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aufli l’efprit de citoyens, car ces chevaliers vell-
loient particulièrement fur la frontière , pour ne
pas fouffrir qu’elle fut entamée & pour chercher
tous les moyens d’en reculer les bornes.
La marque de l’ordre étoit une aile ou demi-vol
de pourpre, le bout;, en bas, fur un cercle à huit
pointes, quatre droites en croix, quatre ondées
6c aiguifées en fautoir ; le tout d’or en forme d’étoile
rayonnante.
Les chevaliers portoient cette marque fur l’efto-
niaclî, & avoient pour devife quis ut Deus -, c’eft
en latin la lignification du nom hébreu Michel.
( Voyei pl. XXV II. fig. 8f. ) Ailes, f. f. plur. fe portent quelquefois fimples
& quelquefois doubles ; on appelle ces dernières,
ailes conjointes. Quand les pointes font tournées
vers le bas de l’écuflbn, on les nommes ailes
renverfées ; on les nomme ailes élevées, quand
les pointes font en haut. Voyeç Vol.
AILÉ , ée , adj. Il fe dit des animaux, ou autres
pièces, auxquels on donne des ailes contre
leur nature ; d’un lion, d’un léopard, &c. Il fe dit
encore des volatile'!? dont les ailes font d’un autre
émail ou couleur que le refie de leur corps.
D azur, au taureau ailé & élancé d’or. De gueules
au griffon d’or ailé d’argent.
Manuel, en Efpagne, de gueules à une main de
carnation ailée d’o r , tenant une épée d’argent, la
garde d’or.
AJOURÉ, adj. fe dit du chef dont le haut eft
ouvert & échancré, en forte qu’on voit le fond
de l’écu. Il fe dit encore à propos des jours d’une
tour & d’une maifon, quand ils font d’une autre
couleur que la tour ou la maifon.
Il fe dit aufli de toute pièce qui s’ouvre pour
laifler voir le fond de l’écu.
Wïnterbecher, au Rhin, de fable, à la fàfce cré-'
nelée de trois pièces ajourées d’o r, accompagnées
de dix croifettespofées 3. 2. en chef, & 3. 2. en
pointe, de même. ( Pl. XII. fig. 624. )
AJUSTÉ , ée , adj. fe dit d’un trait ou d’une
flèche prête à être lancée ; une flèche d’argent
ajuflée.
On doit dire en blafbnnant, de quel côté la
flèche eft ajuflée.
A LC A N T À R A , ( ordre d* ) ordre militaire ,
âinfi appelle d’une ville d’Efpagne de même nom
dansTEftramadoure. il exiftôit dès l’an 1170 fous
le nom de l’ordre de S. Julien du Poirier, il avoit
été inftitué par Gomez Fernand, & confirmé en
1 177 par le pape Alexandre I I I , fous la régie de
S. Benoît. Alphonfe IX , roi de Léon & de Caf-
tille, ayant conquis en 1212 la ville d'Alcantara
fur les Maures, en confia la garde & la défenfe
à Dom Martin Fetnandès de Quintana, douzième
Grand-Maître de l’ordre de Calatrava ; celui-ci remit
cette place peu de temps après aux chevaliers
de S. Julien du Poirier, qui prirent alors le nom
$ Alcantara.
Après la prife de Grenade & Fexpulfion des
AL G
Maures , la grande* maîtrife de Vordre d'Alcantar#
fut réunie à la couronne de Caftille , par Ferdinand
& Ifabelle en 1489.
Les chevaliers d'Alcantara demandèrent alors la
permiflion de fe marier, & le pape Innocent VIII
la leur accorda.
La croix dp cet ordre eft de finople fleurdelifée ,
un écuffon ovale d’or , au centre de la croix, chargé
d’un poirier du premier email. ( Voye£ pl. XXIII*
f i S ' 4- ) '
Cet ordre a en Efpagne plufieurs riches com-
manderies dont le roi difpofe en qualité de grand-
maître.
A LC YON , f. m. bifeau qu’on a peine à recon-
noître d’après la defcription des anciens , on dit
'qu’il vit fur la mer & dans les marécages, qu’il
couve fur l’eau & parmi les rofeaux au commencement
de l’hiver. On en a fait un meuble d’armoiries
; on le repréfente fur fon nid au milieu
des flots de la mer.
Les natura liftes & les poètes difent que la met.
eft calme quand les alcyons font leur nid.
L’alcyon fuit devant Eole ,
Eole le fuit à ion tour.
Il y a plufieurs devifes prifes de l’alcyon. Un
alcyon dans fon nid au milieu des flots,, alcedinif
dies, repréfente les jours heureux du régne d’un
bon prince ; avec la devife, Jîlentibus aufiris, uri
favant qui travaille dans le filence ; agnofcit t'ern-
pus, un homme prudent ; un alcyon au milieu d’une
tempête , nec quicquam terreor æfiu, un guerrier
intrépide au milieu des hafards.
De Martin , à Paris ; de gueules à Yalcyon d’argent
, fur une mer d’azur.
ALÉRIONS, f. m. pl. c’eft le nom qu’on donne
aux aigles ou aiglettes rèpréfentées lans bec ni
jambes. On en peut mettre jufqu’à feize dans I’éeu
il y en a feize dans l’écu de Montmorencr.
( Voye1 pl. VI. fig. 307. )• L'alérion eft ordinairement
repréfenté les ailes étendues, en quoi il
diffère des merlettes, qui ont les ailes ferrées, &
font repréfentées comme paflantes ; la merlette
d’ailleurs a un bec, & Y alérion n’en a pas.
L'alérion eft fouvent feul & occupant le milieu
de l’écu.
Mirçori , d’argent à Y alérion d’azur.
La maifon de Lorraine, d’or à la bande de gueules
, chargée de trois alérions d’argent. Les uns
difent que les ducs de Lorraine ont pris pour armes
des alérions , parce que le mot alérion eft
à-peu-près l’anagramme de Lorraine, les autres
parce qu’un prince de cette maifon, perça un jour
d’un feul coup de flèche trois oifeaux, au fiége
de Jérufalem, & prit à ce fujet pour devife ces
mots : cafus ne Deus ne ? (Voyeç pl. XVIII* à
la troisième fig. les armes de Lorraine fur le tout. )
ALÉSÉ ou ALAISÉ, ée , adj. fe dit de toutes lés
pièces honorables, chef, fafce, bande, barre, pal,
croix, fautoir, &ç, qui ne touchent pas les deux
ALI
lords ni les deux-flancs de l’écu & qui font com-
me fufpendues. H W B Ê È l L’Aubefpinè, d azur au fautoir aleje d or, accompagné
de quatre billettes de même.
r Rofe, d’argent, au fautoir aléfé de gueules.
Saint Gélais, d’azur à la croix aléfée d’argent.
IPI. III. fig. i f f . ) ,
Broglie , d’or aü fautoir aléfé & ancre de
'gueules.
A L IX , ( l ’ordre du chapitre d ) parodie de
Marfy - fur - A nfe, en Lyonnois, a pour marque
diftinftive une croix à huit pointes émaillée de
blanc, bordée d’o r , ornée de quatre^ fleurs de
lys dans les angles ; au centre eft l’image de
S. Denis, portant fa tête mitrée, ayant une fou-
tane violette, un furplis blanc, & une étoile de
pourpre fur un fond rouge, fymbole du martyre,
avec cette légende : aufpice Galliarum patrono ;
cette croix eft attachée par une chaîne de trois
chaînons à un ruban Couleur de feu. Au revers eft
une Vierge avec l’enfant Jéfus , émaillé en bleu ,
fur une terrafle de finople } la légende qui l’environne
, eft : Nobilis infignia vffti.
Ce Chapitre eft compofé de vingt-fix chanoi-
Tiefîes, en comptant la fupérieure : S. Denis en
eft le patron. Pour y être admife, il faut faire
preuve par titres originauxde fix dégrés paternels
, la mère «onftatée demoifelle ; ce qui a été
■ confirme par des Lettres-Patentes du roi, du mois de
janvier 1755 > fl11* permettent aux dames chanoi-
nefles d'Alix de porter la croix attachée à un ruban
ronge. ■ ( Voye^pl. XXVII. fig. 83.)
ALLUMÉ, ée , adj. fe dit d’un bûcher ardent,
d’un flambeau qui femble brûler 6c dont la flamme
n’eft point de même couleur que le flambeau ;
des yeiix des. animaux, lorfqu’ils font d’un autre
émail que leur corps ; on excepte le cheval , dont
M en pareil cas, s’appelle animé.
La Fare, de la Salle, de la Cofte, de la Tour,
en Languedoc ; d’azur, à trois flambeaux d’o r ,
rangez en trois pals, allumés de gueules- : devife
lux no(Iris, hofiïbus tgnis ; « nous éclairons nos
v> amis, nous brûlons nos ennemis. »
Baynaguet de Saint Pardoux , de Penautier,
dans la même province, mais originaire d’Auvergne
; d’argent à la canette de fable , becquée &
allumée de gueules, eflorante & flottante fur des
■ ondes de finople ; au chef coufu d’o r , chargé de
trois lofanges du troifième émail.
Romecourt, en Bourgogne ; d’o r , à l’ours paf-
fant de fable , allumé d’argent.
ALTERNÉ, ée, adj. On dit que deux quartiers
font alternés, lorfqne leur fituation eft telle qu’ils
fe répondent en alternative comme dans Fécartelé
où le premier qnartier & le quatrième font ordinairement
de même nature.
ALTESSE, L f. titre d’honneur qu’on donne aux
princes.
Les rois d’Angleterre &* d’Efpagne n’avoient
point autrefois d’autre titré que celui d'alteffe. Les
A L T 7'
premiers l’ont confervé jufqu’au temps de Jacques
I , & les féconds juiqu’à Charles-Quint.
Les princes d’Italie commencèrent à prendre le
titre d'alteffe en 1630 ; le duc d’Orléans prit le
titre d'alteffe royale en 16^1 , pour fe diftinguer
des autres princes de France. Voye% Altesse
royale.
Le duc de Savoie, aujourd’hui roi de Sardaigne ,
prend le titre d'alteffe royale, en vertu de fes prétentions
fur le royaume de Chypre. On prétend
qu’il n’a pris ce titre que pour fe mettre au defliis
du duc de Florence, qui fe faifoit appeller Grand-
Duc ; mais celui-ci a pris depuis le titre <Y alteffe
royale, pour fe mettre au niveau du duc de Savoie*
Le prince de Condé eft le premier qui ait pris
le titre dé alteffe fèrénijjime, & qui ait faille celui
’de fimple alteffe aux princes légitimés.
On donne en Allemagne aux électeurs tant
eccléfiaftiques que féculiers, le titre d’alteffe électorale
■ & les plénipotentiaires de France à Munfter»
donnèrent par ordre du roi le titre dialteffe à tous
les princes fouverains de l’Allemagne. Altesse royale , titre d’honneur qu’on donne
à quelques princes légitimés deféendus des Rois.
L’ufage de Ce titre a commencé en 1633, lorf-
que le cardinal Infant pafîa par l’Italie pour aller
aux Pays - Bas ; car fe voyant fur le point d'être
environné d’une multitude de petits princes d’Italie
, qui tous affeéloient le titre d'alteffe & avec lef-
quels il étoit fâché d’être confondu , il fit en*
forte que le duc de Savoie convînt de le traiter
$ alteffe royale , & de n’en recevoir que Y alteffe.
Gaftôn de France, duc d’Orléans , & frère de
Louis XIII. étant alors à Bruxelles, & ne voulant
pas fouffrir qu’il y eût de diftinéfion entre le cardinal
& lu i , puifqu’ils étoient tous deux fils &
frères de rois, prit aufîi-tôt la même qualité ; &
à leur exemple, les fils & petits - fils de rois en
France, en Angleterre , & dans le Nord, ont
aufli pris ce titre. C’eft aïnfi que l’ontportè mon-
fieur Philippe de France , frère unique du roi
Louis XIV. & fon fils Philippe, régent du royaume
, fous la minorité du roi ; & l’on donna aufli
le titre d'alteffe royale à la princefîe fa douairière :
au lieu qu’on ne donne que le titre dé alteffe féré-
niffime, aux princes des maifons de Condé 8c de
Conti.
On ne donne point le titre d'alteffe royale à
monfeigneur le Dauphin, à eaufe du grand nombre
de princes qui le prennent ; cependant
Louis X I v . agréa que les cardinaux en écrivant
à Monfeigneur le Dauphin , le trattaflent de féré-
nifjîme alteffe royale ; parce que le tour de la
phrafe italienne veut que l’on donne quelque titre
en cette langue, & qu’après celui de majeflé,
iL n’y en a point de plus relevé que celui d'alteffe
royale.
La Czariné aujourd’hui régnante , en defignant
pour fon fuccefleur au throne de Ruflie, le prince
de Holftein , lui a donné le titre djalteffe impériale,