
le fond de fon ame ; on n’y pouvoit voir que pii?
reté & fimplicitè, que des occupations utiles entremêlées
de recréations douces & honnêtes ; il
n’en avoit point d’autres que la converfation des
fàvans religieux, dits Blanc-Manteaux, fes voifins
& fes amis. Leur maifon, dit l’hiftorien de l’académie
, étoit pour lui une maifon dé plaifance, il
trouvoit dans leur entretien les deux eliofes qu’il
aimoit le plus, la fcience & la vertu.
Il fut marié, mais il n’eut point d’enfans. Devenu
veuf, il vécut •avec une foeur du même caractère,
qui lui reftoit d’onze tant frères que foeurs.
Il mourut le 8 juillet 1770 , d’une mort douce
comme fa vie. L’çxpreflion : il s’endormit dqns le
fèigneur y auroit été créée pour lui. On feroit trop
heureux de cultiver toujours les lettres dans la
feciété de pareils confrères.
BONANNI ou BUONANI. (Hifi. litt. mod.)
G’eft le nom de deux favarts, dont l’un, nommé
Jacques, noble fyracufain, a donné les antiquités
de fa patrie , fous le titre de Syracufa illufirata.
Mort en 1636. ;
L’autre, nommé, Philippe , jéfuite, a embelli &
augmenté le cabinet d’hiftoire naturelle formé par
le. P. Kircker. On a de lui un Recueil des médailles
des papes y depuis Martin V jufqu’à Innocent X I I ,
deux vol. in-fol. en latin. Un Catalogue des ordres
tant religieux que militaires^ & de chevalerie , avec
des figures qui repréfentent leurs habillemens , & qui
donnent beaucoup de prix à l’ouvrage ^ quatre vol.
i/z-4*. en latin & en italien ; un Traité des vernis ,
traduit de l’italien en françois, Paris , 17a3 , i/z-12; '
& quelques autres ouvragés moins importans ou
moins connus. Mort à R.ome en 1725 à qùatre-
vingt-fept ans. ' -
BONARDI, ( Jean-Baptiste) ( Hifi. litt. mod.)
doéleur de Sorbonne, un des plus favans bibliographes
de France, homme qui a manqué à la
bibliothèque du roi, à l’académie des inferiptions 8c belles-lettres, & même en quelque forte à la
Sorbonne , dont il avoit été exclu pour janfénifme.
Il a laiffé divers ouvrages qui font reliés manul-
crits jufqu’à préfent, favoir : une Hifioire des ècrU
-vains de la faculté de théologie de Paris ; une Bibliothèque,
des écrivains de Provence ; un Dittionnaire
des écrivains anonymes & pfeudonymes. Né à Aix,
mort à Paris en 1756. ' - .
BONARELLI, ( GuiUbaldo) (.Hifi. lut.. mod.)
poëte italien , auteur .d’une paftorale intitulée :
Philis de S cire, qu’on a comparée au Pafior fido g jjl
;à VAminthe; mais qu’on n’y cornpare<plus. Né. à
Urbin le 25 décembre. 1563 , mort a Fano le 8
janvier. 1608. -
■ BON AVENTURE, | Saint ) | Hifi. mod. ) cor-
delier, difciple d’Alexandre de Haies, qui difoit
que le péché d’Adam fembloit n’avoir point,pajfé dans
Jaint Bonaventure. Il fut général de fon ordre, Il
refufa, dit-qn, l’archevêché d’Yorck, que le pape
.Clément IV lui offrit. Après la mort de ce. pontife,
les cardinaux ne .s’accordant point fur lç choix
de fon fucceffeur , réfolurent de s’en rapporter ä
Bonaventure, dût-il fe nommer lui-même , quoi-'
qu’il ne fut pas encore cardinal 5 ce fut lui qui
nomma Grégoire X , & celui-ci le fit cardinal. Il
fuivit ce nouveau pape au fécond concile de L y on
tenu en 1274. Il y mourut d’un excès de travail,
s’étant occupé fans relâche du foin de préparer les
matières qui dévoient être traitées dans ce concile,
S’il n’eft pas au rang des pères, il eff au rang des
docteurs de l’églife ; il efl diftingué par le titre de
doâleur féraphique. Ses oeuvres ont été recueillies
en fix volumes in-folio, & en quatorze in-40. En
les examinant d’un oeil urt peu fé v è re , on y trou-
vefoit des chofes fort étranges ; mais c’eft un écri*
vain du treizième fiècle. Il étoit italien, né à Ba-
gnarea en Tofcane en 1221. Un P, Boule a écrit
fa vie,
BONAVOGLIO , {Hifi. mod.) on défigne par
ce ncrm en Italie, ceux qui pour de l’argent & à
certaines conditions s’engagent à fervir fur les galè
res, & qu’il faut diftinguer des efclaves & des
forçats qui font condamnés à ramer. (A, R.)
BO N D , ( J e a n ) ( Hifi. litt, mod.) bon critique
anglois , auteur d’un Commentaire fur Horace, où
il n’y a rien de trop. Né dans le comté de Som**
merfet en 1550 , mort en i6 xa .
B Q N E T , (Théophile ) {Hiß. litt, mod. )
médecin ,de G en è v e , qui a donné , fous le titre
de Thefaurus médicinal pra&icai (trois vol. in-fol.y
les réflexions qu’il avoit faites fur fon art pendant
plus de quarante ans de pratique, & fous le titre
de Medïcina feptentrionalis ( deux vol. in-folio. ) ;
un recueil d’expériences faites dans les parties fep-
; tentrionales de l’europe. On a encore de lui Mer-
curius compitalitius, in-folio ; Sepulcliretum ou Ana*
; t'omia praâica, trois vol. ïn-fol. Né en 1620, mort
en 1609. & BONFADIO , ( Jacques) ( Hifi. litt. mod.y
chargé par la république de Gênes d-écrire l’hiftoire
de cette république, il penfa être brûlé v i f , &
s’eflima heureux de n’être que décapité, pour
avoir écrit la vérité fans ménagement, & s’être
1 fait des ennemis puiffans. Quand on a de pareils
ennemis, & tout ennemi peut le devenir, il "n’y
a point de crime dont on ne pui^e être convaincu ;
on l’accufa d’un Crime qu’on dit fort comniiin en
Ita lie, d’un crime qui mérite l’opprobre & 1er mépris",
mais qui ne mérite peut-être ni le hûchgr ,
ni l’échafauc, & qui n’a jamais" été puni dans un
homme puiflânt. Son hifioire de Gêne^pe s’étend
que de 15 28 à 15 50 , en un . volume i.7-40. Elle efi
en latin , & elle a été traduite en italien par Bar-
thelemi Pafcheti. On a aufli de Bonfadio des ietttres
.& des poéfies italiennes. Mort en iç6o._
BONFIN1U S , (A ntoine) {Hifi. litt. mod.)
natif d’A fcoli, auteur du quinzième fiècle, appelle
.en Hongrie par Mathias. Çorvin , écrivit rhiuoire
de ce royaume jufqu’en 1445, en quarante-cinq
livres, & a eu pour continuateur Sam bue. Bonfi-
nïus pajïç. poqr ajiM fatyriquç Ôç aiifii véridique
qü<3
(eue Bonfadîo, ( Voyeç l’article précédent ) & il ne
Hit ni brûlé ni décapité. Tout dépend des circonf-
tances.
BONGARS , (J a c q u e s ) {Hifi. litt, mod.)
lavant critique, homme d’état & calvinifte modéré
, fut employé par Henri IV , dans des négociations
importantes. Ce fut lui qui fe trouvant
à Rome en 1585, lorfque Sixte V publia la bulle
par laquelle il excommunioit Henri I V , alors roi
de Navarre, & le prince de Condé , & les dé-
claroit incapables de fuccéder à la couronne de
France, afficha lui-même l’aôe d’appel de ces
princes aux portes du Vatican. Cette démarche,
qui peut-être vengeoit moins les princes des attentats
de la bulle, que n’auroient fait le mépris
8l le filence, frappa pour lors comme une aâion
hardie, & en impofa même à Sixte V , qui depuis
ce temps devint plus favorable à Henri IV.
Les lettres de Bongars font, connues & eftimées;
elles ont été traduites de latin en françois par MM.
de Port-Royal. On a encore de Bongars une édition
de Juftin avec de favantes notes, & un recueil
des hiftoriens des croifades, fous le titre de
Gefia Dei per Frahcos.
Bongars étoit né à Orléans,il mourut à Paris en
Ï012, âgé de cinquante-huit ans.
BONIFACE , ( Hifi. mod. ) Il y a eu neuf papes
de ce nom. Le pjus célèbre efl Boniface VIIL
(Benoît Cajetan. ) celui qui a pouffé le plus loin
l ’orgueil pontifical & les prétentions ultramontaines.
Il citoit tous les rois à fon tribunal. Cétoit,
dit Pafquier , un aujfi grand remueur de ménages que
Grégoire VII. Boniface ne favoit douter d’aucun
des droits du Saint-Siège;, il n’exifloit à fes yeux
qu’un feul pouvoir, celui-de Jéfus-Chrift, pouvoir
dépofé à jamais entre les mains de fon feul repré-
fentant fur la terre, le pape ; il iiy avoit point ,
difoit-il, d’autre roi des Romains, que le fouverain
pontife des chrétiens ; il traitoit de manichéens ceux
qui diflinguoient un pouvoir temporel & un pouvoir
fpirituel, indépendâns l’un de l’autre; ildif-
pofoit des couronnes comme des bénéfices. Du
titre de père commun des fidèles, Boniface n’ai-
moit que l’autorité qu’il y fuppofoit attachée.
Quand des [papes plus modérés voyoient les rois
prendre les armes, ils les exhortoient à la paix ;
celui-ci leur commandoit de la faire; le ton dont
il adreffa cet ordre aux rois de France & d’Angleterre
, Philippe-le-Bel & Edouard I , les bleffa tons
deux également fans les réunir ; ils répondirent
que leur querelle n’étoit point une affaire de religion
; tout étoit affaire de religion aux yeux de
Boniface.
La guerre leur fervoit de caufe ou de prétexte
pour.fouler leurs peuples; ils voulurent étendre
le fardeau des impofitions jufques fur le clergé ;
auffi-tôt parut la fameüfe bulle clericis Idicos contre
Jes princes qui exigent, des fubfides du clergé, &
contre les eccléfiaftiques qui s’y foumettent ; on
y décide que les rois n’ont aucune jürifdi&ion fur
Hifioire. Tom, I. Deuxième Party
les perfonnes ni fur les biens des eccléfiafliqties,
& qu’aucun clerc ne doit rien payer aux puifîançes
laïques, fans une permiffion exprefTe du fouverain
pontife. Ceux qui voudront exiger de l’églife la
moindre fubvention, feront frappés d’anathême ;
les univerfités qui ©feront, confentir à cette exacr
tion , feront interdites ; les prélats qui ne s’y op-
poferont pas feront dépofés. Il faut rendre juflice
au clergé de France, il s’indigna d’être ainfi défendu
, il détefla ces excès, & reliant inféparable*
ment uni à fon r o i , il ofa donner au pape des
confeils & des exemples de paix.
Philîppe-le-Bel , fans nommer le pape & fans
parler de Rome, défendit d’un côté toute exportation
de quelque marchandée ou denrée que.ee
pût être, fans une permiffion expreffe fignée de fa
main ; de l’autre, toute introduâion d’étrangers en
France : nulle exception , ni de nation, ni de per-
fonne ; la guerre auroit pu fervir de motif fuffifant
pour ces deux défenfes, le clairvoyant pontife: ne
s’y méprit pas ; éclairé par fa haine & par fes in-:
térêts, il vit que c’étoit à lui feul qu’on en vou-
loit ; fa fureur ne connut plus ni bornes ni me-
fure ; une fécondé bulle ajouta aux témérités de
là première: » Si l’intention des fabricateurs .des
» deux édits a é té , dit le pape, de les étendre
» jufqu’aux eccléfiafiiques, c’en une entreprife non
» feulémènt imprudente, mais inferifée>, & qui
» feule les foumet à l’anathême........... Apprenez
” donc une fois, ô roi ! que ni vous , ni aucun
» prince féculier. n’avez aucune autorité fur 1©
» clergé«.
Il fait à Philippe d’autres reproches affez vifs ,’
dont quelques-uns n’étoient pas fans fondement. ï
».Vous avez perdu, lui-dit^il, d’affeâion de
» vos fujets par les impôts dont vous, les avez
» chargés «.
Philippe eût pu profiter de cet avis d’un en-,
nemi.
»N ’imputez qu’à vous , lui dit-il encore, ht
» guerre qui défoie vos peuples ».
Il y avoit encore quelque chofe de vrai dans ce
reproche.
Mais Boniface retomboit dans toutes les erreurs
du temps & dans tout l’abus de la fpiritualité ,
lorfqu’il difoit que le jugement de la querelle des
deux rois appartenoit au Saint-Siège , parce qu’il
s’agiffoit de favoir fi Philippe pouvoit, fans péché ,
retenir la Guyenne confifquée fur Edouard.
Philippe détruifit ces chimères par un manifeffe
qui ne refta pas fans réplique de la part du pape.
La querelle s’échauffa de plus en plus entre eux*
& parvint enfin à ce dégré de violence que toutes
nos hiftoires ont rapporté ; elle produifit ces écrits
honteux ou deux perfonnes facrées s’accab'èrent
d’injures à peine faites pour le peuple. Boniface
les étendit jufqu’à la nation françoife ; il dit dans
un de ces libelles, que cette nation fuperbe en a
menti par la gueule, lorfqu’ellë prétend que fon roi
neft fournis à perfonne pour le temporel. Il difoit
O o o a