
On peut au fil entendre par-là une certaine noblejfe
honoraire, qui eft attachée à la profefiion
des gens de lettres , mais qui ne eonlifte en
France que dans une certaine confidération que
donnent le mérite & la vertu. A la Chine on ne
reconnoît pour vrais nobles que les gens de lettres
; mais cette noblejfe n’y eft point héréditaire
: le fils du premier officier de l’état refte
dans la foule, s’il n’a lui - même un mérite per-
fonnel qui le foutienne.
Quelques auteurs par noblejfe littéraire, entendent
aufli la noblejfe de robe , comme Nicolas
Upton anglois, qui n’en diftingue que deux fortes
; l’une militaire, l’autre littéraire , qui vient
des fciences & de la robe, togata five litteraria. ! Noblesse locale , eft'celle qui s’acquiert par
la naiffance dans un lieu privilégié, telle que celle
des habitans de Bifcaye. Voyez la Roque, çhap.
xxvij.
On pourroit aufii entendre par noblejfe locale ,
celle qui n’eft reconnue que dans un certain lieu,
telle qu’ètoit celle des villes romaines dont les
nobles étoient appellés domi nobiles. |
Les auteurs qui ont traité des patrices d’Allemagne
, difent que la .plupart des communautés
qui font dans les limites de l’Empire, font gouvernées
par certaines familles qui ufent de toutes
les marques extérieures d’une noblejfe , qui n’eft
pourtant reconnue que dans leur ville ; aucun des
nobles de cette efpece n’étant reçu dans les chapitres
nobles : enforte qu’il y a en Allemagne
comme deux fortes de noblejfe, une parfaite &
une autre locale qui eft imparfaite ; oc ces mêmes
auteurs difent que la plupart de ces familles
ne tenant point du prince le commencement dç
leur noblejfe , & ne portant point les armes , elles
fe font contentées de l’état de bourgeoisie & des
charges de leur communauté, en vivant noble*
ment. Voyez la Roque, ch. xxxix.
Il en eft de même des nobles de Chiary en Piémont
, & des nobles de certains lieux dans l’état
de Venife. La Roque, ch. clxvij. N oblesse civile , politique o u accidentelle
, eft celle qui provient de l’exercice de
quelque office ou emploi qui annoblit celui qui
en eft revêtu : elle eft oppofée à la noblejfe do-
rigine. Voyez la Roque & Thomas Miles, in trait,
de nobilitate.
On peut aufli entendre par noblejfe civile , toute
noblejfe foit’ de race ou d’office, ou par lettres,
reconnue par les lois du pays, à la différence de
la noblejfe honoraire qui n’eft qu’un titre d honneur
attaché à certains états honorables, lesquels
ne jouiffent pas pour cela de tous les privilèges
de la noblejfe. N oblesse cléricale, ou attachée a la cleri-
cature, eonlifte en ce que les clercs vivant cléri-
ealement, participent à quelques privilèges des
nobles, tels que l’exemption des tailles mais
cela ne produit pas en eux une noblejfe proprement
dite : ils font feulement confidérés comme
gens vivant noblement.
Les eccléfiaftiques des diocèfes d’Autun & de
Langres ont prétendu avoir par état la noblejfe,
mais tout leur droit fe borne comme ailleurs, à
l’exemption des tailles & corvées personnelles.
P oyez là Roque, ch. xlix. ( A }
Noblesse de cloche , ou de la cloche , eft
celle qui provient de la mairie & autres charges
municipales auxquelles la noblejfe eft attribuée.
On l’appelle noblejfe de cloche , parce que les
affemblées pour l’éle&ion des officiers municipaux
fe font ordinairement au fon du beffroi ou
groffe cloche de l’hôtel-de-ville.
Les commiffaires du roi en Languedoc, faifant’
la recherche de la noblejfe, appellent ainfi la no- ;
bhjfe des capitouls de Touloufe , noblejfe de là
■ cloche Voyez la Roque, ch. xxxvj.
Noblesse comitive , eft celle que les doc-,
teurs régens en Droit acquièrent au bout de 20
ans d’exercice. On l’appelle comitive, «parce qu’ils
peuvent prendre la qualité de cornes, qui lignifient
comte y ce qui eft fondé fur la loi unique
au code de profcjjoribus in urbe Conjiantin.
Il eft confiant que les profeffeurs en Droit Ont
toujours été décorés de plufieurs beaux privilè- .
gps, qu’en diverfes occafions ils ont été traités
comme les nobles , par rapport à certaines exemp-
tiofas. C ’eft pourquoi plufieurs auteurs ont penfe
qu’jls étoient réellement nobles : ils ont même
prétendu que cela s’étendoit à tous les docteurs
en Droit. Tel eft le fentiment de Guy pape, de
Tiraqueau, de François Marc, de Cymus Barto-
lu s , de Balde Dangelus, de Paul de Caftre, de
Jean Raynuce, d’Ulpien, de Cromerus , de Lucas
de Penna.
La qualité de profeffeur en Droit eft fi confi-
dérable à Milan , qu’il faut même être déjà noble’
pour remplir cette place , & faire preuve de la
noblejfe requife par les ftatuts avant fa profefiion ,
comme le rapporte Paul de Morigia, doéleur Mila-
nois , dans fon hijl. ch. xlix. 8c l.
Mais en France , les doéleurs en Droit ni les
profeffeurs ne jouiffent de la noblejfe- que comme
les Avocats & Médecins, c’eft-àdire que leur noblejfe
n’eft qu’un titre d’honneur -, qui ne les auto»
rife pas à prendre la qualité d’écuyer, & ne leur
donne pas les privilèges de la noblejfe. Voyez la Roque,
ch. xlij.
Noblesse commencé^, eft.celle dont le temps
ou les degrés néceffaires ne font pas encore remplis
, comme ils doivent l’être pour former une
| noblejfe acquife irrévocablement, Voyez Noblesse
ACTUELLE.
N oblesse c om m e n s a l e , eft celle qui vient
du fervice domeftique & des tables des maifons
royales, telle qu’étoit autrefois celle des chambellans
ordinaires, Voyez la préf. de la Roque.
N oblesse c o u tum iè r e ou utérine, eft celle
qui prend fa fource du côté de la rnere, en
S vem»
vertu de quelque coutume ou ufage. Voyez la préf.
de la Ro,que, 8c ci-après N N oblesse uterine. oblesse débarquée, o u de tranfmigration ,
eft celle d’un étranger qui paffe de fon pays dans
un autre état, ou il s’annonce fous un nom emprunté,
ou qui eft équivoque à quelque grand
nom. Voÿe£ la préf de la Roque. - . D emi-noblesse , eft une qualification que l’on
donne quelquefois ' à la noblejfe perfonnelle de
certains officiers, qui ne paffe point aux enfans.'
Voyez M. le Bret dans fon feptième plaidoyer. Noblesse a deux visages, eft celle qui eft
accordée tant pour le paffé que pour l’avenir ,-
lorfqu’on obtient des lettres de confirmation ou de
réhabilitation, ou même eh tant que befoin feroit
d’annobliffement. Voyez la Roque, ch. xxj. ( A ) N oblesse de dignité, eft celle qui provient
de quelque haute dignité, fbit féodale ou perfonnelle
, comme des grands offices de la couronne,
& des offices des cours fouveraines. Noblesse des docteurs en D roit. Voyez
ce qui ejl dit c i- devant à Varticle Noblesse co-
MINTIoVbEl.esse qui dort , c’eft celle dont la jouif-
fance eft fufpendue à caufe de quelqu’aéte contraire.
C’eft un privilège particulier aux nobles de la
province de Bretagne. Suivant l’article 561, les
nobles qui font trafic de marchandifes & ufent
de bourfe commune ^contribuent pendant ce temps
aux tailles, aides & fubventions roturières ; &
les biens acquis pendant ce même temps , fe partagent
également pour la première fois , encore
que ce fuffent des biens nobles. Mais il leur eft
libre de reprendre leur noblejfe & privilèges d’icelle
, toutes fois & quantes que bon leur fem-
blera, en laiffant leur trafic -& ufage_ de bourfe
commune, en faifant de ce leur déclaration devant
le plus prochain juge royal de leu;* domicile. Cette
déclaration doit être infinuée au greffe, & notifiée
aux marguilliers de la paroifle, moyennant
quoi le noble reprend fa noblejfe , pourvû qu’il
vive noblement ; & les acquêts nobles , faits par
lui depuis cette déclaration ,, fe partagent noblement,
M. d’Argentré obferve que cet article eft de la
nouvelle reformation ; mais que l’ufagè étoit déjà
le même auparavant.
La noblejfe qui dort eft en fufpens , dormit fed
non extinguitur. i^A') . N oblesse d’échevinage , .eft celle qui vient
de la fonâion d’échevin, que celui qui fe prétend
noble, ’ou quelqu’un de fes ancêtres paternels, a
remplie dans une ville où l’échevinage donne la
noblejfe, comme à Paris, à Lyon, &c. -
Ce privilège eft établi à l’inftar de ceux des
décurions des villes romaines, qui fe prétendoient
nobles & privilégiés, cod. de decur. Charles V , en
1371 , donna la noblejfe aux bourgeois de Paris.
Henri III, par des lettres de janvier 1577, rédui-
^ fit ce privilège au prévôt des marchands & aux
lîifloire, Tom. /,
quatre échevîns qui avoient été en charge depuis
l’avénement d’Henri II à la couronne, 8c à leurs
fucceffeurs, & à leurs enfans nés & à naître ,
pourvû qu’ils ne dérogent point.
Quelques autres villes ont le même privilège.
N oblesse empruntée, eft lorfqu’un parent
annobli prête fa charte à un autre non annobli ,
pour mettre toute fa race en honneur & à couvert
de la recherche de la taxe des francs-fiefs &
de la taille. Préf de la Roque.
N oblesse entière , eft celle qui eft héréditaire,
& qui paffe à la poftérité , à la différence
de la noblejfe perfonnelle attachée à certains offices,
qui ne paffe point aux enfans de l’officier ,
& qu’on appelle demi-noble (fe. La Roque, ch, $4.
Voyez CL-dejfus D emi-noblesse.
N oblesse d’épée , eft celle qui vient de la
profefiion des armes. Voyez N oblesse par lés
armes.
Noblesse étrangère ; on entend par-là celle
qui a été accordée ou acquife dans un autre état
que celui où l’on demeure a&uellement.
Chaque fouverain n’ayant de puiffance que fur
fes fujets, un prince ne peut régulièrement an-
noblir un fujet d’un autre prince. L’empereur
Sigifmond étant venu à Paris en 1415 , pendant
la maladie de Charles V I , vint au parlement où
il fut reçu par la faélion de la maifon de Bourgogne
; on plaida devant lui une caufe au fujet
de l’office de fénéchal de Beaucaire, qui avoit
toujours été rempli par dés gentils-hommes ;
l’un des contendans qui étoit chevalier , fe prévaloir
de fa nobleffe contre fon adverfsire nommé
Guillaume Signet, qui étoit roturier. Sigifmond
pour trancher la queftion , voulut anneblir Guillaume
Signet ; Pafquier , & quelques autres fup-
pofent même qu’il le fit, & que pour cet effet,
l’ayant fait mettre à genoux près du greffier, il
fit apporter une épée & des éperons dorés , &
lui donna l’accolade ; qu’en conféquence, le premier
préfident dit à l’avocat de l’autre partie, de
ne plus infifter fur le défaut de noblejfe, puifque
ce moyen tomboit. Pafquier n’a pu cependant
s’empêcher de dire que plufieurs trouvèrent mauvais
que l’empereur entreprît ainfi fur les droits
du roi, & même qu’il eut pris féance au parlement.
Quelques-uns difent que le chancelier , qui
étoit aùx pieds de Sigifmond, s’oppofa à ce qu’il
voulait faire , lui obfervant qu’il n’avoit pas le
droit de faire un gentilhomme en fiance ; & que
Sigifmond voyant .cela , dit à cet homme de le
fuivre jufqu’au pont de Beauvoifin, où il le dé-
'clara gentilhomme : enfin, que le roi confirma’
cet annobliffement. Tableau de Vempire germanique
, page 27.
Tiraqueau a prétendu qu’un prince ne pouvoit
conférer la noblejfe hors les limites de fes états,
par la raifou que le prince n’eft là que .perfonne