocèfes.
L'ordre fe voyant maître de toute la Prufle,
fit bâtir les villes d’Elbing, Marienbourg, Thorn,
Dantzic, Königsberg, & quelques autres. L’empereur
Frédéric II permit à Vordre de joindre à fes
armes l’aigle imperial & en 12,50 faint Louis lui
permit d’ecarteler de la fleur-de-lis.
Après que la ville d’Acre eut été reprife par
les infidèles , le grand-maître de Vordre teutonique
transféra fon fiége à Marienbourg. A mefure que
Vordre croifloit en puiflance , les, chevaliers vou-
loient croître en titres & en dignités ; de forte qu’à
la fin, au lieu de fe contenter , comme auparavant
, du nom de frères , ils voulurent qu’on les
traitât de feigneurs j & quoique le grand-maître Conrad
Zolnera de Roteflein le fût oppofé à cette innovation
, fon fuccefîeur Conrad Wallerod, non
content de favorifer. l’orgueil des chevaliers, fe fit
rendre à lui-même des honneurs qui, ne font dûs
qu’aux princes du premier ordre.