
ALBERT. ( Hiß. mod.) Il y a plufieurs perfonna-
ees célèbres de ce nom.
i°. A l b e r t I. dit le Triomphant & le Borgne
( Hijbire i'Allcma°;ne.')'XXV. roi ou empereur depuis
Conrad I ; né vers l’an 1268, de l’empereur
Rodolphe de HasbourgI, & de l’impératrice Anne
de Hokbert, nomme duc d’Autriche en 1282 ,
élu empereur en 1298, apres la mort d Adolphe
qu’il avoit défait & tué en bataille rangée, mort
en 1208. '
Les empereurs , inflruits par les malheurs de
Henri IV. & de Frédéric I I , avoient renoncé à fe
faire obéir des papes : mais ceux-ci n’avoient pas
renoncé à fe faire obéir des empereurs. Albert crut
ne pouvoir fe difpenfer de demander la confirmation
de fon élection à Boniface V I I I , qui ne douta plus
de fes droits fur tous les royaumes du monde ; ce
pape refufa de le reconnoître, & s’érigeant en juge
îuprême de tous lés fouverains , il le cita fiere-.
stent à fon tribunal; « nous ordonnons, difoit
ee pontife, qu'Albert comparoiffe dans fix mois ,
„ devant nous, & qu’il fe juftifie du crime de lèze-
« majeftè, commis contre Adolphe, fon fouverain ».
Les partifans du pape en Allemagne, y excitèrent
une guerre civile , & peut-être Albert eut-il ete
forcé d’obéir, fi Boniface eut fu diffimuler fon am- j
binon. Mais onde v it, dans le même temps, pré- j
tendre faire un empereur de Conflantinople, juger
un empereur d’Allemagne & détrôner le roi de
France. La fermeté de Philippe le Bel, & le mépris
de ce prince pour les foudres de Rome, por--
tèrent le pontife à fe réconcilier avec l’empereur,
qui acheta la paix par une indiferétion dont les
fuites pouvoient être funeftes. Albert reconnoifloit
que l’empire avoit été transféré aux Allemands par
le faînt fiége : que les éleâeurs tenoient leurs droits
du pape, & que les empereurs & les rois rece-
voient de lui le droit du glaive. Boniface, pour
le récompenfer, lui fit préfent du royaume de
France; mais il étoit plus facile de faire un fem-
blable préfent que de s’en faifir. Albert remercia
le faint père , fans être feulement tenté de
fes offres. Il trouvoit moins de difficulté à faire
pafTer dans fa -famille le royaume de Bohême ,
vacant par la mort de Wenceflas, qui périt afiai-
finé : il en donna l’inveftimre à Rodolphe , fon
fils aîpé, qui mourut peu de temps après, La perte
de ce fils ïaffeâa d’autant plus fenfiblement qu'il
ne lui fiit pas poffible de difpofer une fécondé
fois du trône de Bohême, les Etats de ce royaume
ayant nommé tout d’une voix Henri , duc de
Carinthie; cependant l’amour à Albert-ÿom fa famille,
le pouffoit Touvent à des mjüffices, qui lui
faifo-ent perdre l’eflime de fes fujets, & lavibf-
foient aux yeux de l’étranger. H en commit une
qui lui coûta la vie. Le du.c Jean, titulaire d une
partie de la Souabe, fon neveu & Ion pupille,
‘confpira contre lu i, & l’affaffina pour fe venger
de ce qu Albert retenoit l’héritage de fes, peres,
ç9nf e à fes foins, Spn règne forme une époque
remarquable dans l’hiftoire de l’Europe. Ce fut?
fous ce règne, & pour repouffer les infultes de
fes lieutenans, que les Suiffes élevèrent l’edifice de
leur indépendance : cette nation généreufe fecoua le
joug -qu’elle ne pouvoit porter plus long - temps
fans ignominie; " _ .
A lbert I I , dit le Grave & le Magnanime,
cTAllemagne & de Hongrie. fucceffeur de Sigif-
mond, vingt-huitième empereur d’Allemagne depuis
Conrard I , vingt - troifième roi de Hongrie,
vingt - fixième roi de Bohême , naquit en 13 94.»
d'Albert d’Autriche, IV e. du nom, & de Jeanne dè
Bavière. . ;
Les dernières volontés de Sigifmond, qui avoit
appellè Albert IL aux trônes de Hongrie Ôc de
Bohême , n’étoient pas un titre fuffifant. Les Bohémiens
& les Hongrois prétendoient avoir feuls
le droit de fe donher des maîtres. Fondés fur ces
prétentions, les états de Hongrie s’aifemblerent a
Presbourg. Albert ne crut point devoir les en empêcher.
Cette condefcendance lui réuffit, tous les
fuffrages fe réunirent en fa faveur, & la couronne
lui fut déférée comme au prince le plus digne de
la porter. Cependant, avant de le facrer, on lui
impofa des conditions, dont la principale etoit ,
qu’il ne monteroit jamais fur le trône impérial.
Les états craignoient que- les affaires de l’empire
ne lui fiffent négliger les leurs, dans un temps
où les Turcs & les fTartares portoient leurs dévaluations
fur les frontières. Albert éprouva plus
de difficultés' de la part des Bohémiens. Ces Huf-
fites avoient appelle Cafimir, fils de Jagellon 8c
frère de Ladiflas V , roi de Pologne. Cafimir , à
peine âgé de treize ans, voulut en vain juftifier fes
droits : fa faftion , qui n’étqjt plus qu’un foible
refte d’un parti autrefois considérable, fut forcée
; de céder ; & Albert IL reçut la couronne à Prague.
Les états des deux royaumes venoientde lui rendre
hommage, lorfque des députés vinrent lui apprendre
que les électeurs Tavoient unanimement
élu empereur , 8c l’invitèrent a-ne point fe refufer
aux voeux de l’Allemagne. Albert ne fut point in-
fenfible à ce nouvel honneur. Il étoit retenu par
le ferment que les Hongrois avoient exigé à,fon
facre, mais cet ©bftacle fut bientôt levé : les Hongrois
le jugeant capable de porter ce nouveau
lceptre, & de Suffire à tant de devoirs différens,
lui envoyèrent leur agrément. Le premier événement
mémorable de fon règne, fut une diète
qu’il tint à Nuremberg. Il y fit plufieurs régle-
mens utiles, & fe déclara le protedeur du concile
de Bafle. On abolit, dans cette diète, une loi qui
fubfiftoit depuis Charlemagne. Cette loi qui, comme
le dit un moderné ; n’étoit qu’une manière d’affâf-
finer, s’appelloif le jugement fecret, & confiftoit a
condamner à mort une perfonne, fans qu’elle fut
qu’on lui avoit fait fon procès. La foibleffe du gouvernement
l’avoit rendu néceffaire , dans un temps
où l’on n’eût pu févir contre un coupable puiffant,
fans exciter des révoltes. Lfencien tribunal des Auftregues
tregiles y fubit une réforme. Ce tribunal étoit établi
pour juger les querelles des feigneurs -qui, fe
croyant Supérieurs aux loix , s’arrogeoient le droit
de venger, les armes à la main, les torts qu’ils prétendoient
avoir reçus : mais ce qui dut rendre fon
nom bien cher à l’Allemagne, ce fut cette attention
de faire défendre' au pape , par le concile, de
donner aucune expedative fur les bénéfices _, dont
.la nomination devoit appartenir aux chapitres & aux
communautés par une éledion canonique. Les.an-
nates furent fupprimées, comme un droit honteux
8c à charge à l’églife. Ces fages décrets furent
adoptés par le roi de France Charles VU en 1438,
où on fit, dans une affèmblée tenue à Bourges,
la célèbre pragmatique fandion qui affermit les libertés
de ,1’égiife gallicane. ; Ces glorieux commen-
cemens donnoient à la Hongrie & à l’Empire les
plus heureufes efpérances ; mais la contagion qui
fit périr la plus grande partie' de l’armée qu’il con-
duifoir contre Amuratll, conquérant de la Servie,
luicaufa la mort à lui-même. Il laiffa l’Europe dans
les alarmes où la tenoient les rapides progrès des
Turcs & des Tartufes. Il étoit dans la quarante-
fixïème année de fon âge , & la deuxième de fon
règne, ayant été fait empereur le premier Janvier
1438 , & étant mort le 27 odobre 1439. ( M - y . }
ALBERT, ( Hifl. d‘Allemagne & des Pays-Bas.)
archiduc d’Autriche , gouverneur, puis fouverain
.des Pays-Bas, étoit le fixième fils de l’empereur Maximilien
II & de Marie d’Autriche. Il fut d’abord
cardinal 8c archevêque de Tolède ; puis il quitta la
pourpre pour époufer en 1598 l’infante' Ifabelle
Claire-Eugénie d’Autriche, fille de Philippe II &
d’Elifabeth de France. Il avoit eu en 1583 le gou-
yernementdu royaume de Portugal, dont Philippe
I l venoit de s’emparer ; il eut enfuite pour le même
roi le gouvernement orageux des Pays-Bas. C ’étoit
dans le fort de la guerrè entre les Efpagnols & les .
Hollandois révoltés que la France foutenoit contre
l ’Efpagne. Albert, arrivé à Bruxelles au mois d’avril
1596, avoit pris dans la même année Calais * Ar-
dres & Hulft. Ce fut l’année fui vante, le 11 nrars,
que les Efpagnols furprirent Amiens ; tons les efforts
d'Albert ne purent empêcher Henri IV de fe refaifir
par force de cette place le 3 feptembre fuivant.
La paix entre la France 8c l’Efpagne ayant été conclue
à Vervins le 2 mai 15 98 , & Albert étant devenu
de fimple gouverneur, fouverain des Pays-
Bas catholiques que l’infante Ifabelle-Claire-Eugé-
nie lui avoit portés en d ot, en fit la guerre avec
plus d’ardeur, mais avec moins de bonheur,
aux Hollandois devenus fes feuls ennemis. Il perdit,
le 2 juillet 1600 , - contre le prince Maurice
de Naffau, la bataille de Nieupoft.il prit Oftende
le 22 feptembre 1604 , après trois ans & trois mois
de fiége, remportant pour tout fruit de fa vi&oirç
un monceau de cendres , qui, outre.des fommes
immenfes, avoit coûté plus de cent mille hommes, 1
& pendant ce fiége qui étoit devenu pour lesEf- J
pagnols une affaire de point d’honneur 8c d’açhar^ 1
Hijloire, Tom. L
rtement, le prince Maurice leur avoit eiîlevé 1’Ecliife,
Grave & quelques autres places importantes ; mais
enfin après avoir fait la guerre avec quelque gloire
& peu de fuccès, il eu la fageffe & le bonheur
de conclure d’abord une trêve de huit mois en
1607,- & enfuite une autre de douze ans en 1609.
Il paffa du moins le refte de fes jours en paix, &
mourut regretté de fes peuples en 1621 , âgé de
62 ans. Il n’a point lamé de poftérité.
. A lbert de Mecklenbourg , ( Hiß. de Suède.')
roi de Suède , eft connu dans l’hiftoire pour avoir
moitié conquis,moitié obtenu par des fuffrages libres
la couronne de Suède, & pour l’avoir perdue , moitié
par fa mauvaife conduite qui révolta fes fujets,
moitié par la valeur de la célèbre Marguerite de
Vaidemar , nommée la Sémi.ratait?du Nord, qui,
reine de Danemarck par Vaidemar fon père & de
Norvège, par Haquinlon mari, le devint de Suède
par fes vi&oires fur Albert, 8c par la décifion deà-
Etats-Gènéraux des trois royaumes affemblés à
Calmar en-1391. Albert détrôné , privé d’un fils
qui annonçoit des talens’ & dans lequel il s’étoit
flatté de revivre , mourut dans la retraite vers l’an
1396 ou 1597.
A l b e r t . (Jean ) , {Hiß. de Pologne. ) roi de Pologne,.
étoit le troifième des enfans de Cafimir IV
fon prédéceffeur. » C ’étoit, dit l’auteur de fon article
dans les fupplémens de l’Encyclopédie, « un
j » prince cruel par foibleffe, efclave de fes préju-
,» gés comme de fes favoris, eftimant la vertu &
» n’ofant être vertueux, ne faifant rien par lui-
» même,:né voyant rien par fes yeux, laiffant à
» fes favoris la gloire de tout le bien qu’il put faire,
» & ne fe réfervant que la honte des crimes qu’ils
» lui firent commettre. Il avoit remis toute fon
j> autorité dans les mains de Philippe Bqonacçorfi,
r> qui avoit été fon gouverneur. C ’étoié un pédant
» que , de nos jours, on eût fait rentrer dans la
» pouffière des collèges , mais qui, dans un fiècle
?» prefque barbare, joua un rôle en Europe, gou-
j) verna la Pologne, di£ta des loix, fit la paix &
» la guerre, & fut le maître de fon roi, comme il
v l’avoît été de fon élève».
Il feinble qu'un prince fi femblable à la foula,
des rois , ne meritoit guères d’en être tiré par un
article particulier* Il avoit de la valeur, tous les
rois en ont dans les temps 8c chez les péuples
barbares, il fit la guerre avec affez de fuccès aux
Turc s , auxTartares , à Etienne Vaivode de Va-
laquie, 8c le réfultat de toutes ces guerres- fut que
l’empereur des Turcs Bajazet I I , & le Vaivode
Etienne demandèrent la paix au moment où Jean
Albert fuccombant comme eux à tous les fléaux
que la guerre entraîne, alîoit lui-même leur deman?
der la paix. Il fe laiffa même impofer des condir
tions humiliantes ; on demanda qu’il fut lâche 8c
cruel, & il le fut encore plus qu’on ne le deman-
doit. Pierre, fils d’Heley , prèdêeeffeur d’Etienne ,
s’étoit mis fous la protection-dé la Pologne, Etienne,
vaffal rebelle de la Pologne, qui revoit droit dst
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