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Son beau maintien , fes gett.es-, fa parure ,
Môîoit tout bas fa voix à fes acçens ,
Et recevoit l’amour par tous les fens.
Les gens du monde veulent être gens k ta-
!ens , les gens à talens veulent être hommes du
monde, on vent être ce qu’on n’eft pas-, parce
qu’on defire ce qu'on n’a pas. Baron dans-la fo-
ciété fe faifoit l’égal de tout le monde , c’eft-
k-dire de tous fes fupérieurs ; & on peut croire
que cette liberté ne lui réuffiiïoit pas toujours ; il
dit un jour au marquis de Biran : M. le marquis,
vos gens ont maltraité'les miens , je vous en demande
juflice. Le marquis lui répondit : Mon pauvre. Baron
9 que veux-tu que je te dï fe l Pourquoi as-tu/des
gens ? Ce n’eft pourtant pas que quand un comédien
a des gens, il faille pour cela les battre., Souvent
plus le maître eft grand, plus les domeftiques
méritent d’être battus. Un cocher infolent ferroit
de près dans la rue, du haut de fon fiége, un militaire
à pied, pauvre & mal vêtu , celui - ci lui
donna vingt coups de canne ; mais il fe crut perdu,
lorfque, dans le maître qui parut à la portière, il
reconnut M. deTurenne lui-même. M. de Turenne
lui dit : Monfieur, je fuis charmé de connoitrc un
homme qui fâche faire ju flice de ces marauds-là ; à la
première infolençe qu’ils feront y & cela ne tarderapas ,
je vous , les enverrai.
Baron mourut en 1729, âgé de 77 ans. On a de
lui des pièces de théâtre, dont quelques-unes lui
font conteftées , nommément VAndnennc, qu’on
attribue au père de là Rue, jéfuite, & qui ne fou-
tient point à la le&ure l'opinion que le jeu de
Sarafin & d’Armand en donnoit .autrefois aux fpec-
tateurs ; on ne contefte point à Baron la pièce de
1'fîomme à bonnes fortunes, 8c e’étoit à lui de la faire,
lii la Coquette , _&c.
Baron é.toit fils d’un marchand d’UToudun, nommé
comme lui Michel, & qui comme lui s’étoit
fait comédien: il jouoit, & avec fuccès, les rois
& le s payfans, ufage qui s’eft confervé au théâtre
depuis lui jufqu’à Paulin, comme fi on eût affeâé
ce contrafte. Un jour faifant le rôle de dom Diégue
dans le C id , & laiffant tomber fon épée, comme
le rôle l’exige, il la repouffa du pied avec une' indignation
, qui eft .encore dans 1 efprit du rôle y il
en rencontra la pointe , qui lui piqua le petit doigt ;
cette bleffure qui ne paroiffoit rien d abord, irritée
par la qualité du fang, fit de tels progrès qu’il devint
néceffaire, pour lui fauver la vie , de lui couper
la jambe , il aima mieux attendre doucement
fa mort; il feroit beau voir, difoit-il gaîment, un
roi de théâtre avec une jambe de bois. Il mourut en
.
Baron eft encore le nom de deux medecms
connus, de Paris, père & fils ; le premier ( Hyacinthe
Théodore ) mort le 29 juillet 1758 , le
fécond, (Théodore) le 10 mars 1768.
BARONET, f. m. (Hïfl. mod.) dégré d’hon-
pppf çn Angleterre, qui eft immédiatement au-
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deffous de celui cfe baron, &. au-deffus de celui
de chevalier; ils ont le pas fur tous les chevaliers,
excepté fur ceux de la Jarretière.
La dignité de baronet. fie qonfère par patente;
c’eft le moindre dégré d’honneur qui foit Itéré*
ditaire. Cet ordre fut fondé par Jacques. I , en
1611. Deux cens baronets furent créés par ce
prince, & fixés pour toujours à ce, nombre; cependant
on dit qu’ils font aujourd’hui plus de
nuit cens.
On leur accorda plufieurs privilèges, pour être
poffédés par eux & par leurs héritiers mâles. Il leur
fut permis de charger leur écu des armes d’Ulfter,
qui font une main de gueules dans un champ d’argent,
à condition qu’ils défendrcient la province
d’Ulfter en Irlande, contre les rebelles qui l’in-
commodoient extrêmement. Pour cet effet ils furent
obligés de lever & d’entretenir à leurs dépens,
chacun trente foldats pendant trois-ans-, ou
de payer à la chambre , l’équivalent en argent ;
cette foin me , à huit fols par jour pour chaque-
foldat , faifoit 1Ô95 livres. Ils font maintenant
exempts de. cette obligation.
Les baronets prennent place entr’eux fuivant l’an-
cienheté. Selon les termes de leurs patentes, il ne
peut y avoir de dégrés; d’honneur établis entr’eux;
il en eft de même entre les barons.
Le titre de Jîr leur eft- accordé par une claufe
particulière, cependant ils ne font pas faits che-
valiêrs : mais un baronet 8c fon fils aîné ayant
l’âge néceffaire , peuvent l’un & l’autre folliciter
l’entrée dans l’ordre de chevalier. (G )
BARONIE, f. f. ( Hïfl. rndd. j feigneurie ou fief
de baron, foit temporel , foit fpirituel. Dans ce
fens baronie eft la même chofe que ce que l’on
appelle honour en Angleterre.
Une baronie peut être confidérée comme une
feigneurie, poffédée à condition de quelque fer-
vice , mais en chef par le roi : elle eft ce qu’on appelle
autrement grande fergenterie.
Les' baronies d’Angleterre dans l’origine , étoient
mouvantes du, roi même , chef & feigneur de
tout le royaume , & elles n’étoient pas tenues immédiatement
d’un autre feigneur. Par exemple, le
roi donnoit à un homme- l’inveftiture d’une grande
feigneurie dans le pays, pour que celui qu’il en
inveftiffoit en jouît, lui & fes héritiers , comme
la tenant du roi & de fes fucceffeurs. Par le fer-
vice de baron , il faut entendre le fervice de vingt
chevaliers, de quarante, foixante, plus ou moins,
fuivant que le roi le déterminoit par linveftiture.
Dans les temps qui fuivirent de plus près la conquête,
lorfqu’un grand feigneur, great lord, rece-,
voit du roi l’inveftiture d’une grande feigneurie,
cette feigneurie étoit appellée baronie ; mais, plus
ordinairement un honneur, honour, comme Yhonour
de Glocefler, Y honour de IVaïlingford, Y honour
de Lancafler, Y honour de Richemond, 8c de même
des autres. Il y avoit en Angleterre des honours I défignés par des noms Normands ou par d’autrç#
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noms étrangers, c’eft-à-dire, que quelquefois ils
avoient un nom Anglois , quelquefois un nom
étranger ; cela arrivoit quand la même perfonne
étoit feigneur d’un honour en Normandie ou dans
quelqu’autre province étrangère , & en même
temps feigneur d’un - honour en Angleterre ; par
exemple, Guillaume de Fortz, de Force ou de
Fortibus y étoit feigneur de Y honour d'Albemarle, en
Normandie, il étoit auffi feigneur de deux honours
en Angleterre, favoir Y honour . de Heïdernefs &
Y honour de Skipton en Çrâvene. En , Angleterre
on nommoit quelquefois, ces honours du nom Normand,
Y honour d’Albemarle ou Yhonour du comte
d’Albemarle. De même lé comte de' Bretagne étoit
feigneur de 1 'honour de Bretagne en France, 8f
de celui de Richemond en Angleterre! On àp-
pelloit quelquefois Y honour de Richemond du nom
étranger, Y honour de Ëréragné ou Yhoiiour elü comte
de Bretagne , non qu’Albemarleou' la Bretagne
fuffént en Angleterre, mais parce qiïec‘Tà'îhêmè
perfonne étoit refpe&ivement .feigneur. de, chacun
de ces honours en France, Sc de chacun "de ces
honours en Angleterre. ' Madöx, FUß. dès Baronies,
&c.
Les Baronies qui appartiennent, à des .évêques,
& qui font par quelques-uns dèhomm'tès jegalia,
parce qu’elles dépendant ahfôlunîéht dé la pure libéralité,
du prince , ne confident point en _ une
feule baronie, mais en plufieurs ; cà'r Y tot er ant baronne,
quoi majora pratdia.
Suivant Braéton , une baronie eft un droit indi-
vifible ; c’eft pourquoi s’il s’agit de partager lin héritage
entre CG-hériîièrs , quoique l’on puiffe di-
vifer quelques maifons principales & les pièces de
terres qui en dépendent, fi néanmoins la maifon
principale eft/le chef-lieu d’un comté ou d’une
baronie f on ne peut la morceler ; en voici la rai-
fon : le partage de ces fortes de biens anéandroit
infenfiblement plufieurs droits privatifs des comtés
& des baronies, ce qui tourneroit au préjudice de
l’état, qui eft compofé de comtés & de bare-
nies. (G)
BARONIUS, ( C é sar) (Hiß. litt, mod.) fa-
van t cardinal, né à Sora dans le royaume de
Naples, en 1538, entra dans la congrégation de
l’oratoire , nouvellement Fondée en Italie par faint
Philippe de Neri, & ce: fondateur fe démit en fa
faveur de la charge dé fupérieur général en 159^.
Le pape Clemen;: VIII, dont fié toit leconfeffeiir,
le fit en 1596 cardinal & bibliothécaire du Vatican.
Dans le conclave où Leon XI fut élu en 160$
après la mort de Clément V III, Baromus eut plus
de trente voix, & auroit pu être élu fans l’oppofi-
tion des Efpagnols. Baronius eft fur-tout connu
par ,fes Annales .ecclefiaflici qu’il voulut oppofer à
la compilation des centuriateurs de Magdebourg,
pour venger l’églife romaine des imputations de
ces hérétiques. L’ouvrage de Baronius , quoique
très-utile, contient beaucoup d’erreurs, fur-tout
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d’erreurs ultramontaines. Le père Pagi, cordelier,
Ifaac Cafaubon, le cardinal Noris, M. de Tille-
mont , &c. en ont relevé un grand nombre, & la
dernière édition de Baronius donnée à Luques en
1733 & années fuivantes, en 28 volumes in-folio,
joint aux annales la critique dû P. Pagi, 8c les ob-
fervatioiïs de fes autres cenfeurs.
Les annales de Baronius finiffent en 1198. 11 a
eu pour continuateurs Rainaldi , Sponde , Bzo-
vins, &c.
Baronius mourut en 1607.
Baronius. Théodore Agrippa d’Aubigné, dans
fon hiftoire fécrete, parle d’un Gafpar Baronius ,
neveu du cardinal, & que Dieu, dit-il, avait éclairé
des lumières de l’évangile , c’eft-à-dire qui s’étoit fait
proteftant. Cet homme, qui par la faveur de fon
oncle , & par fon mérite perfonnel, avoit été admis
dans la congregation.de la propagande, ayant été
introduit depuis dans quelques afiémblées des pro-
teftans. François, leur remit'des mémoires dont la
propagande-i’ayoit charge , 8c qui contenoient les
projets de la cour de Rome relativement aux pro-
teftans.
BARRADAS , ou Baradas , (Hifl. de France. )
C’eft le nom d’un favori de Louis XIII, qui, en
'1626, remplaça le comte de Chalais , & qui fut
bientôt, remplacé par Saint-Simon. C’étoit le cardinal
dé Richelieu qui donnoit au roi ces favoris, 8c
qui-lés. faifoit renvoyer aufli-tôt qu’ils lui deve-
noient fufpeâs, ce qui ne tardoit pas d’arriver, &
alors ces favoris étoient bienheureux, quand il ne
leur en çoûtoit pas la tête, comme à Chalais & à
Cinq-Mars.
Barradas eft encore le. nom d’un jéfuite de
Lisbonne moins connu, quoique fes prédications
lui aient valu le titre c¥ Apôtre du Portugal, & que
fes oeuvres foient imprimées en quatre vol. in-fol,
Cologne, 1628.
BARRAULT. (E meri Jaubert d e) On joua
-long-temps en Efpàgne une efpèce de comédie fur
la, bataille de Pavie, où l’on voyoit François I
terraffé par un efpagnol, qui lui mettant le pied
fur la gorge, l’obligeoit à demander la vie. Henri
IV fe piquoit de prendre François I pour modèle ,
& fa cour étoit pleine de refpeâ: pour la mémoire
de ce grand roi. Emeri Jaubert de Barrault,
ambaffadeur de Henri IV à la cour de Philippe
II, affiftant à une repréfentation de cette
pièce, paffa fon épée au travers du corps de l’acteur
qui infultoit ainfi à la mémoire de François I.
La pièce ne fut plus repréfentée.
, BARRE, ( Joseph ) ( Hifi. litt. mod., ) chanoine
,régulier de fainte Geneviève, & chancelier de
l’ùniverfité de Paris, mort dans cettè ville le 23
juifl,i764 à 72 ans. Son ouvrage le plus connu eft
fon Hiftoire, générale d’Allemagne , 1748, 11 vol,
i/7-40. Il a fait auffi une vie du maréchal de Fa-
beft 9 17 5 2 , deux voL in-12. Il y a de lui des
notes dans l’édition de Van-Efpen donnée en 17^3,
quatre volumes in-folio. Il donna en 175.5 ua^