
core le nom de maufolée à ces ftionuftiefis que la
vanité des vivans érige aux refies infenfibles des
morts. Cette princeffe ne pouvant vivre féparée
fie celui qui avoit fait fa félicité, fit brûler fon
corps, en recueillit les cendres, & en mêla toujours
dans fa boiffon-, jufqu’à ce que fon corps fût
devenu la véritable fépulture de fon époux. Les
poètes & les orateurs qui célébrèrent les vertus
de Maufole, furent récompenfés avec magnificence.
Artemife inftitua des combats & des jeux funèbres,
où Ifocrate & Théopompe déployèrent les
richeffes de l’éloquence. Quoiqu’occupée de fa
douleur , elle ne négligea point l’adminifiration
publique. Élevée au trône de Carie, elle fe montra
digne de l’occuper. Les Rhodiens qui s’étoient
révoltés , furent punis. Les vengeances qu’elle
exerça fur ces infulaires, excitèrent lacompàflion
des Athéniens. L’orateur Demofthène fut l’organe
dont ils fe fervirent pour intéreffer Athènes à leur
fort. Les foins qu’Artemife donna aux affaires , ont
fait douter de la fincérité de fa douleur, dont elle
n’eut peut - être que le faite : au refie, la grandeur
du courage peut s’allier avec la fenfibilité. (T—n .')
( Artemife mourut vers l’an 351 avant J. C .)
ARTÉMON DI Clazomène , ( Hiß. ancienne.)
machinifte habile, inventa, dit-on, le bélier, la
tortue, & d’autres machines de guerre, au fiège
de Samos, où il avoit fuivi Périclès. Artemoh étoit
boiteux 8c, fe faifoit porter en.chaife à fes batteries;
ce qui lui fit donner le nom de Pêriphor'ete.
L’époque du fiège de Samos fe rapporte à peu près
à l’an 440 avant J. C. ARTËVELLE. (Jacques & Philippe) ( Hiß. moderne. )
Louis de C ré c y , comte de Flandre, neveu,
par fa femme, de Charles-le-Bel, roi de France,
de voit le comté de Flandre à la fentence arbitrale
que Charles-le-Bel avoit rendu entre ce Louis,
oc Robert de Caffel, fon oncle paternel, qui lui
difputoit le comté de Flandre. Les Flamands haïf-
foient dans Louis de C ré c y , un ami des François j
qui leur avoit été donné par. un roi de France.
Les violences & les injufiices de Louis foulévoient
d’ailleurs contre lui fes fujets ; les principales villes
commerçantes , Gand, Bruges, Ypres, &c.
s’étoient fouftraites à fon obéiffance, & croyoient
être plus libres fous la tyrannie d’un braffeur, nommé
Jacques Artevelle. C ’étoif un de ces faéfieux
fublimes, qui, nés pour changer la face des états ,
difpofent de la multitude, "& fe font defpotes en
défendant la liberté. A ftif, éloquent, intrépide,
fécond en reffourees, mais injufte, infolent, avide,
il avoit abbatu les grands, il flattoit le peuple, il
faifoit trembler le comte ; les profçriptions l’avoient
délivré de fes plus puiffans ennemis , & leurs dépouilles
l’avoient enrichi ; les états de la Flandre
prenoient fes ordres : il étoit le véritable comte de
Flandre : Louis n’en avoit que le titre.
C ’étoit le temps de la fameufe concurrence de
Philippe de Valois & d’Edouard III, à ,\a courojane
de France ; Philippe n’eut pour allié en Flandre
que le comte Louis , Edouard traita dire&ement
avec Artevelle ; ce fut par fon confeil qu’Edouard
prit ce titre de roi de France que fes fucceffeurs
n’ont point encore quitté. L’objet de cette démarche
étoit ce lever le fcrupule que les Flamands pon-
voîent fe faire de porter les armes contre leur fu-
zerain : or ce fuzerain étoit le roi de France, quel
qü’il fut. De plus, les Flamands s’étoient obligés *
fous-peine d’interdit, de payer au. pape deux millions
de florins, fi jamais ils rentroiènt en guerre
contre le roi de France ; or , ils ne dévoient plus
rien fi le roi de France étoit Edouard. C’étoit con-
noître l’efprit de fon fiècle, & peut-être l’efprit du
peuple dans tous les fiécles, que dé fentir, combien
les noms & les titres ont d’influence fur les
chofes.
Le comte de Flandre, de fon côté , fecondoit
par fa conduite plus qu’imprudente, le parti d’Edouard
& d'Artevelle ; il fit mourir , fans* aucune
forme de procès, un gentilhomme de Courtray
qu’il foupçonnoit d’attachement pour les Anglois;
c’étoit anafliner fes fujets : Louis ri’étoit pas aflez
puiflantpour commettre impunément de tels attentats
^ qui font même l’écueil de toute puiflance.
Des ambaffadeurs d’Edouard traitoient avec Artevelle
, Louis voulut les faire enlever ; ces ambafi
fadeurs, efcortés d’une flotte angloife , non-feulement
lui échappèrent , mais ils enlevèrent eux-
mêmes des Ecoffois qui venoient de traiter avec
le comte de Flandre & avec Philippe de Valois*
Ces deux princes ne purent nuire à Artevelle, mais
il fe Quifit lui-même : ce tyran démocratique laifia.
trop voir à fa patrie les fers dont il la chargeoit ;
les intentions du peuple font ordinairement pures*,
on le trompe bien plus^qu’on le ne pervertit ; il eft
rare qu’il ne fe rende pas à la vérité , quand il
peut la connoître. Il avoit aimé dans Artevelle le
défenfeur de la patrie , il détefta I’oppreffeur. Artevelle
manifefia le projet de livrer la Flandre aux
Anglois , foit que dans l’impoflibilité de fe faire lui-
même comte de Flandre, il fe bornât à en fou-
haiter un qui fut fon ouvrage, foit qu’il voulût
feulement fe rendre redoutable par le fecours
des Anglois, & qu’il fe propofât de les trahir ,
quand ils auroient affermi fon pouvoir. Artevelle
étoit convenu avec le roi d’Angleterre que la Flandre
feroit érigée en duché fouverain pour le jeune
prince de Galles , Edouard, connu fous le nom de
prince Noir ; le roi d’Angleterre paffa en Flandte
avec, fon fils pour l’exécution de ce projet. il v it
des difpofitions qui lui annonçoient une réfiftance
opiniâtre, & crut devoir ne rien précipiter. Les
Flamands vouloient bien humilier.leur duc,' &
borner fa puiflance, mais non pas rejetter fa race5.
ils frémirent de voir , à quel point Artevelle les
avoit trompés , ils frémirent de le voir marcher
parmi fes égaux environné d’une garde redoutable
que le roi d’Angleterre lui avoit donnée , & qui
attefloit fon .crime. Leur fureur fut fans bornas,
comme Yâvoît été leur dévouement, ils Fofèéftt là
maifon iïArtevelle, diflipentfa garde, & le mafla-
crent en 1345. Tel fut le fort de Jacques $ Artevelle.
Le comte de Flandre fut tué l’année fuivante
à la bataille de C ré c y , en combattant pour le roi
de France, fon fuzerain & fon proteéleur. Louis,
dit de Male, fon fils, lui fuccéda , il traita fes fujets
comme fon père les avoit traités. & en fut traité
de même ; il prodiguoit les coups d’autorité, parce-
qu’il n’avoit point d’autorité. Les Gantois le chaf-
fèrent de leur ville. Pour s’en venger, il fit crever
les yeux à des marchands Gantois arrêtés fur l’Efi
caut ; le foulevement en devint plus général ; la
ville de Bruges, ennemie rivale de celle de Gand,
s’étoit partagée en deux faélions , dont une tenoit
pour les Gantois. Le comte s’empare de Bruges,
<k livre au fupplice cinq cens habitans ; il fournet
Ypres , & y fait décapiter fept cens hommes. Alors
la révolte fut au comble.
Les Gantois fe fouvinrent du nom d Artevelle
fatal à leurs comtes. Un fils de Jacques, nommé
Philippe, fe fignaloit alors parmi eux, ils l’élurent
pour leur chef, comme les Romains nommoient
un dictateur & comme depuis, les- Hollandois élurent
un fiathouder dans les temps difficiles. Le fils
étoit aufli vaillant que le père, mais on le jugeoit
moins habile. Un capitaine aflez expérimenté,
nommé Pierre Dubois , fe chargea de lui donner
des inftruéfions,. qui auroient pu caufer fa perte :
Soye^ cruel & hautain , lui difoit-il, ainjî veulent
les Flamands être menés ; ne on ne doit entr’eux tenir
compte de vies d’hommes, ne avoir pitié non plus
que de arondeaux ou d’allouâtes, quon prend en la
faifonpour mander. Mais c’étoit pour avoir été hautains
& cruels, & pour n’avoir pas fait aflez de
cas de la vie des hommes, que le comte & fon
père avoient vu leurs fujets foulevés contr’eux*
& que Jacques d’Artevelle avoit été maflacré par
ceux mèmès qui l’avoient élu. Philippe fe montra
digne du choix de fes concitoyens. Invefti par le
comte dans la ville de Gand , réduit au défefpoir
par la famine, il fort à la tête de cinq ou fix mille
hommes, charge avec impétuofité le comte, qui
en avoit quarante mille, taille en pièces cette nom-
breufe armée ; puis, profitant de fa viâoire , fur-
prend Bruges, la faceage , & rentre triomphant
dans fa patrie, aux acclamations du peuple, tan7
dis que le comte humilié , tremblant, q u i, déux
jours auparavant, avoit exigé que les Gantois fe
rendiflent, la corde au c o l, fe cachoit dans un
grenier, puis fe fauvoit à Lille, travefti en artifan.
Mais tout changea bientôt de face, lorfque lé
comte, par le confeil dé Philippe , duc de Bourgogne
, Ion gendre, eut imploré la protection du
nouveau roi de France, Charles VI. Onperfuada
aifément à ce jeune monarque, plein d’ardeur &
de courage , que fa gloire étoit intéreflee à défendre
fon vaflal, opprimé par des rebelles ; il leva
l’oriflamme , & marcha lui-même avec toute la
noblefle de fon royaume, à la tête d’une armée
de foirants mille hommes , contré Artevelle , qui
faifoit alors le fiège d’Oudenardè. Artevelle, de ion
côté, appella les Anglois, mais il tardèrent trop à
le fecourir ; ce général, voyant qu’il falloit fe-
fuffire à foi - m ême, laifla- quinze mille hommes
au fiège fous la conduite de Dubois , & avec quarante
mille * alla préfenter la bataille aux François ;
après quelques . efcarmouches aflez vives dont le
fuccès fut malheureux pour les Flamands , l’affaire
générale s’engagea entre Rofebèque & Conrtrai,
lé 27 novembre 1382. Artevelle , plein de pré»
fomption, & fe croyant fûr de la viâoire parce-
qu’ii combattit pour la liberté, avoit recommandé
de n’épargner que le roi : ce n’ejl qu’un enfant,
difoit-il, on lui doit pardonner, il ne fait ce qu’il
fa it, il va àinfi qtt’on le mene. Tout cela étoit vrai,
mais il falloit avoir vaincu pour avoir droit de le
dire. Nous le mènerons d Gand, ajoutoit-il, appreru-
dre à parler Flamand. Il attaqua , mais avec une
fureur aveugle , fans principes & fans règle, des
troupes aguerries, exercées, & dont les opérations
favantes étoient dirigées par Je connétable
de Cliflbn. Leur valeur éclairée, prudente, ménagée
avec art, déconcerta les efforts fougueux d’une
populace indifeiplinée. Les Flamands 11e favoient
que frapper au hafard & mourir , ils ignoroient
l’art du ralliement ; leurs pelotons rompus fe
précipitoient les uns fur les autres, en voulant fe
jetter fur l’ennemi ; on ne voyoit plus parmi eux
que défordre & que confufion ; la déroute fut
complette , & le carnage horrible. Par-tout où le
péril étoit le plus grand , on rencontroit Artevelle,
prodigue de fa vie , infenfible aux bleffures dont
il étoit couvert, animé du defir de vaincre pour
affurer la liberté publique ; Artevelle n’eut point
la douleur de furvivre à fa défaite, il périt dans
là bataille.
AR TIGNI, ( Antoine Gachet d’ ) ( Hïf;
litt.mod.) chanoine de l’églife primatiale devienne,
fa patrie, eff connu par fes Mémoires d’hifoire,
de critique & de littérature, en 7 vol. in-12. publiés
à Paris en 1749 , & années fuivantes. On faccufe
de plagiat, on prétend que les articles les plus
intéreflans de fes Mémoires ont été tirés d’une hif-
toire maiiufcrite des poètes François, par feu M.
l’abbé Brun , doyen de Saint-Agricole, à Avignon :
ouvrage, dont M. l’abbé d’Artigni avoit, dit-on,
eu communication par des voies indireâes. Cette
hiftoire intêreffera peu la poftérité ; les mémoires
n’en reflent pas moins bons, mais le mérite de les
avoir faits ^efi moindre, ou plutôt il devient étranger
à l’autenr apparent, & doit être revendiqué
pour l’auteur ignoré.
ARTOIS, ( Hifl. de Fr. ) nom d’une.province
françoife & d’une branche célèbre de la maifon de
France, iffue d’un frère de S. Louis : Y Artois fut longtemps
regardé comme une dépendance du comté
de Flandre ; Philippe-Augufte époufa en premières
noces Ifabelle, fille-de Baudouin y comte de Hay-
nault, nièce du comte de Flandre, dont’il eut 1«.