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difoit Canut , » Magnus règne dans l’OftrogotMe,
3J & la calomnie ne va point l’attaquer fur Ton
» trône. Pourquoi fuis-je feul expofé à fes traits ?
» Eft-ce aux dépens de la puiftance du roi que j’ai
* augmenté la mienne? N ’cft-il pas glorieux pour
5> lui de compter des rois parmi fes vaflàux ? Suis-
je moins fujet en Danemarck pour être fouve-
» rain dans la Vandalie ? Si le roi a quelque guerre
» à foutenir., c’eft alors qu’il verra ce que vaut
» un fujet couronné ; tous mes vaflàux feront les
» liens, & toiïs les Vandales périront avec moi,
« s’il le finit, pour la défenfe du Danemarck «.
\ Nicolas parut touché de ces raifons : mais bientôt
il chercha un prétexte pour rompre avec Canut ;
la haine en trouve toujours aflez; il. anima contre
lui Magnus, fon fils, à qui la puiflànçe de ce prince
donnoit'de l’ombrage ; fa perte fut réiolue, le complot
fut formé ; il étoit aife à Canut d’en découvrir
la trame. Mais il étoit trop grand pour s’abaiffer
à des foupçons. Magnus lui demande une entrevue
dans un bois près de Rhingftat, ; des afiàffins y
étoient cachés , Magnus attendoit fon ennemi,
Canut arrive feul 8c court l’embraffer ; mais il ap-
perçoit une cuirafle & des armes fous le manteau
du prince ;il en témoigne 1a furprife : >> j’ai réfolu,
dit Magnus , » de punir de ma propre main un
» vafTal infolçnt, 8c c’eft pour cela que je me fuis
31 armé : qui, vous ! dit Canut, vous abaifier juf-
» qu’à frapper un malheureux ; c’eft la fonûion
t> des bourreaux , celle des rois eft de pardonner :
» je vous demande la grâce du coupable, & je me
» jette à vos genoux pour lui «. Canut ne fe fût
point abaifTé jufques-là s’il avoit fu que le poignard
étoit préparé pour lui-même. Magnus le relève & _
le prie de safleoir auprès de lui. « A qui, lui dit-il,
» appartient le royaume de Danemarck?.... A.
fe votre père.........Vous voulez l’ufurper tout en-
» tier , mais votre ambition rencontrera dés obf-
» tacles ; croyez-moi, partageons aujourd’hui ce
” royaume entre nous.. . . . Il n’eft ni à Vous ni à
» moi, il eft à votre père , & nous ne pouvons
» le -partager ». La fureur de Magnus s’allumoit
par degrés, fes yeux étinceloient. » le l’aurai, dit-
» il, ce royaume, & ce jour va m’en aflùrer^la
» pofTeflîon. A m oi, mes amis ! Que vous âi-je fait, I
dit Canut, « le ciel voit mon innocence, que ne
» puis-je lui cacher votre crime. » ! . . . Cependant
les conjurés fortent de leur retraite, Magnus porte
îe premier coup, fa troupe en furie fe jette fur le
princèmourant,le mutile,1e déchire, 8c abandonne
fon cadavre aux bêtes féroces.
Ce crime ne refta pas impuni, le peuple indigné
rie regardoit Magnus qu’avec horreur. Harald &
Eric l’animoient à la vengeance en lui montrant au
lieu des drapeaux, les habits fanglanrde leur malheureux
frèrç. Il r rit les armes, 8c. la révolte devint
générale. (M. rE Sacy. )
C APAC ITÉ , f. f. ( Hifi. mod.) dans -un fens
général , marque une aptitude ou clilpofition à
quelque chofe.
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1 Les lôix d’Angleterre donnent au roi deux capacités,
l’une naturelle & l’autre politique : par la
première, il peut acheter des ferres pour lui & fes
héritiers ; par la fécondé , il en peut acheter peur
lui 8c fes f uccefieurs ; il en eft de même du clergé.
> CAPADES, f. ni. pl. ( jHifi, mod, ) l ’on nomme
airifi ai-x Indes, chez les Maures, 8c parmi d’autres
nations,'les eunuques noirs à gui on confie la gardé
des femmes, 8c qui les accompagnent dans leurs
voyages. ( A. R. )
CAPEL, ( Arthur ) ( Hïj?. d’Anglet.') nom
refpeélable 8c infortuné. Pendant les guerres des
parlementaires contre Charles I , Fan-fax, général
des parlementaires, faifant.en 164^ le fiège de
Colchefter où Capelcommandoit pour le roi,pn>
pofe à ce gouverneur une entrevue : Capel l’accepte;
arrivé au lieu du rendez-vous, il voit un jeune
homme nud jufqu’à la ceinture, les mains liées
derrière le dos, au riiilieu de quatre folilats, dont
deux a voient le poignard levé fur lui, 8c deux lui
tenoient le piftoiet appuyé fur la gorge ; il reeen-
noît fon fils qu’il croyoït en sûreté à'Londres, oit
cet enfant faifoit fes études. Fairfax déclare à Capel
que fon fils va périr, fi la place n’eft remifè à
l’inftant aux parlementaires : -Capel', fans lui répondre
, crie à fon fils : Mon fils ! fouviçns-toi de ce
que nous devons à Dieu & au roi. Il rentre dans la
place, 8c fait jurer à toute la garnifon de fe défendre
jufqu’à l’extrémité. Fairfax, confus du peu dé
fuccès de cette honteufe tentative , n’ofa pas con-
fbmmer fon crime r il renvoya le jeune Capel à
r Londres ; cet enfant avoit dignement partagé 'le
courage de fon père, même avant de l’avoir vu,
Fairfax avoit voulu le féduire, l’engager à èmou- *
voir fon père par fes pleurs 8c à lut confeiller de
rendre la place ; le fils avoit. conftamment répondue
Mon père c fi un homme trop f âge pour fe conduhe
par les ccnfeïls d’un enfant. La place ayan t été ré-;
d ni te. par famine , Capel fut envoyé à la tour dé
Londres, 8c Crcmwçl dans la fuite lui fit trancher
la tête en même temps qu’à Charles I.
Le jeune Cap et devint comte d’EfTexfous Charles
IL II ne démentit ni dans le cours de fa vie
ni à fa mort, le caraélère de fermeté qu’il avoit'
fait éclater dès l’enfance. Il entra dansi’efpèçe de
conjuration mal concertée , connue dans lniftoire;
d’Angleterre fous le nom de complot de la maifon
de Rye s 8c qui fut formée par des proteftans .en
haine du duc d’Yorck 8c du catholicifme ; ilveu-
loit, ainfi qu’AJgernon Sidney, qui avoit pris Brunis
pour modèle, procurer la liberté à fon pays.
Trop de gens entroient dans ce complot pour qu’il
ne fut.pas découvert. Efiex étant arrêté , mourut
en romain, dit le chevalier Dalrymptc, c’eft-à-dire
qu’enfermé dans la même chambre d’où le lord
Capel fon père avoit été envoyé à l’échafaud par
Cromwel, 8c où le comte de Northumberland,
bifayeul cîe fa femme, avoit prévenu fon fupplice
par une mort volontaire, il fuivit l’exemple du
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dernier. Charles I I , en- apprenant fa fin, parut fe-
rappeller fes fervices 8c ceux defon père.'« Efîex,
dît-il, « pouvbit recourir à ma clémence , je défi
vois au moins une vie à fa famille ». Le jour
où il fe tua, le roi Charles II 8c le duc d’Yorck
a voient été à la tour pourvoir un effi.i d’artillerie ;
il n’en faillit pas davantage .-pour que" les proteftans
les accufàflent de l’avoir fait égorger fecrètcment
dans la ppfbn, n’ofant pas l’envoyer au fupplice.
Qn fuborna même deux enfans de dix ans qui,
long-.temps après, déposèrent avoir entendu un.
grand bruit qui paroiftoit partir de la chambre où
étoit renfermé le comte d’EOex , 8cavoir vu jetter
par la fenêtre un rafoir tout fanglant. Un des deux
enfans ferétra&a, 8c Charles I I ,'en faifant tran--
clier la tète au lord Ruflel 8c à Sidney dont toute
la nation demaodoit b. grâce 8c condamnoit le
jugement, fit bien voir que les difeours publics 8c
les reproches d’ingratitude qu’on auroit pu lui faire ,
ne rauroient pas empêché de traiter de même le
‘comte d’Efïex s’il eût r.éfolu fa mort. Capel ou Cappel, (Louis) eft aufti le nom
d’un miniftre proteftant, héhraïfant céfèbre-^ aiîreur
du .critiqua jacra , auquel Buxtorf oppbfa fon
ànti-crinca. Mort en 1658 à Saumur ,oùil étoitpro-
fefîeur d’hébreu.
- CAPELLETTI, f. m. pl. ( Hifi. mod. ) c’eft le
nom qu’on donne à Venife à une milice que la république
compôfe des fujets qu’elle a en Efclavo-
me, Dalmatie , Albanie 8c Morlachie, qui eft regardée
comme l’élite de fes troupes, 8c à la garde
•de qui elle confie fes places les plus importantes:
il y en a toujours deux compagnies à Venife pour
ia garde du palais 8c de la place de faint Marc.
{A . R . )
CARET. Voye^ Hugues.
CAPETIEN’, f. m. {Miß. nod. ) nom par lequel
on defigne la troifiême race de nos rois ; il vient
de Hugues'Capet, le premier roi de cette .race.
Il y a aujourd’hui, en-1784, 797 ans qu’elle oc-
occupe le trône da là France. Nulle [généalogie ne
remonte fi* haut que celle de Jéfus-Ch riß, dit un auteur
allemand, cité par les auteurs du Trévoux,
pas même celle des Capétiens. ( A. R. ) •
CAPHAR, f. m. ( Hfi. modf) péage ou, droit
que les -Turcs font payer aux marchands chrétiens.,
qui conduifent ou envoient des marchan-
difes d’Âlep à Jérufalem.
Le droit du c a p h a r avoit été établi par leschré- ;
tiens mêmes, lorfqu’ils étoient maîtres delà Terre-
Sainte 18c ce fut pour l’entretien des troupes qu’on
mettoit dans les paftàges difficiles pour obferver les
Arabes , 8c empêcher leurs couries. : mais les Turcs
qui l’ont continué 8c augmenté, en abufent, faifant
payer arbitrairement aux marchands 8c aux voyageurs
chrétiens dès fommes confideràbles, fous
pretexte de les défendre des Arabes, aVèç qui néanmoins
ils s'entendent le plus fouvent pour ffivo-
rifer leurs brigandages. (G )
CAPIGI, f. m. ( Hifi. mod. ) portier du ferrail I
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du grand feigneur.. 71 y a dans le ferrail environ
cinq cent capifis ou portiers partagés en deux
troupes : l’une dé trois cens, fous un chef appelle
capigi-èajfa, qui a de provmori trois ducats par jour ;
8c l’autre de deux cens appellés citcci-eapigi, de
leur chef cuccicapigî-bajjî qui a deux ducats d’ap-
poîrirenient. Les cavigis ont depuis fept jufqu’à
quinze afpres par jour, l’un plus, l’autre moins.
Leurs fondions font d’affifter avec les j-àniftaires à
la garde de la première & de la fécondé porte du
ferrail, quelquefois tous erifériible, comme quand
le grand-feigneur tient confeil général, qu’il reçoit
un anrbafladenr, ou qu’il va à la mofquée ; 8c
quelquefois ||| ne gardent qu’une partie, 8c fe
rangent des deux côtés-, pour empêcher que personne
n’entre avec des armes-, ou ne fafte du tumulte
, 8cc.
Ce mot, dans fon origine, fignifie porte ( G )
C a p ig i-BaChi , f. m. {Hifi. mod. ) capitaine des
portes , officier du ferrail du grand-feigneur. Les
capigis-hachis font fubordonnés au capi-aga ou ca-
pou-agajfi, 8c font ail nombre de douze ; leur
Yon&ion eft de monter la garde deux à deux, à la
troifieme porte du ferrail , avec une brigade de
fimples cap'gjs ou portiers. Lorfque le grand-feigneur
eft à la tête de fôn armée ou en voyage,
fix capigis-bach'is marchent toujours à cheval devant
lui pour reconnoître les ponts; ils y mettent
pied à terre, attendent le fultan rangés à droite
8l à gauche fur fa route., 8c lui font une profonde
-révérence pour marquer la fvreté du paftage. A,
l’entrée des tentes ou du ferrail ils fe mettent en.
haie à la tête de leur brigade. (G )
CAPI-OGA ou CAPI-AGASSI, f. m. { Hifi.
mod. ) officier turc qui eft le gouverneur des portes
du ferrail, 8c le grand maître du ferrail.
La dignité de capi-aga eft la première dss eunuques
blancs; le capi-aga eft toujours auprès du
grand-feigneur, il introduit les ambaftadenrs à l'audience
; perfonne n’entre 8c ne fort de l’appartement
du grand-feigneur que. par fon miniftère. Sa charge
lui donne le privilège de porter le turban dans le
ferrail, 8c d’aller par-tout à, cheval : il accompagne
le grand-feigneur jufqu’au quartier des fultanes,
mars il demeure à la porte , 8c n’y.entre point. Le
grand-feigneur fait les frais de fa table, 8c lui donné
environ foixante livres par jour ; mais fa charge
lui attire de plus un très-grand nombre.de préfens,
parcé qu’aucune affaire de conféquence ne vient à
la conrioiftance de l’empereur, qu’elle n’ait paiTé
par fes mairis. Le Capi-agajfi ne peut être hacha
quand il quitte fa charge. ( G )
CAP IOGLAN, f. m, {Hifi. mod. ) efoèçe de
ferviteur qui a foin dans le ferrail,des agemoélans,
que le grand-feigneur y appelle pour être employés
dans la fuite auprès de fa perfonne. ( A . P '■>
CAPITAN-BACHA ou CAPOUDANB ACHA,
f. m. ( Hifi. mod. ) c'eft en Turquie le grand amiral.
i l pofsède la troifieme charge de l’empire, &
a fur mer autant de pouvoir que le grand-vifir an
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