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nir des tonneaux dans les caves, lefquels chantiers
font nommés liâmes en Flandre, mot emprunté
de hama ou hamula , qu’on a dit dans la baffe latinité,
pour fignifier une bouteille ou vafe à mettre
du vin,
Le P. Ménétrier dit que dans le même pays les
maifons bâties de bois s’appellent hames , à caüfe
des pièces de bois qui les traverfent, & que de ce
mot hames vient celui de haméides , à caufe que
les maifons qui les compofent font ordinairement
bâties de cette forte.
Quoi qu’il en foit, on peut prendre une idée
fort exa&e de ce qui s’appelle haméide en Blafon ,
en jettant les yeux fur la figure 6o$. pl. XI. armes
de Halney, du Hainaut ; d’o r , à une haméide de
gueules.
D ’Auherticourt, en Hainaut ; d’hermine, à une
haméide de gueules. . •
Baudin de Salonne, en Lorraine & en Barrois;
d azur, à une haméide d’o r , accompagnée de trois
macles de même.
HARPE, f. f. infiniment de mufique, eft quelquefois
un meuble d’armoiries.
D a v y , d’azur, au chevron d’o raccompagné de
trois harpes de même, ( Pl. X. fig. $32. )
Herpont, en Lorraine ; d’azur, à trois harpes
^argent.
Tonchard, dans l’Orléanois ; d’azur , à laharpe
d’argent.
Du Perron , d’azur, au chevron d’argent, accompagné
de trois harpes d’or.
HARPIE, f. f. animal fabuleux ayant le bufte
d’une jeune fille & le refte du - corps femblable à
l’aigle.
Calois de Mefville, à Paris ; de gueules, femé
de fleurs de lys d’argent, à une harpie de même.
Boùdrac, cl’or , à une harpie de gueules. ( Pl.
XI. fig . $92. )
HAUSSÉ, ée , adjî fe dit d’une fafce, ou d’une
autre piece, quand elle cff plus haute que fa pofition
ordinaire.
De Roftain^ ; en Forez ; d’azur , à une fafoe
haujfiée d’or , accompagnée en pointe d’une roue de
même.
HAUTE, adj. fe dit d’une croix qui paroît longue
, le Croifillon ou fa traverfe étant elevé.
Bignon de Blartfy de l’Iflebelle d’Hadricourt, à
Paris; d’azur, à la croix haute d’argent, accolée
d’un pampre de vigne de finople, pofée fur une
terraffe de même, oc cantonnée de quatre flammes
d’or. ( G. D. L. T . )
Bec-de-lièvre , en Normandie ; de fable , à deux
croix hautes, tréfilées, au pied fiché d’argent, ac- 1
coïnpagnées en pointe d’une coquille de même.
( Pl. IV . fig. ,83. ) Haute fe dit encore de l’épée droite.
HAUTES-PUISSANCES , titre donné par toutes
les cours de l’Europe aux états-généraux des
Provinces-Unies des Pays-Bas. On les appelle, en
s’adreffant à eux , Hauts & Puiffans Seigneurs ; &
HER
en parlant cfeux, on dit Leurs Hautes-Puifiances.
HAUTESSE, f. f. titre d’honneur qu’on donne
au grand-feigneur. Nos rois l’ont reçu ; mais il n’a
guère été d’ufage que Tous la fécondé race.
HEAUME ou C A SQ U E , f. m. meuble d’armoiries.
Bretin, de fable , à trois roues perlées d’argent
au chef coufu d’azur, chargé de trois heaumes de
profil d’argent. ( Pl. X. fig. )
HÉRAUT, un héraut , ou héraut d'armes, étoit
anciennement un officier de guerre & de cérémonies
, qui avoit plufieurs belles fondions , droits &
privilèges.
Ducange tire ce mot de l’allemand heere-ald,
qui fignifie gendarme, fergent d’armes ou de camp ;
d’autres le dérivent de heer-houd, fidèle à fon fei-
gneur : ce font là les deux étymologies les plus
vraifemblables.
On divifoit ces officiers de guerre & de cérémonies
en roi d’armes , hérauts , & pourfuivans.
Le premier & le plus ancien s’appelloit roi d'armes.
Les autres étoient Amplement hérauts , & l’on
donnoit le nom depourfuivans aux furnuméraires.
Les hérauts, y compris le roi d’armes, étoient
au nombre de trente, qui avoient tous des noms
particuliers qui les diftinguoient. Montjoie Saint-
Denis étoit le titre affe&é au foi d’armes ; les autres
portoient le nom de provinces de France ,
comme deGuienne, Bourgogne, Normandie, Dauphiné
, Bretagne, &c.
‘ Ils étoient revêtus aux cérémonies,de leurs cottesd’armes
de velours violet cramoifi, chargées devant
& derrière de trois fleurs de lys d’o r , de brodequins
pour les cérémonies de paix , & de bottes
pour celles de la guerre. Aux pompes funèbres ,
ils portoient une longue robe de deuil traînante,
& tenoient à la main un bâton , qu’on appelloit
caducée, couvert de velours v iole t, & femé de
fleurs de lys d’or en broderie.
Plüfieurs auteurs ont décrit fort au long les fonctions
, droits & privilèges de nos anciens hérauts
d'armes, en paix & en guerre ; mais nous ne rapporterons
m que quelques-unes des particularités
fur lefquelles ils s’accordent.
Le principal emploi des hérauts étoit de dreffer
des armoiries, des généalogies, des preuves deno-
bleffe, de corriger les abus & ufurpations des couronnes
,'cafques, timbres & fupports ; de faire dans
leurs provinces les enquêtes néceffaires fur la no-
bleffe, & d’avoir la communication de tous les
vieux titres qui ponvoient leur fervir à cet égard.
Il étoit de leur charge de publier les joutes &
tournois, de convier à y venir ,. de lignifier les
cartels, de marquer le champ , les lices, ou le lieu
du duel, d’appeller tant raffaillant que le tenant,
& de partager également le foleil aux combattans
à outrance. Ils publioient auffi la fête de la célébration
des ordres de chevalerie, & s’y trou voient
en habit de leur corps.
Ils affifloient aux mariages des rois, & aux fef-
HER
tins royaux qui Ce faifoient aux grandes fetes de
l’année'' quand le roi tenoit cour plemere, .ouils
appelloient le grand-maître, fe grand pannetjer, le
grand bouteillier, pour venir remplir leur charge.
Aux cérémonies des obsèques des rois , fis enter-
moient dans le tombeau les marques d honneur ,
comme fceptre, couronne, main de jurace, &c.
Ils étoient chargés d’annoncer dans lës cours des
princes étrangers, la guerre ou la paix , en faifant
conrioître leurs qualités & leurs pouvoirs ; leurs
perfonnes alors étoient facrées, comme celles des
ambaffadeurs. ,,
Le jour d’une bataille, ils affifloient devant 1 e-
tendard , faifoient le dénombrement des morts ,
redemandoient les prifonniers , fommoient les places
de fe rendre, & marchoient dans les capitula-
♦ îrtnc rWam annvei-neur de la ville.Ils publioient
cours étrangères alliées. g |
Les premiers commencemens des hérauts d armes-
ne furent pas brillans. Nous voyons par les anciens
livres de romancerie, & par l’hiftoire des rois qui
ont précédé faint Louis, qu’on ne regardoit les
hérauts que comme de vils meffagers, dont on fe
fervoit en toutes fortes d’occafions. Ils eurent un
démêlé avec les trouvères & chanterres fur lapré-
féance. Pour établir contre eux leur dignité , ils
produifirent un titre par lequel Charlemagne leur
accordoit des droits exceflifs, & c’étoit un faux titre
: cependant ils parvinrent infenfiblement a s’accréditer
, à obtenir des privilèges , & à compofer
leur corps de gens nobles; mais , dit Fauchet, «ce
» corps s’ eft abâtardi par aucuns qui y font entrés,
5? indignes de telle charge, & par le peu de compte
v que les rois & princes en ont fait, principale-
« ment depuis la mort d’Henri II ; quant à l’occa-
» fion des troubles, les cérémonies anciennes fii-
3> rent méprifées, faute d’en entendre les origines, »
Depuis il n’a plus étéqueftion du corps des hérauts.
Il arriva feulement que lorfque' Louis XIII vint
en 1621 dans les provinces méridionales de fon
royaume, pour contenir les chefs de parti , il fit
renouveller l’ancienne formalité fuivante, qui èft
aujourd’hui entièrement abolie.
Lorfqu’on s’approchoit d’une ville où comman-
doit un homme fufpeft, un héraut d'armes fe pré-
fentoit aux portes; le commandant de la villel’é-
coutoit chapeau bas, & le héraut crioit : « A toi
71 Ifaac ou Jacob tel, le roi, ton fouverain feignent
3» & le mien, t’ordonne de lui ouvrir , & de le
3» recevoir comme tu le dois, lüi & fon armée ;
3> à faute de quoi, je te déclare criminel de lèfe-
j> majefté an premier chef , & roturier , toi & ta
3» poftérité ; tes biens feront confifqués, tes mai-
v fonsrafées, & celles de tes affiftans. »
Le même Louis XIII, en 1634 , envoya déclarer
la guerre à Bruxelles par un héraut d'armes ;
ce héraut devoit préfenter un cartel au cardinal infant
, fils de Philippe I I I , gouverneur des Pays-
Bas. C’eff là la dernière déclaration de guerre qui
HER 8?
fe foit faite par un héraut d'armes ; depuis ce temps
on s’eft contenté de publier la guerre chez fo i, fans
l’aller fignifier à fes ennemis. Et pour ce qui regarde
les fonctions des hérauts à l’armée , c’eft en
partie les trompettes .& les tambours qui les rem-
pliffent aujourd’hui.
Si quelqu’un eft curieux de plus grands détails ,
il peut confulter Ducange, au mot Heraldus ; le,
GloJfar. Archceolog. de Spelman ; Jacob. Spencer dë
Art. heraldicâ, Francof. 2. vol. in-fol. la Science hé-,
raldique de Vulfon de la Colombière ; Fauchet,
Traité des Chevaliers j André Favin, Théâtre d hon
neur ; & finalement le livre intitulé, Traité du héraut
d'armes, Paris , 1610 , in-iz. ( D. J. ) Hérauts d’armes. Leur collège, qu’on appelle
en anglois thé herald's-ojfice, dépend du grand ma-,,
réchal d’Angleterre.
Les hérauts d'armes anglois font affez inftruits des
généalogies du royaume ; ils tiennent regiftre des
armoiries des familles, règlent les formalités des
couronnemens , des mariages , des baptêmes, des
funérailles, &c. On les diftingue en trois claffes,
les kings o f arrns , les heralds & les purfevants at
arrns.
Il y a trois kings o f arrns ; le premier qui s’appelle
le Garter fut iriftitué par Henri V , pour aflif
ter aux foie mnités. des chevaliers de la Jarretière,
pour leur donner avis de leur élection, pour les
inviter de fe rendre à Windfor afin d’y être inftal-
! lé s , & pour pofer les armes au-deffus de la place
où ils s’affeyent dans la chapelle : c’eft Encore lui
qui a le droit de porter la jarretière aux rois &
princes étrangers, qui font çhoifis membres de cet
ordre ; enfin c’eft lui qui règle les funérailles folem-
nelles de la grande nobleffe : fa création étoit autrefois
une efpèce de couronnement accompagné des
formalités du règne de la chevalerie : il eft obligé ,
par fon ferment, d’obéir au fouverain de l’ordre
de la Jarretière en tout ce qui regarde fa charge ;
il doit informer le roi & les chevaliers de la mort
des membres de l’ordre, avoir une connoiffance
exaéle de la nobleffe , & inftruire les hérauts de
tous les points douteux qui regardent le Blafon ;
mais'il doit être toujours plutôt prêt à excufer qu’à
blâmer aucun noble, à moins qu’il 11e foit contraint
èn juftice à dépofer contre lui.
Çlarencieux & Norroy, les deux autres hérauts
d'armes font appellés hérauts provinciaux, parce que
la jurifdiêtion de l’un eft bornée aux provinces qui
font au nord de la Trent, & l’autre a dans fon
diftriâ celles qui fe trouvent au midi ; ils ordonnent
des funérailles de la petite nobleffe , favoir,
des baronnets, chevaliers & écuyers : ils font tous
deux créés à peu - près comme le Garter, avec le
pouvoir, par patentes, de blafonner les armes des
nobles.
Ceux qu’on nomme Amplement heralds font au
nombre de f ix , diftingués par les noms de Riche-
mont, de Lancafter, de Cnefter, de Windfor,de
l Sommerfet & d’Yorck. Leur office eft d’aller à la
L a