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chanter le Te Deum pour cette conquête, & quitta
ion évêché. Ayant contra&é des dettes immenfes
pour la défenfe de la place, Louis XIV le dédommagea
par l’archevêché de Touloufe , puis par
celui de Narbonne.On fe fou vient encore à Bayonne
& à Tournay des regrets qu’il y lahTa. Il mourut
le . 4 août 1739.
BEAUVILLIER , (Hifl. de Fr.') de Beauvilljer
de Saint-Aignan , maifon ducale très -célèbre. Le
premier duc de Saint-Aignan, François , naquit à
Saint-Aignan en Berry le 30 oâobre 1610. Il
reçut une bleflure coniidérable au vifage au combat
de Vaudrevange en 1633. Il fut bleffé à la
cuHTe au fiège de Dole en 1636. Il fut mis à la
baftille en 1030, avec les marquis de Grancey ,
de Praflin & de Bréauté, parce que le cardinal de
Richelieu leur imputoit la perte de la bataille de
Thionville. Ils en fortirent le 28 janvier 1640. M.
de Saint-Aignan fut encore bleffé au fiége de Gravelines
en 1644, & de Château-Porcien en 1653.
En 1655 il lui arriva une avanture perfonnelle ,
dont il ne fe tira qu’à force de courage. Quatre
aflaffins Fattaquèrent l’épée à la main dans l’avenue
de fa maifon. Il étoit feu! j U en tua deux,
blefla mortellement letroifième, mit le quatrième
en fuite. Madame Deshoulières dit dans une balade
qu’elle lui adrefîe ;
Vous pourfendez tous feul quatre aflaflins.
Et dans des bouts rimés, où l’on avoit mêlé des
mots latins avec des mots françois, elle lui dit :
Et de quatre tu fais donner la mort tribus.
Ce font ces mêmes bouts rimés qui finiflent par
ce joli tercet :
Tu peux encore aimer , & faire dire ama,
Que ton hiftoire un jour fera plaiOr à lire ,
Si jamais on l'écrit f id e li çalamo.
M. de Saint-Aignan étoit un très-bel efprit : il y
a de lui , dans les oeuvres de madame Deshou-
liëres, plufieurs balades en réponfe à celles de
madame Deshoulières. Il fut reçu en 1663 à l’académie
françoife. La même' année, le comté de
-Saint-Aignan fut érigé -pour lui, 8c fes fuccefleurs
en duché-pairie. Cette terre avoit paffé par mariage
dans fa maifon en 1496. Il obtint vers ce temps,beaucoup
d’autres grâces, entre autres en 1664, Ie
gouvernement du Havre. Il étoit premier gentilhomme
de la chambre dès 1649. Il mourut a Paris
le 16 juin 1687, Il avoit été marié deux fois ; il
avoit eu douze enfans du premier lit, & trois du fécond
; auffi madame- Deshoulièris lui difoit-elle,
en 1684 :
En fait d'amour & de çhevalçriç
Qncques ac fut plus véritable preux...'
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Vous bravez tout, malgré des ans nombreus
Qui volontiers empêchent qu’on ne rie,
Avez d'un fils augmenté votre hoirie.’
Oncques. ne fut plus véritable preux.
Ce fils dont elle lui parle eft. le dernier duc de
Saint-Aignan, qui venoit de naître le 2.5 novembre
1684, 8c que nous venons de voir mourir en
1776. M. le duc de Saint-Aignan, fon père, reçoit
le compliment, & y ajoute encore dans fa
réponfe :
Moi qui toujours furpafiant maints blondins
En vrais effets ainfi qu’en écritures ,
Ai depuis peu mis au jour deux banbins . • «
Je veux aufli 3 par de nobles deflèins .
Des ennemis voir la face blêraie 11
Et leur livrer un aflaut vigoureux ,
Puis tôt -après retourner vers ma mie.
Les deux fils dont il parle font le dernier due
de Saint-Aignan, dont nous venons de parler , &
l’évêque de Bqauvais, fon frère aîné, dont la naif-
fance ne remonte qu’au 6 oftobre 1682. Il y avoit
bien loin de leur naiffance à celle de leurs frères
aînés du premier lit. L’aîné de tous, le comte de
Seri, étoit né le 4 o&obre .1637 : il alla feryir fous
Montécuculli contre les Turcs en 1663 & 1664. R
eut un cheval tué feus lui au combat de Quermen
& eut le bras percé d’une flèche au combat4 de S#
Gothard le premier août 1664. Il mourut le premier
oéiobre 1666.
Le chevalier çje Saint-Aignan, fon frère, obligé
de quitter la France pour s’être battu en combat
fmgulier avec les deux La Frette, fes coufins-
germains, & Argenlieu, contre le prince de Chalais,
Noirmoutier, d’Antin 8ç Flamarens, àChaillot*
le 20 janvier 16153 * a^a au!® foryi* contre les
Turcs, & fut tué au combat de Saint-Gothard,
cent douze ans avant la mort de fon dernier frère.
Le premier d\ic de Saint-Aignan vit ainfi périr tçus
fes fils premier lit, à la réferve du duc de'
Beauvillier, ce fameux gouverneur du duc de Bourgogne
& de fes deux frères, ce confiant & courageux
ami de Fénélon, même difgracié. Il eut
treize epfans, dont quatre fils ; mais tous les quatre
moururent jeunes ; il feryjt de père à fes frères du
fécond lit ; en effet il avoit trente-quatre ans de plus
que l’aîné, trente-fix de plus que le puîné,. Ces
deux jeunes frères furent, pour ainfi dire, élevés
avec les princes ; ils étoient fouvent admis à leurs
études. Le duc de Beauvillier ayant perdu fes fils ,
adopta encore plus particulièrement fon plus jeune
frère ; il le mit dans Iç fervice, il lui céda fou
duché ; c’efi lç dernier duc de Saint-Aignan : il fut
fait prifonniçr au combat d’Oüdçnarde, le i ï juillet
1708; bleffé à Malplaquet le 11 feptembre 1709.
Il fut en fuite employé dans différentes ambaflades
en Efpagne, à Rome. Il étoit en Efpagne , lorfque la
guerre s’alluma entre cette puiffance 8c la régence
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de France. Le 12 décembre 17 18 , H reçut, à dix
heures du foir, l’ordre de fortir de Madrid dans vingt-
quatre heures, & de l’Efpagne dans douze jours, &
le lendemain 13 , à fept heures du matin, ^ un détachement
des gardes.du-corps, commandé par un'
exempt, l’alla prendre dans fon hôtel, & le con-
duifit hors de la ville. Cette rigueur ne fervit qu’à
le recommander au régent ; il fut admis au confeil
de régence, il rentra dans le gouvernement du
Havre qu’avoit eu fon père , 8c qû’avoh alors le
duc de Mortemart ; il ne tarda pas à être chevalier
des ordres du ro i, il fut, comme fon père,
de l’académie françoife il fut aufli honoraire de
l ’académie des belles-lettres. Il eut neuf enfans de
fon premier mariage. Il a laifle une veuve, feeur
de MM. Turgot.
BEAUX, adj. pl. pris fubft. ( Hifl. mod. ) Les An-
. gloisont fait un fubfiantifde cet adjedif François ; 8c
c ’eft ainfi qu’ils appellent les hommes occupes de
toutes les minuties qui femblént être du feul ref-
fort des femmes, comme les habillemens recherchés,
le goût des modes & de la parure ; ceux, en un mot,
à qui le foin important de l’extérieur fait oublier
tout le refte. Les beaux font en Angleterre, ce que
nos petits - maîtres font ici ; mais les petits - maîtres
de France poffédent l’efprit de frivolité, & lart
des bagatelles & des jolis riens , dans un degré
bien fupérieur aux beaux de l’Angleterre. Pour
corriger un petit maître anglois , il n’y auroit peut-
être qu’à lui montrer un petit - maître françois ;
quant à nos petits-maîtres françois , je ne crois pas*
que tout le phlegme de l’Angleterre puifle en
venir à bout. {A . R .)
BEBELE, (Henri) ( Hifl.litt. mod.) Quoique
çe favant foit peu connu hors de l’Allemagne,
nous croyons devoir lui donner place ic i, parce
qu’on le regarde comme ayant introduit en Allemagne
la bonne latinité. Il reçut en 1501 la couronne
poétique des mains de l’empereur Maximilien
I. Ses poéfies ont été recueillies fous le titre
déOpufcula Bebeliana , Strasbourg, 1512, in-40.
On a encore de lui deux Traités , l’un , de animarum
flatu pofl folutionem à corpore ; l’autre, de Magiflra-
■ tibus Romanorum. Il fut profeffeur d’éloquence dans
l’univerfité de Tubinge. Il étoit fils d’un laboureur
dans la- Suabe.
BECAN». (Martin) jéfuite , confefleur de
"l’empereur Ferdinand I I , théologien & controver-
fift.e, n’eft remarquable que par deux traits : l’un ,
qu’étant mort en 1624, fes écrits furent brûlés en
1762 par le parlement de Paris, avec d’autres
écrits d’auteurs jéfiiites ; l’autre , que fon livre fur
la puiffance du roi 6* du fouverain pontife, portoit
fi loin Tautprité du pape , que le pape lui-même
en eut honte, & fit condamner ce livre par un
décret du faint office, du 3 janvier 1613. Ce pape
'étoit Paul V.
BECCADELLI, ( L o u i s ) , ( Hifl. litt. mod.)
archevêque de Ragufe , & précepteur de Ferdinand,
fils de Côme I , grand duc de Tofcane, eft auteur
Ilifloire, Tom. I. Deuxieme PartK
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d’une Vie de Pétrarque en italien , & d’une Vie latine
du cardinal Polus. Mort en 1572, âgé de 70
.ans. :., v :
BECCARI, (Agostino) {Hifl. litt, mod.) eft
le premier poëte d’Italie, qui ait fait des paftorales.
Son poème intitulé : I l facrificio , favola p a florale-,
parut en 1555 , & 1'Aminte du Tafle n’eft, que de
1,573. Becçari mourut en 1590.
BEC DE CORBIN, GU les gentilhommes au bec de
corbin ( Hifl. mod.) officiers de la maifon du ro i,
inftitués pour la garde de la perfonne de fa ma-,
jefté, qui étoient aufli appellés les cent gentilshommes.
Ils marchoient deux à deux devant le roi aux
jours de cérémonie , portant le bec de corbin ou
le faucon à la main ; & dans un jour de bataille,
ils dévoient fe tenir auprès du roi. Ces officiers
ne fubflftent plus. (G)
BECTACHIS, f. m. pl. {Hifl. mod.') efpèce de
religieux chez les Turcs , ainfi nommés de Hajî
Beâak leur fondateur, fameux par de prétendus
miracles & des prophéties. Il vivoit fous le règne
d’Amurat I , qui lui envoya , dit-on , la nouvelle
milice qu’il vouloit former d’enfans enlevés aux
chrétiens, afin qu’il la défignât par un nom ; & il
nomma ces foldats Janijfaires : foit en mémoire de
cet événement, foit parce que les Be&achis ne font
pas fort réguliers fur l’heure de la prière, les Ja-
niflaires trouvent leur dévotion fort- commode ,
& font très - attachés à leur feéfe.
Les beélachis font habillés de blanc, & portent
des turbans de laine dont la lefle eft tortillée
comme une corde. Ils croyent honorer fingulière-
ment l’unité de Dieu en criant hû, c’eft-à-dire,
qu il vive. Ces moines fe marient, demeurent dans
les villes 8c dans les bourgs : mais par leur inf-
titut ils font obligés de voyager dans les pays éloignés.
Us doivent à tous ceux qu’ils rencontrent le
ga^ely efpèce de chant affeéhieux qui par allégorie
eft appliqué à l’amour divin ; & l'elma ,. qui eft
une invocation d’un des noms de Dieu qui font
chez eux au nombre de mille 8c un. G uer,
moeurs des Turcs, tom. I.
Ricaut, dans fon ouvrage de l’empire Ottoman ^
fait mention d’une autre fe&e Mahométane , fuivie
par quelques Janifîaires, & nommée Beflafchifl.es
de Beâas, aga des Janiflaires au commencement
du règne de Mahomet IV. On les nomme autrement
Zératites, 8c le vulgaire les appelle Muni
feonduren ; c’eft-à-dire , ceux qui éteignent la chandelle
; parce qu’on les accufe d’avoir indifféremment
commerce avec toutes fortes de perfonnes
dans leurs affemblées, 8c d’y permettre l’incefte
à la faveur de l’obfcurité. Au refte ils obfervent la loi
de Mahomet pour ce qui regarde le culte divin : maig
ils penfent qu’il n’eft pas permis de donner des attributs
à Dieu, ni de dire qu’il eft grand , qu’il eft jufte,
parce qu’il eft un être très-fimple, 8c que nos idées
n’approchent point de la fimplicité de fon effence. Ce
mélange monftrjieux de fpiritualité rafinée & de libertinage
fait que cette fe«e eft très-peu fuivie (G),
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